Tête de mule

Tête de mule, un jeune chevalier
n'en peut plus de tourner en rond
sans fiancée dans le palais de son père.
Un roi attristé depuis que ses 6 frères ainés,
les hormones en fusion ont quitté
le royaume pour trouver épouse.
Mais il était convenu de leur retour au palais
en compagnie de leurs douces
et d'une dulcinée pour leur cadet.
Ne les voyant pas revenir
le jeune intrépide enfourche
un vieux canasson royal
et s'élance sur les routes hostiles
à la recherche de ses frères...

Voilà Une version bien loufoque et décalée
du conte des frères Grimm, Les Sept corbeaux
où notre héros armé de son courage et d'un saxo
va affronter des créatures velues aux dents pointues, gélatineux
et un gargantuesque monstre moche qui m'a tout l'air d'un méchant Troll...
Une belle tête de mule qui a maintenant l'âge de délivrer
des jolis coeurs et d'en briser d'autres...
L'auteur scandinave a réussi à un bel ouvrage,
mêlant collages , dessins , graphismes tantôt fantaisistes ,tantôt gothiques sans jamais étouffer le récit initiatique rocambolesque drôle et poétique.
A recommander à toutes les grandes et petites têtes... de mule !

Ce sont encore les avis des babeliotes qui m'ont donné envie de lire ce "Tête de mule". Et, ô joie, la B.D était disponible dans ma bibliothèque.

"Tête de mule" est inspiré d'un conte traditionnel mais je ne doute pas que l'interprétation qu'en livre Torseter est très personnelle tant cette B.D est originale.
Le ton oscille entre humour, angoisse et merveilleux, ce qui est assez déroutant. D'ailleurs, pas certaine que cet ouvrage plaise aux jeunes enfants.
Si le scénario est bien mené, c'est au niveau graphique que ce "tête de mule" prend une dimension vraiment unique. Les images faites de collages et de dessin au trait épuré à l'extrême ne ressemblent à rien de ce que j'ai pu voir auparavant. Ces images sont d'une lisibilité parfaite, donc très efficaces mais aussi teintées de poésie. L'utilisation très parcimonieuse de la couleur est tout à fait remarquable et renforce encore l'impact de certaines cases. Quant au troll, héros de cette histoire, j'ai adoré son design qui m'a furieusement fait penser aux Moumines de Tove Jansson.

Cette lecture me donne envie de m'intéresser plus avant au travail de Torseter. Une très jolie découverte.

Tout de suite, en regardant la couverture, on découvre qu'on est pas dans une bande dessinée conventionnelle. Les éléments décoratifs son proéminents, le trait n'est pas très assuré, les couleurs un peu délavées. En tournant les pages on a l'impression d'avoir à faire à d'un livre pour enfant, et puis il y a quelques éléments de découpage, de collage, le cheval est dessiné à la manière d'un dessin d'enfants, alors que les fleurs au bord de la rivière sont travaillées avec raffinement. Certains décors sont de véritables petits bijoux, comme les images représentant le buffet du troll par exemple. La mise en page est peu conventionnelle, passant de la bande dessinée avec 4 cases régulières dans la page à un grand dessin seul sur une double page comme dans les livres pour enfants. Les couleurs sont travaillées en aplats ou en surfaces avec du grain donnant un aspect velouté ou rocailleux, et le dessin des personnages est toujours aussi enfantin. Les lignes sont brute, semblent faites sans crayonné préalable, certains ombré, plutôt que d'être travaillé par la couleur sont juste traités en hachures, l'utilisation de la couleur est lumineuse et moderne. Certaines illustrations sont comme des palimpsestes, d'autres évoquent Sigmar Polke, Egon Schiele.
L'histoire est un conte pour enfant avec un jeune prince qui part délivrer ses frères et une princesse d'un Troll. le héros est habillé en cowboy, ses frères on des têtes de taureau et sont habillés comme des VRP. Les colères du Troll sont juste représentées par une page toute noire avec le texte comme s'il était gratté rageusement sur une carte à gratter : « Qui a répandu des fleurs partout devant ma porte ? »
Mais l'histoire n'a que peu d'importance, c'est l'ambiance et l'univers proposés par le norvégien Oyvind Torseter qui m'ont emportés, une naïveté savante, un brouillon élaboré, une brutalité raffinée... un dessin sur le fil du rasoir, dans un équilibre si tenu, et c'est ça qui donne une si grande intensité au récit.
C'est ça qui m'a fait vibrer, c'est sans doute là que se situe le domaine de l'art.

Une publication jeunesse ? Oui, mais pas que. Enfant ou adulte, chacun va trouver son bonheur dans ce livre. Différents niveau de lecture, différents stades d'humour sont proposés aux lecteurs.
Un album ? Une bande dessinée? un roman graphique ? Oui, tout cela à la fois. Un découpage qui peut ressembler à de la bd, mais une complémentarité texte/image à la manière d'un album et une recherche visuelle et textuelle digne d'un roman graphique.
Aventure, humour, conte, amour, classique et moderne, ce livre est une véritable pépite pour tous ceux qui ont de l'humour (à partir de 8 ans?).

Tête de mule est le septième et dernier fils d'un roi. Ce roi refuse de vivre seul, il est incapable de se séparer de tous ses fils en même temps, « l'un d'entre eux devait toujours rester avec lui ». Mais un jour, les six frères de Tête de mule sont partis ensemble ; ils espéraient chacun trouver une épouse. Tête de mule quant à lui devait rester au château pour tenir compagnie à son père. Ce dernier demanda également à ses aînés de trouver une femme à leur plus jeune frère.

Les frères finirent par trouver un château où vivaient six princesses. Ils les demandèrent en mariage. Sur le chemin du retour, les six couples croisèrent un troll qui les changea en pierre. Apprenant cela, Tête de mule supplia son père de le laisser partir. A contrecoeur, le roi accepta et Tête de mule partit secourir ses frères.

« Tête de mule » est un conte. Il en reprend les rouages, les codes, la poésie, la magie. Tête de mule est un héros… mais il a ceci de particulier qu'il est le parfait portrait de l'anti-héros : il n'a pas la force pour déplacer une montagne, sa monture est un vieux canasson qui fait la moue quand on lui parle d'aventure, il ne part pas combattre de dragon mais le hasard placera pourtant sur sa route une princesse à délivrer.

Øyvind Torseter, auteur norvégien, s'amuse et fait de drôles de farces à son personnage. Il le malmène et l'oblige à faire appel à la ruse pour déjouer les pièges.

Ouvrage original face auquel je suis pourtant restée spectatrice. Lu d'une traite sans pour autant ressentir la moindre inquiétude pour le personnage. Conte moderne qui m'a dérangée par son rythme et ses rebondissements. Graphisme qui m'a gênée : pourquoi les femmes sont-elles représentées avec tous les attributs de la féminité (sans aucune vulgarité) et les hommes sont-ils des personnages anthropomorphes ? le trait enfantin nous trompe, nous dupe. Je crois qu'il me faudra prendre un peu de recul avant d'en comprendre les finesses…
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