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Le journal de Raymond le démon tome 1 sur 1

Sarah Vignon (Autre)Luc Blanvillain (Autre)
EAN : 9782211312066
240 pages
L'Ecole des loisirs (17/02/2021)
3.73/5   13 notes
Résumé :
Quand Raymond le démon a accepté cette mission, il était très confiant, persuadé qu'il n'aurait aucun mal à détourner du droit chemin Anne-Fleur Berzingue. Sur les deux mille dernières années, jamais aucun enfant ne lui a résisté. Mais cette fois, il est tombé sur un cas difficile. Cette gamine semble allergique au vice. Impossible de lui faire commettre la moindre méchanceté. Raymond ne sait plus à quel saint se vouer... Il va devoir employer des stratagèmes diabol... >Voir plus
Que lire après Le journal de Raymond le démon, tome 1 : Où est le mal ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Incontournable Mars 2021

Ce roman de type "journal" ( ou "carnet") débute une nouvelle série jeunesse où le protagoniste est un anti-héro. Ça se veut surtout drôle, mais au-delà de l'humour caustique, parfois noir même, je note une profondeur et des sujets pertinents.

Bon d'abord, à quoi avons-nous affaire exactement? À un démon et contrairement à ce que suggère cette couverture plutôt moche, rien à voir avec cette espèce d'ectoplasme vert savon qui le représente. RZSQSODIUFQSX - ça s'écrit comme ça s'éternue - est un démon immatériel et comme ses semblables, tentent de rependre le mal. Mais il n'est pas particulièrement heureux de sa condition de démon "pour enfant" et un jour, son "boss" lui promet une promotion chez les démon "pour adultes" s'il parvient à corrompre une jeune fille en particulier. Anne-Fleur est une jeune fille qui se refuse à blesser autrui , à désobéir ou à profiter des faiblesses des autres. "une bonne fille", comme on dit. Indécrottablement bonne, au grand damne du démon. Après quelques tentatives infructueuse de lui faire commettre quelque acte méchant ou égoïste que ce soit, il va devoir passer à un stade supérieur: l'incarnation. C'est dans la peau de Raymond, "pauvre petite orphelin" placé en famille d'accueil que notre démon va enchainer les manoeuvres les plus loufoques - et malveillantes - afin de pousser Anne-Fleur "du côté obscure", sans réaliser que si le mal peut déteindre sur le bien, forcément, l'inverse est aussi vrai. Et quand les premiers sentiments amoureux s'en mêlent, Raymond pourrait voir sa meilleure opportunité de corruption se retourner contre lui.

On nage dans un gros bazar de contrastes dans ce roman, parce qu'il nous amène sur la frontière du Bien et du Mal, mais pour une fois, du point de vue du Mal. On y retrouvera donc les traditionnels archétypes limite stéréotypes tels que "le Bien est sage et prudent" vs le Mal est "cool et audacieux". Évidement, ça n'a rien à voir, et on le voit plutôt bien. C'est surtout une question de confiance en soi, la "coolitude", au final. Aussi, on y trouvera les nuances entre les"intentions" vs les actions qui sont clivés entre Bien et Mal. du genre "Si l'intention est bonne, mais l'action mauvaise, de quel côté sommes-nous?" C'est un peu ça l'idée générale de ce genre de roman: affronter les nuances de gris qui occupent beaucoup plus de place que Le Blanc et Noir aux extrêmes du spectre des comportements et des intentions.

La narration aussi est très amusante, car elle implique le lecteur. Elle sollicite même son opinion plusieurs fois, une bonne façon de pousser à la réflexion. Et parfois, Raymond nous insulte ( réveille toi paresseux!) ou nous félicite pour nos mauvais comportement , comme au début, où nous félicite de manger des bonbons en lisant le livre.

