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sur 405 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Partout bruit, raison, calcul, fureur. » Aimant à fuir « le vacarme des hommes, la bêtise des chiffres » pour renouer avec le merveilleux et la beauté, là où la nature conserve son caractère, l'écrivain-voyageur Sylvain Tesson s'est élancé pour trois mois de cabotage, à la voile, à pied et à bicyclette, sur le fil de côte qui, entre falaises et récifs du cap Finisterre en Espagne aux îles Shetland en Ecosse, relie les vestiges de la civilisation celte.


C'était à l'été 2022. Partageant avec deux amis la barre d'un voilier de 15 mètres et sautant à terre de loin en loin pour parcourir à pied ou en vélo les tronçons de côte les plus spectaculaires, il part à la rencontre des « fées », non pas de ces « filles-libellules » qui « volettent en tutu au-dessus des fontaines », mais en quête de ces instants fugaces et imprévisibles où surgit le merveilleux : une émotion « difficile à capter, encore plus à définir », comme une « vibration » que le pinceau de certains peintres parvient à saisir et qui, se refusant quand on la cherche et disparaissant quand on veut la saisir, nous étreint parfois lorsqu'on ressent intensément un lieu ou un paysage. « le mot fée signifie (...) une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle. le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d'un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de bête : là sont les fées. »


Là, sur ces côtes déchiquetées où, sous des cieux « fermés comme des huîtres », mer et terre opposent leurs forces en d'austères champs de bataille, « eaux noires bousillées de rafales » contre pointes, caps et rochers intimant la fuite aux promeneurs ; face à la mer qui bave, le ciel qui roule et le vent qui mêle ses lamentos aux « agonies de cornemuse » des phoques ; en ces lieux taillés par les éléments à grands coups de boutoir, où le soleil s'en va mourir en des eaux tantôt « pavées de nacre », tantôt roussies, par la lune, la magie noire et puissante des paysages appelle le souvenir des hommes qui, des rites celtiques aux ex-voto marins, en passant par les légendes et les grands textes qui ont chanté ces décors et leurs habitants, ajoute à l'aura de ces parages.


Aussi, l'auteur qui n'abandonne jamais ses livres n'illustre pas seulement ses carnets de voyage des croquis et des cartes retraçant son parcours. A sa recherche d'absolu en ces confins à conquérir entre caprices du ciel et paquets de mer, de brouillards en trouées de lumière, se marie son interprétation de la quête d'un autre Graal, celle de la légende arthurienne fondée par Geoffroy de Monmouth et Chrétien de Troyes. Et puisque ce long pointillé de falaises et de stacks séparant la lande de l'infini a abondamment nourri la littérature, les bivouacs sont autant d'occasions de convoquer, parmi d'autres, Hugo, Chateaubriand ou Renan, Shakespeare, Yeats ou Byron.


N'en déplaise aux polémistes empressés de faire feu ici de l'anti-modernisme sous-jacent et des sympathies royalistes affichées par l'auteur à l'occasion du décès de la reine d'Angleterre, l'on prend grand plaisir à ce voyage qui s'attache aux portions les plus sauvages du trait de côte atlantique, dans une quête d'expériences autant spirituelles que physiques, une démarche à la fois littéraire et sportive. Avec son sens génial de la formule, la beauté fulgurante de ses images et ses irrésistibles traits d'humour, ce livre est lui-même plein de magie. Très grand coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un récit tout en poésie et en finesse, qui apprécie de prendre son temps. Les mots se déroulent avec une délicatesse qui pousse jusqu'au questionnement d'un paysage, d'une atmosphère, d'un instant T.
Ce moment magique qui nous donnera l'impression d'être "avec les fées".
Le récit d'un voyage à travers les mers, les pays, le temps et parfois même l'espace, dans la lignée de l'ouvrage "Sur les chemins noirs" (si vous ne l'avez pas lu je vous le recommande plus que chaudement).
Un très joli moment de lecture.
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Lire du Tesson se mérite. Ce dernier essai ne déroge pas à cette injonction.
Portable à portée de mains, j'ai plongé dans l'érudition de l'auteur, heureuse d'échapper aux lourdes encyclopédies des années lycée. Une technologie au service de l'homme mais pas d'"extase technique".

