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Merci beaucoup à Éric Boury pour sa traduction

Ainsi se clôt cette sublime trilogie commencée avec « entre ciel et terre » et poursuivie avec « la tristesse des anges ».
Dans ce dernier opus le printemps de juin et sa lumière succèdent aux rigueurs d'un hiver glacial qui semblait ne jamais finir.

Simplicité et puissance de l'écriture, profondeur des sentiments, non linéarité du récit, tout est surprise dans ce texte si proche de l'humain dans toutes ses composantes. Où les différents protagonistes, plus nombreux que dans la tristesse des anges, dévoilent plus intimement des dissonances relationnelles.

Et comme les fulgurances du climat de cette Islande que nous découvrons sous la plume de J K Stefansson, celles de sa prose ne cessent de nous envoûter.

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Le coeur de l'homme – Jon Kalman Stefansson

Où s'achèvent les rêves, où commence le réel ?

Le gamin après avoir passé l'hiver et côtoyé la mort avec le postier est de retour et le printemps se faufile dans les pages.

Dans ce dernier volet, ce roman parle d'amour, de mort et de doute

Au printemps, on s'endort dans la lumière et on s'éveille dans la clarté. On y apprend que le printemps est fragile, l'été inexistant. Un livre une fois encore doux dans la résurgence de la vie en Islande.

Pour donner un sentiment global à cette trilogie, Jon Kalman Stefansson nous fait traverser ses pensées islandaises fortifiées d'une belle qualité morale sans doute couplée par un climat capricieux et venteux. On y retrouve cette écriture poignante à décrire des conditions de vie de ces personnages qui luttent dans des paysages délimités de tout repère. Certains y apprécieront, c'est vrai, une grande émotion de cette envie de partage dans un univers austère, comme, et je le partage encore, une frustration par la forme chaotique de l'histoire qui doit provenir du climat qui vient s'abattre sur les lignes comme elle s'abat sur le moral de l'auteur. Cela dit, cette trilogie l'a fait connaître dans le monde entier et je garde en moi un grand auteur par sa marque de fabrique.
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Il s'en est fallu de peu pour que Jens le postier et le gamin ne sortent pas vivants de la tempête. Après leur chute, ils sont pris en charge par le médecin de Slettueyri, et reviennent miraculeusement à la vie dans la chaleur de sa demeure. le gamin est ressuscité par le baiser d'une rousse. Un baiser qui va littéralement changer sa vie.

On est alors au mois d'avril. En Islande, cela signifie que l'hiver se termine enfin. La neige commence à fondre, la nature et la vie reprennent leurs droits. le duo décide de se séparer et chacun retourne à sa vie, ses occupations.

Le gamin, revenu du bout du monde, retrouve sa famille de coeur, celle qu'il s'est choisi. Un peu grâce à son ami Bárður, finalement. Ces gens, cette petite communauté forme un ensemble puissant, fort. Mais le gamin lui, qui est-il vraiment? Un messager ? Il semblerait presque envoyé par l'au-delà. Par ses mots, il rassemble les gens, les ramène à la vie. Ce n'est pas commun à cette époque pour un jeune homme, de choisir la douceur des mots plutôt que la brutalité afin de s'imposer et protéger les siens. Il détonne de bien des façons dans cette communauté du début du XXe siècle.