En fait, Raymond passe beaucoup de message avec la bonne vieille psychologie inversée: il félicite des comportements néfastes en soulignant les inconvénients qu'ils impliquent, par exemple. "J'aime que les jeunes fument tôt, ça les fait vivre moins longtemps", nous dira-il. Alors en matière de message, on est servis et à toutes les sauces: technologie abusives, émotions négatives, la plupart des vices et défauts salués, l'environnement, les stéréotypes de genre ( ah, oui, ils m'ont bien fait rire ceux-là!). En fait, Raymond met de l'avant justement les tendances manichéennes des enfants, spécialement les jeunes ados.

Un point moins évident, à priori, mais qui ne m'échappe pas, est la critique de "L'utra-bien". Je m'explique. Tout comme être très méchant est un extrême non-souhaitable, être trop gentil l'est aussi. Pourquoi? Parce les deux extrêmes sont nocifs et nuisibles. Hein? Remarquez par exemple Anne-Fleur et son "amour" pour Ryan ( le fils de la famille d'accueil de Raymond) est basé, comme l'a d'ailleurs noté Raymond, sur la pitié. Aimer sainement ne devrait jamais impliqué la pitié. Or, c,est ce que fait Anne-Fleur, qui dans son infini gentillesse, sort avec le garçon dont personne ne veut. Anne-Fleur a eu aussi du mal à verbaliser certaines opinion parce qu'elle craignait de faire du mal. Bref, Anne-Fleur est "trop bonne" et ça lui nuit. Et j'apprécie que l'auteur l'ait abordé et mit en évidence, parce que si on nous bombarde de toute part que "le mal est Mal", et bien, rarement on évoque que le "trop bien" est "mauvais".
D'ailleurs, Raymond, aussi convaincu d'être l'incarnation du Mal qu'il soit, fait le "bien" sans même sans rendre compte. Parce que Bien et Mal, au final, dépend aussi du regard des autres.

Dernier point: j'aime la manière dont l'auteur utilise l'aspect très superficiel des amours de pré-adolescents. Il s'en moque largement et c'est très drôle, parce que c'est aussi très vrai. Sortir avec un gars parce qu'il est "beau", c'est vraiment le comble de la superficialité.

Il y aussi dans la famille de Raymond de quoi rire. Ryan est ce qu'on appelle un "enfant tyran". Si l'enfant Roi était un pokémon, il évoluerait en "enfant Tyran", soit "l'enfant qui a le pleins contrôle de la famille et manipule les parents à ses propres fins". C'est pathétique à lire. Et bien sur, Raymond trouve ça génial.

Je souligne que l'humour est à prendre au second degré. Et que ce roman est l'un des plus drôle que j'ai lu. Sans doute parce que dans tout ce récit en Clair-Obscur se dessine aussi des formes très reconnaissables. Que ce soit notre propre passage à l'école pour les plus vieux où le présent pour les jeunes lecteurs, on peut tous s'y retrouver dans les constats - pas toujours très gentils - de Raymond. Ou tout simplement parce que Raymond dit tout haut ce que nous pensons tous tout bas.

C'est donc une très sympathique lecteur, qui allie savamment l'humour à la pertinence - parce qu'il y a curieusement pleins de trucs sérieux derrière ce livre pas très sérieux - avec un récit qui bouscule les conventions entre Bien et Mal et se rit des stéréotypes, pour notre plus grand bien et notre plus grand plaisir.

Pour un lectorat du troisième cycle primaire, environ ( 10-11 ans).

À voir!

*Il y a des dessins dans le roman, qui ne sont pas très beaux et qui donnent une forme bizarre à Raymond - surtout que dans le roman, il est soit immatériel , soit en pleins délire de création démoniaque, avec tous les attributs typiques: cornes, queue fourchue, ailes noires, yeux rouges et autres trucs débiles traditionnellement attitrés aux démons. L'image de la page 205 est donc totalement erronée. Et ce niveau de dessin ne convient pas au lectorat du troisième cycle - mon ( impertinente) opinion, bien sur.

