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3,6

sur 410 notes
On m'avait annoncé de grandes chevauchées lyriques, un romantisme à couper le souffle… Mais c'est plus le Guide du Routard que Chateaubriand. Trop de chutes de ton. Pour qualifier ma déception, je reprends son bon mot de retour d'une Galicie défigurée par le béton : « j'étais parti chercher le roi Arthur et l'enchanteur Merlin, je me retrouvais chez Leroy-Merlin ».
Tesson fige tout sur son passage. Dans ses voyages, il collectionne l'immobilité. Il s'évertue à trouver dans la nature ce qu'elle a d'éternel et d'immémorial. Il jouit de souligner l'intemporalité des paysages, l'immanence des éléments. Une manière de se rapprocher des dieux ou plutôt, de s'éloigner des hommes et de les rendre insignifiants. À coups de métaphores, il s'épuise à narrer l'infinie beauté d'un promontoire (il n'est jamais assez rassasié de ce mot) ou d'un rivage.
Le génie de l'homme est célébré à regret, sauf quand il illustre une histoire lointaine qu'il affectionne (ex : l'Irlande). Tesson aime le passé et pour lui, le présent n'est qu'un passé en devenir.
Autre manière de tout figer, cette manie de résumer une idée par une phrase définitive et prétentieuse. Je vous en cite quelques-unes : « La tristesse dans la beauté ne fait jamais de mal à l'âme », « La certitude d'un ordre de la beauté tranquillise les âmes instables » et d'autres perles aux pages 68, 76, 113, 170… Elles sont parfois hasardeuses : « le phoque, contrairement à l'Anglaise, n'essaye pas de perdre du poids avant l'été ».
Les fées ont bon dos ! Elles portent sur leurs frêles épaules les fantasmes et les errances d'un auteur qui peine à l'admettre : « le merveilleux émane du réel ». Et puis, las, il donne cette définition qui nous illumine : « Est féérique ce qu'on déclare l'être ». Allez, ça, c'est fée !
À vouloir percer le mystère, traquer le merveilleux, Tesson en détruit l'essence : l'évanescence. Sa quête est un contresens, prétexte à sa posture.
Bilan : 🔪🔪
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Embarquant sur un voilier de quinze mètres, en début d'été 2022 de Gijon, cap au nord vers les iles britanniques, Sylvain Tesson, Benoit et Humann, font escale dans le Finistère, le Pays de Galles, l'Irlande, l'Ecosse et se trouvent le 8 septembre dans un royaume pleurant sa souveraine, sans avoir croisé la moindre fée.
Des mois de navigation entre la bibliothèque de bord et les promontoires occidentaux de l'Europe sur l'arc celtique d'où les explorateurs sont partis à la conquête de l'Amérique après avoir hissé les menhirs et dessiné les paysages.
Des escales de quelques heures ou quelques jours où l'écrivain progresse le long du littoral, à pied ou en bicyclette, puis retrouve ses coéquipiers restés à bord du voilier, sans avoir beaucoup échangé avec les personnes croisées, ce qui me semble regrettable et contribue à créer un récit en « pointillé » qui manque, à mes yeux de fluidité.
Une lecture malgré tout féerique mais, à mes yeux, un titre inférieur à Blanc, en compagnie d'un auteur cultivé, ironique et souvent caustique,.

PS : ma critique de Blanc
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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« Partout bruit, raison, calcul, fureur. » Aimant à fuir « le vacarme des hommes, la bêtise des chiffres » pour renouer avec le merveilleux et la beauté, là où la nature conserve son caractère, l'écrivain-voyageur Sylvain Tesson s'est élancé pour trois mois de cabotage, à la voile, à pied et à bicyclette, sur le fil de côte qui, entre falaises et récifs du cap Finisterre en Espagne aux îles Shetland en Ecosse, relie les vestiges de la civilisation celte.


C'était à l'été 2022. Partageant avec deux amis la barre d'un voilier de 15 mètres et sautant à terre de loin en loin pour parcourir à pied ou en vélo les tronçons de côte les plus spectaculaires, il part à la rencontre des « fées », non pas de ces « filles-libellules » qui « volettent en tutu au-dessus des fontaines », mais en quête de ces instants fugaces et imprévisibles où surgit le merveilleux : une émotion « difficile à capter, encore plus à définir », comme une « vibration » que le pinceau de certains peintres parvient à saisir et qui, se refusant quand on la cherche et disparaissant quand on veut la saisir, nous étreint parfois lorsqu'on ressent intensément un lieu ou un paysage. « le mot fée signifie (...) une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle. le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d'un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de bête : là sont les fées. »


