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EAN : 9782267030792
176 pages
Christian Bourgois Editeur (24/05/2018)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Le 16 novembre 1532, au coeur des Andes, l'Inca Atahuallpa, entouré de milliers de soldats, se porte à la rencontre de la petite troupe espagnole aventurée jusqu'à lui. Trois heures plus tard, son armée dispersée dans la nuit, il n'est plus qu'un prisonnier, souverain dépossédé d'un empire effondré au premier contact avec ses conquérants. Qui est ce personnage, Fils du Soleil adoré comme tel par ses sujets, despote dont on ne croise pas le regard, chef de guerre buv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je commence par remercier les éditions Christian Bourgois et Babelio pour ce magnifique cadeau. Je sors totalement enchantée de cette lecture. Entièrement ignorante du monde des Incas, j'ai été attirée par la sélection de l'éditeur en général et par la perfection matérielle de ses ouvrages. Je suis très satisfaite de mon choix, car ce livre historique se lit d'une traite, grâce à la plume admirable de l'auteur qui a raison de préciser dans une note que « ce récit, qui n'est pas l'aboutissement de recherches académiques, se défend cependant de tout dilettantisme ». Bien documenté en effet, ce « rêve partagé » est devenu une réalité littéralement captivante. La passion rigoureusement cultivée de l'auteur pour le Pérou, lui dicte de choisir tout naturellement la figure de l'Inca Atahuallpa, pour, à partir du « moment où le plus grand État de l'Amérique précolombienne s'effondre », braver l'absence de sources écrites le concernant et suivre la recommandation de Lucien Febvre dans Combats pour L Histoire afin de « faire parler les choses muettes » (y compris la musique). On est ainsi conduit sur ces routes incaïques « qui ébahirent les Espagnols dès qu'ils les découvrirent » et on emprunte des ponts suspendus, ou on s'attarde dans ces auberges appelées tambo. En voici une édifiante « chose muette » dont l'auteur conclut : « un paradoxe a voulu que ces routes, qui imprimaient sur le paysage l'image d'une toute puissance, aient été aussi l'instrument qui faciliterait la conquête et la chute des hommes du Soleil ». Sur les villes des Incas, on apprend qu'elles étaient « ordonnées et entretenues » par cette civilisation « presque exclusivement agraire ». Mais ce n'est que le début d'un cheminement historique méthodique qui analysera les fondements, l'essor, les institutions et la chute d'un empire lointain, mais rendu si proche par ce récit.
L'auteur porte sur les sources qu'il exploite avec un subtil esprit critique non dépourvu d'humour un regard lucide et personnel. Il intervient parfois à la première personne pour exprimer son incrédulité ou son admiration envers certaines interprétations des historiens et propose de pertinentes comparaisons notamment avec l'Empire romain.
Je me dois de souligner l'effort constant de variété dans le langage et l'évitement de répétitions maladroites ou inélégantes.
On peut encore noter utilement qu'une carte du Tahuantinsuyu en début d'ouvrage permet de s'orienter dans ce périple agrémenté de nombreux mots d'origine quechua.
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ISBN : 9782267030792

Merci aux Editions Christian Bourgeois qui, dans le cadre d'une "Opération Masse Critique" proposée par le site Babélio, nous ont gracieusement expédié un exemplaire de cet ouvrage.

Ni biographie véritable, ni biographie romancée, l'ouvrage de Gilbert Vaudey tente tout d'abord de reconstituer logiquement l'incroyable et rapide conquête du Pérou par Francisco Pizarro, et ensuite de nous restituer, par delà les siècles et l'absence de textes indigènes (les Incas ignoraient l'écriture), l'énigmatique personnalité de celui qui fut le dernier Inca, le dernier Fils du Soleil : Atahuallpa, qui fut exécuté, pour des raisons hautement politiques, le 26 juillet 1533, par ceux-là mêmes à qui il venait de faire verser une rançon astronomique.

Gilbert Vaudey met un point d'honneur à s'en tenir aux faits. S'il imagine, s'il suppute parfois, c'est que nombre de choses nous apparaissent aujourd'hui incompréhensibles, même en tenant compte de ce qui fut un véritable "choc de civilisations." Au centre, le plus grand mystère demeure Atahuallpa, cet Empereur si puissant que nul de ses sujets, fût-ce les plus élevés à sa cour, n'avait le droit de le toucher ou de croiser son regard. Un souverain qu'on peut placer au-dessus de l'autocrate tel que le conçoit l'Occident, qui, au matin du 16 novembre 1533, répond à l'invitation que lui a adressée Pizarro de lui rendre visite à son camp, en emmenant avec lui une armée forte de milliers de guerriers. Des guerriers qui, bien entendu, ne possèdent que leurs lances et leurs arcs pour combattre alors que, face à eux, les Espagnols disposent déjà de bouches à feu.

