Avant tout, je souhaite dire un grand merci à Babelio et aux éditions Tartamudo pour ce cadeau.
« Turcos » comme son nom l'indique ne sont pas des turcs mais bel et bien le surnom donné aux tirailleurs algériens. Ce surnom est hérité d'un de leurs faits d'arme contre l'armée russe lors de la guerre de Crimée. Les russes, les ayants confondus avec leurs alliés Turcs, ont été mis en déroute et s'enfuirent en criant Turcos !!!
Cette BD fait un excellent devoir de mémoires de ces combattants étrangers (pas seulement les tirailleurs algériens) ayant aidé la France en temps de guerre, et par la même occasion, met en avant le peu de reconnaissance de la France envers eux (exemple : les algériens font leur service militaire mais ne sont pas reconnus en tant que citoyens français…). Cette semi-fiction (récit fiction inspiré de faits et d'un personnage réels : Alouache Ahmed Saïd Ben Hadj) relate donc l'histoire funeste du soldat Alouache au travers des paroles de son ami Slimane, étant lui rescapé de la guerre 14-18. Nous allons donc suivre les terribles batailles et l'importance de ces combattants en regard du peu de considération apportée par la nation française.
Le dessin (de Batist Payen) pouvant paraitre « grossier » (les détails peuvent laisser à désirer pour les amateurs de costumes par exemple) d'un premier abord, est finalement très recherché, allant ainsi tout simplement à l'essentiel en ne s'encombrant pas de superflu... le trait fait à la fois preuve d'une extrême violence mais aussi d'une certaine « poésie ». Les types des personnages sont très bien dessinés devinant ainsi au premier coup d'oeil le type caucasien ou magrébin etc… un beau travail laissant aussi une belle place au scénario et à la couleur.
La couleur est sur des tons pastels, certainement pour donner l'effet « mémoire / souvenir ». Elles contribuent fortement à l'ambiance relatée (couleur chaude pour mettre en avant la camaraderie ou le pays Algérien, couleur froide pour dépeindre des situations difficiles, couleur à dominante vives comme le rouge, le vert ou jaune, pour accentuer les violences, couleur ternes pour accentuer les souvenirs dans un récit de déjà de mémoire etc…). le jeu d'ombre et de lumière est lui aussi très bien réalisé. Un beau travail.
Le scénario peut paraître banal pour ce type de BD, mais la force réside dans cet aspect convaincant de camaraderie et de solidarité entouré d'une profonde tristesse. Il met bien en avant l'importance que ces tirailleurs ont eu pour la France.
La préface de
Yasmina Khadra rajoute un certains charme à cette oeuvre, surtout pour les fans de cet écrivain.
Le bonus documentaire final sur les « Turcos » est lui aussi fort agréable.
Ceci dit, malgré tous les points positifs énumérés ci-dessus, il existe ce phénomène qui, après implication, emboitements, etc.., de travaux remarquables, une oeuvre finale peut ne pas s'avérer si exceptionnelle… et nous sommes hélas dans ce cas-là.
Tout est brillant mais l'ensemble ne brille pas autant que l'on aurai souhaité, et ce à regret car le thème exploité en vaut la peine et le travail et l'énergie dépensée ne doit plus se compter.
Cette BD m'a tout de même convaincu pour explorer un peu plus les ouvrages des éditions Tartamudo.