J'ai adoré le film «
Les plages d'Agnès » et je voulais absolument me procurer le scénario illustré d'Agnès Varda. C'est chose faite et j'en suis enchantée.
J'aime cette femme généreuse qui pourrait être ma mère et qui ouvre son coeur. Sur les superbes plages du Nord, en Belgique, entourée de miroir, elle va remonter le temps. Elle commence par cette superbe phrase « Si on ouvrait les gens, on trouverait des paysages. Moi, si on m'ouvrait, on trouverait des plages. »
Agnès Varda a un don de conteuse. Elle sait parler de tous ceux qui l'entourent parce qu'elle sait les regarder. Elle a d'abord été photographe avant de devenir réalisatrice.
C'est sur les plages de Sète qu'elle va grandir, avant de monter à Paris. Dans son film, elle va même jusqu'à reconstituer une plage dans sa précieuse rue Daguerre du 14e arrondissement, là où elle a vécue toute sa vie qu'elle a partagé avec
Jacques Demy.
Il faut dire qu'elle a connu des gens extraordinaires qu'il est difficile de tous nommer. Il y a des gens célèbres comme
Jean Vilar, Gérard Philipe où les protagonistes de la Nouvelle Vague, à laquelle elle a participé, mais aussi un tas de personnes anonymes qui ont toujours des choses à dire. Sans oublier sa famille qui compte beaucoup pour elle. C'est son mari,
Jacques Demy, qui est le sujet de sa plus profonde attention tant il lui manque encore aujourd'hui.
Ses plages nous emmènent aussi à travers le monde, en Chine, à Cuba, aux États-Unis où elle a vécu.
Mais Agnès Varda est aussi une bricoleuse. Elle coupe, découpe des petits bouts de morceaux (comme disait mon fils quand il était petit) pour faire un assemblage témoignage-documentaire dont elle seule à la recette. On y trouve des Voltigeurs sur fond de mer, l'interview d'une boulangère parisienne, des photos de famille, des extraits de nombreux films mais aussi de tournages comme cette pépite avec son ami
Jim Morrison qui est venu sur le tournage de Peau d'âne de
Jacques Demy. Il faut dire qu'elle a souvent la caméra qui traîne pour filmer l'envers du décor. Si elle aime les coulisses, elle aime aussi la place publique car elle s'engage quand il le faut, féministe précoce à sa façon.
C'est vraiment une femme unique qui nous fait traverser le 20e siècle avant de fêter ses 80 balais. D'ailleurs tous ses amis et voisins de la rue Daguerre viennent lui offrir de vrais balais pour fêter l'événement.
Je suis vraiment enchantée que ce beau livre «
Les plages d'Agnès », scénario illustré du film qui a reçu le César du meilleur film documentaire en 2009, soit désormais dans ma bibliothèque. Cela montre qu'il compte pour moi.