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La critique américaine, comme la française, aime à s'enthousiasmer. En 1957, elle a donné un coup de projecteur sur Jour de fête à l'hospice , premier roman d'un certain John Updike. Elle a bien eu raison! Que ce petit bouquin ait été écrit en l'espace de trois mois ne lui ajoute rien et ne lui ôte pas davantage. Je m'en moque comme d'une guigne surtout que l'histoire ne dit pas si Updike a omis de manger, de dormir, voire de respirer pour gagner du temps. A présent que j'ai réglé mes comptes avec la quatrième de couverture, qui n'est jamais qu'un emballage, j'en viens à l'essentiel: l'intérieur. Et cet intérieur m'a séduite. Dire que ce livre m'a attendue fort sagement pendant 15 ans, perdu au milieu des livres lus (je serai plus ordonnée, 100 fois). Bref, c'est jour de fête à l'hospice! C'est à l'époque où les balayeurs n'étaient pas techniciens de surface et les caissières des hôtesses de caisse. Où mes Pyrénées-Atlantiques n'étaient que Basses. Toute l'action se déroule pendant l'unique journée de l'année au cours de laquelle les vieillards de l'hospice (pardon, les seniors de la maison de retraite) vont recevoir les visiteurs de la ville voisine pour une vente de charité. Nous sommes en août. Il doit faire beau. Il a toujours fait beau. Au temps de l'ancien et regretté directeur, mort de sa belle mort, la fête annuelle était toujours parfaite. Mais le pauvre Conner va subir l'avanie d'un orage, lui qui voudrait tant se faire apprécier de son cheptel, pauvre mais au caractère… difficile. Rien que pour avoir créé Conner, Updike mérite deux bises. le nouveau directeur de plus de deux ans est un monument de suffisance, d'incompétence, d'absence de spontanéité. Et son jeune assistant Buddy, un tantinet amoureux de son patron, relève avec bonheur la sottise patronale avec sa propre bêtise. Ah la scène du cigare! Face à ce tandem, les vieux. Les vieux-vieux comme le nonagénaire Hook et les jeunes-vieux comme le septuagénaire Gregg, les vieilles à coiffe et goitre ou dotée de perruche fugueuse. Une galerie de personnages attachants et/ou exaspérants qui discutent, pérorent, vocifèrent ou se taisent. Un chat accidenté puis mort. Une bouteille de whisky introduite en cachette. Un livreur de boissons fraîches pris pour le jumeau de Buddy. Un mur qui s'écroule. Un directeur lapidé. Des visiteurs en goguette. Des quilts négociés… L'orage, donc, n'est pas venu gâcher ce jour de fête. Enfin… Pas totalement. Après la pluie, le beau temps. La fête a eu lieu malgré tout. Et entre les multiples sourires qu'Updike nous arrache sans mal, il nous donne à lire des cieux changeants qui s'offrent en spectacle dans des phrases d'une maîtrise remarquable. + Lire la suite |