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sur 384 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Londres, 1851 : Charlotte jeune immigrée irlandaise qui a fui la famine vient d'être agressée. Elle est secourue par le Docteur Malte, soigneur des laissés-pour-compte, qui pratique des avortements en secret et la recueille. Au même moment, naît Freddy, cet enfant illégitime qu'a Karl Marx avec sa bonne et dont il ne veut pas assurer la paternité. À la demande d'Engels, ami de Marx, le médecin se charge de récupérer l'enfant et c'est Charlotte qui va l'élever.
Ce deuxième roman de Sébastien Spitzer, après son excellent Ces rêves qu'on piétine qui dévoilait l'étonnante histoire de Magda Goebbels, se penche, cette fois sur le destin du fils caché de Karl Marx. C'est donc au coeur de l'Angleterre victorienne que se situe l'intrigue. L'auteur, nous raconte avec brio et un suspense maintenu de bout en bout, la vie plus que mouvementée de ce garçon. Il nous décrit également de manière remarquable Karl Marx, en pleine fondation, avec Engels de l'Internationale communiste. Comment Engels, grâce à ses usines, peut financer le train de vie de l'auteur du Capital. Les portraits de ces deux hommes, tous deux exilés d'Allemagne, révolutionnaires mais bourgeois, sont vraiment réussis.
Mais, ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, c'est le contexte historique, cette période de l'histoire britannique où une Angleterre industrielle maîtresse du charbon, le plus grand empire colonial du monde dans ces années 1860, veut dominer le monde. Sébastien Spitzer nous plonge au coeur de la vie des petites gens et la manière impitoyable qu'utilisent les plus chanceux pour exploiter les plus faibles. Cette misère provoque de nombreuses insurrections, misère aggravée par la crise du coton bloqué en Amérique par la guerre de sécession. Les Irlandais sont d'autant plus touchés, que, nombre d'entre eux se sont engagés auprès des Yankees avec promesse de se voir attribuer une terre, promesse qui ne sera pas tenue... D'où la violente répression anglaise lors des révoltes des fénians, ces nationalistes irlandais, à leur retour.
C'est une magnifique fresque sociale, bien que très noire qui est brossée dans ce roman avec, en son coeur, la présence de ces deux hommes qui bien que profitant de ce système capitaliste n'ont qu'un rêve : le faire tomber !
C'est une histoire romanesque des plus passionnantes que nous livre Sébastien Spitzer avec, au départ, un fait réel qui se déroule dans un contexte historique réel.
Un livre passionnant, fascinant et très enrichissant.
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Le coeur battant du monde est une gigantesque fresque dans laquelle le talent de l'auteur réussit à lier personnages et événements réels à la fiction. Indispensable pour raconter et surtout pour intéresser et captiver le lecteur.

Comme avec Magda Goebbels, dans son premier livre, Ces rêves qu'on piétine, Sébastien Spitzer redonne vie à des personnages disparus en nous plongeant dans leur quotidien. J'ai ainsi apprécié de découvrir qualités et défauts de Karl Marx, le Maure, et de Friedrich Engels, le riche industriel qui pouvait pratiquer la chasse à courre avec des lords puis pousser ses ouvrières à se révolter tout en les traitant bien mieux que tous ses collègues.
Surtout, il y a ce héros du livre, Freddy, le fils de Karl Marx, né d'une nuit d'amour avec la bonne. C'est lui, enfant, que l'on peut imaginer voir sur la couverture du livre, confronté à la misère, à la faim, dans ce Londres du XIXe siècle si bien décrit dans ce livre comme l'avait fait Charles Dickens.
Je me suis attaché à Charlotte, une Irlandaise, personnage fictif si généreux malgré tout ce qu'elle subit, puis à Lydia, sortie de la misère par Engels. Elle se révolte contre sa couardise et son suivisme, cédant toujours aux volontés de la femme du Maure, Johanna von Westphalen, une Allemande comme son mari et Engels, en rupture avec la noblesse rhénane dont elle est issue.
C'est vrai que j'ai eu du mal à voir derrière le Maure ce Karl Marx, l'auteur du Capital, oeuvre fondamentale dont on parle depuis si longtemps. L'auteur explique bien ce surnom dû à son apparence physique mais ce n'est pas évident, surtout après avoir vu le Jeune Karl Marx, l'excellent film de Raoul Peck dont August Diehl joue le rôle principal. En cours de lecture, les images du film me revenaient en mémoire car le réalisateur était très bien documenté.
Dans le coeur battant du monde, j'ai beaucoup apprécié le tableau fait par l'auteur de l'industrie anglaise, où ce coton venu d'Amérique, obtenu grâce au travail et au sang des esclaves, donne du travail aux enfants comme aux adultes dans des conditions effroyables. La guerre de Sécession aussi est vue sous un angle plutôt réaliste, loin des clichés qui classent les bons d'un côté et les méchants de l'autre.
Enfin, le combat des Irlandais pour l'indépendance m'a passionné. Tant de violence, tous ces morts, toutes ces souffrances qui sont encore loin de leur épilogue en 1867, cela m'a beaucoup touché.

