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EAN : 9791042501549
Editions Maïa (06/03/2024)
4.83/5   3 notes
Résumé :
Cette valise au cuir usé n’aurait jamais dû sortir du grenier…
2009, Elena, professeur d’espagnol mutée temporairement à Buenos Aires, ne se doute pas qu’elle va se retrouver malgré elle au cœur d’une intrigue la forçant à ouvrir une des pages les plus sombres de l’Histoire d’Argentine.
Cambriolage, filature, émotions, rebondissements, révélations ponctuent la vie d’Elena dans ce pays encore marqué par Eva Perón, ayant servi de refuge à des nazis en fu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cinq ans après « De la Neva à la Seine », publié en 2017 lors du centenaire de la révolution russe, romançant l'épopée de Viktoria, une aristocrate fuyant Saint Pétersbourg pour Paris, résistante durant l'occupation, morte pour la France, parait « Dernier tango russe », qui pourrait être titré « De la Neva au Rio de la Plata », puisqu'il raconte le destin de Dimitri le frère de Viktoria, exilé en Argentine.

Dimitri Poliakof et sa fiancée Ekaterina, sont pris dans la tourmente de la première guerre mondiale et de la chute du régime tsariste.

Ekaterina séduite par les soviets quitte Dimitri pour un communiste français entré au service des léninistes ; quand Staline instaure sa dictature, ils fuient vers la France et s'y installent en 1932, quelques semaines avant qu'un migrant russe assassine le président de la république Paul Doumer … Eugène et Catherine Berthelot tirent alors un trait sur leurs utopies révolutionnaires, entament une nouvelle vie en traversant les aléas de l'histoire (occupation ; mai 68 ; etc.).

Dimitri, via Odessa et la Grèce, arrive à Marseille, gagne Bordeaux et atteint Buenos Aires en 1923. L'Argentine est vaste et accueille les migrants sans aucune restriction : juifs russes au début du siècle, russes blancs dans les années 20, juifs allemands dans les années 30, nazis dans les années 40 …

Dimitri découvre le tango, épouse une espagnole, développe une ferme proche de la frontière avec l'Uruguay, est employé dans une banque puis élu dans sa région d'adoption et chargé de la politique sociale. Repéré par le couple Péron, il contribue aux ambitieux programmes d'Eva (dont un plan alimentaire en faveur de la France, l'Espagne et l'Italie en 1947 ; un an avant le Plan américain Marshall), un rôle qui lui vaut de nombreux ennemis et le condamne quand les militaires instaurent en Argentine et dans les pays voisins un régime de terreur qui emprisonne les opposants, arrache les nouveaux nés à leurs mères et offre des vols sans retour aux « disparus ».

Elena, l'enseignante héroïne « De la Neva à la Seine », est mutée à la rentrée 2009 au lycée Jean Mermoz de Buenos Aires, et y arrive avec quelques bribes d'informations sur Dimitri. Elle enquête dans la paroisse orthodoxe de la capitale, dans les services d'immigration, découvre en Uruguay deux ghettos russes, l'un fondé par une communauté juive ayant fuit les pogroms russes du début de XX, l'autre par des traditionalistes orthodoxes. Non sans peine elle reconstitue la tragédie qui a emporté Dimitri et les siens. Non sans risque, car les tortionnaires font tout pour cacher leurs crimes …

Carole Sorreau dévoile les réseaux qui s'opposent à la junte militaire et exfiltrent les militants menacés : filières israélites, filières russes, associations d'avocats contribuent à la résistance et payent un lourd tribut. Lycéens et enseignants du Lycée Jean Mermoz ou religieuses, les français « disparaissent » également et ce livre leur rend l'hommage qu'ils méritent.

Un siècle, deux continents, trois générations, c'est un vaste tableau que peint la romancière en basant son récit sur une solide documentation historique, des voyages d'étude et des témoignages recueillis auprès des survivants.

Un récit articulé autour de trois personnages Dimitri, Ekaterina, Elena et de leurs familles, entourés d'amitiés et de complicités qui les aident à renverser les obstacles pour bâtir un monde plus humain et plus juste.

Cinq étoiles sans hésitation !

PS : sur les françaises assassinées en décembre 1977 : « se taire serait lâche ».
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Une histoire à la fois bouleversante et captivante, qui nous mène de la Neva à Seine en passant par l'Argentine. Je recommande vivement ce livre qui nous permet de voyager à travers l'Argentine du XX siècle. Les faits historiques nous renvoient aux heures sombres de l'histoire et les protagonistes par leur résilience nous permettent de garder espoir en l'humain.
A lire absolument…
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Vers 17 heures, ce 6 mai 1932, la nouvelle de l'assassinat du Président Doumer se répandit dans tout le pays, suscitant une vague d'indignation et d'émotion. Malgré la stupeur, la capitale était étrangement calme. À l'angle des rues, des groupes muets attendaient les derniers rebondissements. Les éditions de quotidiens s'arrachaient dans l’nstant, les kiosques à journaux étaient assiégés. La rumeur enflait...

