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Histoire de France (sous la dire... tome 4 sur 5
Fayard (01/01/1900)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Vieux pays soumis à des institutions et à des modes de pensée ancestraux, la France tente de reconstruire la société sur des principes nouveaux.
Ce mouvement de fond dépasse largement les limites de la Révolution et de l'Empire : au-delà du fracas des émeutes et des batailles, du combat d'idées et des luttes parlementaires, c'est l'accession au pouvoir des " notables " - ou de la bourgeoisie - qui fait l'unité des quelque soixante années qui s'écoulent de 178... >Voir plus
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Que lire après Histoire de France, tome 4 : Les révolutions, de 1789 à 1851Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je ne reprendrai pas chaque chapitre de cet ouvrage, qui nous guide chronologiquement de la Révolution à l'Empire, des crises de 1814 à la révolution de 1830, en passant par la lutte des libéraux et des ultras, avant de s'achever sur celle de 1848 et sur l'échec provisoire de la République. Des chapitres dédiés à la structure sociétale -paysans, ouvriers et bourgeois- et aux tendances culturelle et artistique, viennent utilement étayer le propos. Il faut le lire pour cela.

En revanche, j'insisterai sur le thème des révolutions, et sur l'approche de l'auteur.

J'ai bien aimé l'écriture de Jean Tulard. Cet historien, qui a aujourd'hui 84 ans, est un spécialiste reconnu de Napoléon et du 1er Empire, mais a aussi beaucoup écrit sur la Révolution et les contre-révolutions. Biographe à ses heures, il écrit agréablement, mais dit lui-même réaliser un travail de "juge d'instruction" : il enquête et resitue les faits dans leur contexte, mais s'autorise très peu l'interprétation, tout au plus quelques hypothèses. Il en ressort une approche historique équilibrée entre l'événementiel et sa mise en perspective, recourant avec prudence à une philosophie de l'Histoire qui tente de donner un sens aux événements, sur le mode de Jacques Bainville ou François Furet.

Sur cette période des Révolutions, de 1789 à 1851, cette dernière démarche est pourtant quasi incontournable, puisqu'elles caractérisent des ruptures radicales, politiques et sociales, souvent violentes et à soubresauts dans notre pays, qu'il s'agit, avec le recul, de comprendre, dans leurs origines, et leur continuité aussi.

Penser ce phénomène révolutionnaire à notre époque contemporaine, c'est aussi se rappeler cette réponse du 5 mai 1789 du Duc de la Rochefoucault-Liancourt à la royale méprise : "non, Sire, c'est une révolution". Charles X, Louis-Philippe, feront cette même erreur quant à la portée de l'événement, tout comme d'ailleurs, à son tour, se fourvoira le peuple parisien lors des coups d'Etat des Bonaparte, ignorant la force d'inertie de la France paysanne. L'avenir dira si nos dirigeants actuels sauront mieux lire ce que recouvrent les tensions socio-économiques, nationales ou internationales, les crises migratoires et environnementales, la révolution numérique ou les appels altermondialistes...

Ce phénomène des révolutions, quoique débattu par les historiens, semble se distinguer de la simple révolte par son caractère pensé, au moins à posteriori. Les cahiers des doléances de 1789 se seraient-ils ainsi distingué de leurs prédécesseurs d'Ancien Régime si leurs rédacteurs, et les députés du tiers, n'avaient su, ayant lu Voltaire, Rousseau, Condorcet, faire converger les récriminations d'un peuple affamé dans des revendications politiques cohérentes, à défaut d'être fidèles ?

Il est intéressant de noter qu'au delà de contextes très différents, les révolutions se caractérisent par un rapport de force social, qui conduit la crise. Cette crise se focalise alors sur le gouvernement en place et, suivant les circonstances, mais aussi suivant qu'elle s'accompagne ou non d'un projet politique alternatif, se dénoue par une simple révolte, ou par une révolution. L'un des paradoxes est que la modernité des révolutions depuis le XVIIème siècle comme vecteur de changement a aussi accompagné le renforcement, après chaque crise, de l'Etat contemporain. A ce stade, L Histoire rejoint la sociologie, dans laquelle la mécanique du changement et de l'ordre constitue l'un des fondements de la dynamique des groupes, et même, au-delà, renvoie aux ressorts psychologiques de la construction de l'individu dans ses interactions avec le monde et autrui.

Il convient sans doute de laisser Tocqueville conclure, comme le fait Jean Tulard dans les dernière pages de son ouvrage. Je le place pour ma part en citation.

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Conclusion de l'ouvrage - Extrait des Souvenirs d'Alexis de Tocqueville, publiés en 1893.

Je me mis à repasser dans mon esprit l’histoire de nos soixante dernières années, et je souris amèrement en remarquant les illusions qu’on s’était faites à la fin de chacune des périodes de cette longue révolution ; les théories dont ces illusions s’étaient nourries ; les rêveries savantes de nos historiens, et tant de systèmes ingénieux et faux, à l’aide desquels on avait tenté d’expliquer un présent que l’on voyait encore mal, et de prévoir un avenir qu’on ne voyait pas du tout.

La monarchie constitutionnelle avait succédé à l’ancien régime ; la république, à la monarchie ; à la république, l’empire ; à l’empire, la restauration ; puis était venue la monarchie de Juillet. Après chacune de ces mutations successives, on avait dit que la révolution française, ayant achevé ce qu’on appelait présomptueusement son œuvre, était finie : on l’avait dit et on l’avait cru. Hélas ! je l’avais espéré moi-même sous la restauration, et encore après que le gouvernement de la restauration fut tombé ; et voici la révolution française qui recommence, car c’est toujours la même. A mesure que nous allons, son terme s’éloigne et s’obscurcit. Arriverons-nous, comme nous l’assurent d’autres prophètes, peut-être aussi vains que leurs devanciers, à une transformation sociale plus complète et plus profonde que ne l’avaient prévue et voulue nos pères, et que nous ne pouvons la prévoir nous-mêmes ; ou ne devons-nous aboutir simplement qu’à cette anarchie intermittente, chronique et incurable maladie bien connue des vieux peuples ? Quant à moi, je ne puis le dire, j’ignore quand finira ce long voyage ; je suis fatigué de prendre successivement pour le rivage des vapeurs trompeuses, et je me demande souvent si cette terre ferme que nous cherchons depuis si longtemps existe en effet, ou si notre destinée n’est pas plutôt de battre éternellement la mer !
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Videos de Jean Tulard (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Tulard
Portrait de Napoléon par Stendhal, un fervent admirateur.
Comme l'a si bien résumé Jean Tulard : « Pour Stendhal, le génie de Napoléon, c'est d'avoir été Bonaparte; l'échec de Bonaparte, c'est d'être devenu Napoléon. Quant au drame d'Henri Beyle, c'est d'avoir boudé Bonaparte et servi Napoléon. »
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