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François Truffaut dans son film le dernier métro évoquait déjà l'histoire du théâtre français sous l'occupation. Bérénice 34-44 de'Isabelle Stibbe, secrétaire générale de l'Athénee Théâtre Louis Jouvet, nous ouvre les portes du temps de la Comédie Française. « Certaines préoccupations sont communes aux Allemands et au régime de Pétain : maintenir l'ordre, assurer une censure stricte, "désenjuiver" le théâtre français... Tout un ensemble de mesures, générales ou plus particulières à la culture, encadre désormais l'activité théâtrale.Ainsi, dès septembre 1940, les Allemands publient la fameuse "liste Otto" (du nom de l'ambassadeur d'Allemagne, Otto Abetz), complétée par une seconde en 1942: au total, 1200 titres, "qui empoisonnent l'opinion publique", sont interdits et de nombreux auteurs sont mis à l'index : tous les écrivains juifs, les opposants allemands, les Français "douteux", les Anglo-saxons postérieurs à 1870... » comme l'explique Pascal BAUCHARD dans l'educiné.
Fallait il jouer, fallait il continuer de jouer, et si oui, à quelle condition, à quel prix, au nom de qui, pour qui et devant qui ?
Entre purge, rafle et censure, entre la Propaganda Staffel et la presse collaborationniste fallait il sauvegarder « les emplois » , continuer de vivre de son art, ou faire le choix de ne rien concéder au nom de l'Art lui même ? C'est la question de l'engagement et du devoir de l'artiste qui est posée vraisemblablement à travers ce livre. Pourquoi l'ensemble des sociétaires de la Comédie-française n'a-t-il pas démissionné lorsque le régime nazi a demandé l'exclusion des comédiens juifs ? Pourquoi les héritiers de la maison de Molière à ce moment de l'histoire ont ils fait le choix de rouvrir le théâtre ? Quelles responsabilités incombaient aux artistes ?
Claudel, Vidal, Cocteau, Barrault, Dux, Anouilh, Sartre et bien d'autres continuèrent de jouer, d'écrire et de mettre en scène. Résister, contourner la censure, entretenir coûte que coûte la flamme?
Quant à elle , la Comédie-Française entre symbole et patrimoine, entre honneur et mémoire, quel choix devait elle faire ?

Astrid Shriqui Garain
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Le livre :

Son prénom Racinien la prédestine au théâtre : Bérénice veut jouer sur les planches malgré l'aversion de sa famille juive pour ce métier. Elle mettra toute sa flamme à réaliser son destin malgré la montée du nazisme…

Autour du livre :

J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai pu lire grâce à ma mère, jurée du prix Livre de Poche et qui l'a reçu dans sa sélection de livres à lire et à critiquer.

J'ai une passion pour le théâtre depuis le collège où j'ai pu découvrir le théâtre et la comédie musicale. Je continue toujours à suivre des cours de théâtre et de chant.

Ce livre m'a intéressée aussi pour un sujet que je connais peu : le sort des artistes juifs pendant la seconde guerre mondiale.

Un bon premier roman d'Isabelle Stibbe. Prix Simone Veil 2013, Prix des grandes écoles 2013, prix de l'ENS Cachan 2014.

Isabelle Stibbe est une auteur française née en 1974. Elle est secrétaire générale de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet et enseigne à l'Institut d'études théâtrales de l'Université Paris-III.
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Amis téléspectateurs, bonjour !

Au programme d'Un Jour, Un Destin, la trajectoire météorique de Bérénice Capel, tragédienne de caractère qui toute jeune affirma son désir d'émancipation en tentant le conservatoire et ce, malgré l'interdiction péremptoire d'un paternel qui, pourtant, lui donna sciemment le prénom d'une héroïne emblématique de la maison Racine, Carrée de son p'tit nom.

Nous sommes en 1934. A l'Est, toujours rien de nouveau. Une pause, un répit, comme le bêla si gracieusement Garou, Gorille de son p'tit nom.

Je récapépète depuis le bédut.
Bérénice affiche donc une volonté plus qu'affirmée.
D'origine juive et au vu des évènements se profilant à l'horizon, il n'est pas totalement irrationnel, dès lors, de craindre pour son devenir, toute grande tragédienne qu'elle fut alors, regaaaaarde, regaaaaarde un peu...oui, bon,ça va, j'ai compris, vous n'êtes pas mélomane et pis c'est tout...