C'est en voilier que nous convie Tesson pour une grande bouffée d'iode celtique en compagnie de Benoît, ancien de le DGSE et de Humann, compagnon de Russie.
L'odyssée débute en terre espagnole plus précisément en Galice, se poursuit près des côtes bretonnes françaises pour longer ensuite l'ouest de l'Angleterre et de l'Irlande pour aboutir en Ecosse. La boucle se terminant à Saint-Malo.
Trois mois de traversées maritimes et de ballades cyclistes pour un panorama grandiose des promontoires aux trois trésors "la promesse, la mémoire, la présence".

Le regard ne suffit pas dans le voyage. Il faut convier les fées "ce qui se mérite dans l'ordre de la beauté". Les poursuivre est un graal à multiples facettes.

Pourquoi ce récit m'a-t-il emportée? Parce qu'il apaise ma soif d'ailleurs, parce qu'il fournit de "l'exotisme intelligent" et qu'il respecte la non-ingérence.
"Avec les fées" donne le goût du mouvement, de l'espace et de la verticalité .
Peu de rencontres, place aux paysages variés et changeants, place à l'histoire celtique et à ses charmes qui parlent à mon âme.
"Le merveilleux émane des choses. La grâce les surplombe".
Le flâneur aux yeux écarquillés ne peut passer à coté de l'émerveillement du monde; pourvu qu'il s'en donne la peine.
Tesson nous permet de renouer avec notre part de rêve.
Ce partage est une joie pour la lectrice que je suis.
Je laisse la voix à Victor Hugo pour parler d'un poète d'aujourd'hui.
"Poëte, tu fais bien! Poëte au triste front,
Tu rêves près des ondes,
Et tu tires des mers bien des choses qui sont
Sous les vagues profondes".
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Dans l'édition illustrée de "un été avec Homère" : Voyage ans le Sillage d'Ulysse, l'auteur écrivait que la géographie poétique consiste à parcourir la Terre en détectant le merveilleux dans ses moindres replis. D'ajouter on se refuse de croire que le monde est vide. Quand on a goûté à ce jeu, le paysage chatoie.
On ne rentre plus dans une caverne, on ne débouche plus dans un sous-bois sans se souvenir que l'humanité antique y plaçait des présences. Tout vibre ! Comme la nature devient gaie !
Mais un jour dans l'histoire des hommes, la raison triompha, la science expliqua tout et un coup de balai fut donné à toute proposition qui n'était pas rationnelle, ni chiffrée. le nombre l'emportait sur la substance. Ce fut le règne de la quantité.
Maupassant déroule cette mélancolie dans ses nouvelles et particulièrement dans un récit intitulé La Peur : « Comme la terre devait être troublante autrefois, quand elle était si mystérieuse ».

Au passage, le grec ancien attribue l'étymologie du mot poète comme étant issu du grec ancien ποιητής, poiêtếs qui signifie auteur, créateur, fabricant, artisan, lui même dérivé de ποιέω, poiéô qui veut dire faire, composer. Voilà qui laisse songeur...
À l'heure où "Les hommes du siècle 21, le mien, étaient passionnés par la discorde. Ils faisaient des choix. Ils réduisaient les chatoiements. L'amour de la dialectique avait créé chez mes semblables une pensée de hachoir et des réflexes de charcutier : on tranchait. Soit l'un, soit l'autre."
Ne serait-il pas bon, voire meilleur, de mettre un peu de sémantique dans la dialectique ?
Passage refermé tel celui des Symplégades, dans les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes.

Quitte à poursuivre ce parallèle avec les Argonautes, Sylvain Tesson, à décidé de faire ce que les Grecs redoutaient : franchir Les Colonnes d'Hercule celles qui revêtaient une grande importance dans la pensée grecque, celles qui constituaient une sorte de frontière naturelle du monde connu, celles qui représentaient un lieu symbolique, séparant non seulement la Méditerranée de l'océan Atlantique, mais aussi le monde habité du monde inconnu...

Et après avoir parcouru la Méditerranée à bord d'un voilier, c'est toujours sous les auspices d'Éole qu'il part sur les tracés des fées de la Galice, à la Bretagne, l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Irlande, et finir par l'Écosse.

