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sur 2918 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après les ravages causés par sa chute, plutôt que marcher sur un tapis roulant dans un Centre de rééducation, il a choisi la marche, un exercice qui lui est familier.
Après avoir baroudé dans les pays étrangers, sa remise en forme, sa renaissance, il la réalise sur les chemins de France, les chemins noirs, sentiers parfois devenus inexistants. Son voyage salvateur débute le
24 août à la frontière italienne et s'achève le 8 novembre à l'extrémité du Cotentin. S'il a démarré seul, quelques parcours se font en compagnie de son ami Cédric Gras et d'une de ses soeurs ; le voyage s'achève avec ses deux amis, Goisque et Humann. Les chemins noirs, plus qu'un récit de voyage, est une ode au courage et à l'amitié. Sylvain Tesson, un grand écrivain que j'admire. À lire !

Challenge Petits plaisirs - 142 pages
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M'échapper des villes surpeuplées,
Suivre les chemins de traverse,
Me fondre dans les "zones franches épargnées par la politique du territoire"
Traverser les recoins français d'hyper-ruralité
Jouir du silence de la nature.
Me ressourcer.

C'est tout cela que Sylvain Tesson - le ressuscité m'a permis de réaliser, notamment grâce à sa sublime écriture, sa culture immense, son auto-dérision, et son humour toujours aussi grinçant.

Autant le dire tout de suite, ensorcelée dès la première ligne de ces sensibles carnets de marcheur je fus, ne sachant plus où donner des yeux, du coeur, de l'âme tant ce texte m'a emportée.

Un pur moment de bonheurs.



Lien : http://justelire.fr/sur-les-..
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"Dans les années 1980, René Frégni, écrivain de Provence, avait publié un roman où il décrivait la traque d'un conscrit réfractaire que l'autorité militaire poursuivait sur les routes d'Europe. Un livre électrique, frappé de ce titre :-Les Chemins noirs- (...)
Un rêve m'obsédait. J'imaginais la naissance d'un mouvement baptisé -confrérie des chemins noirs- Non contents de tracer un réseau de traverse, les cheminements mentaux que nous emprunterions pour nous soustraire à l'époque." (p.34-35)

Une lecture touchante et toute différente, d'un aventurier "casse-cou"..qui nous a abreuvés de ses grands périples aux quatre coins du monde, en passant par une équipée inoubliable en Sibérie;cette fois, rescapé, nous revenant après une très grave chute de huit mètres...Dans ce nouveau récit , en guise de "rééducation" et de Renaissance , le grand voyageur , Sylvain Tesson, a dû se contenter d'arpenter en profondeur la France profonde...en faisant comme un bilan de vie !.

Assisté tout récemment à deux interviews de cet auteur "avant et après" cet accident: écouté un face à face entre Philippe et Sylvain Tesson, le père et fils , dans l'émission de Ruquier ( très significatif...de la difficulté
d'être "le fils de" ... ou le "Père de " !!!) et tout dernièrement, l'émission matinale présentée par Catherine Ceylac, "Thé ou café"...où l'une de ses soeurs , interrogée, remarquait que depuis cet accident, Sylvain Tesson avait gagné en humanité et accessibilité...Ce que l'on trouve en effet , comme nouveau ton, dans "ses chemins noirs" !

Nous retrouvons, l'éloge de la nature, des chemins buissonniers, différents et la Marche, comme outil de reconquête de soi....