Quelques jours plus tôt, lorsque les ambassadeurs de Pizarro se sont rendus auprès de l'Inca, ils n'ont pas, cela va de soi, traîné avec eux ces fameuses bouches à feu. Mais ils allaient à cheval, des animaux que le peuple inca n'avait jamais vus auparavant. (Ce sont en effet les Conquistadores qui introduisirent le cheval en Amérique du Sud.) L'Inca n'avait d'ailleurs laissé transparaître aucune peur devant les exercices auxquels Hernando de Soto, le représentant officiel de Pizarro, se livrait sur son cheval. Excellent cavalier, il fait mine de foncer sur l'Inca et ne s'arrête que lorsque l'animal et l'homme se trouvent pratiquement nez à nez. Atahuallpa ne recule pas d'un pouce et il fera exécuter par la suite tous ceux, qui parmi les siens, auront montré leur peur de cet animal inconnu et étrange.

C'est donc dans des litières portées par de nombreux courtisans que l'Inca et sa suite viennent rendre sa visite de courtoisie à Pizarro. Celui-ci avait demandé à ce qu'il vînt sans gardes armés mais l'Inca a bien entendu refusé en arguant que cela ne se faisait pas dans la tradition de son pays. Et c'est là que se pose la première grande question sur Atahuallpa, lequel avait déjà montré ses talents de stratège et de chef d'Etat lorsqu'il avait dû affronter son demi-frère, Huascar, pour accéder au trône. Si l'Inca a pris la précaution de s'entourer de milliers de guerriers armés, c'est qu'il se défiait des Espagnols. Pourtant, arrivé en souverain, il ne faudra que cinq hommes, dont Pizarro, pour le faire prisonnier. Certes, certains guerriers et beaucoup de courtisans se sont précipités pour défendre Atahuallpa mais la majeure partie s'est ... enfuie, dans une totale déroute, et les Espagnols ont eu beau jeu de leur courir après et de les abattre.

Retenu en otage après la demande d'une énorme rançon - l'or, toujours cet or prodigieux que les Espagnols voient partout - l'Inca est, il faut le dire, traité honorablement par Pizarro. Peu à peu, Vaudey nous dessine la relation qui se met en place entre les deux hommes. Relation ambiguë puisque, en dépit de la curiosité sincère qu'ils éprouvent l'un envers l'autre (ne représentent-ils pas, l'un comme l'autre, une civilisation bien définie ?), voire du début de sympathie qui peut apparaître, tous deux n'en sont pas moins, en parallèle, des ennemis irréconciliables, l'un venant pour soumettre l'empire de l'autre à son propre souverain, Charles-Quint.

Mais le plus étonnant, c'est que les membres du gouvernement qui entouraient l'Inca ne tentent rien pour sauver leur maître. Certes, ils font des pieds et des mains pour réunir la rançon - et ils y parviendront. de son côté, l'Inca, qui a été admis à vivre chez les Espagnols en compagnie de ses femmes (épouses sans doute, concubines, soeurs ? simples servantes ?) ne tente rien pour s'échapper.

Pour les assistants de l'Inca, on sait que l'autorité du Fils du Soleil reste telle que, même dans cette situation désespérée, ils n'ont pas le droit d'entreprendre quelque chose de leur propre chef. Quant à la passivité d'Atahuallpa, elle s'explique d'autant moins que cet homme de trente-trois ans environ n'a pas été sans comprendre que les Espagnols lui avaient tendu un traquenard : comment et pourquoi, dans ces conditions, continue-t-il à croire que, la rançon une fois versée, il recouvrera sa liberté ?

