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EAN : 9781021044082
304 pages
Tallandier (07/01/2021)
  Existe en édition audio
3.88/5   84 notes
Résumé :
Boulin, Urba, Elf, les frégates de Taïwan, Clearstream, Kerviel, Cahuzac, Karachi, Balkany… Le juge Van Ruymbeke a instruit pendant plus de quarante ans les grandes affaires financières qui ont secoué notre République. Tenace et libre, il est la figure emblématique de la lutte anticorruption.

Dans ces mémoires vibrantes, animé par sa si chère indépendance, il raconte la manière dont il s’est attaqué aux sphères du pouvoir et au financement illégal des... >Voir plus
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C'est une plongée dans la mémoire de ceux qui, comme moi, étaient en âge de suivre ces affaires. Contrairement à certaines critiques que j'ai lues, je crois que l'atout maître de ce livre est d'avoir résumé au maximum ces affaires, de les avoir rendues accessibles. Les procédures juridiques sont assez complexes comme ça. Ma meilleure amie est avocate et m'explique régulièrement quelques points, je ne suis donc pas inculte sur ce sujet mais la loi, c'est une espèce de poupée gigogne qui n'aurait ni début ni fin. Et il y a ceux qui, trop jeunes, n'ont pas suivis ces affaires en live .
Je conseille la plongée en apnée. Bouchez vous le nez, ça ne sent pas la rose. Si vous êtes fâché avec le monde politique, j'ai peur que ce livre ne vous réconcilie pas avec. Dommage, on ne vit quand même pas en dictature et si on pouvait l'éviter tant qu'à faire. Il suffit de ne pas se voiler la face.
Je crois sincèrement qu'en plus d'être intègre, Renaud van Ruymbeke n'est pas doté d'un égo surdimensionné. C'est un homme qui a aimé passionnément son métier et qui mesure les réelles avancées réalisées en matière de justice pendant sa carrière.
Tout n'est pas parfait et, en guise de conclusion, il y va de ses recommandations.
Mon unique reproche va aux rares lamentations du style "qu'est ce qu'on aurait pu faire grâce à tout cet argent détourné ". Ça lui coûte 1/2 étoile au Michelin…
Franchement c'est à lire, ce n'est pas fastidieux et c'est riche d'enseignement sur ce qu'est la justice, ce qu'est un état de droit. Un plaidoyer pour que vive la démocratie
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J'ai beaucoup aimé ce livre très bien lu par Hugues Martel, le comédien se met bien dans la peau du juge et nous fait part avec conviction de ses mémoires. Il a une voix posée et très agréable, son ton est vivant et jamais monotone, ce qui aurait pu être le risque avec ce type de texte.

L'auteur y raconte quelques affaires retentissantes qu'il a eues à traiter et en particulier les obstacles rencontrés. Même de ce côté-ci du Doubs, j'ai entendu parler de ces affaires, de certaines plus que d'autres, certaines m'ont beaucoup intéressées lorsque la presse en parlait, en particulier l'affaire Boulin ou les financements de partis politiques. le livre s'ouvre justement sur l'affaire Boulin dont je n'avais jamais su comment elle avait fini, j'en étais restée au fait qu'il s'était fait assassiner d'une balle dans le dos, mais la lecture de ce document m'a appris qu'il s'est bien suicidé et surtout que ce n'était pas un modèle de moralité. Il n'est sûrement pas le premier politique à s'être enrichi grâce à ses fonctions, mais un des premiers à se faire prendre, pas de chance pour lui ! Il devait être entendu par le juge pour un achat de terrain suspect et a préféré éviter la confrontation. A ce moment van Ruymbeke est jeune et peu expérimenté, mais bien décidé à exercer son métier de manière intègre. Sa hiérarchie lui met un maximum de bâtons dans les roues et une mauvaise évaluation, ce qui ne le décourage pas.

