L'exode des pieds-noirs en BD d'une terre tant apprécié après un "Je vous ai compris" du général
De Gaulle, 8 ans de combats sanglants (1954-1962), déboires et désespoir des 2 côtés et une lutte acharnée entre forces craintes et déterminées : FLN (Front de Libération nationale algérienne) et OAS (Organisation de l'armée secrète française).
Le nombre de pieds-noirs est estimé à environ un million, or que la France n'avait prévu le rapatriement de la moitié, soit à peu près 400.000 Français.
Un ouvrage qui illustre très bien le drame des pieds-noirs est celui d'
Ysabel Saïah-Baudis qui a eu la bonne idée d'accorder la parole à 19 pieds-noirs illustres, parmi lesquels Michel Jobert,
Alexandre Arcady, Guy Darbois, Jean-Pierre El Kabach,
Marie Cardinal et Sapho (Danielle Ebguy), qui a parfaitement bien résumé cette réalité en affirmant : "Je suis métisse, je me sens Juive, Arabe, Française ". le témoignage "
Pieds Noirs et fiers de l'être" a été publié 25 ans après les événements dramatiques d'Algérie.
L'album se dessine contre ce décor historique et poignant, mais nous raconte un suspense dans un huis clos aérien angoissant, où se côtoient vol de secrets militaires, terrorisme, bravoure, et des histoires d'amour.
Le 2 juillet 1962, 3 jours avant l'indépendance de la république algérienne, un avion Constellation d'Air France quitte l'aéroport de Bėchar, à quelque 700 km au sud d'Oran, pour l'aéroport de Marignane à Marseille. À son bord se trouvent des Français qui quittent leur domicile algérien et rentrent, la mort dans l'âme, en métropole... dans un voyage qu'ils savent sans retour.
Des passagers râlent sur la trahison du général
De Gaulle et une dame se plaint de retrouver Lille sous la neige au bout de 20 ans de Sahara !
Dans cette atmosphère déjà tendue, la présence d'un espion russe, d'un officier de l'OAS et d'un commissaire de la DST (Direction de la Surveillance du Territoire) n'a évidemment rien de bien rassurant.
La situation s'envenime et se dégrade considérablement lorsque le pilote reçoit l'ordre surprenant et dangereux d'atterrir à Oran, une ville mise partiellement à feu par l'OAS et que les passagers peuvent voir de leurs hublots...
Cet album est divisé en 2 parties : l'histoire proprement dite de 55 pages, plus 19 pages sur l'origine de cette BD et les dessins originaux en noir et blanc de
Patrick Jusseaume à qui l'oeuvre est par ailleurs dédiée. Après son décès, les dessins ont été complétés par un
Olivier Mangin avec classe et efficacité. Il convient finalement de louer le remarquable scénario réalisé par
Jean-Laurent Truc.
Ne lisant que rarement des BD, hormis naturellement Astérix et Tintin, je dois dire que "
Non-Retour" m'a vraiment plu.