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sur 3018 notes
En commençant Sur les chemins noirs, j'étais persuadée ne jamais avoir rien lu de Sylvain Tesson, mais en fait si : en juillet 2018, en vacances dans les Cyclades, j'avais dégusté à petites doses ravies son Un été avec Homère – la première moitié en tous cas, je ne me souviens plus ce qui m'avait déplu dans la seconde.

Ma lecture de Sur les chemins noirs, donc. Pour tout dire, je suis mitigée. Il y a beaucoup de choses que j'ai aimé, mais d'autres, au secours. Sylvain Tesson est sacrément suffisant et condescendant, ses continuels aphorismes m'ont lassée, ainsi que certaines de ses idées fixes – mais genre fixes, hein, accrochées au piquet et il tourne autour serré sans les quitter des yeux. Il manque aussi souvent de cohérence.

Et pourtant… ! J'ai souvent admiré sa tournure de plume (« La forêt filtrait le soleil en tisserande et je traversais les rais avec l'impression de me laver le visage à chaque explosion de clarté ») et son oeil acéré, et j'ai carrément adhéré à son projet de partir marcher sur les chemins dépeuplés du territoire, après son accident. Quasi une diagonale, du Mercantour au Cotentin. Deux mois d'esquive, d'échappée, de reconquête de soi, dont il tient un journal. « Non contents de tracer un réseau de traverse, les chemins noirs pouvaient aussi définir les cheminements mentaux que nous emprunterions pour nous soustraire à l'époque. » C'est un bon gros réac', mais concernant l'ensevelissement sous les écrans aujourd'hui et la sur-connexion déshumanisante, c'est un fait.

J'ai aimé qu'il parle de René Frégni, juste quand ses pas sur les chemins de Provence me faisaient penser à lui. Sa légèreté et son auto-dérision m'ont plu – j'ai ri quand il se moque de lui en train de boire un viandox en terrasse – il n'a plus droit à l'alcool -, genre bonjour l'aventurier en carton.

Donc bon... Sauf quand j'ai grincé des dents ou levé les yeux au ciel, ce récit m'a fait passer un intéressant moment de lecture. La résilience de Sylvain Tesson est admirable, et son éloge de la lenteur m'a fait du bien.

« Mon accident m'avait affligé d'une paralysie faciale et ma grimace fascinait les enfants dans la rue. Même les chiens me regardaient bizarrement. Ma bouche, tordue, tombait sur le côté, le nez était de traviole, la joue droite enfoncée, l'oeil exophtalmique. Un freak en somme. L'esthétique antique revivifiée par la Renaissance et le classicisme du XVIIe siècle m'affectait, car elle imposait les canons de la symétrie. Seule la déconstruction cubiste, au début du XXe siècle, avait corrigé l'impératif d'équilibre. Les portraits de Picasso consolaient les types comme moi, atteints de paralysie faciale. Les premiers signifiaient aux seconds que la vie peut s'accommoder de la laideur. Si j'avais vécu dans les temps médiévaux, en plein rêve de Bosch, ma disgrâce serait passée inaperçue. »
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J'ai malheureusement fait l'erreur, pour une fois, de d'abord voir l'adaptation cinématographique avant de lire le livre. Je n'ai pas été emballé plus que cela par le film de Denis Imbert. Je ne m'attendais donc pas à grand chose en entamant cette lecture. Et pourtant...
Quelle magnifique surprise de découvrir ce roman et découvrir par la même occasion la plume de Sylvain Tesson. Les réflexions typiques d'un homme méditant dans la nature, la description des lieux et paysages m'ont fait ressentir des émotions bien plus importantes que lors du visionnage du film en question !
Je ne peux donc que recommander ce livre et, pour ma part, je me réjouis déjà de me laisser surprendre à nouveau par d'autres écrits de cet auteur vagabond.
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Je n'ai pas lu le livre Sur les chemins noirs de Tesson considérant qu'il commet trop de digressions philosophiques dans sa manière d'écrire et nous embrouille avec ça plutôt que de garder le cap sur l'aventure qu'il se donne. Ca ne veut pas dire que j'ai définitivement tiré un trait sur du Tesson.

Tenez par exemple, Denis Imbert cinéaste vient d'adapter Sur les chemins noirs, je crois même qu'il est à l'affiche. Celui qui interprète le rôle principal n'est autre que notre star française number one Jean Dujardin. Paraît-il qu'il voulait absolument le rôle, il l'a eu. Je viens de lire un article comme quoi il y aurait une erreur de casting. Je ne vois pas pourquoi notre acteur qui a su séduire l'Amérique ne serait pas le comédien indiqué pour le rôle. Rien qu'à cause de cela, je vais aller voir ce film et peut-être qu'à l'issue, l'envie me prendra de lire le livre.