Je ne verse pas vraiment dans la Comédie Française et pourtant ce roman m'a littéralement transporté.
Faut dire que les master class d'un monstre comme Jouvet - vous remarquerez que je n'insiste pas sur son p'tit nom qui se trouve être Louis - ça vous assoit d'emblée une certaine légitimité.
L'héroïne est touchante d'opiniâtreté. Un caractère volontariste vital qu'elle saura malicieusement solliciter à la carte.
Le contexte guerrier participe grandement à l'intérêt d'une telle épopée.
Bérénice chahutée par l'occupation comme elle le fût dans la Maison de Molière.
Stibbe aura su dépeindre cette institution mythique avec force détails croustillants, préparant ainsi notre toute jeune héroïne à faire face à de vils comparses envieux qui font rien que lui mettre des bâtons dans les trous*.

Bérénice 34 - 44 est un premier roman aussi original que séduisant. Parfaitement abouti, il personnalise la citation du Patron :
" Rien de plus futile, de plus faux, de plus vain, rien de plus nécessaire que le théatre ".

* trou : ouverture pratiquée dans l'avant d'une scène de théatre et ménageant un espace où se loge le souffleur, what else..


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Un angle original pour ce roman : les années d'occupation vues à travers le prisme du milieu des artistes, et plus particulièrement des auteurs et comédiens rattachés à La Comédie Française. Très bien documenté, il montre toute la complexité et l'ambiguïté de la situation de ces "saltimbanques" exclusivement voués à leur art, soudain obligés de s'éveiller à la politique. On retrouve bien sûr des thèmes souvent abordés dans les romans qui traitent de cette époque : les différences de comportement face aux restrictions imposées aux Juifs, la difficulté de discerner le vrai du faux, les petites mesquineries et les grandes trahisons. Mais on ne peut s'empêcher d'être touché par ces personnages qui, encore moins que les autres, n'étaient absolument pas faits pour la guerre.

Voici donc dix années dans la vie de Bérénice de Lignières. Passionnée de théâtre depuis l'âge de huit ans, elle est admise première au concours d'entrée du Conservatoire en 1934, contre l'avis de ses parents qui la bannissent. Grâce au soutien d'une cliente de son père, elle poursuit son apprentissage dans la classe de Louis Jouvet et entre à la Comédie Française en 1937 sous ce nom de scène. Bérénice ne vit que pour sa passion du théâtre et des grands auteurs classiques, elle apprécie par dessus tout l'esprit de troupe qui règne dans la grande maison et gravite dans un milieu artistique qui l'amène à rencontrer deux hommes qui compteront particulièrement pour elle : Nathan Adelmann, célèbre compositeur juif allemand en exil et Alain Béron, son librettiste, poète et avocat.

Bérénice et Nathan se marient, leurs carrières respectives sont en plein essor lorsque la guerre éclate. Échaudé par son expérience allemande, Nathan choisit de partir pour l'Espagne tandis de Bérénice, aveuglée par son amour de la scène choisit de rester. Sauf que Bérénice de Lignières cache en réalité Bérénice Capel, fille de Moïshe Kapelouchnik réfugié juif de Russie dont le nom sera francisé au moment de sa naturalisation en 1892. Dénoncée, elle sera exclue de la Comédie Française comme tous les acteurs juifs, à la demande des autorités allemandes. Réfugiée chez Alain Béron, sa conscience politique s'éveillera peu à peu l'amenant à passer à l'action autrement que sur une scène de théâtre. Et à comprendre cette phrase longtemps répétée par son père : "Etre juif, ça se porte"

Si les trois principaux protagonistes de cette histoire sont des personnages créés de toutes pièces, ils croisent la route de toutes sortes de gens bien réels. Louis Jouvet, Pierre Dux, Robert Manuel, Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Véra Korène ou encore Jacques Copeau l'administrateur de la Comédie Française au moment de l'exclusion des acteurs Juifs. Ce qui fait de ce roman une mine d'information sur ce milieu, autant qu'un hommage émouvant à toutes les victimes de cette terrible époque.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Bérénice est née le 28 juin 1919, jour de la signature du Traité de Versailles. Son père, Moïshe Kapelouchnik, dit Maurice Capel, a fui la Russie tsarine antisémite et son shtetl après le décès de sa femme. Arrivé en France, il devient fourreur et épouse une jeune fille de sa communauté.

