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sur 3160 notes
Quelle intéressante et jolie découverte.

À travers ces deux jeunes garçons de la ville, c'est une petite fenêtre que nous ouvre l'auteur sur la révolution culturelle instaurée par Mao.
Dans cette page historique de la Chine sont interdits les oeuvres musicales occidentales, les universités et bien sûr les livres.
Ces deux jeunes amis sont donc séparés de leur famille et sont envoyés pour être rééduqués à la campagne.
Le dépaysement est garanti dans cette montagne hostile, difficilement accessible, où il pleut inlassablement. Sur les sentiers grimpants le long de cette montagne, ils transportent des seaux d'excréments. L'auteur ne nous épargne pas les détails de leur quotidien et heureusement que l'odeur n'arrive pas à ressortir des pages !

Une belle écriture qui fait transparaître leur jeunesse, leur audace, leurs déprimes, leur angoisse mais aussi leur persévérance face à un avenir fermé et sans espoir. Et au milieu de ces conditions de travail extrêmement difficiles, la lumière apportée par la Petite Tailleuse et la valise du Binoclard, pleine de livres occidentaux, pleine de civilisation. le monde s'ouvre à eux avec les écrits d'auteurs français qui, par leur force, font tomber leur ignorance et par là même le mur du communisme qui les emprisonne.

Les mots, contés ou écrits ouvrent de nouveaux horizons mais ces ouvertures sont différentes selon leur réceptacle.

J'ai particulièrement savouré le passage où le narrateur, transformé en conteur de minuit pour le compte du tailleur, se lance dans le récit du Comte de Monte-Cristo. Je ne peux qu'approuver pleinement son choix, vu que ce fabuleux roman se trouve dans la valise pour mon île déserte. Avec ce récit, il se fait traiter de « sale conteur d'histoires réactionnaires » par le chef du village. J'ignorais être une lectrice multi-réactionnaire étant donné le nombre de fois que j'ai dévoré ce roman !

Une très belle histoire, contée avec une plume délicate qui se dévore rapidement mais qui laissera, sans conteste, sa petite trace indélébile dans les souvenirs de mes lectures.

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Au début de l'année 1971, Luo et le narrateur ont respectivement 18 et 17 ans lorsqu'ils sont envoyés au « Phénix du Ciel», une zone de montagne comprenant une vingtaine de villages, située près de Yong Jing, au bord du fleuve Ya, pour y faire leur « rééducation ». Coupables d'être fils de dentiste et de médecin, ils sont condamnés à se rendre dans les montagnes comme tous les jeunes intellectuels de l'époque.
En effet, depuis la fin de l'année 1968, le président Mao a changé profondément le pays en interdisant la lecture de livres autres que le petit livre rouge et les manuels scolaires (de propagande), en décidant de fermer les universités et d'envoyer à la campagne les jeunes intellectuels, tous issus de familles riches donc bourgeoises, pour y être rééduqués par les paysans pauvres.
Isolés dans le village le plus haut perché de la région, les deux jeunes gens vivent dans une maison sur pilotis qui fut durant plusieurs années leur résidence et le témoin de leurs jeunes années.
Grâce à au petit réveil de Luo, possédant un coq qui bouge à chaque seconde, ils deviennent rapidement respectés par le chef du village qui tombe en adoration devant l'objet.
Cependant la vie quotidienne est rude : il leur faut supporter l'isolement, les saisons, la rusticité de leur vie, comprendre les réticences et les peurs des paysans devant l'inconnu (le roman débute sur l'épisode inénarrable du violon !), travailler dur et dans des conditions très difficiles (porter des seaux en bois sur le dos, contenant de l' « engrais naturel » liquide, monter des pentes vertigineuses, extraire du charbon…), et tenir le coup moralement et physiquement. Heureusement il ya le violon anti déprime dont sait jouer le narrateur, les talents de conteur de Luo qui vont leur permettre d'avoir régulièrement deux jours de congés par mois pour se rendre à la ville visionner un des films en plein air, et revenir ensuite le raconter aux paysans, subjugués !