Là, sur ces côtes déchiquetées où, sous des cieux « fermés comme des huîtres », mer et terre opposent leurs forces en d'austères champs de bataille, « eaux noires bousillées de rafales » contre pointes, caps et rochers intimant la fuite aux promeneurs ; face à la mer qui bave, le ciel qui roule et le vent qui mêle ses lamentos aux « agonies de cornemuse » des phoques ; en ces lieux taillés par les éléments à grands coups de boutoir, où le soleil s'en va mourir en des eaux tantôt « pavées de nacre », tantôt roussies, par la lune, la magie noire et puissante des paysages appelle le souvenir des hommes qui, des rites celtiques aux ex-voto marins, en passant par les légendes et les grands textes qui ont chanté ces décors et leurs habitants, ajoute à l'aura de ces parages.


Aussi, l'auteur qui n'abandonne jamais ses livres n'illustre pas seulement ses carnets de voyage des croquis et des cartes retraçant son parcours. A sa recherche d'absolu en ces confins à conquérir entre caprices du ciel et paquets de mer, de brouillards en trouées de lumière, se marie son interprétation de la quête d'un autre Graal, celle de la légende arthurienne fondée par Geoffroy de Monmouth et Chrétien de Troyes. Et puisque ce long pointillé de falaises et de stacks séparant la lande de l'infini a abondamment nourri la littérature, les bivouacs sont autant d'occasions de convoquer, parmi d'autres, Hugo, Chateaubriand ou Renan, Shakespeare, Yeats ou Byron.


N'en déplaise aux polémistes empressés de faire feu ici de l'anti-modernisme sous-jacent et des sympathies royalistes affichées par l'auteur à l'occasion du décès de la reine d'Angleterre, l'on prend grand plaisir à ce voyage qui s'attache aux portions les plus sauvages du trait de côte atlantique, dans une quête d'expériences autant spirituelles que physiques, une démarche à la fois littéraire et sportive. Avec son sens génial de la formule, la beauté fulgurante de ses images et ses irrésistibles traits d'humour, ce livre est lui-même plein de magie. Très grand coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un récit tout en poésie et en finesse, qui apprécie de prendre son temps. Les mots se déroulent avec une délicatesse qui pousse jusqu'au questionnement d'un paysage, d'une atmosphère, d'un instant T.
Ce moment magique qui nous donnera l'impression d'être "avec les fées".
Le récit d'un voyage à travers les mers, les pays, le temps et parfois même l'espace, dans la lignée de l'ouvrage "Sur les chemins noirs" (si vous ne l'avez pas lu je vous le recommande plus que chaudement).
Un très joli moment de lecture.
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Lire du Tesson se mérite. Ce dernier essai ne déroge pas à cette injonction.
Portable à portée de mains, j'ai plongé dans l'érudition de l'auteur, heureuse d'échapper aux lourdes encyclopédies des années lycée. Une technologie au service de l'homme mais pas d'"extase technique".

C'est en voilier que nous convie Tesson pour une grande bouffée d'iode celtique en compagnie de Benoît, ancien de le DGSE et de Humann, compagnon de Russie.
L'odyssée débute en terre espagnole plus précisément en Galice, se poursuit près des côtes bretonnes françaises pour longer ensuite l'ouest de l'Angleterre et de l'Irlande pour aboutir en Ecosse. La boucle se terminant à Saint-Malo.
Trois mois de traversées maritimes et de ballades cyclistes pour un panorama grandiose des promontoires aux trois trésors "la promesse, la mémoire, la présence".

Le regard ne suffit pas dans le voyage. Il faut convier les fées "ce qui se mérite dans l'ordre de la beauté". Les poursuivre est un graal à multiples facettes.

Pourquoi ce récit m'a-t-il emportée? Parce qu'il apaise ma soif d'ailleurs, parce qu'il fournit de "l'exotisme intelligent" et qu'il respecte la non-ingérence.
"Avec les fées" donne le goût du mouvement, de l'espace et de la verticalité .
Peu de rencontres, place aux paysages variés et changeants, place à l'histoire celtique et à ses charmes qui parlent à mon âme.
"Le merveilleux émane des choses. La grâce les surplombe".
Le flâneur aux yeux écarquillés ne peut passer à coté de l'émerveillement du monde; pourvu qu'il s'en donne la peine.
Tesson nous permet de renouer avec notre part de rêve.
Ce partage est une joie pour la lectrice que je suis.
Je laisse la voix à Victor Hugo pour parler d'un poète d'aujourd'hui.
"Poëte, tu fais bien! Poëte au triste front,
Tu rêves près des ondes,
Et tu tires des mers bien des choses qui sont
Sous les vagues profondes".
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J'ai emprunté ce livre à la médiathèque même si le moment est mal choisi puisque Sylvain Tesson est au coeur d'une polémique sur sa participation, en tant que parrain du Printemps des Poètes.
Je reconnais le côté réac du personnage et son cynisme, mais j'apprécie aussi son talent d'écriture quand il célèbre la nature, les horizons lointains et la poésie.

