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EAN : 9782251453491
480 pages
Les Belles Lettres (16/09/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
Contrairement à ce que l’on croit parfois, on voyage beaucoup dans l’Antiquité, à pied, à cheval, en voiture, surtout en bateau, le moyen le plus commode – bien que peu confortable et quelquefois dangereux – pour aller vite et loin. Et loin, ça peut vraiment l’être, la Méditerranée en tous sens bien sûr, mais aussi l’Inde, les côtes de l’Afrique tropicale, le coeur du Sahara, chez les barbares ou même sur la Lune ! Accompagnés de cartes, les textes de cette Biblioth... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ces "Bibliothèques Idéales" sont vraiment et définitivement un régal....

Après nous avoir gratifié de
La Bibliothèque idéale des mets et des mots ;
La Bibliothèque mythologique idéale ;
La Bibliothèque idéale des philosophes antiques ;
La Bibliothèque humaniste idéale ;
La Bibliothèque classique infernale ;
La Bibliothèque classique idéale ;

Voici un petit nouveau, que nous offre les Belles Lettres, qui vient intégrer cette collection aussi indispensable que remarquable :
La Bibliothèque idéale des Odyssées (D'Homère à Fortunat), sous sa couverture bleu comme la mer et sa chouette couleur or, on sait d'avance que nous allons au devant de la découverte de trésors de la littérature classique avec pour élément fédérateur l'Odyssée

Claude Sintes nous prévient dès le début citant la belle phrase de Gide : "Choisir, c'est se priver du reste". Mais là il n'est nullement question de privation tant les choix semblent judicieux, opportuns et adéquats.
À tout seigneur, tout honneur, l'auteur ne pouvait débuter sans Homère de retour de Troie, poursuivre sans, bien entendu, Jason à la recherche de la Toison d'or et convier Énée fuyant sa patrie pour aller fonder une nouvelle civilisation.

Alors dans ce volume on retrouvera également Eschyle, Euripide, Aristophane. de historiens antiques tels Hérodote, Strabon ou Denys d'Halicarnasse qui se lance dans une analyse archéologique du voyage d'Énée.

Mais ces textes sont là également pour démontrer la diversité des destinations, éclairer les raisons du départ, les moyens que le voyageur antique déploie, les craintes et peurs de ses contrées inconnues voire hostiles.
Alors il y a les intrépides, ceux qui prennent leur temps, ceux qui se délectent, ceux qui ne veulent pas partir, ceux qui sont obligés de partir, ceux qui restent, ceux qui son tristes de rester, ceux qui ont peur, ceux qui s'émerveillent. Bref, un instantané des sentiments humains face aux voyages.

Parmi ces textes qui sont tous, avouons-le des redécouvertes ou des découvertes. Il en est qui laissent place à l'émotion, j'en veux pour preuve:
Le préambule sur Virgile et les voeux d'Horace
"Comme bien d'autres intellectuels de la fin de la République et du début de l'Empire, le génial poète de la navigation au long cours d'Énée, véritable Odyssée de langue latine, ne tenait pas en grande estime les voyages maritimes. Pire, le seul déplacement lointain qu'il ait jamais entrepris a causé sa perte. D'une modeste origine paysanne, timide, un peu gauche et souffreteux, Virgile (70-19 av. J.-C.) ne va pas, comme ses jeunes contemporains de la haute société, fréquenter les écoles d'Athènes ou de l'Orient, visiter les lieux culturels du Péloponnèse ou de l'Égypte. Ne s'éloignant pas beaucoup de sa province natale, il est formé à Crémone, Milan et Rome, la plupart de ses déplacements se limitent ensuite à la péninsule et à la Sicile. Après onze années passées à l' écriture de son épopée nationale, l'Énéide, il souhaite parfaire son chef-d'oeuvre, en visitant les endroits où ses héros agissent, aiment et meurent. Prenant la mer en 19 av. J.-C., il prévoit de rester trois ans en Grèce et en Asie Mineure pour suivre le périple des Troyens et compléter ses vers par des descriptions de lieux qui soient crédibles, Horace, son ami intime, a gardé dans l'une de ses Odes (I, 3) le souvenir de ce départ en lui adressant des voeux de bon voyage :
[...] veuille le père des vents, les tenant enchaînés tous hors I'lapix, te conduire, vaisseau à qui je confie et qui me doit Virgile : remets-le sauf, je t'en conjure, à la terre athénienne et conserve la moitié de mon âme.
Si les dieux ont exaucé Horace en permettant une traversée favorable, ils n'ont pas poussé la bienveilance trop loin : quelques mois après son arrivée, le prince desvpoètes est victime d'une insolation (semble-t-il) et rentre, mourant, en Italie. Pris d'un pressentiment avant son départ il avait ordonné à ses amis de détruire ce manuscrit imparfait s'il lui arrivait malheur, ce qu'ils ne firent pas, sauvant des plus grands textes de la littérature classique."

