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Maria Bejanovska (Traducteur)
EAN : 9782382461075
Agullo (22/02/2024)
3.7/5   5 notes
Résumé :
La guerre en Yougoslavie vient de se terminer mais son ombre continue de planer sur les survivants qui tentent de reconstruire leur vie. Beaucoup se demandent s'ils doivent partir, comme d'autres l'ont fait avant eux. C'est le cas de Miljan qui a fui à Vienne, laissant derrière lui la ville et un fils nouveau-né.
Aujourd'hui, c'est ce fils, Marko, écrivain frustré, qui fait la queue devant un consulat étranger pour obtenir son visa d'expatriation. Il y fait l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Je m'accompagne », quelle jolie expression . Comment s'accompagner soi-même ?
« S'accompagner », avoir ses rituels, trouver ses repères même en terrain inconnu, ici se place dans le contexte de personnes qui doivent changer de pays, de vies dû à des circonstances dont à l'origine ils n'en sont pas responsables . « S'accompagner », essayer de conserver une identité dans laquelle on se sent vivre, exister dans des contextes qui changent perpétuellement..
C'est Marko qui s'accompagne et Marija qui lui pose la question.
Deux personnages originaire de Belgrade, dont les destins vont se croiser dans la file d'attente devant le consulat hongrois à Belgrade. On les retrouve six ans après à Budapest….
Il y a aussi Kristina, l'amie de Marija partie définitivement aux États Unis six ans auparavant , originaire aussi de Belgrade…..et le papa de Marko, Miljan exilé à Vienne, bien avant la guerre de Yougoslavie . Quatre personnages en transit, « Une fois déplacés, ces gens ne se sont plus jamais installés. le voyage est devenu leur adresse permanente. »

C'est le troisième livre de l'auteur serbe Dragan Velikic, que je viens de lire . Difficile d'écrire un billet sur un de ses livres, tellement cette voix raffinée qui nous parle de quête d'identité et d'exil , thèmes récurrents chez lui, et de lacération au coeur de la vieille Europe, est insolite dans son mode d'expression. Dans une construction vertigineuse construite sur des dichotomies floues, présence/abscence, stagnation/ mouvement , choix/ résignation, qui ne garantissent ni frontières stables, ni points de référence, il nous invite à lire une histoire sans frontières, afin de comprendre à travers la vie de quatre personnes , ce que fut son/ leur pays qui n'existe plus et dont il/ eux éprouvent de la nostalgie comme si ce qui s'est passé n'avait pas ses racines dans un contexte antérieur, dans ses mythes, comme dans ses échecs. « C'est ainsi qu'une personne jusqu'à hier normale se dédouble; elle se dilue dans des existences possibles qui sont si réelles que sa vie présente se brouille …. », cette confusion des sentiments est renforcée par une forme elliptique qui rend la lecture assez ardue.
Ce texte est aussi une critique farouche de nos modes d'existences, où souvent on oublie l'essentiel , le vrai, l'important pour s'attarder sur le futil, ici l'apparence, « Informer l'opinion publique sur son propre bonheur. Être content et comblé parce que les autres croient que tu es heureux. », la fausse sécurité, « Faiblesse de rester avec quelqu'un par sécurité, par peur de la solitude », bref sur le faux qui fragilise encore plus nos existences.
À nouveau un grand roman d'un grand auteur contemporain serbe dont la recherche d'identité passe également par sa propre histoire qui fera son apparition à la fin du roman, étant lui-même également protagoniste du même sort que ses personnages , et d'où découle le titre du livre. Poignant !

« La vie n'existe pas sans la poésie.

Cimetières retournés.

Pleurs sur une tombe.

L'oeuvre est la seule mémoire.

Le dessin d'un bison dans la grotte d'Altamira.

Un puits au milieu du désert.

Murmure des civilisations disparues.