Le lendemain matin, Eugène fit irruption dans le petit appartement avec le Figaro sur lequel, en première page, le titre sautait aux yeux : « Assassinat du président de la République - Un terroriste russe a tiré hier plusieurs coups de revolver sur M. Doumer qui est mort ce matin à 4 h 40 ».

Il résuma les faits à sa femme.

— Le président était à Chôtel Salomon de Rothschild pour inaugurer une grande exposition consacrée aux écrivains de la Grande Guerre, Gorguloff a tiré à bout portant. Deux balles l'ont atteint, il est mort ce matin à l'Hôpital Beaujon.

Tu vois, la population française va encore dire : « Ce sont encore les étrangers »... « La France si généreuse ouvre ses frontières à ces gens venus de pays barbares... »
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Un large portail en béton blanc s’élevait à l’entrée de la petite ville : San Javier del Uruguay.

La voiture roulait lentement dans la rue principale, bordée de maisonnettes aux peintures claires. Elena, la fenêtre ouverte, admirait.

Arrête-toi, arrête-toi. Regarde, il y a une représentation d'un bateau d'immigrés !

Quelques minutes plus tard, ils avaient les yeux rivés sur le bateau peint sur une tôle en fer, très abîmée par les intempéries. À quelques mètres, un homme très âgé prenait le frais. Elena s'approcha de lui, le sourire aux lèvres.

— Bonjour, excusez-moi ! Qui a peint ce bateau ?

— Ma grand-mère atteignant Puerto Viejo à deux kilomètres plus bas en 1913 avec ses parents... Et c'est aussi la date de fondation de la ville, conta fièrement le bonhomme.

— Elle était Russe ? s'enquit Martin après un signe de main cordial.

— Oui. Plus de trois cents familles de Juifs russes, fuyant les persécutions du tsar Nicolas II, ont fondé le royaume de Dieu sur la Terre ici à San Javier. C'était la secte religieuse appelée Nouvel Israël, guidée par Vasili Lubkov.
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— Les premiers colons russes ont introduit le tournesol qui ne se cultivait pas du tout en Uruguay, ils ont ensuite construit un moulin à huile, pour en tirer un revenu. C'était très dur pour eux ! Ils ne parlaient pas la langue, la plupart ne connaissaient rien à l'agriculture. Mais Dieu était là et ils pouvaient vivre en liberté... Ils ont été des travailleurs infatigables. Mes grands-parents se sont acharnés sur cette terre. Je me souviens avec mes trois frères, je n'avais que sept ans, nous allions traire à 4 h du matin, avant on devait marcher dans la boue... On nous donnait entre sept et dix vaches. Après l'école, c'était le travail aux champs ou au jardin. On n'achetait rien, tout venait du potager ou du poulailler.
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— Ma petite fille, tu le sais comme moi, nous avons un signe distinctif dans notre famille. C'est transmis génétiquement de femme en femme, de génération en génération, reconnut Hannah. Ma mère l'avait, ma sœur l'avait, moi je l'ai, mes deux filles et ma petite fille en ont hérité.

Elena se retint de poser la question « quelle était cette distinction ? ».

Grave, Mathilde livra la vérité.

— Dans notre famille, nous avons un syndrome malformatif complexe que l'on appelle la polydactylie, c'est-à-dire la présence, au niveau du pied, d'orteils supplémentaires.

Elena blêmit, des gouttes de sueur perlèrent sur son front. Tétanisée sur sa chaise, elle ne bougeait plus. Les mots ne franchissaient plus ses lèvres.
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Le 15 janvier 1944, un tremblement de terre, avec une magnitude 7,8 sur l'échelle de Richter, détruisit la ville historique de San Juan, proche de ia frontière chilienne.

En quelques minutes, quatre cents ans d'histoire furent réduits à néant. La ville en ruine, on dénombrait plus de dix mille morts et des milliers de blessés. C'était l'une des plus grandes catastrophes dans l’histoire du pays.

Toute l'Argentine se mobilisa pour récolter des fonds afin de secourir les victimes et d'aider San Juan à se reconstruire. Juan Perôn, colonel de l'armée d'Argentine et secrétaire d’État au travail et à la prévision sociale, fut l'un des plus actifs du gouvernement en dépêchant des avions, des trains, des camions chargés de vivres et de médicaments aux survivants.

Le 22 janvier 1944, un gala de charité fut organisé par Perôn au Luna Park, rassemblant des personnes du monde du spectacle et du sport. Eva Duarte, jeune actrice en devenir, était présente. Eva et Perôn se rencontrèrent ...
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