Une découverte de la richesse statuaire japonaise à travers l'art de la copie
Cet étonnant ouvrage de 96 pages est une petite merveille : effectivement, je m'attendais à un banal ouvrage sur comment dessiner ou colorier des bouddhas et mandalas, mais non, ce n'est pas exactement cela que l'on trouvera dans « Dessiner des Bouddhas ». C'est en réalité, un livre au contenu riche ! Ce n'est pas un énième livre de coloriage ! Les formidables éditions Sully publient encore un livre fameux !
Ici, 37 statues liées aux bouddhismes hétéroclites de l'archipel nippon sont représentées : on réalise vite que les dessins en question sont autant de « niveaux » de technique. Certaines statues sont en effet très simples visuellement, tandis que d'autres sont très ouvragées : votre coup de crayon va donc devoir progresser si vous voulez les copier.
Il y a de véritables chef-d'oeuvres, des pièces époustouflantes et de toute beauté, qui ont nécessité à l'époque de leur réalisation, des sculpteurs de talents, des matériaux nobles, des techniques typiquement japonaises, et évidemment, des monceaux d'or pour financer cela ! Commander de telles statues est en soi un acte de piété puissant, quel que soit l'époque à laquelle cela est fait !
Donc, le Japon, qui compte des dizaines de milliers de temples bouddhistes, compte aussi des centaines de milliers de statues bouddhiques. Certes, on peut les observer avec attention, mais on peut faire mieux. Car l'art de copier des statues et des peintures – toute image bouddhique en somme – est appelé Shabutsu : et oui, c'est bien une pratique spirituelle en soi : Ce n'est pas qu'un amusement. C'est une vraie dévotion. Et comme la pratique apaise l'esprit, c'est donc aussi une méditation. Copier ainsi les images, c'est mémoriser la forme, mais aussi les symboles utilisés et que l'auteure explique en début de livre. La copie de textes bouddhiques est elle appelée Shakyô.
Ce qu'il y a de formidable dans « Dessiner des bouddhas », c'est que l'on découvre la richesse des représentations du Bouddha, mais aussi des bodhisattva, et des personnages de toutes sortes liés au bouddhisme ésotérique, comme d'autres personnages venant du fond indien ou du Shintô (le bouddhisme étant très perméable aux autres spiritualités locales !).
J'ai particulièrement apprécié le fait que
Hiromi Tanaka explique l'histoire de chaque statue – l'histoire de sa conception comme de sa conservation – en plus de donner une explication sur sa place dans le « panthéon » bouddhique.
Les personnages représentés dans ce livre concernent toutes les traditions bouddhistes, qui sont vastes et précises dans le monde japonais. C'est une autre richesse de Dessiner des Bouddhas.
Chaque statue a donc un titre, et l'auteure donne le lieu où elle se trouve, ainsi que les moments où l'on peut les voir (l'une d'entre elles ne peut être vue par exemple qu'une fois par an !).
On découvre également des écoles d'artistes japonais ou des maîtres en sculpture renommés, qui ont chacun leur style et façons de faire. On nous apprend également les périodes propices à la création de telles statues, et les divers événements historiques qui ont endommagé les statues les plus anciennes.
En début d'ouvrage, deux belles photos de ces statues sont offertes, et je pense que cela aurait été sympa que chaque statue soient accompagnée de sa photo… mais aussi des étapes du processus de dessin des statues : car vous allez le voir, vous n'aurez aucune aide quant à ce que vous devez faire pour dessiner ces statues. Tout le monde n'est pas mangaka…
Malgré cela, « Dessiner des Bouddhas pour apaiser l'esprit » demeure un très bon ouvrage car il nous apprend beaucoup de choses et nous dévoile une pratique toute asiatique de la copie d'images sacrées. C'est vraiment un livre qui mérite à être connu !
Je vous recommande donc cet ouvrage atypique que je place dans mes coups de coeur !
Bonne lecture ! (et bon dessin !)
Zui Ho.
Lien :
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