"(...) Une cartographie mentale de l'esquive. Il ne s'agirait pas de mépriser le monde, ni de manifester l'outrecuidance de le changer. Non ! Il suffirait de ne rien avoir de commun avec lui. L'évitement me paraissait le mariage de la force avec l'élégance. Orchestrer le repli me semblait une urgence. (p. 35)"
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Un voyage en solitaire né d'une chute.
Plus de 900 km à pied en France, en empruntant la diagonale, des environs de Nice au nord du Cotentin, là où le dernier sentier se jette dans la mer.
Oublions le Sylvain Tesson qui parcourt, l'air bravache, les plaines immenses de l'Oural ou du Kamtchatka. Oublions l'homme de la vastitude. Celui qui marche sur les sentiers de France a le corps brisé, la gueule cassée, et prend le long chemin de la rédemption. Ses pas sont incertains. Son exploit désespéré est à hauteur d'homme. Il n'en sera que plus grand et plus sublime.
Une marche silencieuse et poussive à travers les chemins oubliés : ces lignes noires, fragiles, tortueuses, que l'on remarque sur les cartes IGN. Elles s'enroulent autour des villes et des monts herbeux, se faufilent à travers les montagnes.
Notre héros cherche éperdument ces chemins noirs qui savent se faire mériter. Ils se cachent derrière des murs de broussailles et de ronces ; ils se devinent au détour d'une route. Parfois, ils rejoignent les sentiers des animaux, parfois ils se perdent aux pieds d'une montagne, parfois ils s'effilochent au milieu d'une zone péri-urbaine…
Une longue marche comme une demande de pardon. Placer le salut de son âme et de son corps dans le mouvement. Rechercher une vie réduite à sa plus simple expression. Fuir le clignotement et le grand tumulte des villes pour vadrouiller dans le silence et retrouver un ciel étoilé.
Un héros de tragédie aux mille vies, aux mille excès qui cherche à se soustraire à l'époque, à se tenir à la marge des courants, à demeurer sur les traces d'un pays presque effacé.
Sylvain Tesson en profite pour regarder l'homme moderne, ce consommateur compulsif, ce ventre à roulettes. Il le regarde sans haine, sans mépris, et préfère lui tourner le dos. le fuir autant que faire se peut en se glissant à travers les interstices, en vagabondant sur les chemins noirs.
Un roman salutaire.
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Déjà un titre, révélateur du périple intérieur de Sylvain Tesson, lorsqu'il marche de par le monde, qu'il s'agisse des pistes asiatiques, des forêts sibériennes ou des bords du lac Baïkal. Mais ici, c'est la France, à travers laquelle Sylvain va tracer une diagonale depuis les Alpes Maritimes jusqu'à la pointe du Cotentin.

Pour cette traversée, pas de grandes pistes, mais des chemins discrets qui traversent de temps à autres les grands GR, des chemins noirs, quelquefois autant que l'âme de celui qui les parcourt et livre avec son talent habituel tout un ensemble de faits, de rencontres, accompagné vers la fin par ses amis de toujours.

Et bien sûr, le miracle s'accomplit... Pour le lecteur en tout cas, c'est certain, qui se trouve emporté par le vocabulaire si riche de Sylvain et par l'enchaînement de ses phrases qui avancent tout aussi sereinement que ses pas.

Je retiens bien sûr sa traversée de l'Aubrac, sans dévier vers les éventuelles tentations du chemin de Compostelle, filant toujours au nord-ouest, tout en prenant le temps de célébrer les bosquets faméliques de hêtres de l'immense plateau duquel les vaches sont déjà descendues.

Lecture magique si on aime Sylvain Tesson, qui donnera envie de revenir à ses côtés pour ceux qui le découvriraient le long de ses chemins noirs.
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Une passion : courir les steppes de ce monde, de préférence par -40°C.
Une folie : grimper les façades des immeubles pour entrer par le balcon.
Une vie : le vin et la vodka, seul ou entre amis, seul ou avec des inconnus.

Jusqu'au jour où l'escalade se termine par une chute de 8 mètres. le corps en vrac, le coeur en bouillie et la gueule cassée, il trouvera une nouvelle force, celle de remarcher. Et ce pari presque aussi stupide et insensé que de rejoindre un ami par un balcon d'hiver totalement aviné : traverser à pied la France, une diagonale du Sud au Nord, alors qu'il ne tient debout que grâce à deux béquilles. Simplement parce qu'il est un miraculé et qu'au final, il ne sait faire que trois choses dans la vie : boire, écrire et marcher. La première lui est dorénavant interdite, contrainte médicale. Il décidera donc d'écrire "sur les chemins noirs", ces chemins que l'on suit du bout des doigts sur les cartes IGN. Des chemins qui traversent des étendues de poussières, de cailloux et de vignes, des monts jusqu'à la mer.

