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EAN : 9782330005771
267 pages
Actes Sud (05/04/2012)
3.89/5   9 notes
Résumé :
Tout au long de ces récits, le lauréat du prix du Livre européen 2009 dresse un portrait souverain de la Tchéquie actuelle. C'est en merveilleux conteur, avec un sens aigu du détail pertinent, que Mariusz Szczygiel nous fait partager des histoires rares, des scènes révélatrices, et nous entraîne à la rencontre de personnages insolites et inoubliables. Parmi eux : Egon Bondy, philosophe, homme de lettres et figure de l'underground artistique tchécoslovaque, mort acci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Le verger luit de la fleur du printemps,
un paradis terrestre en vue..."

Dans leur hymne national, les Français font appel aux armes. Les Britanniques demandent à Dieu de protéger leur reine, les Hongrois lui demandent de les bénir. Les Russes glorifient la puissance sacrée de leur pays, les Américains font flotter triomphalement leur drapeau étoilé, tandis que les Tchèques...
... ils restent probablement couchés. Quoi d'autre peut-on faire dans un paradis ?
A la rigueur, on peut aussi y boire de la bière et s'empiffrer de knedle, l'un des rares mets traditionnels qui restent encore, depuis que la plupart des merveilles culinaires populaires ont été frappées par les interdictions de Bruxelles. Je soupçonne un peu les messieurs de Bruxelles de ne jamais avoir l'occasion de goûter à un bon "utopenec" bien macéré, mais passons...
Quand vous jetez un oeil sur la liste des pays les plus pacifiques au monde, la République Tchèque occupe une honnête sixième position. C'est que les Tchèques aiment vivre pénards, et ils n'estiment rien autant que les notions de "klidek" et de "pohoda" (calme et bien-être). Dès qu'une bagarre éclate, vous trouverez toujours quelqu'un qui va lever la voix en faisant appel à ce "klidek" légendaire. C'est bruyant, parfois... mais jamais violent.

Bref, c'est un pays qui fascine le journaliste polonais Marius Szczygiel, un grand tchécophile. J'avoue être un peu fascinée par cette fascination, mais les choses qui peuvent sembler naturelles à une Tchèque ne le sont pas forcément pour les autres, et il est toujours intéressant d'avoir un avis extérieur.
Ce livre est un ensemble de feuilletons, articles et interviews qui ont pour but de nous dévoiler la société tchèque actuelle, et sa culture "de la joie et de la tristesse". Szczygiel (ça y est, plus besoin de vérifier l'orthographe à chaque fois !) a un agréable style et un bon talent d'observation, et mes impressions oscillaient sans arrêt quelque part entre la fierté et la honte. "La gêne amusée" est peut-être le mot. Rien que la couverture n'a besoin d'aucun commentaire...

Comment sont donc les Tchèques selon Szczygiel ? Philosophes pragmatiques, individualistes et bon vivants remplis d'un calme légendaire, capables de rire de tout en minimisant leurs malheurs ? Conciliants, tout en se cachant derrière les gentilles provocations à la Chveik ? Les plus grands athées d'Europe ?
Szczygiel est notamment fasciné par ce soi-disant "athéisme". Il trouve quelques explications historiques non sans fondement, et vous allez lire un passage haut en couleurs sur la visite du pape Benoît à Brno. Il se penche ensuite sur les tendances actuelles d'économiser sur les enterrements, assez surprenantes.