Ici il est surtout question de la mer puisqu'il part en voilier des Asturies jusqu'au nord de l'Ecosse, avec deux amis.
Régulièrement il descend du bateau pour faire une partie du chemin à pied ou à vélo et le bateau le récupère plus loin.
Le fil conducteur, les fées, est une célébration de l'éblouissement que nous offrent les côtes tourmentées des Asturies, de la Bretagne, de l'Irlande puis de l'Ecosse.
Ces côtes sont le théâtre du merveilleux et de l'imaginaire et les mythologies celtiques s'en sont souvent inspirées.

Cet voyage maritime est une première pour Tesson, lui qui a plutôt l'habitude de marcher à travers le monde sur la terre ferme.
La partie navigation, avec ses termes très techniques, m'a moins intéressée, mais j'ai été sensible à la poésie de ces côtes que la littérature a souvent célébrées (Nicolas Bouvier et les îles d'Aran, le roi Arthur, les poètes romantiques anglais,...) et que Tesson cite abondamment.
Et je retiens la citation en demi-teinte de Wordsworth sur la motivation du voyageur pour partir : « Le voyageur est l'éternel insatisfait qui fuit ce qu'il craint plus qu'il ne poursuit ce qu'il aime ».
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Dans l'édition illustrée de "un été avec Homère" : Voyage ans le Sillage d'Ulysse, l'auteur écrivait que la géographie poétique consiste à parcourir la Terre en détectant le merveilleux dans ses moindres replis. D'ajouter on se refuse de croire que le monde est vide. Quand on a goûté à ce jeu, le paysage chatoie.
On ne rentre plus dans une caverne, on ne débouche plus dans un sous-bois sans se souvenir que l'humanité antique y plaçait des présences. Tout vibre ! Comme la nature devient gaie !
Mais un jour dans l'histoire des hommes, la raison triompha, la science expliqua tout et un coup de balai fut donné à toute proposition qui n'était pas rationnelle, ni chiffrée. le nombre l'emportait sur la substance. Ce fut le règne de la quantité.
Maupassant déroule cette mélancolie dans ses nouvelles et particulièrement dans un récit intitulé La Peur : « Comme la terre devait être troublante autrefois, quand elle était si mystérieuse ».

Au passage, le grec ancien attribue l'étymologie du mot poète comme étant issu du grec ancien ποιητής, poiêtếs qui signifie auteur, créateur, fabricant, artisan, lui même dérivé de ποιέω, poiéô qui veut dire faire, composer. Voilà qui laisse songeur...
À l'heure où "Les hommes du siècle 21, le mien, étaient passionnés par la discorde. Ils faisaient des choix. Ils réduisaient les chatoiements. L'amour de la dialectique avait créé chez mes semblables une pensée de hachoir et des réflexes de charcutier : on tranchait. Soit l'un, soit l'autre."
Ne serait-il pas bon, voire meilleur, de mettre un peu de sémantique dans la dialectique ?
Passage refermé tel celui des Symplégades, dans les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes.

Quitte à poursuivre ce parallèle avec les Argonautes, Sylvain Tesson, à décidé de faire ce que les Grecs redoutaient : franchir Les Colonnes d'Hercule celles qui revêtaient une grande importance dans la pensée grecque, celles qui constituaient une sorte de frontière naturelle du monde connu, celles qui représentaient un lieu symbolique, séparant non seulement la Méditerranée de l'océan Atlantique, mais aussi le monde habité du monde inconnu...

Et après avoir parcouru la Méditerranée à bord d'un voilier, c'est toujours sous les auspices d'Éole qu'il part sur les tracés des fées de la Galice, à la Bretagne, l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Irlande, et finir par l'Écosse.

Quittant par moment le pont du bateau, sa barre, sa poupe, sa proue. La proue comme un promontoire, pour rejoindre un autre promontoire géologique cette fois : "Le promontoire recèle trois trésors : la promesse, la mémoire, la présence. On se tient au bout d'un cap de l'Ouest, impatient de ce qui surgira (la promesse), heureux de ce qui se tient dans le dos (la mémoire) et campé sur la falaise (la présence)."

