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EAN : 9782072861574
112 pages
Gallimard (19/09/2019)
4.1/5   20 notes
Résumé :
"Au printemps les fleurs,
ou à l'automne les plantes,
ont bien tout pour plaire.
Tant pis si les gens du bourg
semblent tellement fâcheux."

Moine zen et poète non conformiste, peu connu de son temps mais devenu au XXème siècle une figure hautement populaire, Ryôkan (1758-1831) ne se soucia jamais de faire une "œuvre". Dû à l'admiration et à l'amitié de la jeune moniale Teishin, elle-même poétesse, le florilège de poésies ic... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ryôkan, c'est l'histoire d'un gamin issu d'une famille aisée de dix enfants, qui étudie pour devenir maire, puis renonce pour une vie de moine zen. A partir de l'âge de 33 ans et jusqu'à ce que ses forces ne lui permettent plus de le faire, il va parcourir le Japon en ermite. Féru de lettres chinoises, il se fera connaître de son vivant pour ses poèmes, et plus encore après sa mort grâce à l'amitié amoureuse admirative d'une jeune moniale poétesse, Teishin, de 40 ans sa cadette. Elle publiera un recueil de poèmes de Ryôkan et d'elle-même, fruit de leurs échanges, La rosée d'un lotus, qui va contribuer au fil des décennies et même des siècles à rendre Ryôkan très populaire au Japon.

Ô pruniers en fleurs est un recueil présentant des poèmes extraits de la rosée d'un lotus. Ils sont de longueur et de style variables, qu'il s'agisse de waka (quintils), sedôka (sizains), ou même de nagauta (odes) dont le sujet se rapporte directement à la nature, aux saisons, ou de manière plus abstraite au temps qui passe par exemple.

Ces poèmes sont très beaux et touchants. Les wakas se rapprochent des haïkus, mais ces quelques mots supplémentaires enrichissent en douceur le sujet parfois un peu aride et énigmatique des haïkus. Les formes plus longues, rappelant la poésie occidentale, m'ont paru familières et accessibles.

Il faut signaler parmi les atouts de cette édition folio qu'elle est bilingue, le texte original est non seulement en caractères japonais, mais aussi convertis dans notre alphabet (rômajis), et en français. C'est donc aussi un outil utile pour les apprenants en japonais. L'appareil de présentation accompagnant les poèmes est intéressant et pertinent : courts avertissement et préface (de Teishin), biographie détaillée, éclairage sur la poésie de Ryôkan et notes fournissant quelques rapides explications sur les poèmes présentés.

J'ai trouvé ce recueil précieux. Il m'a permis de découvrir un maître de la poésie nippone, récemment mis à l'honneur par un de nos grands écrivains-poètes contemporains, Christian Bobin, dans Un bruit de balançoire.
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Je suis toujours extrêmement sensible à cette poésie de l'instant présent, de l'impermance. Ryokan était un moine bouddhiste. Sa poésie est empreinte de cette philosophie. le temps semble s'arrêter. Je ne suis pas vraiment intéressé par l'origine et la forme de ces poèmes. Haïkus ou waka ... dérivés du style ancien du Manyoshu ou pas. Ce qui me plait ici, c'est de pouvoir m'identifier à ce moine poète dans son ermitage. Cette poésie m'accompagne dans ma pratique méditative, au même titre que celles de Basho ou Buson. C'est le support idéal pour être dans l'intant présent, en prenant conscience de l'illusion de ce monde.
Ce petit recueil est en fait un extrait de "La rosée d'un lotus". Il se compose pour moitié de poèmes, et pour l'autre moitie d'une chronologie détaillée, et de notes. Il constitue une bonne introduction à la vie et l'oeuvre de ce poète japonais . le traducteur a, par ailleurs, réussi le tour de force de nous rendre ces poèmes accessibles tout en gardant le style suranné de l'original.
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En écho à " Un bruit de balançoire " de Christian Bobin, je me suis régalée en lisant ce très joli recueil ,extrait de " La rosée d'un lotus", peu cher en plus, dont le titre reprend le début d'un des poèmes de Ryôkan.

Moine boudhiste, fantaisiste en son temps ( le 18ème siècle et le début du 19ème ), refusant les conventions, Ryôkan aurait pu être complètement oublié mais Teishin, une noniale beaucoup plus jeune, devenue son amie, a veillé à faire publier ses textes après sa mort.