Par vents et soleil, je chemine, déambule dans des sentiers perdus, tente de contourner les ronds-points et les rocades – parfum de pot d'échappement et cris perçant des klaxons -, croise des promeneurs avec des casques dans les oreilles ignorant le chant de la brise et des oiseaux - écoutent-ils Ibrahim Maalouf ou AC/DC ? -, discute avec un ermite qui se rassasie de pain rassis et de livres usagés – il parait qu'il a lu un livre sur un type totalement fou qui boit de la vodka au bord d'un lac gelé -, bois un viandox - je bois beaucoup de bouillon dans cette sobre traversée -, parcours des sentiers de caillasses, me casse la gueule, ma gueule de travers, en jurant comme un russe enivré de vodka. Mais j'observe aussi ces mêmes sentiers, ces collines de la Drôme provençale, aussi belles qu'une drômoise souriante avec un verre de Saint Amour porté à ses lèvres ou de Saint Joseph, priez pour ma misérable âme.
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C'est jusqu'à présent mon livre préféré de Sylvain Tesson.
Quelle meilleure solution pour un convalescent d'un accident "d'ivrognerie" que de parcourir son propre pays à pied, du Sud au Nord, par des chemins oubliés et difficiles.
Nous suivons ainsi les différentes étapes de son rétablissement, mais aussi celles de l'effondrement de ces pays perdus (il se fait un peu le précurseur de ce qui arrivera deux ans plus tard).
La langue de l'auteur se fait poétique, avec de belles descriptions de paysages et d'animaux (des oiseaux en particulier).
Quelques personnes familières le rejoignent en route, durant quelques jours. Heureusement d'ailleurs dans une certaine circonstance !
Et j'ai apprécié sa philosophie, contrairement à celle de certains autres livres écrits par l'auteur.
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Je remarque que l'on voit de plus en plus souvent Sylvain Tesson à la télévision. Je me suis dit qu'il serait peut-être temps que je m'intéresse à cet auteur qui me paraissait bien sympathique mais également mystérieux avec son visage en biais. En lisant ce livre, j'ai appris que cette « gueule cassée » était due à une chute de dix mètres d'un toit, chute certainement provoquée par l'alcool. Ce livre est le résultat d'une promesse : dans son lit d'hôpital, l'écrivain s'est juré d'aller parcourir les chemins de France dès qu'il le pourrait. Et c'est donc avec la colonne vertébrale cloutée, comme il le dit lui-même, qu'il va se lancer dans cette aventure, un peu comme Stevenson avec sa mule. Quel plaisir de lire ce récit, de vivre ces pérégrinations ! On voyage dans son canapé.

Nul doute que je lirai Dans les forêts de Sibérie et Blanc. Mais vous me connaissez, ne faisant jamais rien comme tout le monde, j'ai préféré commencer par celui-ci.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Sur son lit d'hôpital, il s'est fait ce serment : « Si je m'en sors, je traverse la France à pied. »
Sylvain Tesson est un original, un non-conformiste assumé.
Après son accident il refuse de suivre la voie toute tracée par le corps médical :
"Un médecin m'avait dit : « L'été prochain, vous pourrez séjourner dans un centre de rééducation. » Je préférais demander aux chemins ce que les tapis roulants étaient censés me rendre : des forces.
[...]
Il y avait encore une géographie de traverse pour peu qu'on lise les cartes, que l'on accepte le détour et force les passages. Loin des routes, il existait une France ombreuse protégée du vacarme, épargnée par l'aménagement qui est la pollution du mystère. Une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie. Les médecins, dans leur vocabulaire d'agents du Politburo, recommandaient de se « rééduquer ». Se rééduquer ? Cela commençait par ficher le camp."

Et voilà Sylvain Tesson parti sur les chemins de France pour une traversée en diagonale du pays, de la frontière italienne jusqu'au cap de la Hague. Mais pas n'importe quels chemins.
Notre convalescent fuit naturellement les routes goudronnées ; il fuit aussi les GR trop fréquentés et les chemins de campagne trop connus. Il cherche sur les cartes IGN, avec obstination et minutie, les plus petits sentiers, les plus sauvages, ceux qui existent à peine : les chemins noirs.
"Ces tracés en étoile et ces lignes piquetées étaient des sentiers ruraux, des pistes pastorales fixées par le cadastre, des accès pour les services forestiers, des appuis de lisière, des viae antiques à peine entretenues, parfois privées, souvent laissées à la circulation des bêtes. La carte entière se veinait de ces artères. C'étaient mes chemins noirs. Ils ouvraient sur l'échappée, ils étaient oubliés, le silence y régnait, on n'y croisait personne et parfois la broussaille se refermait aussitôt après le passage. Certains hommes espéraient entrer dans l'Histoire. Nous étions quelques-uns à préférer disparaître dans la géographie."

