A la vie à la mort... Quand la noirceur de la vie laisse son emprunte indélébile sur toi... Dans ta mémoire, qui pour faire face décide de "buguer" pour survivre... Ça donne un livre avec ce titre qui semble étrange... Mais qui prendra tout son sens...
L'auteur,
Hanna Vernet retrace avec une plume précise, l'histoire de ce couple à la dérive... Un couple dont la vie à deux est parsemée de doutes, de questionnement, qui peu à peu ne se connaissent plus... Enfin ont-ils seulement appris à se connaitre ? Ont-ils voulu s'apprivoiser ? Se confier ?
C'est une lecture très intéressante sur la communication, sur les mensonges que l'on peut faire consciemment ou par omission... Mais pas seulement... Il arrive parfois que la vie nous écrase avec ce qu'elle a mis sur nos routes et parfois notre cerveau n'a qu'une envie... Se mettre en pause... Mais sans compter sur le subconscient et là l'auteur arrive avec talent à faire surgir tout ce qui a pu être refouler par l'un des personnages.
Des personnalités complexes et chaque trait décrit les rend familier et on ne peut que vouloir comprendre, si les rêves, au sens réel du terme, de l'un, ne seront pas la perte de l'autre....
Malgré tout ce qui oppose ces deux êtres, qui se trahissent, se détestent parfois, mais restent ensemble... Comme une domination de l'un sur l'autre... Jusqu'au jour où la séparation inéluctable sera révélatrice des blessures de l'autre...
L'auteur nous entraine dans une atmosphère assez glauque, entre rêve et réalité, la frontière est parfois mince et au lecteur de trouver le ton... Entre les hallucinations, les souvenirs et les secrets, entre passé et présent...
La trame utilisée par l'auteur peu être déstabilisante, mais prend peu à peu sens et on en arrive à craindre cette fin qui arrive... Qu'on devine... Mais, qu'on pense impossible... Pourtant si l'auteur nous balance, sans fioriture, un uppercut que je n'ai pas vu venir... Avec une précision saisissante, elle illustre la perte de repère, la peur de cette vérité que l'on devine, l'impossible construction après un choc psychologique.
Le cerveau humain a cette capacité de nier l'évidence, au point que cela peut-être déconcertant... On refuse parfois de se souvenir, non par choix, mais pour se protéger de l'horreur que l'on a vécu... La noirceur de la vie est pourtant toujours tapie aux tréfonds de nous , prête à surgir et à nous dévorer, comme le ferait un loup...
Le parallèle que l'auteur fait entre le refoulement et les loups est une image très parlante, surtout pour un lecteur dont la vie aura été parsemée de chocs et pour qui les loups sont venus hurler dans la nuit... le déni ne peut rester sous-jacent une vie entière et il faut parfois affronter ses démons, ses loups... Pour avancer et se construire...
L'être humain ne peut avancer avec les blessures que son âme n'aura pas apprivoisé, pour apprivoiser son moi profond et surtout le loup qui sommeil en lui...
Nous avons tous notre loup et si nous voulons avancer, construire, aimer le mieux est d'apprendre à le dompter... Pour se comprendre, mais surtout pour aider l'autre à comprendre notre personnalité, nos silences, nos peurs...
Avec un récit court mais dense, avec des personnages meurtris, l'auteur aborde la résilience, le déni et la capacité qui se trouve en chacun de nous de trouver sa voix profonde et écouter ces blessures pour les apprivoiser et apprendre à vivre avec... Et ne surtout pas rester sourd aux loups qui hurlent en chacun de nous...
Merci à IS Editions et à Babelio, pour cette lecture. Je suis déjà fan de cette maison d'édition et ce récit ne fait que confirmer mon sentiment.