1968. Les usines occupées, les manifs étudiantes, les barricades dans Paris. Mais parfois il est intéressant de porter son regard ailleurs, plus à l'est. Mars 1968, en Pologne, c'est une vague d'antisémitisme organisée par le pouvoir en place qui va renverser toute une partie de la population et les pousser à l'exil. Ils partiront en Suède, en France, en Israël. Ou feront le choix de rester quoi qu'il en coûte.
Affaires personnelles c'est un livre d'histoires encore plus que d'Histoire. Tout commence par quelques photos prises sur le quai d'une gare. On célèbre celui qui part dans les larmes et avec soulagement. Et le lecteur va partir à leur rencontre à travers leurs mots, leurs témoignages. Tout est là, le passé, le ghetto, les camps. L'engagement communiste, l'élite intellectuelle d'un pays, le rapport à la judéité et à la Pologne, où l'antisémitisme pointe dans les cours de récré, dans la rue avec cette explosion en mars 1968. L'humiliation d'être jeté hors d'un bus, la peur de devoir se cacher à nouveau. Et l'exil. Des pays accueillant à bras ouverts, la découverte de l'Ouest pour certains, l'apprentissage d'une nouvelle langue, les études, la construction d'une famille. La perte pour beaucoup de la langue polonaise et la volonté pour certaine de reprendre pied dans le judaïsme sans toutefois y parvenir réellement.
Dire que ce livre est passionnant, c'est bien peu. Ce livre est un bijou d'intelligence et d'émotions. J'ai corné les pages, souligné des phrases, dessiné des coeurs dans la marge. J'ai noté un nombre important de références littéraire me disant que définitivement je ne connaissais rien à la Pologne, rien à ce moment de l'histoire.
Mais qu'à chaque exil il y a une valise remplie d'
affaires personnelles.