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3,7

sur 272 notes
J'ai commis l'erreur de lire ce livre peu de temps après Terror, du même auteur, qui m'a profondément marquée et qui continue de me hanter. Je pense que j'attendais le même cocktail : base historique, ambiance glauque, héros mis à rude épreuve et incartade d'un élément fantastique terrifiant emprunt de mythologie locale.

J'avais probablement trop d'attentes et j'ai forcément été déçue. Mis à part cet élément plus subjectif, il me semble que la qualité de ce roman de Simmons est nettement inférieure.

Le rythme de la narration est incroyablement lent à démarrer. Contrairement à Terror où l'auteur, par le biais d'ellipses temporelles, nous amène par bons temporels avant et pendant l'expédition (ce qui permet d'être tout de suite dans la période de "crise" où la tension est palpable), ici le premier tiers du roman est consacré à la préparation de l'expédition au mont Everest. Faute d'être abominable, c'est interminable.

Il faut le reconnaître, l'auteur a pris la peine de se renseigner, mais l'énumération des divers crampons, vestes, masques, bonbonnes à oxygène et autres piolets dans un contexte sans suspense ni ambiance est vraiment pénible.

Les protagonistes sont terriblement lisses, je ne me suis attachée à aucun. le héros principal, soit disant le meilleur grimpeur de roche au monde, est utilisé de façon un peu grossière et peu cohérente pour éclairer le lecteur, puisqu'il pose sans cesse des questions naïves sur le matériel et l'alpinisme à ses camarades. de long raisonnements expliquent des conclusions auxquelles le lecteur arrive tout seul en 2 lignes.

Lorsque nos héros sont enfin sur l'Everest, ça démarre un peu mais le livre est déjà entamé pour grande partie. J'attendais mon monstre fantastique (je reconnais vraiment mes attentes peut être trop importantes) et il n'arrive pas. le livre prend une tournure de roman d'espionnage, soit, j'accepte l'idée et prends le virage. Mais cet aspect espionnage devient vite un peu ridicule et peu cohérent à mon sens. Tout en dépeignant très justement à quel point l'alpinisme sur le mont Everest dans les années 20 était mortellement dangereux (oedèmes pulmonaires, crises cardiaques, hypothermie, hypoxie,...) l'auteur nous fait croire à des rendez-vous d'espions à 8000 mètres d'altitude pour échanger des pièces capitales pour la lutte contre la montée du nazisme. A certains moments, les héros ont des conversations philosophiques et politiques tout en étant en hypoxie grave et alimentés péniblement par des bouteilles d'oxygène. Même moi j'avais envie de hurler "mais accouche de l'info, tu es sensé étouffer à cette altitude!". Bref, le tout finissant avec un Deus ex machina peu digne de l'auteur.

Le point de vue historique est un peu dévoyé également, Simmons s'étant fait "plaisir", notamment dans son portrait fait d'Adolphe Hitler, "victime facile" sur qui ont peut mettre tous les vices de la terre (outre les gros qu'on lui connait déjà),... j'ai trouvé ça très léger.

En résumé, grosse déception (dont j'assume une partie de la responsabilité), je ne conseille pas ce livre sauf à avoir un intérêt très technique pour l'alpinisme et l'Himalaya. On reconnait la faculté incroyable de l'auteur à se documenter. Je ne jette pas Simmons aux orties et je continuerai à découvrir ses oeuvres, mais celle là ne va pas me rester en tête pendant des jours.
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Je ne connaissais cet auteur que par sa série "Hyperion" qui le plaçait pour moi dans la case "science-fiction", mais voilà, c'était très réducteur car Dan Simmons est un homme de ressources. Il a produit ici un roman assez étonnant pour moi.

