AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 388 notes
Un roman historique que j'ai abordé avec enthousiasme: La Grande Bretagne du 19e, la période victorienne corsetée et inégalitaire, la révolution industrielle, l'émergence des idées révolutionnaires, la misère des ouvriers, premiers sacrifiés aux aléas politiques de la crise du coton américain, la position des femmes assujetties à une domination masculine.

Et en contrechamp les figures iconiques que sont Marx et Engels, réduits à leur quotidien d'individus dans leur époque, figures engagées dans la lutte et le désir de changement.

Le dernier roman de Sébastien Spitzer a des atouts documentaires indéniables, et nous offre le contexte d'un prolétariat dans des décors à la Dickens.

Mais pour moi, cela s'arrête à cela. Je mets un bémol sur la construction romanesque que j'ai trouvé pesante et propice à un ennui diffus.

Les événements sociaux sont mis en avant, au détriment des émotions, réduisant ainsi les personnages à des acteurs indispensables pour meubler le contexte historique. Il manque un quelque chose de liant, un souffle romanesque, une empathie dans le modèle narratif. La plume est très, voire trop, descriptive des faits et de l'action mais reste à distance, se fait parfois laborieuse. Même si l'auteur dézingue quelques peu les deux figures du socialisme, Il est dommage qu'il n'ait pas plus creusé le paradoxe Marx, théoricien du bonheur des peuples, et sa part d'ombre dans ses propres turpitudes.

Je referme cette lecture frustrée d'un plaisir attendu après le souvenir de son précédent roman sur Magda Goebbels.
Commenter  J’apprécie          282
A travers l'histoire de Freddy, le fils illégitime de Marx, Spitzer semble prendre le parti de valoriser, pour reprendre une formulation de Marx : "la critique des armes" sur "les armes de la critique". C'est plutôt bien écrit (même si, ça et là on pourrait trouver à y redire) et c'est surtout une histoire rapidement prenante et aux échos historiques et sociaux forts intéressants. La seconde partie de l'ouvrage est indéniablement le point fort du récit même si l'ensemble est cohérent. Je n'arrive toutefois toujours pas à savoir si l'ambition de ce roman est de raconter une histoire peu connue ou de nous faire voir la face obscure de révolutionnaires de plumes (réduction qui serait injuste) en insistant bien davantage, en ce qui concerne Marx et Engels, sur leurs travers de petits bourgeois dominateurs (Marx et son personnel féminin de maison) et encore leurs ambivalences voire leurs incohérences (la plus grande étant l'affairisme d'Engels, dans une industrie cotonnière qui eut partie liée avec la pire des exploitations humaines mais aussi avec des choix en matière technologique - le recours à la machine à vapeur, contre toute logique économique - aux conséquences environnementales désastreuses ; les lecteurs de L'anthropocène contre l'histoire d'Andreas Malm comprendront sans peine ici la référence)...?
Commenter  J’apprécie          20
Angleterre, milieu du 19ème siècle, Londres, Manchester, Liverpool, L'industrie du textile bat son plein, avec son lot de misère, de travail dans des conditions difficiles générées par un capitalisme naissant. Karl Marx, dit « le Maure » y habite avec sa femme Johanna, aristocrate allemande et leurs trois filles. Il y rédige « le capital », en menant une vie très bourgeoise, peu soucieux des dépenses qu'elle engendre, puisqu'il est soutenu financièrement par Engels, patron d'industrie textile. Il est le père de Freddy, enfant illégitime conçu avec sa bonne et aussitôt caché et élevé par charlotte, une irlandaise qui a fui la famine. On découvre dans ce livre, une époque ou les hauts et les bas de l'activité économique reposent déjà sur la mondialisation des approvisionnements du coton. L'activisme naissant des « féniants », opprimés irlandais s'y révèle. Il est savoureux de constater que les théories révolutionnaires de Marx ont abouti grâce à l'argent du coton (principalement d'Amérique) cultivé par des esclaves ! Très beau roman sur une trame historique intéressante bien documentée
Commenter  J’apprécie          90
Ce roman historique, en quelque sorte, m'a plu curieusement.
En effet, je ne suis pas une fan de l' Histoire. Mais dans ce livre, c'est romancé, et j'ai pu apprendre des évènements sur l'Angleterre et l'Irlande au moment du règne de la reine Victoria, au XIXe siècle.
J'ai mis un peu de temps à me mettre bien dedans car je voulais bien comprendre tous les évènements et les personnages. Pour le coup, je me suis laissée embarquer dans ce roman où l'amour est aussi présent.
Un beau roman, une belle plume, et un coeur battant...
Lien : https://lacabanedemeslivres...
Commenter  J’apprécie          100
Il y a deux ans, je découvrais Sébastien Spitzer, journaliste, à travers son premier roman historique, Ces rêves qu'on piétine, retraçant le parcours de Magda Goebels. J'avais beaucoup aimé cet ouvrage, aussi ai-je voulu lire celui-ci également.