Le coeur de l'homme clôture ce triptyque islandais de façon magistrale. Bouleversante de beauté . On ne veut pas le terminer, on relit certaines pages... On est triste, heureux, on pleure un peu aussi. Il est bien difficile de qualifier la plume de cet écrivain qui a pondu là une oeuvre remarquable . Jón Kalman Stefánsson est un poète. Un homme qui transporte avec ses mots d'une finesse, d'une sensibilité que je n'avais encore jamais rencontré. Et qui donne le courage d'être soi, d'oser, de ne pas se trahir.
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Les mots contribuent à l'élévation de soi et à l'échange entre les hommes . C'était là le propos du 1er et du 2ème tome de la trilogie de Stefansson.
Le 3ème tome marque une rupture ou du moins l'approfondissement d'un thème juste effleuré précédemment et qui éclate ici au grand jour.
La citation suivante résume bien ce qui va faire la trame de ce dernier volume: "Le monde de l'homme est injuste envers les faibles, il est pourri par la cupidité et la cruauté" .
Mais dès lors, les mots peuvent t aussi déclencher la colère des hommes puissants. Celui ou celle qui malgré tout gardent la foi dans le pouvoir des mots, sont-ils dès lors capables d' affronter l'injustice et la violence du pouvoir de l'argent ?
Comme si la fureur déjà impitoyable des éléments naturels ne suffisait pas, , vient cette fois s'ajouter clairement dans ce 3ème tome, la fureur des hommes. Fureur des hommes puissants, qui veulent régenter le monde , jusqu'aux aspirations les plus secrètes des hommes. Mais aussi fureur de ceux qui étant dominés et maintenus dans l'ignorance,- donc dans la haine des autres et donc dans la haine de soi,- ne trouvent pas d'autres possibilités de se grandir que par l'excès d'alcool et par la preuve de leur virilité pourtant la plus malsaine, celle qui ne fait que ramener ces hommes au rang de sous hommes, et même de l'animal.
Selon justement la volonté du maître qui règne sur le monde de la pêche dans la société islandaise au 19ième siècle , il va falloir repartir. le gamin et l'homme portent pourtant déjà des siècles de fatigue sur leurs épaules, sans oublier à chaque départ le poids de la douleur de l'absence. du plus loin qu'il se souvienne, le Gamin revoit par intermittence ces images d'une jeune femme "aux grands yeux verts et aux cheveux roux" qu'il n'a pourtant entre aperçue que deux fois, avant son premier départ dans le lointain.
Dans ce "maëlstrom" d'un monde des adultes terriblement injuste, et dans la complexité d'un univers dont les engrenages lui échappent encore, le Gamin n'a seulement que le pouvoir et la foi dans les mots, pour affronter les vexations et les humiliations : car ce faisant, il n'est pas conforme à l'image de l'homme viril parfait.
Va-t--il avoir la force de continuer à grandir, donc de poursuivre son chemin, pour faire "l'apprentissage de la vie", alors qu'il découvre peu à peu et à marche forcée, que les adultes n'ont à lui proposer que de "devoir se coltiner" à l'apprentissage très rude de l'injustice et de la violence?
Andrea irrite elle aussi au plus haut point : elle veut quant à elle renverser les barrières qui l'enserrent dans le cercle de sa relation conjugale avec Barur, qui est pourtant le type même de "mari parfait", "certes un brave homme, mais qui est aussi sec qu'un morceau de morue salée", Elle a aussi l'audace de prendre les moyen d' accéder à des responsabilités. Saura-telle supporter toutes les médisances à son égard et trouver la force de reconstruire sa vie ?