Étonnant car je ne m'attendais pas à me laisser captiver par des histoires d'alpinisme qui, en plus, se déroulent dans les années 30. Un roman en trois parties avec tout d'abord un prologue assez réjouissant. La première commence dans le Cervin pour se porter ensuite au Royaume Uni et en Allemagne. L'auteur fait une présentation solide des divers protagonistes, mais il étonne surtout par sa maîtrise du sujet, c'est-à-dire les expéditions en haute montagne dans ces années-là. le plus impressionnant est de parvenir ainsi à associer considérations techniques et historiques avec une fiction dont l'intrigue se met tranquillement en place, sans pour autant ennuyer un lecteur qui comme moi n'est pas spécialement attiré par ces sujets.
Vient ensuite une seconde partie qu'on est impatient d'atteindre, tout comme les personnages du roman, puisqu'il s'agit d'approcher ce monstre qu'est le massif de l'Everest. L'auteur parvient à ajouter une composante facétieuse en la personne d'une jeune femme pleine de ressources et de son entourage. J'ai lu cette partie avec tout autant d'intérêt que la première, à n'en pas revenir ! Alors évidemment la troisième partie, consacrée à l'Everest lui-même, avec ses épisodes pleins de suspense et de rebondissements, se parcourt sans faillir, enfin presque.

Grâce au talent de narrateur hors pair dont il dispose, Dan Simmons sait nous emmener jusqu'au sommet de son histoire (et presque de la montagne :-). Malheureusement les ingrédients de son intrigue, pour épicés qu'ils soient, ont fini par me rendre perplexe, pour ne pas dire incrédule. Une fin qui est donc décevante à mon goût, car absolument dépourvue de réalisme et donc en pleine contradiction avec tout le soin que l'auteur avait pris auparavant pour rendre cette histoire crédible. Je ne rentrerai pas dans les détails afin de ne pas déflorer le roman, mais si les péripéties qu'il développe pour mener à bien son intrigue auraient très bien trouver une place de choix dans un épisode des aventures exotiques d'Indiana Jones, elles ont, à mes yeux, vraiment du mal à passer lorsqu'on installe ses héros dans les 8.000 mètres d'altitude et qu'on a pris le soin d'expliquer tout ce qu'ils doivent endurer pour parvenir à y survivre.

Mais soyons bon lecteur et validons ce contrat tacite avec un auteur qui s'est vraiment décarcassé pour nous faire vivre des aventures dans les montagnes des années 20 presque comme si on y était !
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Rédiger une critique sur un livre de Dan Simmons est un exercice la plupart du temps très difficile pour moi.
Surtout quand le livre est exceptionnel.
Et avec Simmons on est la plupart du temps dans l'exceptionnel.
Hyperion, L'échiquier du Mal, Terreur et j'en passe, le CV parle de lui même.

J'ai toujours peur d 'en faire trop, de mettre trop d' emphase ou à l'inverse de ne pas trouver les mots tellement cet auteur me bouleverse et me prends aux tripes.

Encore une fois Simmons se sert de véritables faits historiques comme socle au récit et y rajoute de la pure fiction.
C'est tellement bien écrit qu 'on n' arrive même pas à distinguer le vrai du faux.

L'auteur, en s'inspirant de la disparition de George Mallory et Sandy Irvine,-deux brillants alpinistes britanniques disparus sur l 'Everest dans des conditions qui restent aujourd'hui encore très floues- va nous entraîner avec son style si addictif dans un roman d' aventures hors du commun.

La mise en place est longue, comme d'habitude habitude chez lui mais croyez moi ça veut le coup d'être patient.
On escalade pas l'Everest comme ça et on ne rentre pas dans un Simmons comme dans un banal roman de gare.

Car l'auteur ne néglige rien, absolument rien, tel un alpiniste chevronné qui soigne les moindres détails avant de se risquer sur la montagne.

Les personnages, les dialogues, les préparatifs, les descriptions sont comme d'habitude chez Simmons une pure réussite grâce à une documentation démentielle.

Simmons nous immerge en plus dans les mentalités et le contexte politique des années vingt avec la montée inexorable du nazisme.

Nous ferons d 'ailleurs des virées en Suisse, au Pays de Galles et en Allemagne avant de nous attaquer au plus haut sommet du monde, virées nécessaires pour ancrer les personnages et l' intrigue.

Certains diront que c'est un démarrage un peu long avant que le récit s'emballe et je leur répondrais que c'est vrai.