Et ensuite le plus émouvant : le départ en exil d'Ovide, dans lequel Ovide délaisse la réalité pour un rappel de la tempête canonique d'Homère où les vents majeurs se sont échappés de l'outre d'Eole et aussi pour symboliser son âme ballottée en tous sens :
[...] Souvent, dans sa fureur, Neptune voulut perdre le prudent Ulysse et souvent Minerve l'arracha des mains de son oncle paternel. Nous aussi, malgré la distance qui nous sépare de ces héros, qui interdit à une puissance céleste de nous protéger contre un dieu courroucé ?
[...] Malheureux ! mes paroles impuissantes se perdent sans effet. de lourdes vagues, tandis que je parle, inondent même mon visage ; le terrible Notus dissipe mes paroles et empêche mes prières d'atteindre les dieux auxquels je les adresse.
[...] Malheureux que je suis ! Quelles montagnes d'eau roulent autour de nous ! On croirait à l'instant qu'elles vont toucher les astres au plus haut du ciel. Quelles vallées se creusent quand la mer s'entrouvre ! On croirait à l'instant qu'elles vont toucher au noir Tartare. Partout où je regarde, il n'y a rien que la mer et le ciel, l'une grosse de vagues, l'autre menaçant de nuages
[...] Cependant mon épouse dévouée ne s'afflige que de mon exil; c'est de mes maux le seul qu'elle connaisse et pleure. Elle ignore que mon corps est le jouet de la mer immense, elle ignore qu'il est poussé par les vents, elle ignore que la mort est là. Il est bien que je ne lui aie pas permis de s'embarquer avec moi. Malheureux ! il m'eût fallu souffrir deux fois la mort ! Mais, si je meurs aujourd 'hui, puisqu'elle est à l'abri du danger, je survivrai du moins dans la moitié de mon être.
[...] Quand vous voudriez tous sauver ma misérable vu, un être frappé par la mort-né saurait plus existe. Quand la mer s'apaiserait, quand les vents me seraient favorables, quand vous m'épargneriez, je n'en serai pas moins exilé [...]

Alors embarquez sans attendre...
Appareillez sans craintes....
Ce livre vous emportera pour plus les plus belles des Odyssées....
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Souhaite que le chemin soit long,
que nombreux soient les matins d'été,
où (avec quelles délices !) tu pénétreras
dans des ports vus pour la première fois.
Fais escale à des comptoirs phéniciens,
et acquiers de belles marchandises,
nacre et corail, ambre et ébène,
et mille sortes d'entêtants parfums.
Acquiers le plus possible de ces entêtants parfums. Visite de nombreuses cités égyptiennes, et instruis-toi avidement auprès de leurs sages.
Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit.
Ton but final est d'y parvenir,
mais n'écourte pas ton voyage :
mieux vaut qu 'il dure de longues années,
et que tu abordes enfin dans ton île aux jours
de ta vieillesse,
riche de tout ce que tu as gagné en chemin,
sans attendre qu 'Ithaque t'enrichisse.

(Constantin Cavafis, Poèmes, « Ithaque », traduction de Marguerite Yourcenar, Gallimard, Paris, 1958.)
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Ce qui m'effraie c'est la mer, c'est l'affreuse image des flots ; j'ai vu naguère sur le rivage des planches en morceaux et bien souvent j'ai lu des noms sur des tombes qui ne recouvraient aucun corps. Ne te laisse pas séduire par une confiance trompeuse à la pensée que tu as comme beau-père le fils d'Hippotès, qui tient les vents impétueux enfermés dans sa prison et qui apaise les flots à son gré. Quand une fois les vents déchaînés se sont rendus maîtres de la plaine liquide, rien ne les arrête plus ; il n'y a pas de terre, il n'y a pas de mer, qui soit protégée contre leur fureur ; ils tourmentent même les nuages du ciel et ils en font jaillir par de terribles chocs des feux étincelants

Ovide - Les Métamorphoses - Livre XI, V 410-580 - Céyx et Alcyone
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Dieux de la mer et du ciel — puisque seuls les vœux me restent—ne disloquez pas ce vaisseau maltraité par les flots ! Je vous en supplie, ne vous associez pas à la colère du grand César ! Souvent, contre la persécution d'un dieu, un autre dieu prête son assistance. Mulciber prit parti contre Troie et Apollon pour elle. Vénus fut l' amie des Troyens, Pallas leur ennemie. La fille de Saturne, bienveillante envers Turnus, haïssait Énée, mais la puissance de Vénus le protégeait.
Souvent, dans sa fureur, Neptune voulut perdre le prudent Ulysse et souvent Minerve l' arracha des mains de son oncle paternel. Nous aussi, malgré la distance qui nous sépare de ces héros, qui interdit à une puissance céleste de nous protéger contre un dieu courroucé ?

Ovide - Tristes, Livre I, 2
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le voyage héroïque du vaisseau Argos est symboliquement celui de la civilisation grecque représentée par des jeunes gens bien nés et éduqués, opposés aux sauvages du Pont-Euxin et aux barbares de la Colchide "située aux extrêmes limites de la terre et de la mer", loin du centre du monde raisonnable. Orphée en est l'exemple même, lui qui utilise le plus policé des art, la musique, pour pacifier les forces brutales de la nature
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Partir ! Ce verbe enthousiasmant ou cruel selon les circonstances accompagne l'humanité depuis toujours. L'homme d'aujourd'hui, sautant dans un avion, dans un train, prompt à courir vers sa voiture pour franchir la moindre distance, imagine volontiers les Anciens ne se déplaçant que rarement, mal, sans jamais vraiment s'éloigner de leurs villages. Les historiens et les archéologues savent bien que rien n'est plus faux, eux qui trouvent dans les textes et dans les fouilles de multiples informations sur leur manière de parcourir des étendues considérables : les ressources documentaires ou mobilières, reflétant l'infinie diversité de tout ce qui roule, qui glisse, qui flotte, rappellent combien l'homme a inventé et amélioré les techniques de son temps afin de rendre sa locomotion la plus efficace possible.

(INCIPIT)
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