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EAN : 9782849610121
88 pages
Les Requins Marteaux (27/09/2004)
3.55/5   22 notes
Résumé :
"Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un Foyer national pour le peuple juif, et il emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui porte atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives de Palestine ainsi qu'aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans les autres pays." Déclaration Balfour-Novembre 1917
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Torture blanche n'est pas une bd dont le but est de nous émerveiller devant les images. Cela s'adresse à un public qui a le sens de la réflexion dans un support qui en est souvent dépourvu par sa nature même divertissante.

En effet, on est plongé au coeur même du conflit israélo-palestinien pour en essayer d'avoir une vue impartiale. On va suivre un petit groupe dont fait partie l'auteur dans une mission qui vise à manifester leur soutien pour la reconnaissance d'un droit du peuple palestinien (droit à la paix, à la sécurité, à l'autodétermination...).

Aujourd'hui, la Palestine est une terre de conflits et de déchirements alors qu'elle était à l'origine une terre biblique et sainte. Il n'y a pas de véritable frontière car elle est parsemée par des colonies israéliennes. La récente construction d'un mur de séparation accentue le fractionnement territorial de ce pays sans état où seule l'Autorité palestinienne peut exercer certains pouvoirs sur une population aux conditions de vie dégradées.

Entre soulèvements populaire (l'Intifada) et affrontements armés, le processus de paix peine à se poursuivre malgré une forte implication de la communauté internationale. Dans ce contexte, les Palestiniens tentent de leur côté de maintenir vivantes une culture et une identité nationale.

La création de l'état d'Israël, état du peuple juif, trouve son origine dans le projet d'établissement d'un foyer national juif en Palestine avancé dès le XIX ème siècle par le mouvement sioniste. C'est en 1948, au lendemain de la Shoah, dans un contexte d'extrême tension, que naît l'état d'Israël. Celui-ci, situé entre l'Égypte, la Syrie, le Liban, la Jordanie et les Territoires palestiniens, entretient, depuis sa création, des rapports conflictuels avec ses voisins. Il aura fallu plusieurs guerre pour que ce pays dont la démographie a été nourri par l'immigration, puisse exister entre des éléments de grande modernité et de conservatisme religieux.

L'ouvrage nous décrit un autre type de guerre. C'est une violence géographique par la construction de colonies, de murs et de routes de contournement qui barrent le paysage. C'est une agression moins spectaculaire, plus discrète et finalement plus perfide. le but est d'isoler les palestiniens des petits îlots viables pour les forcer à partir à plus ou moins long terme. Ce blocus de villes et de villages affame une population confinée. Cette logique des colonies empêche toute possibilité d'un état binational. Et surtout, elle alimente le cycle de la violence.

J'ai été victime durant des années d'une certaine vue journalistique qui nous décrivait les palestiniens comme de vulgaires terroristes s'en prenant à des populations civiles innocentes. On avait juste oublié qu'il s'agissait d'une guerre entre un occupant et un territoire occupé. J'ai compris bien plus tard les subtilités de cette guerre où l'on pousse les gens dans leur pire retranchement pour justifier d'une infamie encore plus grande. Bien entendu, les deux camps ne sont pas en reste et on pourrait passer des heures à livrer des auto-critiques. Cependant, cet ouvrage nous fait juste comprendre l'essentiel pour ne pas le perdre de vue. Il s'agit de comprendre le mécanisme instrumentalisation par l'alimentation de la menace terroriste et sécuritaire que l'on crée de toute pièce par des dérives colonialistes.