Pas d'inquiétude nous avons affaire à un auteur tellement talentueux que même quand il ne se passe rien c'est un délice à lire.

La dynamique du livre s'emballe au fur et à mesure et l'auteur va se jouer de nous dans une intrigue et des rebondissements qu 'il est impossible de deviner.

Tout n' est pas parfait à cent pour cent non plus, le personnage de Pasang est un peu trop caricatural et la scène de fin est un peu "too much" selon moi.

Difficile de lui en vouloir pour vingt pages de trop à la fin quand les neuf cent quatre vingt dix neuf d 'avant sont un concentré de bonheur littéraire.

"L' Abominable" est une merveille d 'écriture et Simmons prouve à nouveau,-si tant est qu' il ai encore quelque chose à prouver- qu 'il reste pour moi un des plus grands écrivains de notre temps.

Ce genre d' écrivain qui vous fait réaliser à quel point une expérience de lecture peut être magique et sublime.

Merci Dan.

Ton plus grand fan.




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Avec près de 1 000 pages, ce roman très documenté prend le temps de décrire les personnages, les matériels et tous les préparatifs de l'expédition vers le sommet de l'Everest que quatre alpinistes anglais et anglaise, français et américain préparent dans les années 1920. Ce n'est en effet que vers les pages 300-400 que l'équipe s'élance enfin à l'attaque de la montagne !

Vous voilà donc prévenus : si vous aimez l'action immédiate et un rythme rapide, ce roman n'est sans doute pas pour vous. Toute cette première partie m'a fait penser à du Jules Verne, quand ses explorateurs préparaient leur expédition vers le centre de la Terre ou vers la Lune, avec tous les détails techniques au passage. Personnellement, si j'avoue avoir eu l'envie que l'intrigue avance plus vite par moments, j'apprécie de prendre le temps pour mieux s'immerger dans l'histoire.

Vient ensuite l'ascension, plus rythmée... trop rythmée d'ailleurs, au point d'oublier parfois le froid et la fatigue, rendant cette aventure moins crédible. Quant à la touche de fantastique, patte de Simmons, elle est légère, au profit d'autres éléments plus orientés thriller, auxquels je ne m'attendais pas car (et c'est très bien) ils ne sont pas du tout évoqués dans le résumé.

Au final, malgré donc quelques longueurs, une formidable aventure très humaine sur les pentes de l'Everest, entre course-poursuite haletante et aventure (semi-)historique.
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Pratiquant la haute montagne un ami m'a remis l'abominable en main, estimant que j'apprécierais les longues et précises descriptions du milieu de l'alpinisme.
Or contrairement à ce qu'il imaginait et au présupposé d'autres lecteurs je n'ai pas accroché du tout.
En effet, en dépit de sa science accumulée de l'alpinisme l'auteur n'en a pas manifestement une connaissance personnelle, sensible tirée d'expériences vécues.
Aussi le décalage qui en résulte avec ma propre expérience de la montagne rend l'expérience de la lecture un peu ennuyeuse d'une relation désincarnée, sans sentir l'effort, la fatigue, les blessures, la soif, la peur, l'aspiration à aller toujours plus loin, la beauté des cîmes sous le regard …
Rien à voir par exemple avec Annapurna- une affaire de cordée de David Roberts aux éditions de Chamonix
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1925. Dans le plus grand secret, trois alpinistes s'apprêtent à gravir l'Everest. Ce sont trois hommes, un vétéran britannique de la Grande Guerre, un guide de haute montagne français et un jeune américain. Leur mission officielle, payée par une Lady britannique, est de retrouver son cousin Percy qui a disparu l'année précédente lors d'une expédition dans ces contrées. D'ailleurs 1924 a consacré la disparition de deux autres alpinistes, renommés dans ces milieux, et dont les corps n'ont pas été retrouvés. Mais alors que les 3 hommes atteignent 8500m d'altitude, ils découvrent qu'ils sont poursuivis : de qui — ou de quoi — s'agit-il et pourquoi ? Quelle abomination ces montagnes, en soi bien hostiles, cachent-elles ?