La partie la plus intéressante, mais aussi celle que j'avais le plus de mal à digérer, c'est le choix des personnages célèbres censés représenter "l'âme tchèque". Le côté "représentatif" m'échappe, quelque part...
Le sculpteur-provocateur Cerny avec son bassin en forme de Tchéquie entouré de statues qui pissent dedans... je ne sais pas vraiment quoi dire. D'autant plus que le scandale escompté n'a pas eu lieu, car les Tchèques ordinaires préfèrent aller ramasser les champignons dans la forêt plutôt que manifester contre une statue. On pourrait penser qu'ils n'ont aucune fierté nationale, mais il suffit de se souvenir de la liesse collective quand ils sont devenus les champions du monde en hockey sur glace, à Nagano ! Ils en ont même fait un opéra. Certes, le thème principal tourne autour d'un moment hautement comique pendant la remise des médailles, mais peu importe. On sait que les Tchèques ont un sens prononcé de la dérision.
On a aussi (entre autres) le photographe Saudek (qui porte toujours en lui les horreurs de l'holocauste) et l'humoriste Pawlovska (qui aime plus que tout parler de son obésité). Et pour finir, un calibre très lourd : le philosophe Egon Bondy.
Les gens pensent parfois que Bondy est une invention littéraire de Bohumil Hrabal, mais l'auteur polonais l'a rencontré, pour nous faire profiter de quelques poésies et anecdotes de sa "période fécale"...
Excellente nation !
Excellent livre !
La fin est un peu triste, mais même ici, avec le testament du théoricien de l'art Karel Teige, l'auteur montre encore une fois son don pour tout relativiser.

J'hésite sur le nombre d'étoiles... en pensant à cette période avant Noël. Comment cela est-il possible que dans ce pays d'athées on voit partout des crèches traditionnelles, on entend toujours les chants traditionnels de Noël, et que c'est toujours le "petit Jésus" qui apporte les cadeaux ? Le "petit Jésus" savait peut-être bien où se cacher pour survivre à tous les régimes. Avec un petit sourire en coin...
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Ce journaliste polonais nous fait ici l'éloge des Tchèques au travers de plusieurs figures et anecdotes. Une fois le livre terminé, vous n'avez qu'une envie : aller découvrir Prague et la Boheme.
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critiques presse (1)
Lexpress
16 avril 2012
En refermant ce livre étrange et vivifiant, on a le sentiment qu'une forme de surréalisme de velours a permis aux Tchèques de résister au joug communiste et perdure encore aujourd'hui.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Il est de notoriété publique que dans les archives déclassés de la Sécurité vous avez trouvé les noms de deux cent soixante-trois personnes, y compris certains de vos amis, qui vous ont régulièrement dénoncé. Avec votre femme, vous avez pourtant décidé de ne pas rendre publics ces noms et de ne prendre d'aucune façon votre revanche sur ces personnes. D'où vous vient cette indulgence ?
- C'est parce que je suis écrivain, répond Pavel Kohout sans la moindre hésitation.
-Quel rapport ?
- Un écrivain ne doit pas seulement voir l'acte commis par l'homme sur lequel il écrit. Il doit aussi considérer la vie de cet homme, vingt ans plus tôt et vingt ans plus tard. Il doit connaître ses arrière-grands-parents, ses grands-parents, ses parents, ses enfants, ses petits enfants est ses arrière-petits-enfants. Il doit avoir une vision de cet homme avant sa naissance et après sa mort. Et c'est alors seulement qu'il comprend tout."
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Quand l'avion avec le président polonais Lech Kaczyński et quatre-vingt-quinze autres personnalités à bord s'est écrasé en Russie, j'ai été sollicité par des journalistes tchèques.
Ladislav Verecký (Denis pour ses amis), mais que certains qualifient de "Monsieur le journaliste" par respect pour ses mérites dans le métier – m'a proposé une interview pour son journal 'Mladá fronta dnes'. C'était le quatrième jour après la catastrophe. [...]
À la première question de l'interview (comment je vivais cette tragédie ?) j'ai répondu que lorsque j'avais allumé la télé ce samedi matin-là, j'étais resté devant, pétrifié. Sans même me rendre compte que je pleurais.
À la question de savoir si mes amis tchèques ont réagi à ce drame, j'ai répondu que j'avais de très bons amis en Europe de l'Ouest, et qu'aucun d'entre eux ne m'avait envoyé de sms. Tandis que les Tchèques se sont tout de suite manifestés spontanément. Ils m'ont présenté leurs condoléances parce que je représentais la nation frappée par un coup du sort. Hana Lipovská, une collégienne, m'a écrit un mail : elle ne connaissait pas de Polonais mais considérait que j'étais la seule personne à qui elle pouvait témoigner sa compassion. Une autre Hana, une certaine Mme Hájková, tenait à me faire savoir qu'il n'existait pas une seule personne en Tchéquie qui ne se soit pas sentie concernée par cette tragédie.

Dans « Pour faire rire Dieu ».
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