Une nouvelle fois, Sébastien Spitzer prouve qu'il sait raconter, après s'être énormément documenté. Surtout, il n'hésite pas à citer les lectures qui l'ont inspiré, ce que j'apprécie beaucoup à la fin d'un roman de ce style.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Lorsque l'on s'attache au misérable quotidien de Charlotte , enceinte d'un enfant dont le père est parti tenter sa chance en Amérique, traitant son infortune dans les bas-fonds de Londres, on est loin d'imaginer que l'histoire nous conduira dans l'intimité de deux géants de l'histoire du 19è siècle, à savoir Marx dit le Maure et son allié (mais après lecture, peut-on parler d'alliance, tant la nature de leur relation est peu claire), Engels.

C'est sur l'existence d'un fils caché du rédacteur du Capital que Sébastien Spitzer construit le récit. La naissance clandestine, les premières années près de celle qui fut sa mère de substitution, la pauvreté, même si tout cela est sorti de l'imagination de l'auteur, puisque l'on sait peu de choses du bâtard, dont les instances officielles ont longtemps réussi à cacher la réalité, pour ne pas ternir l'image du géniteur.

Et pourtant, elle n'est pas reluisante cette image : si Marx défend sur le papier l'opprimé , il semble pourtant éprouver à son égard le plus profond mépris, dans sa vie de tous les jours. Et son train de vie financé par Engels aurait pu être à l'origine d'une dissonance cognitive dont il ne semble pas souffrir.

Le contexte historique est passionnant : c'est l'époque où le commerce florissant du coton, importé des Amériques, fait vivre (ou plutôt survivre) le peuple des ouvriers dont le maigre salaire parvient à peine à les nourrir, dans des conditions d'insalubrité qui tuent avant l'âge.
La situation s'aggrave encore lorsque la Guerre de Sécession ruine l'importation de la précieuse matière première.

L'écriture est vivante, faite de phrases courtes et le plus souvent au présent. L'incursion de la petite histoire dans la grande Histoire a toujours un effet très positif sur l'intérêt et suscite l'envie de poursuivre la lecture sans répit.


Très beau second roman, qui confirme le talent de l'auteur .