« L'abominable » est un roman écrit par Dan Simmons. La couverture ne ment pas quand, s'adressant au lecteur, elle lui dit : « la plus glaçante des histoires sur l'Everest » ou encore, rapportant les propos de Stephen King : « je suis en admiration devant Dan Simmons ». Oui, il y a de quoi. Mais, pour ce faire, il faut accepter de s'installer dans la longueur, à l'image de nos 3 alpinistes qui vont devoir se préparer minutieusement et attendre avant d'escalader. Car le bougre de roman pèse tout de même près de 700 pages !

Découpé en 3 parties — les alpinistes, la montagne et l'abominable — le roman ménage ses effets, jusqu'à presque rebuter au début tant on a l'impression d'être loin (au sens propre comme au figuré) de l'Everest tant promise sur la couverture. Mais une fois passée la première partie et pénétré sur le domaine de la montagne sacrée, on quitte vraiment le monde ordinaire pour entrer dans une toute nouvelle dimension. A couper le souffle.

Les descriptions sont saisissantes : le paysage abrupt, hostile, ses dénivelés, rocs, pièges en tous genres sont merveilleusement rendus. Et le froid tel que les protagonistes le ressentent, nous glace également. L'auteur nous fait vivre la raréfaction de l'oxygène au fil de l'escalade et ses effets non seulement sur le corps mais aussi les capacités de raisonnement. Il décrit très bien le matériel utilisé, les vêtements, bouteilles d'oxygène (le fameux « air anglais ») et les techniques d'escalade dans ces milieux périlleux. Il montre bien l'appui qu'offrent les populations locales, les sherpas, mais aussi les incompréhensions possibles entre deux mondes bien différents.

Et puis l'abominable s'invite d'une manière inattendue mais intéressante et qui étoffe encore (s'il en était besoin) la matière déjà dense du roman.

Au terme de ce marathon de lecture, on est saisi par le travail colossal que l'auteur a dû faire pour produire un roman aussi maîtrisé, qui plus est en rendant compte d'une période historique trouble, celle de l'entre deux guerres. Long certes, mais l'aventure en vaut la chandelle car au bout du bout, on ne pourra oublier ces paysages grandioses dont on a pu revenir ! Oui, assurément : la plus glaçante des histoires sur l'Everest.
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Premier roman que je lis de Dan Simmons et je voyais avant ma lecture que c'est un livre qui peut avoir tout aussi bien de bonnes et de mauvaises critiques. Il ne fait pas l'unanimité. Dans quoi je m'embarquais alors que c'est un pavé de 650 pages ? Eh bien finalement, j'ai adoré !

On suit les aventures de Jake, un américain qui va faire l'ascension de l'Everest avec un français et un allemand. Des pros de l'alpinisme. Cela se passe en 1924. Sauf que ce n'est pas un simple exploit à accomplir, ils sont là pour tenter de retrouver d'anciens alpinistes morts dans des disparitions remplies de zones d'ombres.

C'est une histoire qui prends son temps, beaucoup, même. Ce n'est pas un huis-clos qui se déroule que en montagne. on passe aussi dans la campagne anglaise dans le manoir de Bromlay House, un splendide endroit. Les préparations avant l'ascension et d'autres choses à faire avant de partir pour L'Everest comme aller en Allemagne pour toujours comprendre ce qu'il s'est passé en posant des questions à des témoins. Ensuite il y a l'étape des achats des équipements pour ensuite être enfin au coeur de la montagne et de ses innombrables dangers.

C'est superbement bien écrit. La beauté de la description des paysages. On nous fait voir toutes les difficultés à gravir ce monstre gigantesque. Je me suis vite attaché à tous ces personnages. Et il n'y a pas que ces trois gars, ils sont accompagnés de plein d'autres gens comme un docteur et j'en passe. C'est une expédition secrète.

