Bertran de Born a longtemps laissé l'image d'un seigneur influent et féroce, il apparaît dans l'enfer de
Dante tenant sa tête décapitée dans une main. Les romantiques en ont fait un patriote dans un contexte qui ressemblait assez peu à celui des guerres du 12ème siècle où il était sans doute davantage question de territoires que de véritables nations. Il y a eu très tôt, dans les biographies et commentaires des 13ème et 14ème siècles, un mythe
Bertran de Born très éloigné de la réalité.
Jean-Pierre Thuillat contribue donc à rendre une image plus exacte du seigneur troubadour qui termina sa vie loin du tumulte des armes, dans l'enceinte monastique de l'abbaye de Dalon. Il revient ainsi sur l'histoire alors très agitée d'une aquitaine qui faisait désormais partie de l'empire Plantagenêt.
Bertran de Born, seigneur de Hautefort, avait participé à une coalition contre Richard Coeur de Lion qui tentait d'asseoir son pouvoir en assiégeant des forteresses sur une terre dont il était l'héritier.
Bertran de Born se retrouva donc dans le camp de seigneurs locaux, de l'Angoumois, du Limousin, du Périgord, et du frère de Richard, Henri le jeune. Bertran dut lutter aussi contre son frère Constantin qui, lui, soutenait Richard Coeur de Lion… le monde féodal était coutumier de tels imbroglios.
Bertran de Born se réconcilia toutefois avec Richard qui appréciait aussi la poésie. On comprend donc que l'oeuvre de Bertran de Born ait été surtout composée, bien qu'il s'inscrive dans la tradition courtoise, de sirventes, des poèmes satiriques et politiques.