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EAN : 9780008294939
320 pages
Fourth Estate Ltd (06/08/2019)
3.3/5   5 notes
Résumé :
Sommes-nous tous devenus des créatures d'Internet ? Pourquoi le mariage devient-il hype ? L’optimisation aura-t-elle notre peau? Sylvia Plath,
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
+++++++ MIROIR DÉFORMANT +++++++

Le sous-titre de cet ouvrage est "Réflexions sur l'auto-illusion" et contient 9 essais sur ce sujet, qui ont poussé l'illustre Zadie Smith, l'auteure de l'inoubliable "Sourires de loup" ("White Teeth"), à exclamer qu'il s'agit d'une oeuvre d'un esprit vif comme un fouet ("whip-smart"). La célèbre journaliste new-yorkaise, Haley Mlotek, a même ajouté : "Tout ce que Jia Tolentino touche se transforme en référence absolue" - dans une entrevue avec l'auteure du 7/8/2019 parue entre autres dans Times Magazine et ELLE. L'essayiste Rebecca Solnit, du livre de qui "Garder l'espoir" j'ai fait récemment un billet, l'a qualifié "de la meilleure jeune essayiste actuellement à l'oeuvre aux États-Unis".

Il est vrai que Jia Tolentino est jeune, elle n'a pas encore 30 ans et est déjà éditorialiste du prestigieux magazine "The New Yorker".
Mais qui est cette jeune dame prodige au juste ?

Jia Tolentino est née le 20 novembre 1988 à Toronto au Canada, de parents originaires des Philippines. Enfant doué, elle a terminé son enseignement secondaire au Texas avant l'âge. Jia a été acceptée à la grande université de Yale, mais comme ses parents ne pouvaient y financer ses études, elle s'est rabattue sur l'université de Virginie, où elle s'est inscrite à 17 ans pour des cours de langue et littérature anglaises, qu'elle a terminé à 21 ans. En 2009, elle a servi dans le Corps de la paix au Kirghizstan, tout en préparant un doctorat à l'université de Michigan.

Sa carrière d'essayiste a démarré en 2013 au site féministe "Hairpin" (= épingle à cheveux), créé par Edith Zimmerman et l'an après au blog féminin "Jezebel". En plus, d'articles à gauche et à droite sur des thèmes aussi variés que le mariage, l'avortement, le racisme et l'autonomisation des femmes.
Notre Jia vit à New York City avec - dans cet ordre - Luna, sa chienne et Andrew son petit ami, un architecte rencontré à l'université de Virginie lors de ses études. Cette Luna géante est selon elle un croisement de saint-bernard et chihuahua ! Voir les photos rajoutées.

Dans une brève introduction, l'auteure note qu'elle a écrit ses essais entre le printemps 2017 et l'automne 2018. Une période où tout semblait aller de travers et que nous pensions fréquemment que tout était allé aussi mauvais que nous pouvions même nous l'imaginer. Après quoi, les choses devenaient évidemment ... encore pires.
Quoi qu'il en soit, Jia était arrivée à la conclusion qu'elle ne pouvait avoir confiance dans ses propres pensées. Qu'en d'autres termes, elle avait tendance à éliminer les doutes en soi-même en écrivant ses convictions et réponses et en construisant ainsi un miroir déformant, basé sur une ribambelle d'auto-illusions, des leurres qu'il était grand temps de corriger.
Elle voulait un miroir droit et c'est la raison pour laquelle elle a entrepris d'écrire cet ouvrage de 303 pages : de 9 chapitres d'entre 27 et 39 pages.

Son premier chapitre concerne l'internet ("The I in the Internet"), car Jia est une enfant de l'Internet. À 10 ans, sur l'ordinateur dans le bureau de son père, elle envoyait ses premiers commentaires en l'espace et elle adorait cela. Son "Comment Jia a eu sa dépendance du net" ("web addiction") date donc de 1998 et depuis l'Internet ne l'a plus quitté. L'auteure est très honnête en ce qui concerne cette nouveauté : si d'une part elle regrette la radicalisation du ton, la violence linguistique, les multiples abus et l'intérêt financier de certains groupes, elle est d'autre part fort consciente qu'elle y doit sa carrière et renommée. Bref, c'est une des meilleures analyses que j'ai lues sur ce sujet fort controversé. Oh oui, elle regrette aussi que le net a permis à Trump d'être élu.