Cette fois, l'auteur nous raconte l'histoire de Frederic Demuth, né à Londres en 1851. Il est le fils de Karl Marx et de sa gouvernante. Dès sa naissance, Freddy a été renié et s'est retrouvé adopté par Charlotte, une jeune femme irlandaise. Si, sur le papier, Marx défend les opprimé·e·s, il est obsédé par l'argent tandis que son fils caché prend les armes pour défendre sa cause.

Ne connaissant pas l'histoire de Marx, j'ignorais qu'il avait eu un bâtard et cet ouvrage m'a permis d'en apprendre plus sur Frederic Demuth, bien qu'une partie ait été romancée par l'écrivain. Seulement, raconter quinze ans de vie était également l'occasion de parler de la crise du coton, de la guerre de Sécession... Alors bien que Sébastien Spitzer ait inventé le personnage de Charlotte - puisque nous ne savons pas qui a élevé le fils de Marx -, il se base sur des faits réels et parle de protagonistes qui ont réellement existé (Marx, appelé le Maure dans ce livre, Engels, mais aussi Freddy...).

Ce livre est vraiment intéressant et se lit très facilement, malgré ces 445 pages qui peuvent paraître impressionnantes au départ. Ce roman historique permet d'en apprendre plus sur la guerre de Sécession, sur les grandes idées et les paradoxes de Marx et Engels...

Une fois refermé, j'en suis sortie avec plus de connaissances qu'avant. Pour celleux qui, comme moi, aimeraient en apprendre plus sur L Histoire sans pour autant se plonger dans de gros ouvrages un peu rébarbatifs - mais peut-être est-ce un cliché -, les romans historiques comme ceux que Sébastien Spitzer peut construire (même s'il n'en a écrit que deux) tombent à pic.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
Commenter  J’apprécie          430
Un très fort moment de lecture et la joie de découvrir cet écrivain-journaliste, encore jamais lu...

La citation en exergue, à elle seule, en dit déjà fort long sur le ton et les thèmes centraux de ce roman: la misère du peuple, l'exploitation des plus faibles, et toutes les violences policières mais aussi des puissants, en période de profonde crise économique, sociale... Cela me donne, en plus, l'envie, de lire , avec une attention accrue...le texte de Dickens, "Les Temps difficiles" !!!
"On sait, à une livre près, ce qu'une machine peut produire, mais je ne connais aucun expert aux services de la Dette nationale capable d'estimer la quantité qu'il y a, à chaque instant, de bien ou de mal, d'amour ou de haine, de patriotisme ou de mécontentement, de désintégration de vertu en vice ou l'inverse, dans la larme d'un seul de ces braves ouvriers au visage impassible et aux gestes bien réglés. Cette machine n'a pas de mystère ; mais il y a un mystère insondable chez le plus insignifiant de ces gens. "Charles Dickens-'Les temps difficiles' (1854)


Dans les années 1860, dans un Londres où les "miséreux" crevant de
faim ,augmentent sans cesse, Sébastien Spitzer prend le" pouls d'une époque où la toute- puissance de l'argent brise les hommes, l'amitié et l'espoir de jours meilleurs." [4e de couv. ]

On traverse cette fresque en suivant les travaux de Karl Marx, l'aide financière sans faille de son ami, Engels, différents personnages attachants, dont l'émigrée Irlandaise, Charlotte...
qui se débat dans les épreuves , pour survivre dans cette misère généralisée, grandissante...
Elle recueille par la force des circonstances, après avoir tragiquement perdu son bébé, un autre bébé, un petit garçon, enfant illégitime de Karl Marx...dont elle prendra soin avec un amour indéfectible...

A travers Charlotte, ce sont tous les "pauvres" de la terre,symbolisés...écrasés par les injustices sociales, lors de crise économique profonde.