Mais ils ne sont pas les seuls à être ici et tout explose à un moment. La survie est encore plus dure. Sauf que ce moment arrive très tardivement, il faut savoir être patient et autre point qui peut être une déception, c'est de connaître ce qui est le danger pour les alpinistes. Perso, je savais qu'on était loin de ce que raconte le résumé. Pas de surnaturel ou d'horreur. C'est quelque chose d'autre !
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"L'abominable" c'est la version romancée par Dan Simmons du manuscrit de Jacob « Jake » William Perry, alpiniste.

L'Everest est bien cruelle pour ceux qui en ont tenté l'ascension.

En 1924, quatre alpinistes disparaissent dans cette aventure. Parmi eux, le jeune lord Percival Bromley dans des circonstances plus que mystérieuses.

Une équipe de 3 alpinistes, dont Jake Perry, vont se mettre à la disposition de la mère du jeune lord pour partir en mission officielle de recherche de son corps et de découverte des circonstances exactes de sa disparition et officieusement, pour à leur tour, tenter d'atteindre le plus haut sommet du Monde.

L'aventure ne fait que commencer. Cet ouvrage pourrait être classé sans problème dans une catégorie Thriller historiques.

C'est passionnant, haletant, terriblement addictif, effroyable. J'ai dévoré les presque 700 pages de cette intrigue en quelques jours.

Parce que voyez-vous, bien que le lecteur soit dans un roman de Dan Simmons, maître de science-fiction entre autres, l'abominable n'est pas forcément celui qu'on peut croire.

Mais voilà, j'ai mis environ 3 semaines à digérer la lecture de cet ouvrage tellement il m'a finalement dérangé. Je suis partagée entre crier au génie ou à l'abus. Tout dépend si le manuscrit de Jake Perry a véritablement existé et donc si tout cela est teinté de véracité ou s'il s'agit totalement d'une oeuvre romanesque de Dan Simmons.

Malgré de nombreuses recherches sur la toile, impossible pour moi, de trouver cette information. Peut-être un lecteur de ce roman a t'il connaissance de cette donnée ??

Finalement et néanmoins, ma critique sera très positive : un roman qui happe autant son lecteur, qui dérange et ne laisse pas indifférent, ne peut être que de la meilleure facture. Je vous en recommande vivement la lecture.
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Avec L'Abominable, Dan Simmons, créateur de la saga d'Hypérion et auteur entre autres de quelques romans fantastiques ou d'aventures de qualité tel que le terrible Terreur, nous entraîne cette fois-ci sur les traces de Georges Mallory et Sandy Irvine, les deux regrettés alpinistes britanniques qui disparurent durant une ascension de l'Everest en 1924...
A l'instar de Terreur, Dan Simmons nous entraine une nouvelle fois dans une aventure inquiétante et prenante autour d'un cadre sinistre et envoutant. Après l'horizontalité chaotique des glaces de l'Arctique dans Terreur, voici que l'auteur américain s'attaque à la verticalité funeste de l'Everest, de la plus haute montagne du monde.
Nous suivons donc un trio de personnages qui va tenter une nouvelle ascension vers le sommet de l'Everest. Richard Deacon , un ancien capitaine de l'armée britannique, alpiniste chevronné et déterminé, Jean-Claude, un alpiniste français , guide de Chamonix doté d'une certaine ingéniosité et enfin le narrateur , Jake Perry, un jeune et solide américain expert dans les rocheuses. Nos trois comparses vont s'allier et s'entrainer en vu d'atteindre le sommet de l'impitoyable ascension. Mais cette escalade a également un autre but : retrouver le corps d'un lord britannique , Percival Bromley qui a disparu en même temps durant l'expédition d'Irvine et de Mallory...
Une disparition enrôlée de mystère mais qui servira à sponsoriser l'ascension de l'Everest pour nos trois héros qui seront alors rejoint de manière inattendue par un proche de Percival Bromley.
C'est au coeur d'un territoire où se mêle les connaissances techniques de l'escalade, la rigueur et le danger du climat, ainsi que les croyances spirituelles ( avec notamment celles de certains démons appelés yétis ) que le lecteur est invité à partager cette terrible ascension... Mais outre la dangerosité d'une telle expédition, une toute autre menace commence à faire son apparition, une menace d'une tout autre nature que la nature elle-même...

