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EAN : 9782020015486
Seuil (01/06/1969)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Dans la Bucarest des années 1920 où l'on circule en fiacre et où les hommes baisent les mains des jeunes filles, dans une société que côtoient soudain marchands et paysans parvenus, Ana, l'héroïne de ce roman, connaît une véritable tentation de la pureté au milieu d'un monde de violence, de haines et de passions. Nul ne sait ce qui pousse cette adolescente vers Zoé, personnage crépusculaire que surprend sa tendresse, si ce n'est peut-être la fascination qu'exerce su... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce roman d'Henriette -Yvonne Stahl a été publié pour la première fois en 1942, en roumain, puis traduit par l'auteure elle-même en français seulement en 1969. C'est un roman crépusculaire, très influencé par la guerre, mais dont le sujet n'est pas celle-ci.
Chez le dentiste Ana Stavri « fillette timide et obstinée » de dix-sept ans fait la connaissance de Zoé Mihalcéa-Vrincéanu, « un être fort curieux et original » âgé de vingt-trois ans. Le premier chapitre présente les deux familles respectives. Bogdan Stavri le père d'Anna, parti au front (on est pendant la Première Guerre mondiale) n'a plus donné des nouvelles depuis deux ans. Lucia Stavri, la mère d'Ana semble très proche de celle-ci. Quant aux parents de Zoé, si l'auteure indique pour commencer simplement que la mère est « la fille d'un prêtre de province », elle est bien plus prolixe concernant le père, « un homme d'affaires de grande envergure ».
L'action se déroule à Bucarest avec des références topographiques fréquentes telles que le quartier de Cotroceni qui existe toujours, ainsi que le légendaire jardin de Cișmigiu ou les quais de la Dâmbovița.
L'amitié entre les deux jeunes filles apparaît aussitôt « miraculeuse » aux yeux d'Ana qui n'a encore jamais eu d'amie. Elle juge les débuts de cette amitié comme une libération : « il lui sembla qu'elle venait de rompre les liens qu'il avait jusqu'alors tenues prisonnières, qu'une force nouvelle s'emparait de son être » (p. 15). Pourtant, pour Lucia Stavri « cette amitié n'a aucun sens ».
La maison des Mihalcéa-Vrincéanu s'apparente à un « capharnaüm cauchemardesque », tout y est étrange, « une maison de fous ». Elena Mihalcéa n'est qu'un être vulgaire aux yeux cupides. Ana est comme envoûtée par Zoé qu'elle ne se lasse pas de contempler : « ses yeux limpides, la ligne des sourcils, la pâleur du visage, la tristesse du sourire qui paraissait inscrite dans la chair ». Mais assez vite Ana va éprouver une « crainte indéfinissable ».
Le professeur Vasile Macovei, non mobilisé pour des problèmes de coeur, est lui aussi « certain que cette amitié ne [...] vaudra rien de bon » à Ana. Ils sont donc trois (avec le dentiste et sa mère) à l'avoir mise en garde. Cependant, Ana est heureuse en compagnie de Zoé. Si Zoé a abandonné ses études de piano à l'étranger pour devenir médecin, Ana rêve quant à elle d'écrire plus tard.
Heureuse de revoir son père Ana éprouve cependant un nouveau sentiment d'effroi : « si la guerre était finie, la paix n'avait rien apporté de plus que l'attente incertaine de millions d'êtres »(p. 64).
Maltraitée par son père, Dumitru Vrincéanu, lui aussi de retour de la guerre, Zoé tombe malade. le portrait de celui-ci est à lui seul de nature à laisser entrevoir la maltraitance. Il est réalisé toujours à travers le regard d'Ana qui « se rappela ses yeux glauques, semblables à ceux de son fils, inquiétants et lubriques. Oui, elle savait cet homme capable des pires monstruosités »(p. 127).
Pour secourir Zoé et la prendre à sa charge, Ana propose à son voisin Stéfan Banéa un mariage de raison. Non seulement elle ne l'aime pas, mais elle est convaincue de ne jamais pouvoir aimer personne. « La façon d'aimer des hommes me suffit pas » dit-elle (p. 114), car « il y a de la tristesse et de la mort dans l'amour des hommes ». Ana s'obstine, car « Zoé doit absolument quitter la maison de ses parents sinon elle est perdue », mais hélas (ou fort heureusement) Stéfan Banéa refuse ce mariage, même s'il aime Ana.
Pour décrire le lien qui s'établit entre Zoé et Ana l'auteur use d'une comparaison : « autant [Ana] éprouvait pour ses parents et ses proches une affection paisible et stable, autant elle se sentait attirée vers Zoé par une force impérieuse » (p. 118).
Zoé pense que son salut (et même celui d'Ana) ne peut venir que de la réussite à leurs examens, c'est pourquoi elle souhaite reprendre au plus vite le travail et assure bannir désormais toute idée de suicide. Mais hélas, une lente (puis assez rapide) descente aux enfers s'amorce avec l'entrée de la morphine dans sa vie et la malédiction de la maison des Mihalcéa-Vrincéanu qui voit mourir tour à tour tous ses occupants. Par rapport à la drogue, le ton se veut didactique plutôt que moralisateur.
Au final un roman psychologique, voire initiatique, qui se lit facilement et qui ménage même un peu de suspens.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« Jamais plus je ne m'isolerai des humains, quoi qu'il arrive. Je souffrirai avec eux, en même temps qu'eux, par compassion pour eux », pensa-t-elle, comprenant qu'elle n'était pas exceptionnelle et qu'à toute créature humaine qui, malgré les échecs, trouve en elle la force de chercher et de comprendre, il était donné de connaître la joie.
Ana sut qu'elle était libre enfin, prête à accepter la vie, et elle se sentit envahie par un sentiment de gratitude à l'égard de Zoé qui, elle aussi, tout en détruisant sa propre existence, avait pu la guider entre le jour et la nuit.
(p. 286)
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Pourtant, selon toutes apparences, au lieu de tirer profit de ces recherches, les hommes passaient leur existence à se guetter, s'entre-déchiraient avec des cris de haine, se détruisaient. Chaque découverte ne servirait-elle donc que le crime ? Les hommes parviendraient-ils jamais à s'échapper de cette prison de mensonge, d'envie et d'hypocrisie ?
(p. 41)
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La paix revint et le pays entier sembla sortir d'un long cauchemar. Mais le réveil fut plein d'effroi: il fallut faire l'inventaire des morts, des disparus, des âmes sacrifiées, des destructions, des mutilés, des cris et des larmes qu'avaient exigés ces quatre années de guerre prises à l'éternité.
(p. 63)
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Est-il possible qu'un chemin de douleurs et d'imperfections conduise au bonheur ?
(p. 285)
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Plus tard, vous comprendrez bien des choses. Mais en attendant, tâchez de beaucoup lire. Et aussi de vous fortifier physiquement.
(p. 35)
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