C'est lors d'une descente dans un village proche où, un de leur ami d'avant, le « binoclard », fils d'un écrivain et d'une poétesse, effectue sa rééducation, que leur vie bascule (enfin celle de Luo et par ricochet celle du narrateur puisque Luo est son ami de toujours) : ils rencontrent sur leur chemin, le tailleur…et font quelques semaines plus tard, la connaissance de sa fille, une vraie princesse, la Petite Tailleuse. Elle commence par soigner Luo avec des plantes lors d'une terrible crise de paludisme, et les deux jeunes gens tombent amoureux.
C'est à cette période que les deux garçons découvrent que le « binoclard » cache une valise dans sa chambre. Persuadés que celle-ci contient des livres interdits, ils ne lui laisseront aucun répit, lui rendront moult services…jusqu'à ce que celui-ci cède et leur en prête un, un livre De Balzac !
La lecture du livre leur ouvre les yeux sur le monde extérieur, l'amour et ses plaisirs… Luo part au petit matin retrouver la petite tailleuse et découvre l'amour, le narrateur recopie des extraits du livre à l'intérieur de sa veste en peau pour ne pas oublier les mots, avant de rendre le livre comme promis…

Les deux jeunes gens deviennent obsédés par l'existence de cette valise et sont prêts à tout pour en connaître le contenu…Lorsqu'ils apprennent la libération proche du « binoclard », ils en viennent même à monter tout un scénario pour la voler !
Sous leur torche électrique, ils découvrent tous les grands auteurs occidentaux !
Mais Luo ne sait pas encore que sa vie est en train de basculer et qu'il va vivre le plus grand malheur de toute son existence. Lui qui désire tant transformer la Petite tailleuse, va voir son rêve se réaliser…

Un roman envoûtant, indescriptible, dont la lecture m'avait captivé voilà déjà quelques années et que j'ai eu beaucoup de plaisir à relire pendant mes vacances. Il a obtenu de nombreux prix littéraire. Par contre je n'ai jamais vu le film qui a été inspiré par ce roman. J'ai toujours peur d'être décue par l'image qui ne reflète pas forcément ma réalité.

Il peut être lu dès l'âge de 14 ans par les ados qui découvriront ainsi tout un pan de l'histoire de la Chine tout en suivant l'histoire de ces jeunes privés de tout sauf d'espoir…
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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(...) Voilà un livre dont je ne savais pas grand chose avant de l'ouvrir, sauf que les avis dessus étaient partagés. Certains sont tombés sous son charme, alors que d'autres n'ont pas réussi à entrer dedans. En ce qui me concerne, j'ai été totalement happée par cette lecture, le récit m'a réellement subjuguée.

L'histoire est celle d'une tranche de vie, la vie que le régime maoïste vole à une poignée d'adolescents, mais aussi celle de tout un peuple qu'on maintient dans l'ignorance crasse. C'est également une plongée dans un pays et dans une époque dans lesquels on ne peut pas imaginer vivre. C'est l'éveil de jeunes garçons et d'une jeune fille au monde de la littérature et, à travers cette découverte, à tout un univers de possibilités et de perspectives.

Tout cela nous est raconté à la 1e personne par l'un des protagonistes, qui nous fait partager ses émotions et ses frustrations. La plume est addictive et il m'a été difficile de lâcher mon livre, au point que je l'aurais facilement dévoré d'une traite.

Je comprends pourquoi les avis sur ce livre sont partagés. Il y a une question de sensibilité à ce genre de lecture et il y a une question de timing. Il faut être dans le bon état d'esprit pour pouvoir ce plonger dans ce genre de récit. J'ai d'autant plus aimé ce livre que je ne m'y attendais pas 🙂
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Avec ce roman autobiographique, Dai Sijie témoigne de ce qu'il a connu durant la révolution culturelle. Mais si « Balzac et la petite tailleuse chinoise » raconte l'histoire d'un jeune garçon de 17 ans qui a vécu dans un camp de rééducation, suivant la volonté de Mao Tse Toung, c'est d'abord une ode au pouvoir de la littérature.
Dans les années 70, les intellectuels, les fils d'intellectuels, ou ceux qui étaient considérés comme les ennemis du peuple furent déportés en masse dans les rizières et les mines pour connaitre et partager la vie des prolétaires.
Deux jeunes chinois dont les pères sont médecin et dentiste se retrouvent en rééducation dans la montagne chinoise. le narrateur et son ami Luo vont trouver le courage de supporter leur existence dans la lecture de livres étrangers découverts par hasard, dans une valise que cache celui qu'ils appellent le binoclard, lui-même en rééducation. Cette littérature romanesque est interdite et les livres vont être considérés comme un véritable trésor. Les jeunes garçons vont être captivés.
L'auteur montre que la littérature permet de se surpasser avec de belles métaphores, comme quand Luo, une hotte sur le dos, avance à quatre pattes sur un passage très étroit, bordé de chaque côté par un profond précipice. Il a une hotte en bambou sur le dos dans laquelle est caché un livre De Balzac « le Père Goriot », l'objectif étant d'aller le lire à la petite tailleuse chinoise dont il est amoureux et qui n'était encore qu'une montagnarde belles mais inculte.
Livre d'amour et d'amitié qui rend un bel hommage à la littérature et à la puissance des mots.