Etre pour la paix et contre la colonisation, être pour la création de deux Etats qui oeuvrent pour le bien de leur peuple respectif: est-ce mal ? Bref, juste le respect des droits de l'homme. Alors, oui, l'auteur a bien fait de nous apporter le témoignage de son livre pour nous ouvrir l'esprit. Ne pas se laisser influencer par les détails qui masquent la forêt. Il faut sauver le peuple palestinien de la violence. C'est à la communauté internationale de changer et d'agir afin que cessent les massacres quasi quotidien dans cette région du monde. Tout conflit finit par cesser. Espérons ne pas aboutir à la destruction totale d'un peuple par un autre car cela serait le pire des scénarios.
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Torture blanche c'est une Bd publiée en 2004, deux ans après le voyage fait par l'auteur. Il faisait partie d'un groupe lors d'une mission de Protection du Peuple Palestinien ( la 41 -ème) où il a rencontré des palestiniens et des israéliens pacifistes. Il a hésité à faire ce livre, croyant au plan de paix de Genève. C'était en 2002 et peu après Gaza s'embrasait une fois de plus... Rien n'a changé et on a atteint le pire, vu l'actualité.
La torture blanche c'est ce que subit les palestiniens depuis 1948. Ce mur ( mais il faut dire barrière de sécurité) qui les contraint à vivre dans un espace restreint, la torture psychologique des soldats, la famine, la violence et la peur.
Bande dessinée en noir et blanc avec l'apport de quelques photos l'ensemble est assez neutre niveau dessin, mais pas par son contenue. j'ai trouvé la typographie mal aisée à lire. L'ensemble donne une image de ce qui se passait à ce moment là en Palestine par des scènes prises sur le vif et le point de vue intéressant des membres de la mission. Peu de changement finalement. L'histoire se répète sans fin.
Moins violente que les bandes dessinées de Sacco mais tout aussi glaçant à lire.
Et le rappel de la déclaration Balfour " étant clairement entendu que rien ne sera fait qui porte atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives de Palestine ainsi qu'aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans d'autres pays"
Un voeu pieux qui se réalisera peut-être un jour....

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Dans cet ouvrage, Philippe Squarzoni rapporte le voyage qu'il a effectué avec d'autres membres du groupe ATTAC en Israël-Palestine en décembre 2002.
Il est divisé en 8 parties : 6 chapitres en quelques sortes, consacrés à une journée du voyage, une conclusion et un épilogue sur la fabrication du livre.
Chaque journée accompagne un déplacement dans une ville israëlienne ou dans les territoires palestiniens : Hébron, Béthléem, Tel-Aviv etc. Est décrite en quelques cases la manifestation du jour, en soutien au peuple palestinien puis un commentaire « impressions de la journée » en mode interview de face d'un participant à la manif, toujours un.e Français.e faisant partie du groupe.
Et c'est ce qui m'a gêné. J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de discours sur la situation politique et sociale de cette partie du monde mais assez peu de rencontres des populations. Les discours rapportés proviennent d'Européens en visite et jamais d'Israëliens ni de Palestiniens. Pour moi, c'est un grand manque. Par ailleurs, j'ai souvent trouvé que ces discours manquaient un peu de fond. Quelques points cependant m'ont intéressée : des rappels sur la politique israëlienne de colonisation – notamment l'idée de détourner les idées des Israëliens du marasme économique, cynique !  ; l'inaction des puissances internationales.
Concernant le dessin, le trait est fin, très droit et régulier. Cinq à six cases compartimentent systématiquement, régulièrement et franchement, la page avec un trait noir très épais, qui fige et alourdit l'ensemble – ce qui va plutôt dans le sens du propos cela dit. J'ai trouvé que certaines scènes également étaient très figées, j'ai l'impression qu'elles ont été dessinées d'après photo (avec un personnage regardant le photographe / le lecteur). Cependant, j'ai souvent trouvé les visages très expressifs.
Une lecture intéressante mais qui m'a laissée sur ma faim. Je vais me rattraper avec un Joe Sacco sur le sujet ;-)
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« En décembre 2002 et janvier 2003, Philippe Squarzoni a fait partie de la 41è Mission de Protection du Peuple Palestinien dans les territoires occupés. C'est ce voyage militant qui est raconté dans les 80 pages de ce livre au fil duquel Squarzoni donne la parole aux autres membres de la mission. Au moment où le processus d'Oslo est dans l'impasse, alors que la deuxième Intifada bat son plein, “Torture Blanche” nous amène à la rencontre du peuple palestinien, mais aussi des forces pacifistes israéliennes. Dans un monde tout juste reconfiguré dans la lutte contre le terrorisme, le conflit israélo-palestinien semble un paradigme des logiques de la globalisation. Et, tout en décrivant les stratégies de conquête de l'état d'Israël au travers des colonies et du mur de séparation, Squarzoni met en valeur la dimension économique du conflit et son caractère colonial » (source : Les Requins Marteaux à l'occasion de la première édition en 2004).