Reconnaissant envers la France et passionné par sa nouvelle patrie, il fera la première guerre mondiale aux côtés des français, et lorsque sa fille nait en ce jour béni, il décide de l'appeler, contre l'avis de sa femme, Bérénice, en hommage à la pièce éponyme de Racine.

Avec un tel prénom, la jeune fille ne peut que se destiner au métier de comédienne, ce que refuse sa famille car actrice, ce n'est pas un métier pour une juive ! Il faut dire que ces dames ont mauvaise réputation, notamment celles d'être entretenues et c'est ce que craint par-dessus tout son père.

Bérénice s'accroche pourtant à ses rêves et parvient à passer le concours d'entrée du conservatoire car elle n'a qu'un but : entrer à la Comédie-Française. Pour cela, elle devra couper les ponts avec sa famille et prendre un nom de scène : Bérénice de Lignères.

Vous savez si vous me lisez régulièrement que la période de la seconde guerre mondiale n'est pas ma préférée mais il y a une telle production littéraire en la matière que j'y viens de temps en temps, parfois avec bonheur et parfois non.

Et bien ici ce fut un bonheur que la lecture de ce premier roman, vraiment très bon.

Lire la suite...
Lien : https://deslivresdeslivres.w..
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Dès le début du roman, le lecteur s'attend à une fin tragique. Tout d'abord, par le choix du prénom de l'héroïne, qui semble lui montrer la voie de la tragédie qu'elle soit réelle ou fictionnelle. Ensuite, par un processus narratif qui revient tout au long du récit : en effet, l'auteure souhaite nous raconter tout ce que Bérénice ne pourra pas elle-même « raconter à ses petits enfants ». de ce fait, le lecteur s'interroge : cela signifie-t-il qu'elle meurt durant cette guerre ? Mais, en fait, si l'auteure parle de ses petits-enfants, cela veut dire qu'elle va avoir des enfants ? Oui… ? Non… ? Les réponses ne lui parviendront que dans les dernières pages.

Le personnage de Bérénice gagne en profondeur tout au long du roman. Au départ, elle peut sembler n'être rien d'autre qu'une petite écervelée, égocentrique et ingrate. Mais ce récit, c'est celui de sa quête initiatique. Celle qui pensait ne se définir que par son statut de comédienne découvre finalement que son identité est multiple ; que malgré le rejet que sa carrière a entraîné, elle est marquée à tout jamais par l'éducation juive que lui ont transmis ses parents mais aussi, qu'elle est peut-être finalement plus attachée qu'elle ne le pensait à cette « liberté française » qui passionnait tant son père lorsqu'elle était enfant, …

Ce roman nous permet effectivement d'appréhender différemment cette période de l'Occupation, qui a déjà fait couler tellement d'encre. Il offre également un portrait de ce qu'était la vie des théâtres au début du siècle dernier, invoquant des figures qui ont réellement existé. Je ne peux donc que vous le conseiller si, comme moi, vous appréciez les récits qui abordent ces heures sombres de l'Histoire.
Lien : http://www.maghily.be/2015/0..
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Le roman d'Isabelle Stibbenous raconte l'histoire de Bérénice Capel, une héroïne inventée de toutes pièces. Bérénice est juive mais elle ne sait pas vraiment ce que cette identité signifie. Elle ne rêve que d'une chose : le théâtre ; Bérénice veut devenir comédienne au grand désespoir de ses parents et de son père plus particulièrement. Elle commence ainsi à collectionner les oeuvres classiques et à apprendre des tirades par coeur ; le jour où Madame de Lignères, une vieille cliente de ses parents, l'emmene voir Lorenzaccio à La Comédie Française, c'est une révélation : elle sera actrice à la Comédie Françaisesinon rien. Elle passe le concours d'entrée, le réussit, meurt aux yeux de son père.

Bérénice est ultra-talentueuse : sa carrière décolle, elle vit ses plus belles années. Mais l'antisémitisme se fait de plus en plus pressant et l'identité dont s'était désintéressée Bérénice revient au galop...

Ce que j'ai d'abord apprécié dans ce roman, c'est la façon dont il aborde le monde du théâtre et de la Comédie Française. L'auteur parvient à emmener le lecteur dans un univers très fouillé, enivrant et dépaysant. Elle nous raconte ainsi la passion de Bérénice pour les artistes, nous décrit les costumes, le décor des salles de classes, l'émotion des premières représentations, la dimension sacrée des lieux..