Ce ne sont pas ici des haïkus, mais des wakas (31 syllabes en 5 vers), des sedôkas ( 38 syllabes en 6 vers) ou des textes plus longs. Ne croyez pas que je sois experte en poésie japonaise, tout cela nous est expliqué dans l'introduction!

J'ai aimé la perception fine des saisons qui passent, à travers les branches fleuries puis dénudées des pruniers, j'ai aimé l'humour, l'auto-dérision dont le poète sait aussi faire preuve, le principe d'impermanence des êtres et des choses qu'il nous laisse entrevoir. J'ai aimé son humilité, sa recherche de sérénité. Tout est à la fois légèreté d'une plume dans le vent et profondeur d'une réflexion zen.

Très attaché à la nature, au sein de laquelle il a souvent vécu solitaire, le poète l'évoque subtilement:

" Allant et venant,
Je le vois sans me lasser,
à Iwamuro,
se tenant dans les rizières,
Ce seul et unique pin."

Une promenade imprégnée de douce mélancolie, de sagesse enjouée aussi, une célébration des fugaces beautés du monde, cela vous tente? Alors, lisez ce livre!
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Etonnant Ryôkan. Il vit seul dans la montagne, loin du monde et des hommes. Et pourtant il trouve de quoi écrire, et pourtant l'inspiration est là. Il lui suffit d'ouvrir les yeux sur les paysages de montagne autour de lui, d'entendre la neige tomber mollement sur le toit de sa cabane, de sentir les fragrantes fleurs de cerisiers « s'égaillant au ciel un de ces soirs de printemps qui ne devraient jamais finir », et la poésie est là. Sensible, simple et pleine de sagesse.

Je dis chapeau bas l'artiste.
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En lisant les poèmes de Ryokan, on perçoit toute l'extraordinaire abnégation de ce poète japonais, qui a choisi à un moment de son existence de vivre dans le dénuement, la simplicité, le libre-arbitre fuyant les conventions humaines, sociales ou religieuses. Car la force mentale et éthique de cet homme réside bien dans son absolue soif de liberté, vivant en ermite retiré de tout en pleine nature d'où il exhale la beauté, mais aussi la dureté, pratiquant un bouddhisme zen très personnel, loin des rites et codes à suivre. Quelque part, il représente une sorte de pensée anarchiste, écolo et mystique d'avant la lettre, un peu à la manière d'un Diogène de Sinope dans la Grèce Antique. Refusant le monde des hommes et leurs règles, il sublime au travers de ses vers avec un humour caustique toutes les situations cocasses que lui réserve son mode de vie atypique, offrant au lecteur un paradigme qui sera mis en exergue par Thoreau aux Etats-Unis. La société humaine trop rigoriste pour lui, n'est que tracas et déception, seul l'errance en toute autonomie et à la frugalité exacerbée peuvent procurer joie et bonheur. Avec Ryokan, l'homme, retrouve sa liberté naturelle chère aux philosophes Rousseau ou Locke.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
D'une eau qui s'écoule
on peut arrêter le cours.
Une montagne
que l'on aurait démolie
deviendrait colline.
Que les jours passés finissent
par revenir,
aucun écrit ne l'indique,
nul en ce monde
ne l'a jamais raconté.
Au temps de jadis
on dit qu'il en fût ainsi.
Dans le temps présent,
il en est toujours ainsi.
Dans le temps futur
il en sera tout ainsi.
En toutes façons,
ce qui est irrémédiable,
c'est à coup sûr la vieillesse.
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Frondaisons pourprées
qui vous êtes effeuillées
dans l'eau du torrent,
laissez au moins vos reflets!
En souvenir de l'automne.
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Dans l'immensité
du ciel ennuagé passe
un vol d'oies sauvages,
leurs ailes toutes blanchies,
sans doute, parmi la neige.
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Des choses présentes
Il nous faut uniquement
Avoir le souci :
Point ne revient le passé
Point n’est connu l’avenir.
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Voici que là-haut



Voici que là-haut,
sur la colline d’en face,
un cerf se tient solitaire.
L’hiver commençant,
il se tient sous la pluie froide,
tout ruisselant, solitaire.