Sans la trace de la beauté, tout est vide et dénué de sens. »

« Les hôtels sont aussi des vies non réalisées. »
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Marija est dans la file d'attente du consulat pour obtenir son visa d'expatriation, tout comme Marko. Ils ne partent pas bien loin , de Belgrade à Budapest. Mais ils fuient plus qu'un pays . Ils partent à la recherche d'eux mêmes .

Quelle sensation de lecture étrange. Les pages s'enchainent autour de l'écriture qui oscille entre le coup de poing et la poésie et qui nous emmène dans un tourbillon de personnages , de lieux, d'époques . Et il faut quand même un peu s'accrocher , comme les personnages qui s'accrochent à leur vie , une vie faite de non dits , d'incertitudes , de déracinement.

Une vie dont on ne peut gommer le passé malgré tous les efforts et que même un océan ne peut estomper.
On a du mal à suivre l'auteur mais on le suit volontiers, comme on se laisserait porter par un courant à l'objectif inconnu.
On traverse l' Europe centrale , on palpe les désastres de la guerre. L'amour n'est jamais une histoire simple, encore moins quand le passé ne permet pas de s'appuyer sur quelques certitudes.
Le dernier chapitre est émouvant au possible et délivre sans doute l'idée que l'auteur avait derrière la tête.

Un livre singulier , dont les phrases portent la force que ces auteurs d'Europe centrale et particulièrement d'Ex Yougoslavie maitrise parfaitement.
Un livre qui ne plaira pas à tous les lecteurs mais qui n'en doutant pas en emballera certains.
Merci à Babelio et aux éditions Agullo pour leur confiance.
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Nous avons tous plus ou moins dans notre vie des non dits, des passés cachés douloureux, des secrets de famille C'est ce qu'ont vécu très violemment une grande majorité Des gens de l'ex Yougoslavie. Eux qui ont connu suite au décès de Tito et la fin de ce régime autoritaire, l'éclatement des provinces et la guerre entre communautés.
Comme disait Emir Kusturica dans un interview après le film "Underground", je suis né Yougoslave et je n'ai maintenant plus de pays, vous ne pouvez savoir ce que cela incombe Psychologiquement ..
C'est donc à travers les personnages de Marija et Kristina amies de jeunesse, de Marko son homme mais aussi de leurs proches ,le père de Marko et la tante de Kristina, qui avant eux avaient choisi de fuir le pays, que l'auteur serbe Dragan Velikic a essayé de nous faire prendre conscience des situations vécues par ses gens des Balkans expatriés.
C'est dans une écriture très fine, poétique qu'il nous amène avec eux dans leurs déchirements , leurs questionnements, leurs doutes dans leurs pensées les plus profondes, dans leurs reconstructions et leurs choix de vie loin de la mère patrie
J ai trouvé l'exercice très réussi et original, notamment le lieu choisi pour la rencontre de ces protagonistes en quête de réponses sur le passé de leurs familles, de leur vie, de la recherche de leur identité même, dans cette capitale historique de l'art de la musique qu'est Vienne, et où l'auteur n oublie pas de nous rappeler qu'il y fait si bon vivre .
un livre très profond que je ne peux que conseiller
Je tiens à remercier le site Babelio pour ce cadeau reçu dans le cadre de l'opération" masse critique" mais aussi les Edition Agullo pour la présentation de ce très beau livre.
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Avant de donner mon avis sur ce livre, je tiens d'abord à remercier l'équipe Babelio qui m'a envoyé ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.

J'ai sélectionné ce livre car le résumé m'a donné envie de le lire, ne connaissant absolument pas l'histoire de la guerre en Yougoslavie, je me suis dit que ça pouvait être une occasion pour apprendre.
Cependant, j'ai été très déçue par ce roman car je ne m'attendais pas du tout à ce récit-là. Je pensais que l'on allait suivre l'histoire de divers personnages juste après la fin de la guerre des Balkans. En réalité, on suit plusieurs personnages dans leur quête du sens de la vie, de soi-même et de la vérité sur le passé. J'ai donc mis beaucoup de temps pour lire ce livre.