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Marx et Engels ont fait leur apparition pendant mes années - lycée et j'avoue que je ne pensais pas les retrouver un jour au coeur d'une de mes lectures , belle lecture , du reste . Ce sont donc de " vieux amis " si l'on considère que mon bac date de...1971 , il y a donc tout juste 50 ans ...(Attendez , je recompte , oui , hélas , le " compte est bon ") .Vous comprendrez aisément que je les avais " un peu " perdus de vue depuis tout ce temps . Je ne sais du reste plus si les excellents profs qui nous faisaient cours nous les présentaient aussi bien que Sébastien Spitzer , mais accordons leur le mérite de nous en avoir suffisamment bien parlé pour , qu'au moins , nous sachions encore aujourd'hui , de qui il s'agissait .
Voilà donc ces deux personnages " historiques " présents et bien présents dans ce Londres de 1851 , capitale d'un empire à la puissance reconnue et incontestable . Premier plongeon dans ce Londres cher à Dickens , une capitale enviée comme un formidable Eldorado pour des populations , irlandaises , notamment , chassées impitoyablement de leurs terres misérables vers une ville cosmopolite , certes , mais dévoreuse de main d'oeuvre méprisée, surexploitée , condamnée au pire pour survivre .Un décor saisissant puisque c'est dans ce milieu qu'évolueront la plupart de nos personnages . Parmi eux , Freddy , bâtard de Karl Marx , rien que ça. Nous allons avec lui traverser toute une époque , prendre les armes avec les opprimés irlandais , non pas pour chercher à atteindre le Graal , non , mais tout simplement revendiquer le droit de vivre libre et dans la dignité.... Vaste et éternel sujet .
C'est un roman qui se dévore de part l'intérêt du propos qu'il développe et la qualité de l'écriture . Si on s'appuie sur les " remerciements " exposés à la fin , on ne peut faire moins que reconnaître à l'auteur un travail de recherche sérieux et étayé ce qui n'est pas anodin et , ma foi , très bien inséré dans un récit qui est donc didactique tout en étant plaisant et très vivant . Ce fut donc pour moi un ( encore ...) très bon moment de lecture , passionnant et instructif . Une très " bonne pioche ".
Je me dis que mes profs de l'époque n'auraient sans doute pas omis de nous " signaler " ce bouquin et , qu'en élèves respectueux de leur savoir , nous n'aurions pas manqué de nous y reporter . Après tout , il n'est jamais trop tard pour bien faire , non ? Tout de même, qu'est- ce que ça aurait été bien d'avoir de " tels outils pédagogiques " en complément de ces cours magistraux parfois indigestes , surtout en tout début d'après- midi . Revenir en arrière ? Impossible . J'ai demandé à mon médecin , oh , pas grand chose , des broutilles ....20 ans ....Vu son exclamation ironique , je n'ai pas osé demander... 50 ans . Après , si vous avez un docteur Guéritou qui , lui , relève le défi, soyez sympa , faites - moi signe ...
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L'histoire se situe à Londres dans l' East End à partir de 1851, dans un milieu extrêmement pauvre et violent.
Charlotte, venue d'Irlande, est sauvée par le docteur Malte qui lui amène un enfant à garder et à nourrir.
C'est Freddy, le fils caché de Karl Marx surnommé le Maure en raison de sa peau foncée et de ses cheveux noirs.
Cet individu a eu Freddy avec sa servante et son ami Engels aide à cacher son fils dont Marx n'a que faire d'ailleurs.
Charlotte va le prendre en charge, allant même jusqu'à se prostituer pour le nourrir. Entre Freddy et elle, naît un beau climat de confiance et de protection mutuelles car Freddy va grandir et c'est bientôt lui qui aidera aussi Charlotte.
Il est très débrouillard et courageux.
En 1863, Freddy et Charlotte se retrouvent à Manchester, encore plus pauvre que Londres. Les industries de coton se portent mal à cause de la guerre de Sécession aux Etats-Unis .
L'accent est mis sur la richesse des industriels et l'extrême pauvreté des travailleurs.
Engels, riche industriel, joue le rôle d'homme riche mais il rêve secrètement que le capitalisme soit détruit.
C'est pour cette raison qu'il encourage Marx à écrire son livre "Le Capital" et le nourrit ainsi que sa famille.
Sébastien Spitzer nous décrit Marx comme un individu pas intéressant dut tout. Il défend des idées d'égalité entre les hommes mais aime vivre dans le luxe.
Un personnage pas du tout en accord avec ses idées somme toute.
Un très beau roman historique avec beaucoup d'ironie, d'actions, structuré de façon à ce que je ne me sois pas ennuyée un seul moment, avec une très belle plume en plus.
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Sébastien SPITZER nous rappelle avec talent que ce nous appelons l'Histoire n'est en fait qu'une somme d'histoires. Des quotidiens, des destins de monsieur et madame tout le monde. Une addition de vies qui ont forgé l'Histoire. Certains noms sont inscrits dans les livres et les mémoires transmis de génération en génération, d'autres se sont perdus dans la foule des anonymes. Leurs vies n'en sont pas moins dignes d'intérêt.