Fidèle à lui-même, le suspense dont fait preuve Dan Simmons passe d'abord par une étude minutieuse de son sujet. Ainsi, l'écrivain renouvelle avec un style ultra-documenté. Avant l'ascension proprement dite, toute une partie du roman est ainsi focalisée sur sa préparation. Nous assistons donc à quelques escalades de la part de notre trio de héros dont nous faisons d'ailleurs intégralement la connaissance à travers l'une d'entre elles, l'ascension du mont Cervin, l'un des douze sommets des Alpes. Il s'en suivra des passages hautement descriptif et méticuleux que ce soit autour du paysage et surtout de l'alpinisme, une discipline dont l'auteur nous communique magistralement la bravoure et la tension.
Nul doute que les amateurs d'aventures , plus spécialement autour de la montage, vont se régaler à la lecture de L'Abominable qui est un roman magistral par sa documentation historique et technique que ce soit à travers l'histoire de l'alpinisme même mais aussi celle d'une intrigue qui se déroule peu après la Grande Guerre et dévoile peu à peu l'apparition funeste de la Seconde Guerre Mondiale. A partir de ce sommet, on commence à voir le devenir du monde...

Outre cette description et cette progression méticuleuse vers l'ascension de l'Everest, Dan Simmons n'oublie pas de sculpter sa fiction à travers ses personnages remarquables de bravoure. Mention spéciale à Richard Deacon, cet ancien capitaine de l'armée britannique, multi-récompensé, dont le caractère assez taiseux n'a d'égale que la détermination et la bravoure... Une qualité que l'auteur fait ressortir pour chaque personnage dans des situations périlleuses qui se multiplient durant l'ascension vers l'Everest .
Dan Simmons met remarquablement en valeur ce sentiment que l'homme arrive à dépasser ces limites dans une confrontation haletante face à la nature. Ses personnages n'en sont que meilleurs que lorsqu'ils sont confrontés à la montagne. Il est vrai qu'en dehors des passages d'alpinisme, notre trio est moins charismatique, l'auteur privilégie surtout le rapport technique et descriptif même si l'ombre d'une intrigue criminelle est bien présente.
J'ai un petit bémol par contre quand à la mise en valeur des Sherpas dans ce roman. C'est malheureusement logique, l'auteur n'est pas le premier mais il adopte un point de vue très américain . de ce fait, il met surtout en valeur son noyau de personnages anglophones à l'exception du calme Passan mais il éclipse un peu les sherpas qui sont surtout là pour faire de la figuration souriante. C'est un point de vue qui se comprend, le roman est aussi écrit du point de vue d'un seul personnage mais c'est quand même dommage que l'écrivain ne mette pas plus en valeur certains sherpas pour les imprégner dans cette ascension. Un détail qui m'a surtout rebuté vers la dernière partie du roman.

De plus, en privilégiant le frisson de l'aventure, de l'exploit, de la survie dans cette nature élevée et glaciale, l'auteur en oublie un peu le frisson de la peur. Celles et ceux qui ont lu Terreur ne seront peut-être pas aussi terrorisés avec L'Abominable dont l'usage du fantastique est avant tout symbolique et non pas forcément des plus concrets. Je n'en dirais pas plus là dessus mais disons que l'Abominable n'est pas forcément celui qu'on croit. l'apparition du fantastique est assez tardive dans cette oeuvre. Elle n'est pas aussi permanente et soutenue que dans Terreur. Encore une fois, c'est la préparation et le frisson de l'ascension qui prime d'abord dans l'Abominable avant l'Abominable en lui-même. Un parti pris qui pourrait en décevoir certains ( et au vu de certains critiques, à priori, c'est le cas ! ) mais personnellement je n'ai pas boudé mon plaisir.

En somme, Dan Simmons cultive à nouveau une ambiance délicieusement anxiogène teintée de spiritualité bouddhiste. Derrière le charme de la montagne, se cache aussi le charme d'un mystère, d'une spiritualité qui nous dépasse. On se prend au jeu et on entame l'ascension dans ce paysage à la fois inquiétant, rude et merveilleux. Dan Simmons a tout simplement signé son roman de montagne en y apportant une petite touche de thriller tout en confrontant avec adresse ce rapport de bravoure et d'humilité entre l'homme et le sommet.