Ce qui est passionnant ensuite, c'est qu'on s'intéresse ici à la construction de l'individu dans la pluralité de ses identités. Bérénice est une héroïne qui devra sans cesse composer avec la complexité de son identité : juive, désavouée par son père, actrice, avec un nom de scène...

C'est par conséquent une femme qui est amenée à se construire elle-même, à se battre sans cesse contre ce que l'on veut lui imposer. Elle s'oppose ainsi à ses parents, prend le risque de faire des choix qu'ils ne cautionnent pas : elle leur impose une identité qu'elle s'est choisi, celle d'actrice.

L'héroïne que nous propose Isabelle Stibbeest incroyable. Tragique, sensible, dans la retenue, attachante, vaillante, fougueuse... Bien qu'il soit difficile de s'identifier à elle en raison de la distance historique et du contexte particulier dans lequel elle s'inscrit, c'est en revanche impossible de ne pas l'aimer et de ne pas l'admirer dans ses combats, dans sa maturité, dans sa capacité à savoir malgré son jeune âge ce qui la rend heureuse.

Isabelle Stibbea imaginé pour son héroïne un destin passionant à suivre. C'est incroyable de voir à quel point le monde de Bérénice la rattache toujours à celui du théâtre, comme si elle avait été appelée. Car Bérénice est non seulement cette actrice qui joue plusieurs rôles mais aussi une femme tiraillée entre ses multiples identités. La symbolique de la représentation, du jeu de rôle, est très forte dans ce roman : l'héroïne doit jouer plusieurs rôles, autant sur le plan professionnel que personnel. 

De quoi avoir l'impression que Bérénice était « destinée » à devenir actrice. L'occasion pour Isabelle Stibbed'aborder aussi la question de la vocation. Devient-on actrice par vocation, par passion, par choix ? L'est-on grâce au talent ou au travail ?

A travers tous ces thèmes (la religion, la vocation d'actrice, le conflit avec ses parents, etc.), l'auteur nous invite à nous interroger sur notre identité et sur la façon dont nous nous définissons. En effet, Bérénice qui ne s'était jamais particulièrement sentie juive se voit réduit à n'être « que juive » lors de la montée de l'antisémitisme en France. Comment réagir face à une identité qu'on nous impose et à laquelle on ne s'était jamais vraiment identifié ? Dans quelle mesure notre religion nous définit-elle ?

Le style d'Isabelle Stibbeest quant à lui sensible, juste, discret. L'auteur fait varier son écriture en fonction des émotions à exprimer, de telle sorte que le ryhtme est parfois calme, parfois emporté, les phrases troubles et longues ou au contraire souples et fluides. J'ai adoré cette multiplicité de tons, l'émotion qui en ressort est d'autant plus forte et les sentiments qui nous sont passés variés et complets.

Une petite particularité dans l'écriture est que l'auteur utilise dès la première phrase un ton tragique grâce à une tournure de phrase négative que l'on retrouve ensuite régulièrement tout au long du roman. On sent tout de suite le destin fatal qui pèse sur elle, j'ai trouvé que c'était un procédé très efficace pour introduire une tension dramatique dans le livre. On est sans cesse dans l'attente d'une fin que l'on soupçonne et on lit chaque événement en ayant en tête cette sorte de « prémonition tragique ».

En définitive, ce roman a été un gros coup de coeur pour moi. Les thèmes qu'il aborde sont passionnants et l'écriture de l'auteur est captivante. Il s'agit d'un roman complet qui ne se focalise pas que sur un sujet mais sur une pluralité d'événements qui forment une personne et sur la façon dont chacun est amené à se définir. Une histoire à découvrir absolument !
Lien : http://ulostcontrol.blogspot..
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Située avant 44, la vie de Bérénice est l'histoire d'une passion pour le théâtre, c'est l'histoire du théâtre et de la Comédie française, c'est également celle d'une page sombre et tragique de notre propre histoire. Bérénice est une jeune fille juive, nous suivons pas à pas la passion de cette enfant, puis de cette adolescente qui décide très tôt de faire du théâtre contre l'avis de ses parents et qui entre à 14 ans à peine au conservatoire.
Sa vie semble être un rêve, elle réussit à merveille dans son métier de tragédienne et entre dans la maison de Molière dès sa sortie du conservatoire. Elle va rencontrer le plus grand artiste de son temps, de Jouvet à Jean Vilar, de Marie Bell à Jean Gabin, en passant par Jean-Louis Barrault et bien d'autres figures du monde artistique de cette époque.
Vivre dans cet univers d'artistes ne protège pourtant pas de ce qui se passe autour et rapidement Bérénice va endurer ce que vivent les juifs, l'antisémitisme et l'exclusion. La grande famille du théâtre n'est pas différente de la société civile, c'est une page sombre faite de trahisons, de rivalités, de lâchetés parfois, de courage aussi.
Mêlant des personnages réels à des personnages fictifs, l'auteur nous entraine dans cette tranche de vie. le lecteur attend la suite, mais sait déjà qu'elle sera tragique, chaque chapitre ponctué de « Bérénice ne le racontera pas à ses enfants » ou « elle ne pourra pas raconter que… » qui donnent un coté inéluctable à la courte vie et au destin brisé de Bérénice. L'écriture est belle et fluide, c'est une jolie découverte
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Superbe roman.