Les Aztèques, peuple guerrier par excellence, s'étaient battus et avaient tenté de défendre Tenochtitlan (que Cortez rebaptisera Mexico, nom qui vient d'ailleurs de l'autre nom des Aztèques : "Mexicas"). Eux non plus ne connaissaient pas la roue, pas plus que le cheval. Les peuples qui leur étaient soumis les détestaient en raison de la quantité de victimes qu'ils exigeaient pour leur sacrifices. Les peuples qui ne l'étaient pas les détestaient tout autant. Rien de pareil avec les Incas. Certes, les sacrifices humains étaient pratiqués et les momies des Incas morts devaient recevoir chaque jour leur quantité d'offrandes matérielles. le peuple entretenait en sorte non seulement l'Inca vivant mais ses ancêtres. Si la roue n'existait pas, des routes avaient été tracées et l'économie était stable. Atahuallpa avait réussi à s'affirmer comme le seul Inca possible face à Huascar. Pourtant, cette civilisation tout de même un peu moins obsédée par la guerre et le sang que celle des Aztèques, ne connaissait ni l'écriture ni ... le calendrier. Face aux trois calendriers mayas, cela fait plutôt pauvre. Ou alors, cela prouve d'autres points d'intérêt.

Mais lesquels ?

Gilbert Vaudey ne prétend pas résoudre tous ces mystères. Si les Espagnols (à l'exception de quelques esprits éclairés et curieux) se sont empressés de brûler un maximum des codex aztèques et mayas, ils semblent bien avoir été ici frustrés par le fait que l'absence de toute écriture, de tout livre leur interdisait de s'introduire dans la culture inca, fût-ce pour la faire disparaître.

En principe - et bien que le mode d'exécution ne plût guère à certains chefs espagnols, dont Hernando de Soto - Atahuallpa devait être condamné au bûcher. le tout-puissant Clergé espagnol en avait décidé ainsi. Toutefois, Valverde proposa à l'Inca de le faire mourir par le garrot, ce qui laisserait son corps intact - un détail très, très important pour lui. Une condition était posée : qu'il se convertît à la foi chrétienne. Pizarro, de son côté, avait déjà promis de veiller sur les fils du condamné.

C'est donc par le garrot que périt Atahuallpa, le dernier des Incas souverains - ceux qui suivirent ne furent que des hommes de paille. Malgré les efforts de ceux qui, parmi les Espagnols, avaient été touchés par sa détresse et comprenaient que le maintien de sa dépouille mortelle lui était nécessaire dans la religion qu'il pratiquait et dont il était le représentant, avaient réussi à lui éviter le bûcher des hérétiques, Atahualpa, mort "converti", eut droit à des obsèques catholiques et fut non pas remis à sa famille mais inhumé.

Qu'importe puisque l'âme du Fils du Soleil avait rejoint son père. Selon la Tradition, une tradition encore bien vivante de nos jours au Pérou, les descendants de son peuple savent qu'un jour, le Soleil fera renaître, de la terre où il gît, son fils bien-aimé et martyr, Atahuallpa.

Un ouvrage sincère, passionnant, émouvant mais qui ne sombre jamais dans le pathos, un ouvrage écrit par un passionné de la civilisation inca et par la personnalité d'Atahuallpa. Gilbert Vaudey réussit dans ce livre à nous faire partager sa passion et à nous inciter à nous interroger non seulement sur l'Inca et son peuple, cela va de soi, mais aussi sur la personnalité de Hernando de Soto, d'abord hostile à l'Inca et qui, sur la fin, s'indigne de sa condamnation et prend, en quelque sorte, sa défense. Bref, une réussite. La preuve : dès que je peux, je m'achète un ou plusieurs ouvrages valables, complémentaires et surtout impartiaux, sur l'ancien Pérou, les conquis comme les conquérants. ;o)
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Quelle déception…

« On débusque sans trop de peine les catégories familières aux Espagnols pour envisager, par exemple, une succession au trône, mais éviter soi-même représentations importées et anachronismes à propos de la civilisation inca relève d'une marche périlleuse sur une ligne de crête où les faux pas sont quasiment assurés. »

Voilà, le ton est donné sur la forme littéraire de cet essai qui donne un peu la migraine car il faut parfois relire trois fois une phrase pour en comprendre le sens voulu par l'auteur. Et finalement, pour se rendre compte, qu'il a déjà dit la même chose, d'une autre manière tout aussi alambiquée, plusieurs fois avant… Et j'ai toujours horreur des répétitions même si elles sont bien cachées :-p

« J'ose aussi tirer argument de la mémoire qui est la mienne, quand ce qui éveille un écho en moi réclame un supplément d'enquête et, plus simplement, que je tourne un moment encore mon regard vers ceux qui ont été défaits. »

En fait, l'auteur n'a pas fini de pérorer et semble se rappeler un fait qu'il veut nous faire partager, encore un qui n'éclairera pas grand-chose sur le sujet de départ ;-)

« Cette concordance de fin je ne l'avais par contre pas préméditée, mais je l'accueille comme une reconnaissance de dette : il est juste qu'un livre se souvienne d'un autre livre quand celui-ci a suscité une rêverie si vive qu'elle a pu accompagner toute une vie. »

Dernière phrase de cette étude qui pour moi est la plus belle, la plus simple et la plus vraie. Si seulement tout le document avait été écrit comme cela...

