Lecture été 2020.
Après
La panthère des neiges, il était logique qu'épuise tous les livres de Sylvain Tesson qui restaient à lire dans ma bibliothèque. Sur une année 2020 où mon activité favorite est de buller dans le jardin, je me suis embarquée derrière le sac à dos de Tesson qui, une fois n'est pas coutume, s'en va vagabonder, à deux pas de chez nous.
Je m'excuse Monsieur Tesson, j'ai mis la moitié du livre, moi qui ai parcourru pas mal de chemins rouges de France, (les fameux GR pour les non randonneurs) à réaliser que,
Sur les chemins noirs, titre l'oeuvre, désigne en réalité les chemins légendés de noir des cartes IGN. Et pourtant j'ai moi même une bonne collection de ces cartes...
Là encore, cette confusion n'était pas gênante puisque l'auteur nous parle avant tout de l'énergie qu'il faut pour se remettre debout après un coup dur et avancer à nouveau, de la joie de se perdre à proximité du monde civilisé, de l'occupation des terres par notre civilisation de béton et de la ruralité, considérée sous son aspect positif.
Comme d'habitude, j'ai adoré le style, l'ironie et la puissance, la façon dont l'écrivain joue avec les mots. le sujet ne pouvait pas me laisser indifférente, je viens de là, un village perdu de 100 habitants en hiver au fond d'une vallée où l'on ne peut pas passer par hasard. Il s'agit d'un bout du monde (une amie l'appelle ainsi), d'un bout de route en tout cas, donc pour venir il faut le vouloir.
Je partage d'ailleurs les opinions de Tesson, non le numérique ne sauvera pas la "ruralité". D'ailleurs ce mot là me déplait au plus haut point, il est désormais utilisé pour désigner les défenseurs de traditions barbares, hostiles à l'écologie et à la biodiversité... Hélas, n'en déplaise à
Sylvain Tesson, si certaines campagnes ou montagnes restaient encore préservées de l'agriculture intensive ou de l'artificialisation, c'est juste parce qu'il est plus difficile de déplacer une montagne que de goudronner une friche.
Les habitants (enfin la majorité) ne souhaitent qu'une chose : pouvoir faire ici les mêmes erreurs qu'ailleurs !
Oui profitons encore des chemins noirs avant que des autoroutes et de grandes prairies de fauche ne prennent leur place. Il reste encore des coins sauvages et oubliés, pourvu qu'ils le demeurent encore une cinquantaine d'années.