Dépression tropicale.
Quitter Avignon , Arles ou Saint Etienne en hiver pour la Réunion est un rêve que de nombreux « métros » ont caressé. Les Antilles aussi font des signes.
Une fois sur place, si le projet n'est pas construit, on est vite anesthésié. L'océan, le rhum charrette, les bars, les caris, les rougails saucisses zandouille ou boukané, la musique langoureuse ne parviennent pas à gommer l'impression d'enfermement que chacun peut ressentir dans l'île s'il n'est pas là pour autre chose que pour fuir.
Ce qui arrive au héros de
Bruno Testa, journaliste assez autobiographe malgré les changements naïfs de noms (Mascarin pour l'île, île rouge pour Mada , Tour Eiffel pour Roland Garros…) c'est bien de tomber dans le piège. Encore faut-il s'en défaire.
Emmener son histoire d'amour est encore plus casse gueule, puisque les tentations oisives sont trop nombreuses. Emmène-t-on des saucisses à Strasbourg ? demande un pilier de comptoir). Et tout part en poussière et c'est autant de temps perdu.
Il est pratiquement impossible face à l'histoire de l'île d'avoir un quelconque crédit auprès des autorités et des administrations locales si on n'est pas soi-même impliqué profondément dans le système et pour cela, un « Zoreille » n'a et n'aura jamais l'ADN, sauf à être fils ou fille de. Et cela dans le coeur des Caffres comme des Blancs.
Acheté dans « la » librairie de Saint Denis, ou dans « celle »de Mamoudzou il y a dix ans, je relis ce bouquin imprimé à l'île Maurice et ressent toute la confusion d'un homme piégé qui n'arrive pas même à se sauver par l'humour ( Un bon début à la
San Antonio pourtant).C'est déjà une performance que d'avoir pu le faire éditer.
Heureusement il semble que, dégagé des nostalgies vénéneuses,
Bruno Testa a pu publier un autre livre de retour en France.
Encourageons le rescapé.