J'ai commencé à le lire un peu "à reculons". Je n'avais pas envie de lire quelque chose de dramatique, et je "stressais" un peu dès le début, sachant comment cela allait se terminer.
De ce fait, la répétition comme un leitmotiv de phrases du type "Elle ne pourra pas dire cela à ses petits-enfants, ni même à ses enfants" m'a gênée au début, et un peu aussi les quelques longues énumérations du genre on dit ... qu'on lit presque sans respirer.

Et puis, j'ai été prise dans l'histoire, et tout cela n'a plus eu d'importance.

L'auteur est aussi à l'aise pour nous faire vivre la vie de cette petite parisienne qui rêve de théâtre, pour dépeindre la Comédie Française, ses grands noms et ses petites histoires, pour nous présenter de l'intérieur tout un pan de l'Histoire, et pour s'interroger et nous interroger sur les réactions des hommes face à de tels drames.
Tout ça avec un texte qui coule, pas une seconde d'ennui.

En plus de cela, j'ai aimé retrouver les grands noms du théâtre, ceux qu'on connaît comme importants historiquement, et d'autres dont je n'imaginais pas qu'ils étaient déjà présents, comme Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault (que j'ai bien plus tard croisés "en vrai" sur un petit sentier des Baux !!) Robert Manuel, etc ...
Tout à fait par hasard, je venais juste de terminer "3 000 façons de dire je t'aime" de Marie-Aude Murail, où le Conservatoire et la Comédie Française ont aussi le premier rôle, mais de nos jours, et c'était surprenant de retrouver les lieux et les traditions plus d'un demi-siècle avant.

Et il me semble que personne n'a parlé d'Alain Borne.
Une de ses poésies ouvre le livre, et le personnage d'Alain Beron est manifestement plus que fortement inspiré par le poète trop méconnu. Bien que je soies arrivée dans la Drôme plus de dix ans après sa mort, ici, on le connaît (le lycée de Montélimar porte son nom !) mais c'est émouvant de retrouver ainsi en personnage de fiction cet avocat poète.
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Bérénice 34-44 écrit par Isabelle Stibbe est un roman réaliste français de 316 pages de l'édition Serge Safran sorti pour la première fois en mai 2013.
L'histoire se déroule à Paris au XXème siècle durant l'entre deux guerre jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale Bérénice est une jeune fille qui depuis son plus jeune âge est passionnée de théâtre. Issue d'une famille juive, elle fuira ses parents pour avoir accès au Conservatoire. Elle deviendra une grande comédienne tragique et entrera à la Comédie Française, la maison de Molière. Mais l'antisémitisme arrivera en France lors de la seconde guerre mondiale... Les thèmes traités se retrouvent dans le titre et la présentation du livre : le théâtre et la guerre vu par une jeune femme juive. L'apparence du livre est telle un tableau : le titre, les tâches de sang et le papier qu'utilise l'édition transmet le message très facilement.
J'ai apprécié son écriture. Les premiers chapitres parlent de l'histoire des personnage pour mieux comprendre le livre, la vie de Bérénice. Par ce fait, j'ai eu du mal à me mettre dans le livre.
Les débuts de chapitres sont à chaque fois in media res durant l'histoire, ce qui entraine un meilleur "accrochage". Toutefois, il le sont parfois trop, j'ai dû relire les pages précédentes pour s'y retrouver. L'auteur ne se perd pas dans les descriptions mais le lecteur peut tout de même visualiser la scène.
Bérénice est un personnage d'un caractère très fort et sait ce qu'elle veut. Elle est admirable.
J'ai aimé ce livre malgré les quelques points négatifs qui sont peu.
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