Dans ce 3ème tome , Stefansson décrit ces vies de douleur et de labeur, sous la loi d'airain de l'impitoyable fatalité des éléments naturels, et sous la loi d'airain de la fureur des hommes puissants. J'ai pour ma part à ce propos beaucoup apprécié chez Stefansson ce mélange sous haute tension du social et de l'intime, car il se montre aussi être un très subtil psychologue: : en effet, en faisant s'exprimer le tumulte du for intérieur de ses nombreux personnages, donc l'intime le plus secret et le plus douloureux de la détresse de chacun, il ne tombe jamais dans l'inflation verbale ni dans l'escalade de superlatifs au risque de les voir de plus en plus dépourvus de contenu émotif réel. La tristesse du Gamin est après tout ravalée depuis longtemps, les coups
odieux qui lui portés sont certainement ressentis par lui comme de véritables "électrochocs", et pourtant dans l'écriture de l'auteur, toute terreur est rentrée, excessivement contrôlée, ne trahissant dans la bouche du gamin que de simples interrogations ou de fugaces agacements !! de ma vie, je n'ai rencontré en littérature de" visage" d'enfant plus noble et plus beau !
Pour écrire ce 3ème volume,, Stefansson célèbre encore sa confiance dans l'écriture d'une prose poétique, car décidément elle semble bien la seule à pouvoir "combler la faille entre des mots qui se contentent de l'évidence, et ne s'interrogent pas sur l'essence de la vie" . La poésie seule permettrait donc comme un retour à un authenticité perdue?
J'ai aussi beaucoup aimé la virtuosité avec laquelle il réussit à entretenir le suspens, à deux reprises essentielles : le frère du Gamin qui détient une lettre de la jeune femme finalement si ardemment désirée, va-t-il enfin penser à la sortir du fonds de sa poche où clairement il l'a complètement oubliée ?
Dans leur fuite pour échapper aux puissants, les marins et le capitaine sont tombés à la mer : vont-ils être balayés par les flots , malgré leurs efforts convulsifs pour de ne pas périr pétrifiés dans une eau de mer glaciale. La description faite de ce naufrage est sublime , digne des pages les plus tragiques du roman "Typhon" de Joseph Conrad ".
Enfin, le lecteur a tout de même droit à des intermèdes comiques, désopilants même, celui de la scène de cocasserie tragique, dans un cagibi dela taverne des marins, qui dégénère en bataille rangée, où tels dans un tableau de Picasso, les hommes, la femme, les meubles ( et les casseroles) ressortent pitoyablement en morceaux . Cela vaut un dessin animé, mais cette fois très comiquement écrit !! tout droit sorti des studios de Hollywood .
J'ai ressenti par contre moi aussi comme une espèce de surenchère dans le sordide des scènes les plus violentes, quand en particulier les hommes ignorants et avinés se transforment "en chiens de fourrière", pour reprendre la formule de Romain Gary dans son livre "Chien blanc". J'aurai souhaité pouvoir fermer les yeux, comme parfois au cinéma. Mais n'est-ce pas après tout au contraire tout le mérite de Stefansson que d'avoir finalement voulu montrer, sans pour autant jamais tomber dans le discours sentencieux d'un discours politique, que l'âme humaine" pure" n'existe pas : non, "les Islandais" dans la société du 19ème, n'étaient pas non plus, pas plus que d'autres d'ailleurs, les détenteurs d'une" sagesse séculaire". Parce que là comme ailleurs, il est rare en effet que "les personnalités qui ont accédé au sommet de la réussite, -les égomaniaques- ne reçoivent jamais assez de marques extérieurs de respect et d'adoration" (Romain Gary) Il est rare aussi que là où persiste l'ignorance,les violences ne sont pas liées à un quelconque aberration congénitale, mais elles sont le signe de société tragiquement en panne de savoir.
Il serait pourtant aberrant pour nous lecteurs, de vouloir juger les siècles passés avec des yeux d'aujourd'hui, car le pouvoir des mots quand il peut toutefois s'exercer librement, a réussi à faire accepter que le monde change, et cela n'est-ce pas précieux et réjouissant ?