J'ai vu l'affiche l'autre jour, aguichante, où l'on reconnaît à peine Jean Dujardin dans un rôle d'aventurier sans y prêter attention plus que ça; maintenant que je sais qu'il y a derrière ce projet un écrivain à la base qui est loin d'être un imbécile , je vais donc me laisser tenter. Et comme dans la vie de tout un chacun, il arrive des choses malencontreuses qui vous brisent parfois la vie et vous remettent peut-être les choses en place par le mauvais bout, il y a peut-être une chance réelle pour que l'écrivain me devienne accessible, ce à quoi je ne demandrais pas mieux nonobstant cet accident malheureux qui lui coûte. Cette affaire apparemment est transformée dans le film en scène fêtarde qui a mal tourné. Pourquoi pas si le metteur en scène s'arrange un peu avec la réalité ? Tout le monde le fait, à commencer par l'écrivain ! Ca me fait parfois doucement rigoler quand certains auteurs s'indignent des libertés prises par le cinéma. Mais le cinéma ce n'est pas la voiture balais qui s'octroie le mauvais rôle : il existe, il vit, il a besoin aussi de fantasmer, à un même niveau de qualité bien sûr et pourquoi pas supérieur !

22 mars 2023
Je viens de lire un autre article avant de voir le film : une interview du metteur en scène Denis Imbert qui est originaire du Limousin en fait et grand amateur de livres.
Lui-même a écrit le scénario et dit apporter un peu de fiction quand Sylvain Tesson est un authentique écrivain voyageur. Imbert y apporte quelques souvenirs personnels notamment l'idée d'introduire dans le scénario un rôle de femme qui s'appelle Anna ! Il ajoute aussi que lui et Jean Dujardin ont beaucoup échangé chemin faisant sur les bienfaits euphorisants de la nature, cette ruralité française, ces chemins de traverse quasiment oubliés du monde qui connaît une forme de regain, là où probablement des paysans, des ruraux n'ont pas toujousr eu la vie facile, mais se plaignaient-ils ? L'image du tournage ou l'on voit Jean Dujardin serrer la main de Sylvain Tesson avec en arrière-plan Denis Imbert qui semble impressionné par cette rencontre impromptue, je la trouve belle et émouvante. Je pense franchement que ces trois là avaient beaucoup envie de se rencontrer. Il ne faut pas que j'oublie de dire que Denis Imbert a fait lire son premier scénario à Sylvain Tesson. Celui-ci d'abord enchanté a trouvé qu'il manquait un peu de ruralité et en visionnant des séquences ou le film, il a trouvé finalement que la ruralité était bien présente et fascinante, Ah que j'adore ces rencontres : un grand écrivain contemporain, la star et un metteur en scène prometteur dans la lignée des grands.

Le film a été tourné dans le Cantal et une partie en bord de mer normand.

Ben moi très franchement, il ne m'en faut pas plus pour aller voir ce film, mais ça j'ai déjà dit que j'irai le voir, et sur engagement vis-à-vis d'une amie babeliote j'en ferai ici mon commentaire ..
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Après une chute du toit de la maison familiale, Sylvain Tesson va rester un an à l'hôpital. Il souffre de paralysie faciale et son corps ne sera jamais plus comme avant pour ce grand explorateur de la Sibérie et de l'Afrique. Pendant cette année de convalescence, au lieu d'aller en rééducation, il décide de cheminer la France rurale : des montagnes niçoises jusqu'aux côtes normandes en passant par le Comtat Venaissin, le Massif Central et la région tourangelle.
Dans ce très beau et touchant récit autobiographique, Sylvain Tesson se livre de façon très poétique sur ses états d'âme et ses démons. Il décrit d'une très jolie façon les paysages qu'ils traversent et les gens qu'ils rencontrent lors de ses pérégrinations. Un très beau texte, un hymne à la France qui invite le lecteur à découvrir la France des régions et à appréhender "ses chemins noirs".