En effet, la plume de l'auteur est très belle, très poétique on ne peut pas lui reprocher cela. Cependant, ce n'est pas le style d'écriture que je recherche. J'ai trouvé que le récit était long et que certains passages trop philosophiques à mon goût. Lorsque je lis, je recherche du dynamisme dans le récit car j'ai envie de m'évader et non pas de trop réfléchir à ce que je lis. Ici ce n'était pas du tout le cas, je n'arrivais pas à entrer dans l'histoire. Il m'est parfois arrivé de survoler certains paragraphes car je n'arrivais pas à trouver le sens de certaines phrases ou mots mis bout à bout qui, pour moi, ne voulaient rien dire.

Du fait du style d'écriture trop poétique et philosophique j'avais du mal à comprendre le fil de l'histoire. Notamment les "flash-back", en effet je ne me rendais pas compte tout de suite que nous étions dans le passé d'un des personnages.
Il faut savoir que ce roman fait environ 340 pages mais qu'il y a que 9 chapitres. de ce fait, les chapitres étaient trop longs. Dans certains chapitres on passait sur le point de vue d'un autre personnage, c'était parfois déroutant car je ne comprenais pas tout de suite de qui parlait l'auteur.

À propos de l'intrigue en elle-même, l'auteur s'est inspiré de sa vie à lui pour créer les personnes et le récit. L'histoire de chaque personnage est bien détaillée, réaliste et très recherchée. Les quatre protagonistes, se rencontrent tous par hasard à Vienne à la fin du livre. La façon dont ces retrouvailles se produisent est très bien amené par l'auteur.

Pour conclure, si vous désirez lire ce livre, il est nécessaire d'apprécier les récits poétisés et philosophiques qui suscitent la réflexion sur le moment présent.
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critiques presse (2)
LeFigaro
15 mars 2024
Dans des Balkans et une Europe centrale bousculés par l’Histoire, des personnages fuient et se retrouvent.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
11 mars 2024
L'écrivain serbe, né à Belgrade en 1953, entremêle avec brio des vies à reconstruire dans l'après-guerre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Derrière les grands mots des idéologies se cachent de si banales convoitises. Presque humaines. Sans le mantra du patriotisme, le nouveau partage du capital n’est pas possible. Cet énorme mécanisme de la machine de guerre – dont le fonctionnement exige la destruction de l’existence de tant de petites gens – est soutenu par des équipes de spécialistes, de banquiers et d’écrivains, d’historiens et de philosophes, de politiciens et de journalistes. Derrière les paroles et les serments, les missions historiques et les épopées, bat le cœur infatigable de banals pilleurs. Non, ce n’est pas la vérité, chuchotent les médiocres. Car, si c’est la vérité, nous sommes aussi des criminels. Et nous sommes trop nombreux pour croire la propagande antiguerre. Surtout ne pas changer le cours de la navigation.
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Ils étaient sortis sur le quai en se dirigeant vers la Capitainerie. Elle lui avait dit qu’elle voulait faire des études de microbiologie.
— Alors, nous sommes collègues, avait dit Raša.
— Comment, tu es microbiologiste ?
— Non, je suis poète. Mais tous les deux, nous nous occupons de la vie qu’on ne peut voir qu’au microscope.
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Je pense que le plaisir est l’unique mesure. Celui qui est honnête dans son calcul, il sait pourquoi il vit. On ne mesure pas le sens de la vie grâce au succès et à l’argent, mais avec la question : te sens-tu bien dans ta peau ?
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Marko devinait la relativité et la porosité de la notion de monarchiste. Dire d’un restaurateur, réceptionniste, caissier ou d’un simple employé qu’il est monarchiste signifie le classer dans un groupe de gens mécontents et silencieux, misanthropes nés, furieusement opposés à tout ce qui est nouveau et compliqué, dépasse leurs possibilités et leurs habitudes.
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Fais toi-même ta vie.
Il n’est jamais trop tard pour cet exploit. À vingt ans, chacun est ce qu’il veut être. À quarante, ce qu’il n’a pas pu éviter. À soixante, ce qu’il est.
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