Et c'est à ce nouveau voyage aux sources d'une quête du Graal sur ces terres celtiques, qu'il nous invite, un Graal qui pour lui prend le nom de merveilleux :
"Le merveilleux jaillit sans s'annoncer. Il sourd du ciel, de l'eau, de la terre ou d'un visage. C'est un clignement. On le cherche, il se refuse ; on le veut saisir, il a disparu. Il est difficile à capter, encore plus à définir. le peintre y réussit un peu (Monet à Pourville) parce que le pinceau rend la vibration. On a intérêt à se tenir aux aguets.
Le passé est solennel, il n'est pas merveilleux. L'avenir non plus, qui n'existe pas. Goethe à Eckermann : « Tenez ferme au présent, toute circonstance, tout instant est de valeur infinie car il est le représentant de toute éternité. » le temps se compresse. Reste un dard. Sa piqûre s'appelle le merveilleux.
Le merveilleux surgit du réel. Nul besoin d'associer la splendeur d'un lieu, ni l'électricité d'un moment à une construction de l'imagination. La dryade ne rehausse pas le sous-bois, ni la naïade la fontaine. Tout juste le kitsch excite-t-il l'esprit paresseux. Faut-il une nymphette pour s'émouvoir d'une source ? le merveilleux est ce qui suffit dans ce qui se donne. Goethe encore, dans le Divan : « Ce point où la vie se réjouit de la vie. »
Le merveilleux n'a pas de sources culturelles. Émanation sans cause, rayonnement débarrassé de ses pourquoi, on ne saurait l'arc-bouter aux références. Demain, saurai-je regarder la mer sans convoquer Homère ? Goethe toujours : « Le gâteau plaît à l'enfant sans qu'il ne sache rien du pâtissier. »
Le merveilleux attend l'oeil. Qu'est-ce que le regard ? La pauvre aumône de l'homme à la nature. Souvent, personne ne considère ce qu'il a sous les yeux. Et la roue de l'actualité – bruit et laideur, chiffres et raisons – continue à tourner, écrasant des hommes ivres d'envie, farcis de projets, grimés de fard, fous de malheur, parfaitement aveugles."

Un nouveau voyage avec des compagnons littéraires : Hugo, Apollinaire et Aragon. Nietzsche, les romans du cycle arthurien enluminés par les analyses de Michel Pastoureau. Des études sur le Graal, de la poésie anglaise : Keats, Shelley, Byron. Yeats pour l'Irlanxe, et Walter Scott pour les mouillages écossais.

Goethe écrivait “Si un arc-en-ciel dure un quart d'heure, on ne le regarde plus.” signe que le merveilleux est à la fois simple, futile, fugace, éphémère, fugitif ou évanescent....
Mais qui le rend simple, futile, fugace, éphémère, si ce n'est l'homme lui-même, qui ne sait plus prendre le temps voire perdre son temps.
Tout doit-il avoir une justification ?

La plus belle définition du merveilleux ne serait-elle pas celle-ci
Le merveilleux émane des choses. La grâce les surplombe.
Le merveilleux est contenu dans le monde car il en est l'essence. La grâce s'en distingue car elle en est la source.
Le merveilleux rayonne. La grâce ruisselle. L'un va de la chose à l'homme. L'autre du créateur à la chose.
Le merveilleux irradie du réel et se diffuse au ciel. La grâce descend des nuées et inonde la terre.
Le merveilleux révèle par le regard une force contenue. La grâce convoque dans le coeur une présence extérieure.
Le merveilleux est le nom du génie du lieu ou, mieux, de son esprit. La grâce celui de son gardien ou, pire, de son maître.
Le merveilleux part du réel pour y revenir. La grâce descend de l'abstrait pour expliquer le monde.
Le merveilleux est ici et maintenant. La grâce sera toujours ailleurs.

Alors des rivages des îles Égéennes aux dentelles de granit des côtes celtiques, des récits mythologiques aux légendes celtes, il n'y a qu'un souffle de merveilleux.
Qu'il vienne d'Éole ou d'Ambisagrus...