Après la Bretagne, il sera affecté au Pole financier à Paris et traitera de grosses affaires impliquant des politiques ou des partis, Urba, Elf et bien d'autres. A la fin de sa carrière, il sera même poursuivi par le conseil supérieur de la magistrature sur l'ordre du garde des sceaux, puis complètement blanchi. Tout ceci parce qu'il est pris involontairement dans un règlement de comptes entre deux candidats potentiels à la présidentielle, le gagnant décidera par la suite de lui faire payer cet affront.

Tout au long du livre l'auteur explique sa démarche avec un langage simple et non un jargon incompréhensible, il dénonce les nombreuses pressions subies. Il aura le courage de ne pas y céder, mais tous ses collègues n'ont pas cette force. le ministère de la justice peut exercer de grandes pressions et empêcher certaines enquêtes, l'auteur plaide pour que la justice deviennent vraiment indépendante du pouvoir politique comme c'est le cas en Italie.

Il dénonce aussi la corruption, qui ne gangrène pas que l'Afrique, l'affaire Elf met en lumière ce phénomène en particulier. L'agent circulait dans des valises remplies de billets et arrosait autant les chefs d'Etat africains que la vie politique française, pour des montants juste incroyables. On considérait ces pratiques comme tellement normales qu'Elf pouvait déduire ces commissions de ses bénéfices avant impôts. Certains fraudeurs sont très rusés et un homme politique actuellement emprisonné avait un titre de propriété au porteur pour sa magnifique villa, une invention bien pratique !

L'auteur dénonce aussi les paradis fiscaux, ceux situés en Europe ont fait des progrès sous la pression internationale (Suisse, Luxembourg,Monaco) mais d'autres pays moins regardant ont pris le relais et les riches ou les criminels ne manquent toujours pas d'opportunité pour blanchir leur argent.

Van Ruymbeke parle à plusieurs reprises de la Suisse. Dans les années 1990, il y a eu l'appel de Genève lancés par une quinzaine de magistrats européens à l'initiative de Bernard Bertossa, procureur général de Genève qui a été très actif dans les délits financiers. Mais comme les législations et la magistrature est affaire de canton dans notre pays, l'auteur souligne que certains d'entre eux. comme celui de Berne ne font vraiment aucun effort et font traîner les demandes autant que possible quand ils ne refusent tout simplement pas d'y répondre. On voit là aussi un effet de l'indépendance de la justice, à Genève le procureur général est un élu tandis que dans de nombreux autres cantons les magistrats sont nommés par le Conseil d'Etat (gouvernement local), et ceci en fonction de leur couleur politique, chaque parti a droit à tant de juges selon son poids électoral. Peut-on s'étonner qu'un juge nommer par un parti défende en priorité ou tel intérêt ?

J'ai beaucoup aimé ce livre qui donne des éclairages très intéressants sur plusieurs affaires très médiatisées, tout en nous partageant le vécu professionnel de son auteur. Un grand merci à Netgalley et Audiolib pour cette découverte passionnante.

#Mémoiresdunjugetropindépendant #NetGalleyFrance !
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Les mémoires du juge Renaud van Ruymbeke dans lesquelles il revient sur des "affaires" qu'il a eu a instruire et qui nous sont familières sans que nous les connaissions bien, Urba, Elf, Clearstream, Kerviel, Frégates de Taïwan, Caroline Dickinson, Karachi...sont instructives.
Il a commencé sa carrière par l'affaire Boulin ; Robert Boulin qui s'est suicidé et qui l'a mis en cause dans la lettre qu'il a écrite avant de mettre fin à ses jours. Cet épisode sera marquant et est un élément fondateur dans son parcours.
Il décrit les pressions du pouvoir exécutif et des politiques, la puissance des médias mais aussi l'évolution de la justice depuis ses années de jeune juge à sa retraite.
Il évoque l'argent sale, les paradis fiscaux, l'argent liquide qui transite, la coopération ou non coopération entre État.
Ces mémoires ne se perdent pas dans des propos trop techniques, sont intéressantes, pédagogiques mais néanmoins les faits restent un peu survolés.
Il n'en reste pas moins que je suis administrative de ces personnes qui avancent, qui résistent malgré les intimidations et les menaces.
Monsieur van Ruymbeke a mené sa carrière en respectant son éthique personnelle ; il avait sans doute besoin d'en témoigner et je suis contente d'avoir pu le lire et comprendre un peu plus ces affaires qui nous ont marquées.
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Très instructif. J'avais peur de me perdre dans les méandres des explications concernant les affaires qu'a dû gérer le Juge Renaud VAN RUYMBEKE. Je pensais que cela allait être ardu, compliqué et que je n'arriverais pas à suivre.