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Petite lecture sympathique avec comme toile de fond la Révolution Culturelle et ses fous projets de « rééducation » . On y suit deux jeunes adultes envoyés dans un village de paysans qui devront s'adapter à leur nouvelle vie. le livre s'attache à leur évolution plutôt qu'à une critique acerbe de la Révolution culturelle, qu'on déduit facilement de toute façon. Il s'agit d'une histoire d'amour mais aussi du pouvoir des livres, objets sacrés dans un monde où ils sont bannis. Les personnages sont attachants, les différentes composantes bien équilibrés, le rythme soutenu et une sérénité certaine flotte au-dessus de toutes les épreuves rencontrées. C'est relativement léger et définitivement plaisant.
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Une histoire très fine d'amour, d'amitié et d'esprits éclairés. Un exemple particulier de ces terribles rééducations à l'époque de la révolution culturelle chinoise.
Comment la littérature ouvre au monde et à la liberté en permettant le rêve et l'espoir... Comment deux amis, privés de leur liberté s'évadent virtuellement grâce aux livres, de la campagne et du village où ils sont confinés. Comment une jeune chinoise s'en évade réellement.
Beaucoup d'humour pour raconter cette tranche de vie difficile dans la Chine obscurantiste, beaucoup de mélancolie et d'espoir mêlés. Beaucoup de fraîcheur et de profondeur. Je recommande pour tous lecteurs
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Un joli portrait de trois adolescents marqués du sceau "ennemi du peuple", Luo et Ma apprennent par la fille du tailleur qu'un autre adolescent qui ce trouve lui aussi en camp de rééducation cache une malle remplit de livres. Ils vont dès lors s'échapper par la lecture interdite et pernicieuse. Dai Sijie dresse le portrait d'un pays dont la dictature interdit toute forme de pensée mais qui ne peut rien contre l'imaginaire et le pouvoir des livres. Avec finesse et talent Dai Sijie donne vie à des personnages qui nous charme et nous offre un beau récit sur l'amour de la littérature. Très bon moment.
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Écrit en français, ce premier roman de Dai Sijie, « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise » se déroule en 1971, en pleine révolution culturelle lancée par Mao Zedong.
Ma, le narrateur, et Luo sont deux jeunes garçons envoyés dans un camp de rééducation en pleine montagne. Coupables d'avoir étudiés au collège et d'avoir des parents « ennemis du peuple » représentant « de puantes autorités savantes », les jeunes gens sont censés être disciplinés et refaçonnés par les paysans. La vie est très rude dans ce village pauvre, perdu dans les hauteurs. le travail y est harassant et rebutant.
Ma joue du violon, ce qui lui permet de s'évader. Luo, lui, est un conteur hors pair. Il raconte des films qu'il a vus au chef du village, ce qui lui donnera un statut un peu particulier. On finit même par l'envoyer en ville, une sacrée expédition, pour voir d'autres films et les raconter à son retour, dans des séances de cinéma oral.

Il s'avère que l'âpre montagne recèle deux trésors.
Il y a une mystérieuse valise remplie de livres occidentaux interdits que cache Binoclard, un compagnon d'infortune.
Et il y a la fille du tailleur, surnommée « la Petite Tailleuse », dont les jeunes gens tombent amoureux. Il faut dire qu'elle a les plus beaux yeux de toute la région.
Luo et la Petite Tailleuse finissent par devenir amants.