Et pour finir ce billet cette phrase en forme de questionnement sur notre rapport au temps : "Les hommes doux se méfient de la brutalité du présent, n'accordent pas foi à l'arrogance de l'avenir et regardent tout reflet du passé avec tendresse."
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Sur ce bateau, puisque c'est sur un bateau que notre auteur nous emmène ici avec lui, sur ce bateau donc, il ne sont pas trois : nous sommes quatre, tant il nous embarque sur cette atlantique. Si l'idée était de nous donner envie de voilier, c'est réussi (les marins apprécieront d'autant plus). Et on voyage, avec, comme d'habitude, cette plume poétique et pompeuse, emplie de cette chance d'être un voyageur cultivé, intelligent et enrichi (pas seulement d'argent). Enfilez votre gilet et laissez vous voguer, c'est un voyage superbe de mots, de phrases, de découvertes. Il a de ces fulgurances ! C'est impressionnant. Ceci dit, je peux comprendre que ces pensées sentencieuses puissent devenir indigestes à certains, ses bons mots déstabilisent la médiocrité ambiante. Pour éviter la lourdeur du propos, parce que cette écriture n'est pas facile (certes), j'ai préféré lire les entrées au gré du vent. Pas tout d'un bloc. Voilà un homme qui partage ses expériences, ce sont les siennes avec sa façon de les dir. Tout lui appartient, profitons-en de ce regard si différent de ce qui nous entoure. Drôle de monde où les connaissances et l'érudition effraient quand elles devraient donner envie ou au moins l'exemple. Je ne sais pas si ce texte est féerique, en tout cas il est atypique : tu veux de la poésie ? En voilà plein (jdcjdr). On sait qu'il ne faut pas déranger les pierres... enfin les promontoires !
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Grand amoureux de la nature, Sylvain Tesson est notamment connu pour son ouvrage La panthère des neiges. Adulé par certains, détesté par d'autres, le personnage ne laisse évidemment pas indifférent.

Dès les premières pages de cet essai ou, plutôt, de ce journal intime de voyage, le lecteur comprend qu'il embarque pour une recherche autour du merveilleux et non pas de fées avec une baguette magique et une robe verte comme celle de Peter Pan !

Qu'est-ce que le merveilleux ? Vaste question à laquelle chacun peut répondre avec sa propre définition. Pour Sylvain Tesson, le merveilleux se cache dans les interstices. Mais il incite fortement son lectorat à exercer son regard pour trouver « les fées ».

Expérience qui pourra paraître loufoque à certains d'entre nous mais qui à moi me parle complétement. En parcourant les pages, dans lesquelles il relate ses sensations, sa perception de la nature et son rapport à celle-ci lorsqu'il est à la Pointe du Raz, je me retrouve totalement. Lieu de mon enfance, de mon adolescence, mon lieu refuge depuis que je suis adulte, j'y vois des fées, du merveilleux…

Cette description de l'arc celtique est digne d'une virée homérique. Ce livre a été une vraie bouffée d'air, une remise en question sur des sujets profonds, une virée en haute mer entre houle et vaguelettes… Bref, je l'ai dévoré et j'ai vraiment apprécié cette recherche des fées.
Lien : https://ogrimoire.com/2024/0..
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Sylvain Tesson est atypique. Il le dit lui-même, rarement dans l'entre-deux. On peut l'aimer, ou pas et, de toute façon, là n'est pas le problème, puisque c'est le romancier et non l'homme que j'évalue.
Il ne laisse pas indifférent, quoiqu'il arrive.

J'adore l'écrivain. Chaque sortie de ses livres est un évènement que j'attends avec impatience. J'aime son style, son regard inhabituel. Je n'adhère pas toujours à sa vision du monde, mais il est toujours intéressant à écouter.

"Avec les fées" m'emmène dans mes pays de coeur, au sein même des terres de mes ancêtres. Je suis breton d'origine, celte également et les terres et mers visités au cours de son nouveau voyage évoquent beaucoup de choses pour moi. Autre raison de m'y intéresser.

Ce n'est peut-être pas mon livre préféré de l'écrivain. Mais c'est un nouveau régal littéraire. Un essai, plus qu'un roman, sur la piste de ce qui émerveille. Quelques réflexions qui débouchent sur certaines belles citations. Sylvain Tesson écrit comme cela lui vient et il y a de sacrés coups d'éclat dans ce qu'il est capable de dire. Il est toujours aussi caustique. Cela peut plaire, déranger. Cela a le mérite de secouer, en tout cas, tel un voilier sur la mer. D'interroger et de faire réfléchir. Il n'a pas sa langue dans sa poche. Et c'est aussi ce qui lui permet de nous sortir de superbes répliques de son chapeau.

Montez à bord du voilier. Laissez vous porter par les vagues et les mots. Peut-être y trouverez vous la fée qui vous émerveillera. Peut-être sera t'elle ailleurs. Dans tous les cas, continuez à vous émerveiller de tout, même si cela vous parait rien.
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