Pour démarrer je voudrais dire que mes attentes envers ce livre était fort différentes de ce que j'ai pu y trouver. En effet, à ma lecture de la quatrième de couverture, je m'attendais à un voyage au travers des échanges épistolaires de sociologues ayant pour but de découvrir l'éclosion de notions, le développement des réflexions suite aux confrontations ou au contraire à un élan partagé.
Je m'attendais à plonger dans les branches de l'étude sociologique. Je m'attendais à un ouvrage qui traite de la sociologie.
Et finalement, celui ci se concentre surtout sur les sociologues, et plus dans une recherche historiologique que pour une sociologie des sociologues.
Je me devais de démarrer par cela, car cela a bien sûr conditionné ma lecture et ma perception du travail ici présenté.
On nous annonce dès les premières pages les caractéristiques de l'outil épistolaire, et celles ci seront reprises au fil des chapitres. Ma perception de chacun d'entre eux est très différente, et l'intérêt que je leur porte tout aussi hétérogène. En effet, bien que je suis sûr que de nombreux lecteurs seront comblés par ce que l'on peut apprendre sur la façon dont untel gère une équipe, dont celui ci se débat pour pouvoir enseigner malgré les critiques, et la façon dont le groupe s'est constitué, ça me donne une impression de recueil d'anecdotes musicales. En de rares occasions, savoir comment tel musicien a fait pour louer son van a plus d'intérêt que sa musique.
Je suis donc vraiment partagé sur cette lecture, et je pense que cela illustre les limites de l'étude par la correspondance.
On se retrouve face à une galerie de personnages. Alors qu'à l'heure où le débat public ne cesse de déglutir à nouveau l'idée de l'oeuvre et de l'auteur, je me suis bien plus intéressé aux chapitres portant sur les confrontations d'idées et la manière dont elles sont transformées par les lecteurs puis défendues par les auteurs à nouveau que sur les histoire de copinage pour créer des équipes ou être mis en poste. Un peu trop big bang theory de la socio pour moi, désolé !
Alors pourquoi un 3 étoiles alors que j'ai l'impression d'avoir sorti toute mon aigreur pour cette critique ?
Tout simplement parce que comme dit au départ : je ne suis pas la cible de cet ouvrage. Une erreur dans la communication s'est glissée quand j'ai lu la présentation sur la masse critique.
Je pense que pour un public séduit par ce sujet, l'étude est rigoureuse et illustre les pour et contre de l'utilisation de la correspondance dans la recherche sur les chercheurs. J'y ai appris quelques informations intéressantes, et me dois notamment de creuser les recherches sur ce R. Mutt de la sociologie évoqué en fin de chapitre 4 !
Merci à l'éditeur et à Babelio pour m'avoir fait confiance et peut-être à une prochaine fois :)
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L'idée d'utiliser la correspondance privée ou professionnelle pour essayer d'éclairer la genèse d'une discipline universitaire est tout à fait intéressante et innovante. L'ouvrage est une succession de 13 articles qui peuvent être lus séparément ou dans un ordre différent de la chronologie présentée dans le livre.
Selon les auteurs, l'examen de la correspondance peut permettre de découvrir le cheminement de la pensée au fil du temps. L'assiduité et la diversité des échanges sont autant d'éléments qui renseignent sur l'état d'esprit des rédacteurs comme des lecteurs
Ce qui est intéressant sans doute, c'est que cette correspondance, qui peut prendre des formes diverses en fonction des situations ou des personnes, donne des informations précieuses sur la façon dont se sont déroulées les choses. Ainsi en est-il par exemple du colloque de la ROCHELLE organisé par l'AISFL en 1982 et dont on perçoit le poids du président dans les choix épistolaires qu'il a effectué ou de la controverse entre Merton et Kuhn que les deux intéressés ont cherché à éteindre dans leur échange de courrier.
Principale source de communication jusqu'à l'avènement des média modernes, la correspondance constitue un matériau intéressant pour comprendre le monde mais aussi se l'approprier de l'intérieur. Les différents types de lettre (administratives, familiales, professionnelles, scientifiques, affectives) correspondaient à des codes aujourd'hui tombés pour la plupart en désuétude.
Cet ouvrage sur l'histoire de la sociologie est inspirant non seulement pour celles et ceux qui s'intéressent à la genèse de cette discipline mais aussi à tous les chercheurs qui peuvent être amenés à procéder à l'analyse de missives dans le cadre de leurs investigations.
Un grand merci aux presses universitaires du midi et à Babelio pour cette opération masse critique.
Critique de dmartineau
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C'est à une sorte de qualité artisanale individuelle, l'habileté interprétative, qu'est confiée la garantie de cette opération essentielle de la recherche historique qu'est l'interprétation de la plupart des textes, et en particulier des correspondances.
Une lettre obéit à des codes et des normes sociales ; elle dissimule autant qu'elle dévoile.