Quittant par moment le pont du bateau, sa barre, sa poupe, sa proue. La proue comme un promontoire, pour rejoindre un autre promontoire géologique cette fois : "Le promontoire recèle trois trésors : la promesse, la mémoire, la présence. On se tient au bout d'un cap de l'Ouest, impatient de ce qui surgira (la promesse), heureux de ce qui se tient dans le dos (la mémoire) et campé sur la falaise (la présence)."

Et c'est à ce nouveau voyage aux sources d'une quête du Graal sur ces terres celtiques, qu'il nous invite, un Graal qui pour lui prend le nom de merveilleux :
"Le merveilleux jaillit sans s'annoncer. Il sourd du ciel, de l'eau, de la terre ou d'un visage. C'est un clignement. On le cherche, il se refuse ; on le veut saisir, il a disparu. Il est difficile à capter, encore plus à définir. le peintre y réussit un peu (Monet à Pourville) parce que le pinceau rend la vibration. On a intérêt à se tenir aux aguets.
Le passé est solennel, il n'est pas merveilleux. L'avenir non plus, qui n'existe pas. Goethe à Eckermann : « Tenez ferme au présent, toute circonstance, tout instant est de valeur infinie car il est le représentant de toute éternité. » le temps se compresse. Reste un dard. Sa piqûre s'appelle le merveilleux.
Le merveilleux surgit du réel. Nul besoin d'associer la splendeur d'un lieu, ni l'électricité d'un moment à une construction de l'imagination. La dryade ne rehausse pas le sous-bois, ni la naïade la fontaine. Tout juste le kitsch excite-t-il l'esprit paresseux. Faut-il une nymphette pour s'émouvoir d'une source ? le merveilleux est ce qui suffit dans ce qui se donne. Goethe encore, dans le Divan : « Ce point où la vie se réjouit de la vie. »
Le merveilleux n'a pas de sources culturelles. Émanation sans cause, rayonnement débarrassé de ses pourquoi, on ne saurait l'arc-bouter aux références. Demain, saurai-je regarder la mer sans convoquer Homère ? Goethe toujours : « Le gâteau plaît à l'enfant sans qu'il ne sache rien du pâtissier. »
Le merveilleux attend l'oeil. Qu'est-ce que le regard ? La pauvre aumône de l'homme à la nature. Souvent, personne ne considère ce qu'il a sous les yeux. Et la roue de l'actualité – bruit et laideur, chiffres et raisons – continue à tourner, écrasant des hommes ivres d'envie, farcis de projets, grimés de fard, fous de malheur, parfaitement aveugles."

Un nouveau voyage avec des compagnons littéraires : Hugo, Apollinaire et Aragon. Nietzsche, les romans du cycle arthurien enluminés par les analyses de Michel Pastoureau. Des études sur le Graal, de la poésie anglaise : Keats, Shelley, Byron. Yeats pour l'Irlanxe, et Walter Scott pour les mouillages écossais.

Goethe écrivait “Si un arc-en-ciel dure un quart d'heure, on ne le regarde plus.” signe que le merveilleux est à la fois simple, futile, fugace, éphémère, fugitif ou évanescent....
Mais qui le rend simple, futile, fugace, éphémère, si ce n'est l'homme lui-même, qui ne sait plus prendre le temps voire perdre son temps.
Tout doit-il avoir une justification ?

La plus belle définition du merveilleux ne serait-elle pas celle-ci
Le merveilleux émane des choses. La grâce les surplombe.
Le merveilleux est contenu dans le monde car il en est l'essence. La grâce s'en distingue car elle en est la source.
Le merveilleux rayonne. La grâce ruisselle. L'un va de la chose à l'homme. L'autre du créateur à la chose.
Le merveilleux irradie du réel et se diffuse au ciel. La grâce descend des nuées et inonde la terre.
Le merveilleux révèle par le regard une force contenue. La grâce convoque dans le coeur une présence extérieure.
Le merveilleux est le nom du génie du lieu ou, mieux, de son esprit. La grâce celui de son gardien ou, pire, de son maître.
Le merveilleux part du réel pour y revenir. La grâce descend de l'abstrait pour expliquer le monde.
Le merveilleux est ici et maintenant. La grâce sera toujours ailleurs.