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L'abominable, est-ce ce sommet inatteignable que semble être l'Everest en 1925, juste après l'échec et la tragédie ayant coûté la vie aux célèbres alpinistes George Mallory et Sandy Irvine ? Ou est-ce cette créature mythique vivant au sommet des montagnes et crainte par les Tibétains ? Ou bien serait-ce une toute autre menace qui pèse sur la petite équipe d'alpinistes partie à l'assaut des pentes pour tenter le sommet et retrouver des traces d'un jeune anglais disparu lui aussi l'année précédente ?

Mieux vaut avoir du temps devant soit pour se plonger dans l'Abominable : déjà parce que ce beau pavé fait plus de 800 pages et ensuite car Dan Simmons prend son temps pour nous embarquer dans son histoire. J'ai eu un peu de mal avec le premier tiers du roman qui certes est intéressant sur le plan de la reconstitution historique mais qui décrit par le menu la préparation de la tentative d'ascension d'une nouvelle équipe, un jeune américain, un guide français et un alpiniste anglais chevronné. On a parfois du mal à comprendre l'intérêt de certaines scènes ou rencontres narrées dans le détail et j'ai trouvé certains passages un peu longuets. Heureusement le roman devient passionnant dès lors que le voyage débute et que nos aventuriers partent vers l'Inde puis le Tibet. L'auteur a parfaitement reconstitué le contexte historique et ce que j'ai trouvé le plus intéressant était de voir à quel point les expéditions des années 20 étaient complexes à organiser sur le plan logistique et surtout particulièrement mal équipées par rapport à tout ce qu'on sait maintenant du matériel indispensable en montagne. Nos héros expérimentent pour la première fois des crampons révolutionnaires, des doudounes en duvet qui font rire leurs collègues, des bouteilles d'oxygène moins lourdes et plus efficaces... et malgré tout quel courage fallait-il pour se lancer à l'assaut d'un sommet encore si mal connu dont on ne sait même pas s'il sera atteignable.

Même si j'ai dévoré ce roman malgré son nombre de pages impressionnant, je reste un peu mitigée sur mon avis final. Il faut reconnaître qu'en plus du contexte historique déjà évoqué, l'auteur a du talent pour nous embarquer dans son histoire. C'est aussi un titre qui me restera longtemps en tête, les héros sont attachants, le fait d'installer tranquillement l'action nous les rend vraiment familiers et on n'a pas envie de les quitter. Néanmoins le roman a un rythme assez étrange et parfois mal maîtrisé : tantôt on est totalement embarqué dans l'action et les scènes s'enchaînent sans souffler, tantôt l'auteur semble souffrir d'une baisse de rythme, les pages s'étirent indéfiniment et se noient dans des détails pas toujours intéressants. Plus gênant, j'ai trouvé que Dan Simmons n'exploitait finalement pas totalement le potentiel de l'histoire qu'il avait lui même créée. Quand le fantastique et l'étrange font leur intrusion dans le roman, l'ambiance devient franchement angoissante, j'ai vraiment frissonné et tourné frénétiquement les pages en quête d'une explication. Malheureusement l'auteur se saborde lui-même en offrant très rapidement une explication plus rationnelle aux événements ôtant ainsi toute part de mystère et revient à des ressors scénaristiques vus et revus qui font retomber ce livre au rang de banal thriller alors qu'il avait un potentiel beaucoup plus important. J'ai parfois soupiré devant certains rebondissements trop prévisibles, dommage d'avoir ainsi privilégié la solution de facilité.

C'est donc finalement une lecture mitigée : paradoxalement alors que j'ai souvent été agacée par ces facilités ou ces baisses de rythme, j'ai quand même dévoré ce livre et il m'a longtemps trotté dans la tête. Cela reste un roman original avec de belles descriptions d'expéditions en montagne et un contexte historique passionnant. A découvrir au moins pour ces aspects là si vous en êtes amateur !

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