Charlotte EVANS contrairement aux autres personnages qui peuplent ce livre est inventée de toute pièce et pourtant elle incarne toute une génération de femmes qui ont vécu comme elle. Tel un personnage de ZOLA arpentant les rues du Londres de DICKENS. Charlotte, c'est une femme maltraitée par la vie, victime parce que femme dans un monde d'hommes. Réduite à une vie de misère car oubliée par celui qui lui avait promis une vie à 2, à 3, pour le meilleur et pour le pire. Charlotte c'est aussi une mère avec la détermination chevillée au corps et l'instinct de survie pour elle et son petit. Freddy une erreur à effacer pour ses parents, un don du ciel pour elle.

Charlotte fait partie des anonymes, une irlandaise de plus venue alimenter les bas-fonds de Londres et le quartier de l'East End, celui du peuple d'en bas de Jack LONDON.
Pourtant son destin est étroitement lié à ceux de certains « grands de ce monde », des figures historiques comme Karl MARX et Friedrich ENGELS. A part quelques vagues souvenirs de mes cours d'histoire et de philo (c'est-à-dire pas grand-chose) j'ignorais presque tout de ces deux-là. Sous la plume de SPITZER ces deux portraits en noirs et blancs de mes livres de cours se sont effondrés de leurs piédestal et ont pris chairs et corps pour reprendre leur statut d'hommes. Avant d'être des morceaux d'histoire ils ont été des anonymes eux aussi. Des frères, des pères, des maris, des fils, juste des hommes. Des hommes pétris d'idéologie dans une société où seul le travail et l'argent prouvent la valeur d'un être humain. Dans une société où la vie ne vaut pas grand-chose, où la main d'oeuvre n'est qu'expatriés, crèves la faim et autres pauvres bougres payés une misère qui font le bonheur des manufactures de coton. Ils s'empoisonnent à petit feu et se tuent à la tâche. Des années d'oppression, d'exploitation et de promesses jamais tenues qui forment un terreau de colère et de haine.
Tandis que la guerre de sécession prend fin et les blocus avec, elle laisse toute une génération de soldats irlandais amers et plein de rancune envers la Couronne Britannique et l'Amérique de LINCOLN.

Dans ce monde prêt à imploser MARX écrit et se regarde le nombril tandis qu'ENGELS l'entretient ainsi que sa famille, bafouant pour ce faire, toutes les belles idées qu'ils veulent tant propager. MARX écrit, énonce ses vérités, ne parle que politique laissant les tâches moins nobles aux autres. Persuadé d'avoir raison il vit dans l'hypocrisie la plus totale à l'abri du froid, de la faim et de la misère avec un rapport avec l'argent très ambigüe.
Il est facile de parler de pauvreté, de dénuement, de sacrifices et de lutte quand on dort au chaud et qu'on a le ventre plein, pendant qu'au loin grandit dans le dénuement et la misère un enfant sciemment rejeté.

Il ne voit que les idées, la lutte, le combat, jamais les hommes, les femmes, les enfants en souffrance. Ce qui l'intéresse c'est l'abstraction des idées, les coucher sur le papier, être un guide. La réalité de la pauvreté et les actions concrètes lui importent peu.

Un MARX qui se rebelle contre les conventions mais qui fait le dos rond quand ça l'arrange et un ENGELS aux prises avec sa conscience. Une galerie de personnages en contradictions et en humanité.

Au milieu de tout ça, il y a Freddy, qui défie la misère, le destin, la pauvreté et la mélancolie. Un rayon de soleil au milieu du smog londonien et une rencontre qu'il vous faudra faire par vous-même si vous voulez en savoir plus. Ce p'tit gars en vaut la peine.
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Un très fort moment de lecture et la joie de découvrir cet écrivain-journaliste, encore jamais lu...

La citation en exergue, à elle seule, en dit déjà fort long sur le ton et les thèmes centraux de ce roman: la misère du peuple, l'exploitation des plus faibles, et toutes les violences policières mais aussi des puissants, en période de profonde crise économique, sociale... Cela me donne, en plus, l'envie, de lire , avec une attention accrue...le texte de Dickens, "Les Temps difficiles" !!!
"On sait, à une livre près, ce qu'une machine peut produire, mais je ne connais aucun expert aux services de la Dette nationale capable d'estimer la quantité qu'il y a, à chaque instant, de bien ou de mal, d'amour ou de haine, de patriotisme ou de mécontentement, de désintégration de vertu en vice ou l'inverse, dans la larme d'un seul de ces braves ouvriers au visage impassible et aux gestes bien réglés. Cette machine n'a pas de mystère ; mais il y a un mystère insondable chez le plus insignifiant de ces gens. "Charles Dickens-'Les temps difficiles' (1854)