C'était sans compter sur l'écriture et la pédagogie de Renaud VAN RUYMBEKE qui a su décrire son travail, expliquer les méandres de la justice, les affaires compliquées et les implications des politiques dans les affaires judiciaires, quel que soit le Parti, les rapports avec ses pairs à tous les niveaux, de façon fluide et captivante.

Il décrit les bâtons dans les roues, qu'il a subit, d'une part de sa hiérarchie et d'autres part, des politiques. Les chausses-trappes et les difficultés à exercer son métier. Les complications et les pressions, notamment lorsqu'il exerçait sur le blanchiment d'argent et les paradis fiscaux.

Il n'a rien lâcher, et a toujours tenu la ligne qu'il s'était fixée : exercer son métier le plus juste possible, sans tenir compte des embûches. Sa détermination et sa ténacité à ne rien lâcher, quelles qu'en soient les conséquences.

Il fait part également de ses doutes, de ses réflexions l'amenant à mener telles investigations ou pas. Heureusement, il a toujours obtenu des soutiens de ceux qui avaient le même objectif , celui de la vérité et de la Justice.

Ce que j'ai découvert dans ce livre, c'est le gâchis de l'argent public à tous les niveaux et les corrompus de tous bords qui s'en mettent plein les poches, aux détriments du service public (hôpitaux, écoles…), des petites gens qui galérent dans la vie, et des pays qui souffrent. Oh, je ne suis pas si naïve que cela, mais je ne pensais pas que c'était à ce point. Edifiant !

Un livre à mettre dans toutes les mains, surtout des plus jeunes, pour comprendre les enjeux de notre société.

Grâce à des personnes intègrent telles que le Juge VAN RUYMBEKE, la Justice avance, certes à petits pas, mais peu à peu elle grignote et gagne du terrain. D'autant plus que la relève est assurée.
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Ce livre doit être pour moi doit être lu par le plus grand nombre.
Nous sommes actuellement au début d'une période présidentielle et les sujets abordaient dans ce livre devrait être mise en avant dans les médias de masses.
Merci à Monsieur van Ruymbeke pour avoir eu le courage d'écrire ce livre et pour la brillante carrière qui l'a faite.
Je ne comprends pas pourquoi il n'a pas été décorer d'une légion d'honneur ou autre distinction.
On ne parle pas assez de la place qu 'on les juges d'instruction.
En lisant son livre, je ne pensais pas voir une place aussi ténu entre la justice et la classe gouvernante.
En lisant, j 'ai été déçu de voir que sa probité envers la justice lui avait à plusieurs reprises comme pour d'autres fait subir des représailles.
On peut le voir actuellement la dichotomie entre le discours des politiques entre leur joli palabre et leur déclaration quand ils sont confronter à la justice.
L'indépendance de la justice face au pourvoir politique, le budgets que nous avons par habitants pour la justice, les mesures que l'Europe devrait mettre en place pour éviter les évasions sont des thèmes qu'il est question dans ce témoignages.
Il est question d'humain dans ce livre car dans chaque affaire c'est cela que l'on montre.
A certains moments, j'ai trouvé certains passage compliqué L'évolution des moyens techniques qui ont considérablement évolué et qui ont permis d'aider grandement dans certaines enquêtes.
Dans ce livre, on voit bien que la justice est cruciale pour notre démocratie.
Il rend un très jolie hommage à sa greffière et de son rôle.
Un magique témoignage sur le monde de la justice.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les refuges européens
La Suisse

Lorsqu’elle doit répondre de son comportement devant les procureurs américains, qui procèdent par injonction, la Suisse adopte une attitude radicalement différente. Ce fut le cas avec les listings de l’UBS.

