Je connaissais Tronchet via Jean-Claude Tergal, ignorant complètement qu'il avait réalisé beaucoup d'autres choses. Cet éloge de la chanson française fut donc l'occasion de découvrir cet artiste polyvalent, fanatique de musique.
Cet essai retrace la vie de l'auteur en chansons. A moins que ce ne soient les chansons qui retracent la vie de Tronchet ? On ne sait plus trop, tant se mêlent l'univers de l'artiste et le vaste répertoire de la chanson française. On lit en fredonnant, on chantonne en lisant et on se plonge avec délice dans ses playlists (http://www.jeanclaudetergal.fr/index.php/petit-eloge-chanson-francaise).
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Le sexagénaire livre aujourd’hui un Petit Éloge de la chanson française (éd. Les Pérégrines), où il raconte en filigrane une existence pétrie de tubes et de ritournelles moins connues. L’occasion de le sonder sur son panthéon musical.
Lire la critique sur le site : Telerama
Il suffit que j'écoute "Supplique pour être enterré à la plage de Sète" pour que je fasse instantanément "du pédalo sur la vague en rêvant" comme le Sétois chantant imaginait passer sa mort "en vacances".
Le rapport à la chanson est intime, ça se joue entre elle et nous. Comme dit Souchon dans Somerset Maugham: « Trois la-d'dans, ça va plus du tout... » Sans compter que l'autre, dans sa cruauté, fût-il ami, peut mépriser le morceau que nous lui soumettons. Voire le moquer. Et là, c'est terrible, car c'est nous qu'il détruit au passage, tant l'identification est complète avec le chanteur: lui, c'est moi. Nous sommes à cet instant poitrine offerte à la dague de l'ironie.
C'est la grâce de la chanson populaire que d'être à la portée de chacun, de ne demander aucune technique ni don particulier pour être reprise et partagée. Avec le pauvre instrument de notre voix, et peu importe qu'il soit ou non bien accordé. La joie qu'elle suscite en passant par nous est une bénédiction.
Chez moi, cette ultrasensibilité à la mauvaise musique se double d'une autre infirmité: je ne supporte pas d'entendre les chansons doublées par quelqu'un qui chante par-dessus, y surajoute son interprétation. Est-ce que dans les musées les visiteurs repassent au feutre les traits d'un tableau ?
J'ai souvent eu cette intuition de la proximité chanson-dessin, en tant que genre. Les deux portent la même fragilité, un rien les casse, le génial côtoie facilement le lamentable. Le trait comme la voix témoignent avec une haute fidélité de la personnalité de l'auteur.