Dans les années 1860, dans un Londres où les "miséreux" crevant de
faim ,augmentent sans cesse, Sébastien Spitzer prend le" pouls d'une époque où la toute- puissance de l'argent brise les hommes, l'amitié et l'espoir de jours meilleurs." [4e de couv. ]

On traverse cette fresque en suivant les travaux de Karl Marx, l'aide financière sans faille de son ami, Engels, différents personnages attachants, dont l'émigrée Irlandaise, Charlotte...
qui se débat dans les épreuves , pour survivre dans cette misère généralisée, grandissante...
Elle recueille par la force des circonstances, après avoir tragiquement perdu son bébé, un autre bébé, un petit garçon, enfant illégitime de Karl Marx...dont elle prendra soin avec un amour indéfectible...

A travers Charlotte, ce sont tous les "pauvres" de la terre,symbolisés...écrasés par les injustices sociales, lors de crise économique profonde.

Si Charlotte , en dépit de sa pauvreté et de sa lutte pour survivre avec son petit garçon, Freddy, grandit à nos yeux, au fil du récit... le théoricien, et philosophe, Karl Marx, n'en sort pas, lui, grandi !!!

Sans oublier les grandes figures de penseurs de l'époque, Charles Fourier, Charles Darwin, Abraham Lincoln, etc. La petite histoire et la Grande Histoire réunies !!!

Un récit au rythme nerveux, où il n'y a pas le moindre vide... ou rupture de narration !

"En Irlande, quand la fièvre de la famine répandait ses dais noirs, Charlotte a vu tous les membres de sa famille se presser devant les portes de ces sociétés-là. Société philanthropique du secours à l'Irlande.
Société philanthropique des quakers de l'Est. Société philanthropique protestante. Ils étaient des milliers à s'y rendre, crevant de faim et de peur, le visage marqué par la malaria, infestés de gale et de poux, cloqués, fuyant leurs champs en ruine parce que le champignon avait tout saccagé.
Le mildiou. Philanthropie.
Quelle blague !
C'est cette philanthropie qui offrait des savons pour que les pauvres crèvent propres.
Pour chasser le choléra.
Maudite philanthropie !"

Un ouvrage poignant, réaliste... qui me rappelle une lecture irlandaise fort lointaine, "Famine" de O'Flaherty..., qui m'avait très durablement marquée...

"Londres est la ville-monde immonde. Ses rues sentent l'exil et la suie, le curry, le safran, le houblon, le vinaigre et l'opium. La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l'Empire ne peut plus absorber. Elle a le coeur des Tudors
et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n'en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s'entasser dans ses faubourgs sinistres."