Si Charlotte , en dépit de sa pauvreté et de sa lutte pour survivre avec son petit garçon, Freddy, grandit à nos yeux, au fil du récit... le théoricien, et philosophe, Karl Marx, n'en sort pas, lui, grandi !!!

Sans oublier les grandes figures de penseurs de l'époque, Charles Fourier, Charles Darwin, Abraham Lincoln, etc. La petite histoire et la Grande Histoire réunies !!!

Un récit au rythme nerveux, où il n'y a pas le moindre vide... ou rupture de narration !

"En Irlande, quand la fièvre de la famine répandait ses dais noirs, Charlotte a vu tous les membres de sa famille se presser devant les portes de ces sociétés-là. Société philanthropique du secours à l'Irlande.
Société philanthropique des quakers de l'Est. Société philanthropique protestante. Ils étaient des milliers à s'y rendre, crevant de faim et de peur, le visage marqué par la malaria, infestés de gale et de poux, cloqués, fuyant leurs champs en ruine parce que le champignon avait tout saccagé.
Le mildiou. Philanthropie.
Quelle blague !
C'est cette philanthropie qui offrait des savons pour que les pauvres crèvent propres.
Pour chasser le choléra.
Maudite philanthropie !"

Un ouvrage poignant, réaliste... qui me rappelle une lecture irlandaise fort lointaine, "Famine" de O'Flaherty..., qui m'avait très durablement marquée...

"Londres est la ville-monde immonde. Ses rues sentent l'exil et la suie, le curry, le safran, le houblon, le vinaigre et l'opium. La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l'Empire ne peut plus absorber. Elle a le coeur des Tudors
et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n'en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s'entasser dans ses faubourgs sinistres."

Une fresque historique et sociale, où nous apprenons beaucoup, vivant au fil des émotions, des drames des personnages. Un temps de lecture, totalement captivant, addictif... !!
Commenter  J’apprécie          424
Avant toute chose..... Quelle magnifique couverture ! Par contre j'ai trouvé le titre un peu trop grandiloquent pour moi.

Un très beau roman qui constitue un récit d'une époque, celle de la 2e moitié du 19e siècle (je n'ose plus dire "du siècle dernier", mes filles me rappelant régulièrement que "le siècle dernier" c'est le 20e ! Et paf un autre coup de vieux !) Pour revenir au livre, nous sommes donc fin 19e au sein de l'Angleterre industrieuse, inégalitaire, violente pour les plus pauvres.
Un récit très documenté, précis, une histoire intéressante mais qui reste le prétexte à la description de cette fin de siècle. Et moi j'ai été littéralement absorbée par ce récit. Impossible de lâcher ces différents personnages : de l'enfant naturel à la pauvre femme qui l'a élevé, des révolutionnaires irlandais aux riches Anglais et bien sûr ces deux personnages clé que sont Engels et Marx.
En un mot, vous l'aurez compris, j'ai aimé !!
Commenter  J’apprécie          298
Londres, 1851 : Charlotte jeune immigrée irlandaise qui a fui la famine vient d'être agressée. Elle est secourue par le Docteur Malte, soigneur des laissés-pour-compte, qui pratique des avortements en secret et la recueille. Au même moment, naît Freddy, cet enfant illégitime qu'a Karl Marx avec sa bonne et dont il ne veut pas assurer la paternité. À la demande d'Engels, ami de Marx, le médecin se charge de récupérer l'enfant et c'est Charlotte qui va l'élever.
Ce deuxième roman de Sébastien Spitzer, après son excellent Ces rêves qu'on piétine qui dévoilait l'étonnante histoire de Magda Goebbels, se penche, cette fois sur le destin du fils caché de Karl Marx. C'est donc au coeur de l'Angleterre victorienne que se situe l'intrigue. L'auteur, nous raconte avec brio et un suspense maintenu de bout en bout, la vie plus que mouvementée de ce garçon. Il nous décrit également de manière remarquable Karl Marx, en pleine fondation, avec Engels de l'Internationale communiste. Comment Engels, grâce à ses usines, peut financer le train de vie de l'auteur du Capital. Les portraits de ces deux hommes, tous deux exilés d'Allemagne, révolutionnaires mais bourgeois, sont vraiment réussis.
Mais, ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, c'est le contexte historique, cette période de l'histoire britannique où une Angleterre industrielle maîtresse du charbon, le plus grand empire colonial du monde dans ces années 1860, veut dominer le monde. Sébastien Spitzer nous plonge au coeur de la vie des petites gens et la manière impitoyable qu'utilisent les plus chanceux pour exploiter les plus faibles. Cette misère provoque de nombreuses insurrections, misère aggravée par la crise du coton bloqué en Amérique par la guerre de sécession. Les Irlandais sont d'autant plus touchés, que, nombre d'entre eux se sont engagés auprès des Yankees avec promesse de se voir attribuer une terre, promesse qui ne sera pas tenue... D'où la violente répression anglaise lors des révoltes des fénians, ces nationalistes irlandais, à leur retour.
C'est une magnifique fresque sociale, bien que très noire qui est brossée dans ce roman avec, en son coeur, la présence de ces deux hommes qui bien que profitant de ce système capitaliste n'ont qu'un rêve : le faire tomber !
C'est une histoire romanesque des plus passionnantes que nous livre Sébastien Spitzer avec, au départ, un fait réel qui se déroule dans un contexte historique réel.
Un livre passionnant, fascinant et très enrichissant.
Commenter  J’apprécie          11111
superbe roman et donc fiction ?
lecture agréable;
indispensable; aurait sans doute du être primé
Commenter  J’apprécie          00
Ce deuxième roman de Sébastien Spitzer est ma neuvième incursion dans cette sélection « rentrée littéraire 2019 » des 68 premières Fois…
Il y a deux ans, Ces rêves qu'on piétine, figurait en bonne place parmi mes préférés de la sélection. J'avoue une prédilection pour les romans historiques, quand la grande Histoire nous est donnée à lire par le prisme de l'individuel et de l'intime.
Ici, encore une fois, le titre attire et interpelle : le Coeur battant du monde… Me voilà partie à la rencontre du fils caché de Karl Marx, dans l'Angleterre ouvrière de la deuxième moitié du XIXème siècle, dans un univers à la manière de Charles Dickens.