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Belle lecture ! Les chemins noirs sont des sentiers prétant a la réflexion et à la poésie sur ce beau pays qu'on a tendance de prendre pour acquis. Sylvain Tesson nous montre que la beauté est au pas de notre porte : il suffit de l'observer attentivement... Mon seul regret c'est l'évocation trop répétitive de la Russie. Vantardise ou regret ? Bon et sincèrement j'avoue avoir passé quelques pages vers la fin : l'idée principale était émise, le reste n'était que répétition. On m'avait dit que c'était une littérature masculine, je ne sais pas.
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Amoureux de la randonnée hors des sentiers battus, chaussez-vous et en avant !
Bel hommage à la France rurale profonde, à la nature, au hasard des rencontres.
Suite à son accident, Sylvain Tesson décide de s'occuper lui-même de sa rééducation en allant marcher sur les chemins noirs plutôt que sur un tapis dans un centre spécialisé. Comme on le comprend !
Loin des sentiers de grande randonnée qui deviennent des autoroutes de la marche (j'en sais quelque chose pour avoir parcouru le chemin de Compostelle), il décide de suivre les chemins oubliés, de se construire son propre itinéraire en évitant soigneusement les agglomérations et leurs zones commerciales. C'est un parcours à travers ce que Roger Béteille appelait la France du vide.
Je n'ai pu m'empêcher de comparer avec l'expérience d'Axel Kahn dans pensées en chemin. C'est d'ailleurs assez curieux de constater que ce dernier a choisi l'axe des Ardennes au Pays Basque alors que Sylvain Tesson optait pour l'autre diagonale allant des Alpes Maritimes au Cotentin.
La comparaison s'arrête là car Axel Kahn donnait des conférences sur ses étapes, était reçu en rock star par Monsieur le Maire autour d'une collation en son honneur. Chez Tesson, rien de tout cela mais une sensibilité, une poésie, une humilité.
J'aurais aimé en savoir plus sur les conditions de sa traversée de la France sur un plan pratique mais c'est bien aussi cette part de mystère.
Ce livre est trop court mais qu'est-ce que c'est bien !!
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Le stégophile Sylvain Tesson a beaucoup perdu dans sa chute. Mais pas son talent d'écrivain ni son goût pour les frontières du monde.
Devant l'épreuve soumise au corps ,on lui tient des promesses sur un lit d'hôpital.
Sylvain Tesson n'échappe pas à la règle et se promet de parcourir la France via une carte de l'hyper ruralité , loin du béton , du wifi et de la junk food. Sur les chemins noirs...
Il va le faire et son récit, son doute moins empli d'humour qu'en Russie n'en n'est pas moins touchant. Chaque phrase est presque une citation.
J'ai beaucoup aimé le dialogue avec les fonctionnaires vêtus de bleu:
-"Je suis confus de vous contraindre à exercer vos dons d'observation"
-"Ironique ?"
- " C'est ma seule arme ".
J'aimerais un jour moi aussi oser.
C'est pour cela que j'aime Tesson aussi. Il ose .Il a osé le monde quand son corps le lui a permis. Là, il ose la France perdue, celle du vide , des ronces, du silence. Il en profite pour stigmatiser beaucoup de vices de notre société actuelle. Avec tact , talent et poésie. Ses rencontres le mettent devant de vieux paysans , dont certains ont vu durant leur carrière leur production quotidienne multipliée par 50 !
Une belle oeuvre , bien dans la veine des beaux récits que l'auteur nous a déjà livrés.
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Après avoir été hospitalisé pendant plusieurs mois, suite à un grave accident, Tesson a le corps meurtri. Une longue période de rééducation l'attend. Mais pour se soigner, il décide qu'il marchera la France, en parcourant les petits sentiers, loin des grosses routes. Un projet qui guérira son corps et son coeur, puisqu'il n'arrive pas à faire le deuil de sa mère. Sa route se jonchée de réflexions, de paysages, de gens. Il franchira la France du Sud au Nord. Autant de pas qui guéri. C'était mon premier Tesson, et je sors de cette lecture un peu en demi-teinte. Bien que je salue le projet, je suis restée hermétique aux pensées de l'homme.
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Sylvain Tesson s'est promis de traverser la France à pied s'il recouvrait la santé après la grave chute qui a changé sa vie en août 2014.

On le suit donc depuis Tende, à la frontière italienne (dans les Alpes-Maritimes) jusqu'au nord du Cotentin, dans un récit de voyages rythmé par l'indication des dates et lieux.

Outre la description des endroits qu'il visite et l'évocation des rares rencontres qu'il effectue, le texte rassemble des idées et pensées diverses sur des sujets sans lien direct les uns avec les autres.

C'est probablement ce qui m'a manqué, un lien narratif, un point commun entre les réflexions, un fil directeur autre que l'enchaînement des villes et l'accumulation des multiples idées ou images qui traversent la tête de l'auteur.

C'est malgré tout avec plaisir que j'ai lu ce livre, mélange de nature writing, de références culturelles et de rêveries personnelles où le plaisir des mots, de la jolie tournure, bref de l'Ecriture, vibre à chaque page.

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Qu'il est bon de lire un livre en dehors de la modernité ! le propre de la littérature sans doute, s'extraire de l'instant.
Sylvain Tesson recherche et parcourt les chemins noirs qui dessinent une France inconnue, à l'écart de l'ivresse d'un monde qui s'emballe. Il y recherche l'histoire profonde du pays et de ses territoires, les racines dans le sillage de Fernand Braudel. Et piétine ainsi des itinéraires que nul ne peut connaître sans l'effort de les rechercher. Cette traversée est une mise à l'épreuve de son corps, uns convalescence déterminée, une fatigue, mais aussi un repos. Les nuits de bivouac, les cieux étoilés, les petits hôtels. Nostalgie d'un monde rural qui s'éteint ? Invocation d'un état qui dit quelque chose de chacun de nous qui habite ce pays.
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Dans quelles circonstances Sylvain Tesson est-il tombé du toit ?

Il y était monté pour faire des réparations.
Il y était monté pour se rendre intéressant.

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