À l’époque, je suis invité à participer à un colloque à l’OCDE sur le secret bancaire. L’OCDE, dont le siège se situe à Paris, au château de La Muette, est une organisation réputée pour son engagement contre la fraude internationale. Elle est à l’origine de la Convention de 1997 réprimant la corruption internationale. Un parterre d’avocats, de juristes et de représentants de nombreux pays assiste à la conférence. À ma gauche, à la tribune, la représentante fédérale de la Suisse intervient la première. Elle explique que son pays coopère activement et que des progrès considérables ont été réalisés.

La parole m’est ensuite donnée. J’avais prévenu l’OCDE : « Je viens, mais ma parole est totalement libre, on est bien d’accord ? » Fort de la réponse positive qui m’a été apportée (pouvait-il en être autrement ?), je ne peux m’empêcher d’interpeller à cet instant précis la représentante de la Suisse en lui tenant ce discours : « J’ai écouté avec beaucoup d’attention votre exposé, mais il y a une chose que je ne comprends pas. Aux États-Unis, dans un scandale visant une banque suisse, l’UBS, la Suisse a accepté de communiquer les comptes de milliers de ressortissants américains. Un dossier de même nature, visant une autre banque suisse, HSBC, est instruit en France. La Suisse a refusé de communiquer la liste des ressortissants français et, pire, le parquet de Berne a lancé un mandat d’arrêt contre le lanceur d’alerte. Pouvez-vous m’expliquer, Madame, pourquoi il existe une telle différence de traitement ? »

La représentante de la Suisse ne dit mot. Elle reste de marbre, son visage n’exprime rien. Je reprends la parole : « Écoutez, Madame, je me suis peut-être mal fait comprendre… » Je reformule ma question. Long silence. Le modérateur du débat intervient alors pour combler un vide devenu pesant et lance à la cantonade en se tournant vers moi : « Je crois que la représentante de la Suisse ne souhaite pas vous répondre. » Gêne dans la salle.

Quand on parle de justice internationale, faut-il entendre rapport de force ?
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Ces versements - on n'utilisait pas le terme "corruption " - étaient alors appelés pudiquement " commissions internationales ". Elles étaient même déclarées par ces entreprises au ministère des Finances et à la Direction générale des douanes. Dès lors qu'elles étaient approuvées, elles étaient défiscalisées et les sociétés pouvaient les comptabiliser en charges, réduisant leur bénéfice imposable. Elles avaient tout intérêt à suivre ce processus. Les commissions payées par la société Elf tolérées avant 2000 avaient donc été déclarées.
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En 2006, le dossier Clearstream est monté en épingle. Pris au piège d'un règlement de compte entre deux candidats potentiels à la présidence de la république, M. de Villepin et M. Sarkozy, je fus poursuivi devant un conseil de discipline. Les critiques des politiques n'ont pas cessé contre des juges présentés comme irresponsables.
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(Affaire Frégates de Taïwan)
Etrangement, plusieurs personnes ayant approché de près ce dossier ont trouvé la mort dans des circonstances non élucidées : le 10 octobre 2000, Thierry Imbot tombe par la fenêtre du quatrième étage de son appartement parisien où il venait d'emménager. C'était un ancien membre vde la DGSE, affecté en 1991 à Taïwan où il aurait été informé de la destination des commissions du contrat des frégates. Son père, le général Imbot, ne croit pas à la thèse du suicide. La brigade criminelle conclut à un accident. Le 18 mai 2001, Jacques Morrison, cadre de Thomson ayant suivi le contrat des frégates à Taïwan, chute du cinquième étage de son immeuble alors qu'il résidait au deuxième.
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Page 106



Le greffier est le premier partenaire du juge d'instruction. Il assure l'interface entre le juge et les tiers, qu'ils soient avocats, experts, enquêteurs ou procureurs...
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