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En 2012, la sortie de Saison Brune a donné lieu à plusieurs rééditions d'albums de Philippe Squarzoni chez Delcourt. Avantage direct : il est désormais possible de se les procurer facilement. L'occasion pour moi de vous parler d'un nouvel album sur le conflit israélo-palestinien (ça faisait longtemps ! :P) et qui traite des tortures psychologiques ou “tortures blanches”.

Torture blanche est un carnet de bord d'un séjour en Palestine effectué en décembre 2002.

« Nous sommes le 41è mission à partir dans le cadre des campagnes civiles internationales de protection du peuple palestinien. le but de ces missions est d'essayer de limiter, par la présence d'observateurs internationaux, les souffrances infligées aux Palestiniens. En mars dernier, pendant l'opération Rempart, des militants ont accompagné les ambulances palestiniennes ou tenté de protéger des camps de réfugiés. Depuis, les missions se sont succédé ces derniers mois. Souvent sollicitées par les Palestiniens eux-mêmes. Il y a en ce moment plusieurs groupes en même temps que le nôtre. Une centaine d'internationaux… mais la spécificité de la 41è mission, c'est que nous sommes tous membres d'ATTAC ».

Entendez-le comme vous voudrez, mais pour moi, ces missions internationales n'ont d'autre but que de proposer un bouclier humain aux palestiniens. Ensuite, il y a les objectifs sous-jacents : apporter des vivres, vêtements, médicaments… aux palestiniens. Mais l'enjeu premier est la protection des populations et la question de la mise en danger de l'intégrité physique est omniprésente dans cet album :

Marie ? Tu veux bien marcher devant avec moi ? Tu es bonde. On a moins de chances de se faire tirer dessus si tu es devant…

La mission en elle-même n'a duré que quelques jours mais on ressent parfaitement le malaise de la situation. Passé le premier étonnement essentiellement dû au format de l'album (86 pages c'est assez maigre pour traiter ce sujet), j'ai grandement apprécié cet ouvrage qui venait à la fois confirmer des points abordés dans d'autres ouvrages que j'avais lu (bien que publiés après Torture blanche) et qui les complète bien. Il est vrai que c'est la première fois que je prends connaissance d'un album qui aborde le sujet de ces missions internationales de manière aussi précise.

L'ouvrage se découpe en six grands chapitres et la narration nous pose, dans un premier temps, auprès de chacun des membres de la 41è mission. Ainsi, on recueille leurs points de vue respectifs, on mesure leur engagement et leur positionnement quant aux actions à entreprendre et au contexte socio-politique en présence.