Une fresque historique et sociale, où nous apprenons beaucoup, vivant au fil des émotions, des drames des personnages. Un temps de lecture, totalement captivant, addictif... !!
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Sébastien Spitzer poursuit son exploration du passé, de l'histoire avec toujours cette faculté extraordinaire qu'il possède, celle de tisser entre eux les différents liens d'un récit passionnant, envoûtant à plus d'un titre. "Le coeur battant du monde", tout comme son prédécesseur, ne manque pas de ce souffle qui habite les textes enlevés et qui convoquent, entre autres, les fantômes de Karl Marx, d'Engels et de tout une époque frémissante dans les années 1860, en Angleterre où germait déjà les graines des grandes tragédies à venir, celles des Totalitarismes du XXème siècle. L'industrialisation, la mondialisation s'était immiscée dans la vie de l'empire le plus puissant du monde. Déjà, le profit se concentrait dans les mains de quelques-uns tandis que la masse du peuple croulait sous le poids des dettes et de la misère, du travail dans des conditions apocalyptiques et de la vie dans des quartiers populaires insalubres. Il y a du Dickens dans ce Sébastien Spitzer mené de main de maître et qui nous emporte par un style d'écriture ciselée et une analyse fine qui nous permet de nous projeter dans une vision à l'échelle multiscalaire, celle de la guerre de sécession aux États-Unis qui a un impact sur la production de coton exportée vers l'Angleterre, obligeant de nombreuses manufactures à fermer leur porte et poussant les ouvriers au chômage. Là encore, l'impact d'évènements lointains sur la vie de ces travailleurs nous montre combien les liens étaient inextricables tant du point de vue économique que financier. Mais revenons en à notre histoire, car ici il est aussi question de l'intime, de Karl Marx qui eût un enfant caché avec une employée. Il s'appelle Freddy et il est né le 23 juin 1851. Il n'a jamais été reconnu par son illustre père et sera confié à une jeune femme irlandaise pauvre, Charlotte, qui devra à tout prix gardé le poids du secret de cette naissance illégitime. A Londres puis à Manchester, il faudra vivre caché, traqué par les polices d'Europe et aussi par les hommes de main du frère noble et richissime prussien de la femme de Marx surnommée Jenny la rouge, née baronne mais qui renoncera à tout pour suivre la destinée de son idole de mari : Karl Marx. Ce dernier mènera une vie de bourgeois, dépensant sans compter l'argent qu'il devait au soutien financier essentiel de son ami Engels, le fameux Lord du coton. On suit donc le parcours de Charlotte et Freddy dans cette Angleterre industrialisée de la seconde moitié du XIXème siècle, on y lit la misère, la souffrance des Irlandais qui peuplaient ces quartiers insalubres des grandes villes anglaises. Ils n'avaient rien ou presque et devaient lutter pour leur survie au quotidien. "Le coeur battant du monde" est une véritable plongée, une immersion dans cet univers où l'argent faisait ou défaisait les réputations, où les hommes valaient à peine plus que des bêtes de somme. Sébastien Spitzer confirme avec ce nouveau livre tout le potentiel entrevu dans "Ces rêve qu'on piétine" son tout premier roman. Il poursuit dans la veine du roman historique et s'inscrit d'ors et déjà comme un des auteurs marquant de cette rentrée littéraire.
Lien : https://thedude524.com/2019/..
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Avec "Le coeur battant du monde", Sébastien Spitzer, fait revivre l'Angleterre et l'Irlande, du XIXème siècle ! Il lui suffit de quelques lignes, suggestives, pour décrire le capitalisme dévorant, la pauvreté, l'espoir et le désespoir, les inégalités issues de la révolution industrielle, et, somme toute, la Londres du XIXème siècle, n'est pas si loin du monde d'aujourd'hui.
Toujours fin, suggérant cette Londres, en quelques lignes, il réalise une très belle peinture du Royaume-Uni, de la Révolution Industrielle, avec beaucoup d'humanité. Ces personnages sont tous complexes, ambigüs, originaux, en conflit avec la société, et souvent en proie à des contradictions.
Et puis, il y a dans ce texte, énormément de personnages historiques fascinants : Engels, Marx... Sébastien Spitzer est d'ailleurs ( c'est l'évidence même ), d'une grande culture historique, qu'il utilise, pour mieux parler du présent. Car ce roman historique, est profondément lié à des thématiques actuelles, tellement actuelles : l'argent, la pauvreté, entre autres.
Une très belle plongée, dans le Royaume Uni, du XIXème siècle !
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Avant toute chose..... Quelle magnifique couverture ! Par contre j'ai trouvé le titre un peu trop grandiloquent pour moi.

Un très beau roman qui constitue un récit d'une époque, celle de la 2e moitié du 19e siècle (je n'ose plus dire "du siècle dernier", mes filles me rappelant régulièrement que "le siècle dernier" c'est le 20e ! Et paf un autre coup de vieux !) Pour revenir au livre, nous sommes donc fin 19e au sein de l'Angleterre industrieuse, inégalitaire, violente pour les plus pauvres.
Un récit très documenté, précis, une histoire intéressante mais qui reste le prétexte à la description de cette fin de siècle. Et moi j'ai été littéralement absorbée par ce récit. Impossible de lâcher ces différents personnages : de l'enfant naturel à la pauvre femme qui l'a élevé, des révolutionnaires irlandais aux riches Anglais et bien sûr ces deux personnages clé que sont Engels et Marx.
En un mot, vous l'aurez compris, j'ai aimé !!
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