Alors des rivages des îles Égéennes aux dentelles de granit des côtes celtiques, des récits mythologiques aux légendes celtes, il n'y a qu'un souffle de merveilleux.
Qu'il vienne d'Éole ou d'Ambisagrus...

Et pour finir ce billet cette phrase en forme de questionnement sur notre rapport au temps : "Les hommes doux se méfient de la brutalité du présent, n'accordent pas foi à l'arrogance de l'avenir et regardent tout reflet du passé avec tendresse."
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Dans "Avec les fées", Sylvain Tesson nous convie à un voyage éblouissant qui se déploie bien au-delà des frontières géographiques, s'aventurant dans les territoires intimes de la réflexion philosophique et de l'expérience humaine. Ce livre n'est pas simplement un carnet de voyage; il est une quête, une exploration profonde de ce que signifie être en mouvement, tant physiquement qu'intellectuellement et émotionnellement.

Tesson, avec sa plume agile et poétique, tisse une tapisserie riche de paysages, de rencontres et de moments de contemplation. Il nous emmène d'Espagne en Écosse, parcourant des terres chargées d'histoire, de mythologie et de beauté naturelle. Mais c'est dans la manière dont il relie ces lieux à des réflexions plus larges sur la vie, la mort, l'amour et la quête du sens que le livre déploie toute sa magie.

Philosophiquement, "Avec les fées" est un hommage à la quête humaine de compréhension et de connexion. Tesson explore des thèmes tels que la solitude, le deuil, la nature du temps et de l'espace, et la recherche éternelle de l'amour et de la vérité. Ses réflexions sont à la fois universelles et profondément personnelles, offrant un aperçu de la condition humaine qui est à la fois éclairant et émouvant.

Ce qui ressort le plus de ce livre, c'est la capacité de Tesson à capturer l'éphémère, à donner un sens et une beauté aux moments fugaces de la vie. Chaque page regorge de descriptions vivantes qui évoquent des images, des odeurs et des sons, nous transportant dans son monde.

En conclusion, "Avec les fées" de Sylvain Tesson est un triomphe littéraire et philosophique. C'est un livre qui ne se contente pas de décrire un voyage, mais qui nous invite à réfléchir sur notre propre parcours à travers la vie. Un incontournable pour ceux qui cherchent à trouver de la poésie dans le quotidien et à comprendre un peu mieux le vaste monde dans lequel nous vivons.
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"Où s'en est-il allé" ?
Dans un monde défait par des hommes surfaits, Sylvain Tesson souffle sur les braises des promontoires et des confins pour ranimer les enchantements et la danse des fées. de la Galice à l'Écosse, par la mer en voilier et la terre en marchant, l'auteur suit durant trois mois une courbe atlantique sous le regard fantasmé des Celtes évanouis. Il débarque, marche sur le fil du littoral, retrouve le voilier dans une anse et progresse ainsi en saut de puce, au plus près des ultimes sauvageries, à la frange du monde, tournant le dos au bélier de la laideur. 
Écrivain des marges et des ressauts, Sylvain Tesson enchâsse des récits qui se répondent et se complètent sur le fil d'une trajectoire humaine touchante, toujours à l'affût des ultimes lieux de nature sauvage, de la panthère des neiges au blanc à sonder, des chemins noirs aux promontoires des songes. Si le lecteur peut regretter des facilités déroutantes, des calembours inutiles, des raccourcis vains, il ne peut qu'admirer les bonheurs d'écriture, les fulgurances poétiques et la concision de la pensée : "La lune se leva... Elle pava l'eau de nacre".
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Sylvain Tesson est un poète. Il fait partie de cette rare catégorie d'hommes encore capables de s'émerveiller de ce qu'ils ont sous les yeux, et encore plus rare, il met son émerveillement par écrit.
Cette fois, pas de moto, pas de skis : l'aventurier embarque sur un voilier (mais marchera aussi, si si). Et nous entraîne avec lui, de la Galice à l'Écosse, sur ces côtes de légendes, à la recherche des fées, sur les traces des Celtes.
Nous participons à sa quête de beauté, sa recherche du Graal.