L'intérêt premier de ce livre réside dans le paradoxe de l'aura de Karl Marx, rêvant à « une internationale qu'il a décidé de loger au coeur même du coeur battant du monde capitaliste » et l'image peu reluisante que nous en donne Sébastien Spitzer, celle d'un parasite vivant aux crochets de son ami Engels, d'un mari sous la coupe de son épouse et surtout d'un homme incapable d'assumer « son affreuse erreur », sa « sinistre maladresse » ; c'est ainsi qu'il qualifie lui-même la grossesse de sa domestique et la naissance du bâtard dont il est le géniteur.
Ensuite viennent les descriptions détaillées de la vie ouvrière dans les usines textiles d'une Angleterre qui assoit sa puissance économique sur l'exploitation des travailleurs et plus précisément des ouvrières. La très belle écriture de Sébastien Spitzer, détaillée, travaillée, imagée donne réellement à lire, à voir et à s'imprégner d'une ambiance ; ainsi que je le disais, Dickens n'est jamais loin et cette intertextualité en filigrane auréole l'ensemble du récit.
Le roman nous entraine aussi en pleine guerre de sécession américaine et ses conséquences sur les marchés européens, touchés par la « cotton panic ».
Enfin, il y a l'oppression des irlandais, poussés à l'émigration par la famine et la misère, revenus des champs de bataille américains plus pauvres qu'avant. Là, le livre prend des allures de roman d'aventures, avec poursuites, prises d'assaut et combats aux côtés des « fenians », ces nationalistes belliqueux, prêts à tout pour lutter contre la suprématie anglaise.

Certes, avec ce deuxième livre, Sébastien Spitzer ne nous surprend plus vraiment ; il persiste dans ce qu'il sait faire et qu'il fait bien, avec talent. J'ai pris plaisir à cette lecture, à la fois didactique et captivante.
Un roman bien documenté, porté par un réel travail de recherche, mais qui a su garder une part d'originalité dans le traitement de l'intrigue.
Sébastien Spitzer devient une valeur sûre.
Commenter  J’apprécie          230





Lecteurs (862) Voir plus



Quiz Voir plus

Ces rêves qu'on piétine

Comment Magda est censé apprendre la mort de son père adoptif ?

De bouche à oreilles
Elle reçoit un sms
Elle reçoit des lettres
Elle fait des recherches

10 questions
16 lecteurs ont répondu
Thème : Ces rêves qu'on piétine de Sébastien SpitzerCréer un quiz sur ce livre

{* *}