Un autre chapitre remarquable a trait aux émissions de tėlė-réalité. Jia donne son avis sur ce phénomène, horriblement populaire aux États-Unis, comme une experte qui bénéficie d'une expérience personnelle, car elle s'est débrouillée à participer à un tel show comme gamine de 16 ans. Ils étaient 8 participants, 4 de chaque sexe et l'événement a été filmé dans une baie isolée de Porto Rico. Ses explications sur les intrigues du tournage et les relations entre participants sont révélatrices et parfois cocasses. Il lui a fallu 13 ans avant de visionner son show et sa performance comme "actrice". Déjà à l'époque elle avait annoncé ne pas vouloir devenir célèbre sur la base d'une connerie ("bullshit"), mais du résultat de sa plume ! C'est en effet bien connu que la télé-réalité est fameuse pour construire des histoires à partir de rien. Pour Jia ce show a été son secret le mieux gardé pendant longtemps.

D'autres sujets soulevés par Jia sont la moralité, la solidarité, les formes spirituelles et littéraires de l'euphorie, les relations entre étudiants à l'université, le culte de dames difficiles et vedettes de la pop, les mariages auxquels Andrew et elle ont assisté etc.

Même pour ses ami-e-s Jia est imprévisible et ses paroles "aussi vraies que la gravité ". Sa culture est vaste, allant de la mode et les soins de la peau, en passant par le vapotage, la musique de Carly Rae Jepsen, le film "Belles à mourir", aux écrits d'Ovide.

De tous les compliments admiratifs à son égard et elles sont légion, le plus beau reste pour moi tout de même celui de Zadie Smith précitée : son ouvrage "m'a rempli d'espoir".
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Jia Tolentino nous propose, en une série d'articles publiée en essai, une radiographie qui se veut être celle de nos sociétés.

Des violences sexuelles infligées aux étudiantes dans les soirées sur les campus aux conséquences de notre consommation effrénée de numérique, en passant par le regard porté sur les femmes "difficiles", ou encore sur l'omniprésence de l'évangélisme dans certains états de son pays, la plume de la chroniqueuse du New Yorker nous décrit certes des maux sociétaux, mais des maux pour beaucoup très sociocentriques, ne concernant finalement qu'une petite frange privilégiée de la population états-unienne, un peu trop pour que je me sente intéressée par la majorité du propos.

Certes, certains articles qui dénoncent les nombreuses attaques faites aux femmes, aux racisé.e.s, pour ne citer que quelques exemples, sont plutôt justes et pertinents, profondément universels, mais la majorité des autres me semblent un peu futiles, comme déconnectés de la réalité sociale de la majorité des populations, et j'avoue que je n'en ai pas compris l'intérêt : cela ne m'a en effet, rien apporté, de savoir que l'autrice avait participé, ado, à de la télé-réalité, jusqu'à en faire un article, d'ailleurs plus descriptif qu'analytique... pour ne citer qu'un exemple plus concret.

Je remercie les éditions La Croisée et NetGalley de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage, même s'il n'est finalement pas du tout fait pour moi.
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L'autrice nous propose des essais sur les comportements en société en y apportant des références que tout le monde connait. Pour une première lecture de ce genre, j'ai trouvé que ça restait très léger et bien banal. Je n'ai pas trouvé que l'autrice apportait des éléments nouveaux à ce genre de réflexions. J'ai donc été déçu par le manque de profondeur de chaque essai. Dommage.
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critiques presse (1)
Liberation
09 juin 2022
La jeune chroniqueuse du «New Yorker» croque le portrait de sa génération dans un recueil d’articles invoquant aussi bien la téléréalité, Tolstoï, que son vécu de pom-pom girl au Texas.
Lire la critique sur le site : Liberation

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