Voilà un essai de plus de 170 pages qui se résumerait bien en un opuscule de 50 pages sans les circonvolutions intello-littéraires de l'auteur qui noie le lecteur dans un scribouilla savant assez vide de contenu.

Pour le fond, l'histoire est connue depuis longtemps et la civilisation Inca a été l'objet de romans et de documentaires plus édifiants que ce recueil un peu brouillon. L'auteur est passionné par son sujet et le traite avec beaucoup d'enthousiasme et surtout de recherches historiques mais son lyrisme littéraire et ses nombreuses répétitions détruisent le but recherché à savoir nous faire connaître un peu mieux l'Inca Atahuallpa.
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Très intéressant et bien documenté : le regard de l'auteur sur le mythique Atahuallpa m'a beaucoup plu. Il fait une excellente excellente synthèse des chroniques écrites au fil des siècles sur cette sombre période. Bravo !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
[...] à force d'attention aux parties disputées par ses gardiens, puis en s'enquérant sans doute des principes, l'Inca avait appris à jouer aux échecs. Qu'a-t-il cherché à y déchiffrer ? Une leçon de stratégie, un secret du mouvement dans l'art de la guerre ? Ou bien, dans la configuration des pièces–entre fascination et désabusement–, la trame d'une fable abstruse, une image du théâtre du monde où son étoile avait pâli ? Déjà je brode autour de ce qui n'est peut-être–pourquoi pas ?–qu'un simple dérivatif à l'inactivité. On ne sait rien de plus que cette historiette, juste assez pour que la rêverie se déplace vers ce jeu et le parcours qui, d'un berceau indien, le fait transiter par la Perse et de là, via les musulmans, gagner l'Espagne et la Sicile aux alentours de l'An Mil, y être lentement codifié, se répandre malgré l'opposition de l'Église, pour si étrangement débarqué dans le Nouveau Monde et y séduire, les derniers mois de sa vie, le maître demi-dieu d'un empire entré in extremis dans l'Histoire à la suite de la collision de deux temporalités.
(p. 78)
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[...] ... Jerez ne consacre à l'exécution que quelques lignes et au lendemain, à peine davantage. Plus concis encore, Estete évite toute dramatisation de l'événement et n'en retient que ce qu'il convenait de présenter comme l'essentiel : " ... on le tua. Mais pour lui, ce ne fut pas la Mort mais la Vie parce qu'il mourut chrétien. Et il alla, sans doute, au Ciel." Pedro Sancho de La Hoz a, par contre, laissé une relation circonstanciée des deux journées. La grand-place de Cajamarca, théâtre du guet-apens inaugural, réapparaît dans ce récit pour servir de cadre à l'épilogue. De nouveau, il est samedi, mais le 26 juillet 1533. De nouveau, la scène se déroule après le coucher du soleil, cette fois à l'appel des trompettes militaires et à la lueur des torches. La décision d'organiser de nuit ce dont on avait délibéré le jour visait à tenir autant que possible à l'écart la population indienne de la ville. Peine perdue : une foule accourt et se livre à des manifestations de désespoir. Elle se prosterne à l'apparition de l'Inca enchaîné (il avait été mis aux fers dès l'instant où la rumeur de l'approche d'une armée avait commencé à circuler) ou plutôt, nous dit-on, elle se laisse littéralement tomber sur le sol. Atahuallpa est attaché au poteau du bûcher érigé au centre de la place. Valverde l'exhorte à consentir au baptême, mais le seul souci de l'Inca tient à ses enfants : tous très jeunes, ils ont été emmenés pour l'heure dans la région de Quito ; il les recommande à la protection de Pizarro. Le dominicain revient à la charge et c'est là, sans doute, qu'il promet que la conversion vaudrait au condamné de voir substituer au supplice du bûcher celui du garrot (non pas le collier d'étranglement en métal brisant la nuque qui, pour les gens de ma génération, s'associe au souvenir de la dictature franquiste, mais une corde tordue avec un bâton jusqu'à provoquer l'étouffement). Ce dernier argument a dû être décisif : rien ne permet de penser qu'Atahuallpa ait pu, sur ce seuil, renoncer à ses convictions, mais il était essentiel pour lui que l'intégrité de son corps fût préservée afin de permettre sa momification et sa survie après sa mort terrestre. Ses fidèles pourraient prendre soin de son cadavre quand des cendres seraient à jamais dispersées. Parvenu en apparence à ses fins, Valverde administre promptement le sacrement (un exemple pour la foule amassée, de laquelle on entend bien extirper l'idolâtrie). Pour certains, l'Inca aurait reçu le nom chrétien de Juan en l'honneur de Saint Jean-Baptiste, pour d'autres celui de Francisco en l'honneur de qui l'on sait. L'exécution suit aussitôt. Atahuallpa est garrotté devant les Indiens accablés et des Espagnols récitant le Credo pour le salut de son âme. Sans que je comprenne bien pourquoi, on ne renonce pas à la mise-en-scène du bûcher qui est allumé, mais qu'on étouffe dès les premières brûlures aux vêtements. "Ainsi finit cet homme qui avait été si cruel. Il mourut avec beaucoup de courage, sans témoigner de faiblesse" : on tient avec ces mots toute l'oraison funèbre du clerc. ... [...]
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[Au] sujet [d'Atahuallpa], les faits avérés se résument à peu de chose : son apparition et sa capture à Cajamarca, sa mise à mort précédée de sa « conversion » et, entre les deux journées, le rassemblement de sa rançon, sont les seuls à être précisément étayés par les relations.
(p. 31)
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[...] ... Il semble que Valverde, qui est sorti au-devant de l'empereur en tenant un crucifix dans une main, un livre - Bible ou missel - dans l'autre, ait d'abord plus prosaïquement invité Atahuallpa à entrer dans le bâtiment qu'occupait au fond de la place Francisco Pizarro, pour y dîner et s'entretenir avec lui. Ayant essuyé en retour un refus et une série de reproches sur la manière d'agir des Espagnols, le moine brandit alors son livre : la révélation de la vraie Foi s'y trouve contenue. D'un signe, Atahuallpa se le fait remettre et, comme il ne parvient pas immédiatement à en manœuvrer le fermoir, l'homme de Dieu prétend l'y aider. Mal lui en prend : de même qu'aucun sujet de l'Inca ne se risque à croiser son regard, aucun d'entre eux ne saurait le toucher ou même l'approcher de près en dehors de rituels précis ; un rude coup sur le bras repousse l'impie. Le livre enfin ouvert, Atahuallpa le feuillette un instant, considère le papier, et, de plus près, les caractères, puis, tandis qu'un brusque afflux de sang lui monte à la tête, le jette à terre. On attendait un geste de soumission ou une offense, voilà un sacrilège qui libère les raisons d'agir. Autant de récits, autant de versions des paroles prononcées alors par Valverde, mais un dénominateur commun : toutes appellent à venger sans délai l'outrage fait à Dieu.

