Comme c'est un bijou de poésie, ce livre est précieux. Depuis le temps que je souhaitais découvrir la prose de
Lyonel Trouillot, je suis enchantée de commencer par ce petit recueil poignant.
Le poète haïtien m'a énormément touchée par ses mots.
Il a choisi de regrouper trois textes sous le beau titre "Eloge de la contemplation" du nom du premier et principal poème.
Un homme nous parle. On ne sait pas qui il est. Il est en prison et imagine la femme qu'il aime, la contemple plus qu'il ne la regarde comme un peintre qui veut immortaliser la beauté.
C'est chaque partie du corps de la femme qui est contemplé, les mains, les seins, le dos, jusqu'aux yeux qui se fermeront pour le condamné.
Et pourtant ce n'est pas triste.
Lyonel Trouillot n'est pas dans la compassion, il s'adresse à celle qu'il aime alors qu'il semblerait qu'elle soit morte et que ce soit lui le meurtrier.
Le poème est composé de textes courts en proses sur pages blanches avec un titre, ponctués de pages noires repérant une phrase d'une grande puissance poétique qui marque par son intensité, comme un écho. J'aime beaucoup cette présentation et je pense que c'est un parti pris d'édition bien que je n'en sois pas certaine.
Il y a un deuxième poème intitulé « Les dits du fou de l'ile ». L'île c'est Haïti bien sûr et on peut penser que l'homme enfermé est un écrivain en prison. Il est à la fois proche est différent du premier poème. Là aussi un prisonnier parle d'amour, de l'amour d'une femme à ses geôliers de Port-au-Prince où des enfants meurent de faim.
Ce rapport à l'autre, on le retrouve aussi dans le troisième poème intitulé « Rendez-vous » qui évoque une rencontre entre un homme et une femme et termine ce recueil sur un très beau sourire. D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé cette fin qui prouve la lucidité et l'infinie tendresse du poète haïtien.
Merci à Babelio et aux éditions Riveneuve pour cette belle découverte.