J'ai personnellement beaucoup aimé cette description "à la Tesson" de la Bretagne que je considère comme mon pays, des Cornouailles où je vis, et de l'Écosse que je découvre depuis peu. Et la mer !

Comme toujours, des formules enchantées, du second degré saupoudré, et des illuminations mises en mots, qui nous aident à nous interroger à la suite de l'auteur.

C'est trop court.
Un livre pour rêver !
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M.Tesson nous emmène avec lui dans son voyage à la recherche des fées mais c'est surtout un périple au pays des mots. Tour à tour sur mer et sur terre, à pied, en vélo, en équilibre ou un verre à la main, le poète voyageur partage un bout d'humanité, nous fait saisir la beauté de l'instant, nous invite à regarder le monde. Rendant hommage à de nombreux auteurs comme au père des romans de la Table Ronde, Chrétien de Troyes, l'auteur crée cette rencontre avec les fées pour qui aime à le suivre...
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Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d'y voir. Je partais. Avec les fées. (Sylvain Tesson)

Sous la bannière des fées

À quelles manigances les fées s'amusent-elles ? « La fée recule où l'homme progresse » écrit Tesson. Elle est comme la poésie… Alors, où donc faut-il aller les chercher, sinon dans les Highlands d'Écosse, « bande passante du baladin occidental » : Galicie, Finistère, Irlande, île de Skye, îles Orcades, îles Shetland… Quel appel ! Sa rêverie dure trois mois et l'amène, avec deux autres compagnons, de ce bateau ivre qui l'accompagne à ces « promontoires » où il marche pendant des heures et s'installe pour bivouaquer.
Se mettre en mouvement, guetter inlassablement, chercher le moment précieux, l'instant de « fine pointe » et surprendre la beauté, là où on ne l'attend pas. C'est cela, traquer les fées. « Dames qui tournoient sur les terrasses voisines de la mer » dirait Rimbaud, « dans le clair déluge qui sourd des prés », au pied des falaises où roule l'écume, sur le fil de soie du flot et les phosphorescences des profondeurs, à l'ombre des pierres dressées qui « montent la garde », sur les ailes d'une libellule à l'entrée d'une chapelle, dans des « sous-bois vert tendre », derrière des touffes d'asphodèle...
Le but de l'auteur de la Panthère des neiges est surtout de mener, comme un chevalier embarqué, une sorte de quête du Graal et de poursuivre, à la façon des romantiques au XIX° siècle (Hugo, Chateaubriand, Keats, Wordsworth et les autres), cette « lutte contre ce qui s'annonçait : le profit marchand, l'emprise technique, l'urbanisation grouillante, la folie de la foule. »
Et puisque le Graal échappe toujours, il va le disputer au vent, au flot, aux pétrels, aux fulmars, aux phoques brailleurs ; il escalade les stacks écossais, Old man of Hoy dans les Orcades, Mac Leod's Maidens dans l'île de Skye ; devant la grotte de Fingal, il joue un air de flute au vieil Ossian, s'agenouille au pied des stèles et des épées à Iona, entrevoit le « wasserfall blond » dans les cascades de Rum et finit par tomber dans les bras et sous la chevelure rousse d'une créature « sortie d'un tableau de Rossetti » et rencontrée au retour des îles Shetland, sur le Canal Caledonien. « Au réveil, il était midi. »
N'est-ce pas cela, être un poète ?

Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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Depuis, quelques temps, on essaie de nous faire croire que Monsieur Tesson n'a rien d'un poète. C.'est vrai,qu' il n'a pas produit "les fleurs du mal" ni produit un recueil d'haïkus. Et pourtant... Ses livres, ses récits sont, tous, emplis de poésie.
Ce périple, à bord d'un voilier les mène des Asturies en Espagne aux îles Shetland en Écosse ren passant par la pointe bretonne et l'Irlande.
Fabuleux récit, qui, s'il n'y avait ni de poésie ni d'humour serait Inintéressant.
Lorsqu'il n'est pas sur le bateau, il parcours la lande en vélo ou à pied.
Bon ça le change des montagnes et des panthères enneigées.
Ce déglingué de la vie nous a encore entraînés dans une aventure que nous mêmes ne sommes peut-être pas sûr d'en relever le défi
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