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À la fois étrange et fascinant, ce dernier roman de sa trilogie est, encore et toujours, inclassable pour moi.

Le récit raconte toujours l'évolution du "gamin" qui fut pour moi un personnage rafraîchissant et émouvant de naïveté et d'authenticité par sa quête incessante à vouloir comprendre le monde, la vie et la mort. Toutefois, c'est peut-être ce roman parmi les trois que j'ai trouvé plus long que les autres mais la fin m'a émue au point de verser quelques larmes. Ce fut vraiment une belle aventure pour moi de suivre les réflexions profondes et intimes de ce gamin.
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n'ai pas pu terminer l"ennui pointait
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Ce livre parle à notre coeur...
Rappelons nous que l'Islande est une terre au bord du monde, "il suffirait que la planète éternue pour qu'ils basculent tous dans le vide", alors les islandais font comme nous, comme ils peuvent.
N'oublions jamais de ne pas passer à côté de tant de choses dans l'existence, n'oublions pas de vivre.
Cherchons pourquoi parfois, notre coeur s'est endurci, peut être d'amertume, peut être pour survivre.
Souvenons nous de Bårdur qui repose maintenant au creux de la terre avec sa vareuse au fond de son cercueil, au cas où une autre sortie en mer l'attendrait dans l'au delà.
Rencontrons ces "maudits norvégiens" qui tiennent des stations baleinières, les islandais étant victimes de la colonisation.
Écoutons tranquilement : "ce sont là les histoires que nous devons conter",
Juste pour voir "où cesse la mort, ailleurs qu'en un baiser".
Plongeons nous dans l'histoire de l'Islande à la fin du XIX ième siècle, une saga au travers de l'existence d'hommes et de femmes, des plus humbles au plus lettrés.
Observons cette société au travers des tabous, des préjugés, de ce qui est tolérable et admissible à la fois pour les femmes, vivre comme elles le souhaiteraient, et pour les hommes, lire pour aller à la rencontre de tous les autres.
Le texte est magistral mais la forme de l'écriture dérange. le mélange d'histoires, de digressions philosophiques, de dialogues entremêlés,déstabilise.
Le style est très déroutant, on s'y perd !
Ce récit clos la trilogie, l'enthousiasme de la découverte du premier tome laisse la place à la lassitude, je ne suis pas prête à affronter la lecture des sagas, ... Je vais laisser passer les années peut être qu'un jour je serai séduite .... Mais pas pour l'instant .
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Ce troisième volet de la saga islandaise de Jón Kalman Stefánsson, "Le coeur de l'homme", a provoqué en moi un sentiment étrange. Pas vraiment une déception, car tout ce qui avait pu m'émouvoir et me saisir à la lecture des deux premiers volets se retrouve dans ce dernier. Par exemple l'évocation de la toute-puissance de la nature à travers ses manifestations les plus virulentes (tempêtes), passionnée (instincts sauvages) et imposantes (immensité). Cette ombre portée sur le plaisir premier vient peut-être d'une sorte d'accoutumance au style de Stefánsson. Les techniques narratives de l'auteur étaient comme trop visibles dans ce Coeur de l'homme. Il use souvent d'ellipses ou laisse encore le lecteur dans l'ignorance de la conclusion d'une scène pour mieux y revenir dans les chapitres suivants afin de ménager le suspense et jouer efficacement des doutes et des inconnues du lecteur. Mais cette répétition de structure la rend, au bout d'un moment, trop évidente. Mais je ne veux pas paraître trop sévère, car le coeur de l'homme est le récit d'une pensée primordiale, celle de la nécessité de la littérature en tant que moteur de notre existence. Si le gamin, héros de cette saga, comme beaucoup d'autres personnages du roman, ne trouve pas de sens à sa vie dans la littérature, c'est le récit de cette vie tourmentée, c'est le récit de la vie des morts, qui fonde notre rapport au monde.
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Après leur terrible chute avec le traîneau supportant un cercueil, Jens et le Gamin sont secourus par le médecin du village de Slettueyri. Quand il sort de son délire, le Gamin a l'impression d'être face à un ange, tout illuminé par l'auréole de sa chevelure rousse.
Après avoir lu les deux premiers volumes de cette trilogie, je voulais savoir comment l'aventure du Gamin se terminerait. L'atmosphère et les décors prennent le pas sur l'histoire dans cette saga islandaise qui donne le premier rôle aux personnages forts, fiers, indépendants, originaux, qui refusent de se laisser dominer par la masse constituée, pour la plupart, de rudes pêcheurs incultes, pour lesquels seul le travail manuel compte. Les femmes ne sont pour eux que des esclaves, vouées à leur préparer à manger, à les attendre quand ils sont en mer, à assouvir leurs désirs bestiaux, primaires et brutaux. Les hommes qui, comme le Gamin ou Gisli, vivent dans un monde de livres et de poésie, sont considérés par eux comme des parasites, des bons à rien. Quant aux femmes fières et indomptables comme Geirthrudur, ils veulent les faire plier, les briser, leur faire mettre un genou en terre.
Peu d'entre elles osent, telle Andrea, réagir et secouer le joug.
J'ai aimé ce roman qui, contrairement aux deux autres, nous montre le pays au printemps et en été, mais j'étais tout de même contente d'arriver à la fin du troisième volet et ne suis pas sûre que j'aurais poursuivi ma lecture, s'il s'était agi d'une tétralogie!
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Toujours aussi magnifique ! L'écriture de ce troisième tome des "aventures du gamin" est toujours aussi majestueuse, l'histoire toujours aussi prenante et la reflexion humaine toujours aussi belle. Cette trilogie ( "Entre ciel et terre", "La tristesse des anges" et "Le coeur de l'homme" ) est pleine de merveilleux, d'humour et de poésie; il y a peu de frontière en Islande entre réel et la magie ... Ici, en fait ce sont des fantômes qui racontent les histoires, on ne s'en apperçoit pas forcément tout de suite. Et pourtant, ces histoires sont tout à fait "vraies"; c'est l'oeil qui voit et la bouche qui parle qui font partie du surnaturel. les personnages, eux, se débattent dans leurs aspirations, leurs contradictions et leurs conditions de vie; cette fois c'est l'été avec ses longues nuits claires, du soleil et un peu de chaleur, enfin. Mais il peut y avoir des tempêtes terribles et un homme va mourir; plusieurs hommes vont mourir parce que la vie est ainsi sur cette côte islandaise, on peut être vivant à un moment et mort celui d'après. Et toujours l'omniprésence de la littérature et de la poésie qui, semble-t-il peuvent seules sauver d'une vie misérable.
Lien : http://www.les2bouquineuses...
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