Francisco de Jerez décrit alors l'irruption de Pizarro. Avec quatre soldats, celui-ci se fraie un chemin jusqu'à la litière, saisit l'Inca par le bras gauche et lance le cri de "Santiago !" - le signe convenu. Un autre témoin veut qu'un étendard blanc ait été agité, suivi d'un appel de trompette. Quoi qu'il en soit, l'action aussitôt se déchaîne. La brusque décharge des arquebuses et bouches à feu provoque la panique parmi des Indiens qui, hors le tonnerre, ne connaissent rien de tel. Surgis des deux côtés de la place dans un tocsin de sonnailles, chevaux et cavaliers lourdement armés fondent sur eux aux cris renouvelés de "Saint Jacques !" et de ce "Sus aux livrées !" qui résonne si haut, tant s'exprime en lui, sans frein, l'insolence de la liberté féodale. ... [...]
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S'y adjoint à coup sûr le talent militaire : il sait que l'initiative ne décide pas de tout mais qu'elle assure un avantage.
(p. 14)
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Video de Gilbert Vaudey (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gilbert Vaudey
Gilbert Vaudey - le nom de Lyon .Gilbert Vaudey vous présente son ouvrage "Le nom de Lyon" aux éditions Bourgois. http://www.mollat.com/livres/vaudey-gilbert-nom-lyon-9782267025316.html Notes de Musique : Alphabetical (Album Sample) by Jared C. Balogh (http://www.alteredstateofmine.net)
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