Au niveau graphique, le style est simple et sans artifices. Les dessins se contentent d'être descriptifs et servent les propos rapportés par l'auteur. du reportage graphique des interventions en elles-mêmes (rencontres avec les populations, manifestations, compte-rendu visuel de l'état de la ville d'Hébron…), à la retranscription d'extraits d'interview durant lesquels les interlocuteurs interviennent pour parler du conflit (Squarzoni ne recourt à aucun artifice : l'interlocuteur est face à lui, assez immobile, installé devant un fond blanc… le lecteur « coute »). de plus, pour renforcer l'impact de son propos, Squarzoni injecte ponctuellement des photos prises sur le terrain, des cartes de la région et quelques visuels issus de l'imagerie collective. En somme, cette narration graphique déjà décrite lors de mon article sur Saison brune était déjà mise à l'épreuve par l'auteur en 2004, bien qu'elle moins efficiente sur Torture Blanche.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Je suis une grande admiratrice du travail d'investigation et d'information de Philippe Squarzoni sur des sujets sensibles et complexes. C'est toujours précis, documenté, argumenté, et très éclairant. le dessin est simple, statique, fin, au trait noir, avec quelques photos intercalées. Chaque mot est pesé, il pèse lourd. C'est implacable.
Fin 2002, Philippe Squarzoni s'est rendu en Israël, dans le cadre d'une des missions des campagnes civiles internationales de protection du peuple palestinien. Il témoigne des différentes formes de violence que subit le peuple palestinien, surtout dans les territoires occupés. La multiplication des murs, check points, frontières, la confiscation des terres agricoles et des puits. L'étouffement progressif qui constitue un nettoyage ethnique à bas bruit. Absolument contraire au droit international. Tout à fait scandaleux et glaçant.
Cela va faire bientôt 20 ans, c'est hélas toujours autant d'actualité (même si ça ne passe plus aux actualités), la colonisation avance, la paix recule. Une lecture indispensable.
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critiques presse (1)
Sceneario
11 juin 2012
Dérangeant, rageant... Torture blanche est un titre parmi d’autres qui nous met forcément dans une colère noire. Car c’est de nettoyage ethnique qu’il s’agit, en "Terre promise".
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"il faut être prudent ici..."
La communauté juive installée dans Hébron est très proche du kach, un parti d'extrême-droite israélien.
Même en Israël, la majorité de la population a honte de ces 400 illuminés qui sont racistes et violents.
L'arrogance, les agressions et le harcèlement des colons sont le lot quotidien des palestiniens. Leurs magasins sont saccagés, la marchandise est volée, les incendies achèvent le travail...
( p 33)
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A la communauté internationale de changer , et d'agir pour que le terrorisme cette " arme des faibles " n'apparaisse plus comme la seule possible.
Pour sauver le peuple palestinien de la violence ...
Et pour préserver Israël du pire scénario qui pourrait être le sien devant l'histoire. Avoir détruit la Palestine et son peuple.
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La première chose qui frappe ici... c'est la violence géographique.
Des routes de contournement qui barrent le paysage... pas cette violence des bombes et de la guerre qui passe si bien à la télé... mais une agression patiente, discrète... tout aussi stratégique... une agression au béton. Avec des bulldozers plutôt qu'avec des chars... contra la terre... contre le territoire.
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Un monticule de gravats, de boue, de déchets, et de béton, aux entrées de la ville.... que les gens franchissent à pied...
On n'entre plus en voiture dans Hébron... on n'en sort pas non plus.
(...)
Dans les territoires occupés, le rayon d'utilisation d'une voiture palestinienne ne dépasse pas les 15 km.
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Marie ? Tu veux bien marcher devant avec moi ? Tu es bonde. On a moins de chances de se faire tirer dessus si tu es devant…
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Videos de Philippe Squarzoni (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Squarzoni
L’immersion dans le quotidien des inspecteurs de l’unité des homicides de Baltimore en 1988 se poursuit dans cette troisième partie de l’adaptation du livre de David Simon, à l’origine de sa série The Wire (Sur écoute).
Retrouvez l'interview de Philippe Squarzoni : https://www.youtube.com/watch?v=JUvXxHeiq4k
Résumé : Un flic a reçu deux balles dans le visage. Pas d'arme. Pas de mobile. Pas d'indices matériels. Mais Terry McLarney a été le sergent de Cassidy. Son ami. Et il fera tout pour découvrir le coupable. Alors que l’affaire Latonya Wallace accapare toujours Landsman et Pelligrini, le tableau se couvre d’encre rouge. Les corps s'empilent, le taux de résolution plonge et la pression augmente…
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