Suite à un marché, Binoclard prête un livre De Balzac, « Ursule Mirouët. »
C'est une révélation. Ce livre parle « de l'éveil, des élans, des pulsions, de l'amour, de toutes ces choses sur lesquelles le monde était. »
Luo part conter Balzac à la Petite Tailleuse qui en est métamorphosée.
« Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »
Luo se promet alors de jouer le pygmalion de sa jeune amoureuse. Mais tout ne se déroulera pas tout à fait comme prévu.

Un récit écrit comme un conte, sans accent mélodramatique, tout en finesse et en émotion. Un hymne merveilleux à la lecture, à la littérature, à l'espoir et à la liberté de pensée. Dai Sijie explore la rencontre entre la culture chinoise et la culture occidentale. Évidemment, c'est une critique implicite de la Révolution culturelle qui en montre les conséquences destructrices.
Et ce livre magnifique prend encore une autre dimension quand on sait que l'auteur lui-même avait été envoyé en 1971 dans un camp de rééducation perdu dans les montagnes de la province du Sichuan. Ses parents médecins avaient été jetés en prison.

Ce livre est un petit joyau. La trame du récit, l'intonation et la poésie font de ce roman largement autobiographique un chef-d'oeuvre. Et c'est la littérature française qui offre un nouveau regard sur le monde.
Brillant !
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Deux jeunes étudiants en rééducation par le travail dans la campagne chinoise sont follement attirés par les livres interdits qu'un troisième possède en secret. Une drogue qu'ils recherchent et veulent faire partager à la belle tailleuse dont ils sont amoureux. le roman se lit sans déplaisir comme un conte. Sa brièveté évite l'ennui. Il ne me laissera pas un grand souvenir.
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Chine, fin des années 60.

Le président Mao Zedong lance, la « campagne de rééducation ».
Celle-ci s'inscrivait dans la droite ligne du programme du Grand Timonier de la Révolution culturelle prolétarienne chinoise. Les universités sont fermées. Les jeunes hommes et femmes des villes qui jusque-là avait pu étudier sont envoyés à la campagne, afin d'être « rééduqués par les paysans pauvres ». En effet, le Parti Communiste Chinois considérait ces jeunes gens cultivés comme des « jeunes intellectuels » pouvant potentiellement devenir dangereux pour la Nation.

Le narrateur de cette histoire et Luo, son ami d'enfance, font justement partie de ces « jeunes intellectuels ». Ils sont tous les deux issus de familles cataloguées par Pékin, comme étant « ennemies du peuple ». C'est donc à la fin de l'année 1968, que ces deux adolescents sont envoyés dans un pauvre petit village situé non loin du sommet d'une montagne de la province du Sichuan. Isolés de toute civilisation moderne de l'époque, ils sont condamnés à y rester plusieurs années pour y travailler la terre ou dans les mines. Ils sont résignés. Mais un jour, ils vont tomber sur une valise au contenant interdit, proscrit par Pékin. Des Livres, des classiques de la littérature occidentale ! Et, ce trésor va bouleverser non seulement le cours de leur existence mais aussi celle de la Petite Tailleuse chinoise.

Le thème abordé par Dai Sijie dans « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise » traite de l'accès à la connaissance, à la culture, à la grande littérature et l'impact que cela opère sur une vie. C'est un thème qui me parle et que j'affectionne particulièrement. On le retrouve dans nombre de romans notamment dans « Martin Eden » de Jack London que j'ai adoré comme dans « Des fleurs pour Algernon » de Daniel Keyes qui est excellent. « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise » y fait écho. C'est un véritable éloge de la lecture et du pouvoir qu'ont les livres sur nous.
Mais l'auteur de ce roman, exilé en France depuis 1984, y fait aussi une critique de la politique dictatoriale de Pékin, de ces lois absurdes suivies par la majorité des chinois.
D'ailleurs, Dai Sijie a été envoyé en « rééducation » au début des années 70, dans le Sichuan. On peut donc considérer « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise » comme étant autobiographique, du moins partiellement.
C'est joliment écrit et l'histoire est intéressante.
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