J'aime Sylvain Tesson, je l'ai déjà dit à plusieurs reprises.
Plus je le lis, plus je l'apprécie.
J'aime son intelligence, son humour, sa façon de mettre de la poésie là où l'on ne s'y attend pas.
Dans ce livre, j'ai particulièrement apprécié l'autodérision dont il fait preuve lorsqu'il évoque son séjour à l'hôpital ("Je m'étais vu sur les chemins de pierre ! J'avais rêvé aux bivouacs, je m'étais imaginé fendre les herbes d'un pas de chemineau. Le rêve s'évanouissait toujours quand la porte s'ouvrait : c'était l'heure de la compote") ou l'amoindrissement de ses capacités physiques ("Vingt ans à jouer sur les crêtes pour aller désormais à un rythme de vieille dame").
J'ai aimé le suivre sur ses chemins. J'ai aimé m'émerveiller avec lui de la beauté des paysages et du caractère insolite ou amusant de certaines rencontres : l'écrivain-voyageur est un fin observateur du monde et des hommes, qu'il sait merveilleusement décrire.
J'ai aimé suivre ses pensées vagabondes qui peuvent en deux petites pages passer de la constatation de son état physique à l'observation d'un couple de chamois, d'un livre de Hermann Hesse à la visite d'une petite église comme il en existe tant dans nos campagnes, du souvenir d'Hervé Gourdel ("ce guide de montagne que des musulmans fanatiques avaient égorgé en Kabylie") à une vache qui "meuglait ses propres requiem dans la nuit de l'alpage".
Lire Sylvain Tesson, c'est voyager. Physiquement, spirituellement, émotionnellement.
J'ai aimé dans ce texte sa façon intelligente de dénoncer avec humour le côté absurde d'une course effrénée vers toujours plus de technologie, qui nous coupe de la nature et nous emmène collectivement vers un désastre prévisible.
Tout simplement : j'ai aimé suivre l'écrivain sur ces chemins noirs qu'il nous décrit si bien.
J'ai aimé marcher en silence à ses côtés, parce que je partage beaucoup de ses points de vue et de ses idées. Je me reconnais en grande partie dans ce qu'il écrit.
Sylvain Tesson aime la France, ses habitants, ses paysages, ses traditions et sa culture. Et il ose l'affirmer haut et fort.
En ces temps de repentance obligée et de flagellation collective imposée, je trouve que cela fait un bien fou !
Il est, de plus, animé d'un profond amour de la nature dont il a une intime connaissance, et pour cela, je le suivrais sur tous les chemins sur lesquels il voudra bien m'emmener.
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Une sorte de tortue humaine joue de la flûte, assise sur une branche au milieu d'un chaos.
Et moi, nostalgique, je contemple le bandeau de mon" livre-hérisson" que je viens d'achever .
Inutile donc de préciser que ce périple hors- piste est difficile à quitter et que toutes ces pages marquées attendent le partage ou un revenez-y !

Une renaissance en beauté pour Monsieur Tesson qui nous offre ici l'essentiel de son vécu au cours de ce trek.

Un texte souvent poétique, riche en belles rencontres tant sur la route que dans l'histoire ou la littérature.
Ainsi va-t-on croiser les chemins de Giono, Herman Hesse ou Jean-Henri Fabre dont il dit :"...Pendant trois décennies il herborisa, courut les flancs du mont Ventoux, étudia l'évolution des espèces, collectionna d'inoubliables " Souvenirs entomologiques" sur une petite table de bois...
Un insecte est une clef, digne de la plus noble joaillerie, pour ouvrir les mystères du vivant.
Mon coeur se serrait devant de tels penseurs.."

En revanche, les chemins ne desservaient pas que des lieux enchanteurs et, c'est sans concession que l'auteur dépeint les zac, les zup, les périphéries urbaines criblées de ronds-points ,les campagnes mutilées sans arbres ni talus :
" La terre était cimentée ,lavée de produits chimiques ,domestiquée...
La lutte contre les insectes avait été remportée. On y avait gagné un silence de parking. Il n'y avait pas un vrombissement dans l'air."

Par moment,il faut bien avouer que le moral en prend un coup face à l'énoncé des dures réalités.
Mais, le chemin continue et les élans poétiques de l'auteur nous emportent au coeur d'autres paysages.

Il veut malgré tout terminer sur une note optimiste:
"Il y avait encore des vallons où s'engouffrer le jour sans personne pour indiquer la direction à prendre, et on pouvait couronner ces heures de plein vent par des nuits dans des replis grandioses."

Cet ouvrage offre bien sûr un moment de lecture très agréable mais c'est aussi un témoignage essentiel sur l'évolution du paysage français et incite, de ce fait, à réfléchir sur ce que nous allons transmettre aux générations futures.
Un livre militant, superbement écrit qui va figurer parmi mes préférés du genre.
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Il y était monté pour faire des réparations.
Il y était monté pour se rendre intéressant.

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