/ Traduction: Alain-Louis Colas
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Videos de Ryōkan Taigu (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ryōkan Taigu
INTRODUCTION : « j'habite au pied du mont Kugami la porte s'ouvre sur la montagne émeraude si la solitude ne te rebute pas, viens donc frapper à ma porte au milieu de la forêt » (Ryôkan, poèmes chinois.)
« Ryôkan, de son vrai nom Yamamoto Eizô, est né en 1758 dans le bourg d'Izumozaki […], sur la côte ouest du Japon. […] L'endroit est très prisé par les artistes et les poètes. […] Eizô, qui est un enfant plutôt taciturne et solitaire, passe une jeunesse calme et studieuse dans une famille aisée où l'atmosphère est lettrée et religieuse. […] Les villageois le surnomment « Lampe allumée en plein jour » pour signifier son inutilité. […] En tant que fils aîné il est destiné à succéder à son père comme prévôt du village. Mais il se rend vite compte qu'une telle fonction publique, qui oblige à prendre parti dans les conflits et les rivalités, ne lui correspond guère. […] À dix-huit ans il décide d'entrer au monastère zen Kôshôji […] […] Il continue à étudier avec ferveur la poésie classique chinoise et japonaise, et pratique assidûment la calligraphie. […] Il va passer dix années à sillonner les provinces du Japon, de temple en auberge et d'auberge en temple, moine itinérant, unsui en japonais (littéralement libre comme « les nuages et les eaux »). Avec pour tout bien un chapeau de laîche, sa canne en glycine, un havresac et un bol pour mendier sa nourriture. […] […] a trente-huit ans, il décide de retourner vivre à Echigo, sa région natale. […] Ryôkan, maintenant âgé de quarante-deux ans, finit par trouver un ermitage inoccupé sur le versant ouest du mont Kugami, à neuf kilomètres au nord d'Izumozaki. Il va y rester vingt années. […] Ryôkan est continuellement souriant, il émane de lui une grande pureté, une immense joie et une profonde compassion. le rencontrer, c'est, dit-on, « comme si le printemps arrivait par une journée d'hiver obscure. » Un de ses contemporains qui le connaît bien, Kera Yoshishige, le décrit ainsi : « Le maître déborde d'esprit divin qui jaillit de lui comme des étincelles. Sa silhouette et son visage sont ceux d'un saint. Il est grand, longiligne, maigre et pur. Son nez est haut, ses yeux ceux d'un oiseau. » Kera Yoshishige raconte encore : « Le maître a séjourné chez moi plusieurs jours. Tous les membres de la famille se sont apaisés naturellement, une ambiance de paix a rempli la maison, et ce plusieurs jours encore après son départ. Si l'on parle avec lui, on se sent le coeur purifié. le maître ne prêche les soutras ni ne recommande de faire le bien. Il attise le feu ou s'assoit en méditation dans la salle de séjour. Ses propos ne touchent ni à la poésie ni à la morale. Doux et à son aise, sa seule vertu transfigure les gens. » […] Au sixième mois de 1830, l'été est caniculaire, Ryôkan tombe malade. […] le 4e jour du 1er mois de 1831 Yûshi (son frère) est de retour. Ryôkan est très faible. le 6e jour, entouré de Teishin (une jeune bonzesse), Yûshi et Henchô, un jeune disciple, assis en contemplation se termine, à soixante-douze ans, le séjour de Ryôkan dans ce monde flottant. Il laisse ce poème en adieu :
que laissé-je en héritage ? les fleurs au printemps le coucou en été les feuilles rouges en automne »
CHAPITRES : 0:00 - Titre Poèmes chinois: 0:06 - 1er poème 1:03 - 2e poème 1:27 - 3e poème 1:58 - 4e poème Wakas : 2:21 - 1er waka 2:36 - 2e waka 2:53 - 3e waka 3:09 - 4e waka Haïkus : 3:23 - 1er haïku 3:34 - 2e haïku 3:47 - 3e haïku 3:58 - 4e haïku
4:10 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Hervé Collet et Cheng Wing Fun, Ryôkan, moine errant et poète, Paris, Albin Michel, 2012.
IMAGE D'ILLUSTRATION : Hervé Collet et Cheng Wing Fun, Ryôkan, moine errant et poète, Paris, Albin Michel, 2012.
BANDE SONORE ORIGINALE : Kinshi Tsuruta et Katsuya Yokoyama, Japon - Musique Millenaire - Biwa Et Shakuhachi. https://archive.org/details/lp_japon-musique-millenaire-biwa-et-shaku_kinshi-tsuruta-katsuya-yokoyama/disc1/02.02.+San+An.mp3
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