Je vous invite à lire aussi ces quelques bons romans avec des anti-héro obscures:
- Fingus Malister
- École du bien et du Mal
- Orage, petit seigneur des ténèbres
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Si l'anglais C.S. Lewis est connu pour le monde de Narnia, ce royaume merveilleux qui attend sa délivrance pendant quelques tomes, il est aussi l'auteur à succès d'un malicieux ouvrage épistolaire beaucoup plus court, The Screwtapes Letters, traduit en français sous le titre Tactique du Diable, dans lequel un vieux tentateur expérimenté, Screwtape, essaie de transmettre son expérience à un démon néophyte, nommé Wormwood, chargé de saboter la foi d'un jeune chrétien.

Avec le journal de Raymond le démon, Luc Blanvillain s'est lancé dans une entreprise littéraire un peu similaire, mais à l'usage de la jeunesse, imaginant un démon pour enfants qui voudrait bien monter en grade. Un peu comme l'ange, dans le film de Capra, La vie est belle, mais de l'autre côté. Car il voudrait pouvoir s'occuper un jour des adultes, c'est plus sérieux. D'accord, lui dit son chef, vous aurez une promotion mais à une condition : faire quitter le droit chemin à une collégienne, Anne-Fleur Berzingue, qui, de toute sa jeune vie d'humaine n'a jamais commis la moindre méchanceté.

Les premières tentatives du démon échouant lamentablement, son chef décide de passer à la vitesse supérieure : l'incarnation. Ainsi naît Raymond le démon, qui va débarquer au collège d'Anne-Fleur sous les apparences d'un orphelin placé dans une famille d'accueil où végète Brian, le fils de la maison, accro aux jeux vidéo et phobique scolaire. C'est donc le journal de bord de Raymond, le collégien tentateur, que le lecteur, parfois interpellé directement par son narrateur, tient entre les mains.

Raymond multiplie les tentatives pour faire « tomber » Anne-Fleur, se servant notamment d'une de ses rivales, la belle et insupportable Bérénice, qui a un secret honteux bien caché. Luc Blanvillain brosse un portrait savoureux de la vie adolescente contemporaine, de ses élans généreux comme de ses ornières pathétiques. Sans rien révéler des différentes péripéties que vont provoquer les tactiques successives de Raymond, on peut dire qu'elles vont toutes échouer et même pire – pour la promotion de Raymond en tout cas : car elles vont aboutir le plus souvent à l'inverse du but recherché. Brian pourrait bien finir par se rescolariser et Anne-Fleur « tomber » effectivement, mais tomber… amoureuse. Au point de faire éprouver au démon à peau d'ado un chatouillement inconnu de lui, assez proche d'un sentiment humain : la jalousie [...]
(à suivre sur Litté'Jeune :)
Lien : https://littejeune.blogspot...
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Des barres de rires pour Raymond le démon, de l'école des loisirs ! Cette maison d'édition est dans mon top favori, alors quand j'ai eu ce roman entre mes mains, je l'ai lu immédiatement, et je peux vous dire que j'ai beaucoup rigolé.
On va suivre un démon qui susurre aux oreilles des enfants de faire des bêtises, mais pour cette nouvelle mission, il va devoir détourner Anne-Fleur du droit chemin, sauf que ça ne sera pas aussi facile que prévus. Impossible de lui faire commettre la moindre méchanceté.
J'ai vraiment adoré ce démon qui parle directement au lecteur entre deux pages en nous poussant à faire des bêtises ou mieux à nous conseiller d'aller prendre un dictionnaire en mettant des mots compliqués dans ses phrases.
Bien que ce soit un roman jeunesse où les enfants sont au primaire, le livre se lis avec facilité, il est très agréable, et c'est bourré d'humour. Ce genre de livre que je ne peux que conseiller aux enfants, notamment, a ceux qui n'aiment pas la lecture parce que je suis persuadé que ce roman leur fera aimer les romans !
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Raymond le démon est sur le point d'obtenir une promotion. Pour ce faire, il part en mission auprès de la jeune Anne-Fleur. A priori, rien de bien sorcier.
Sauf que la demoiselle ne semble pas du tout réceptive à ses manigances. Elle reste droite dans ses bottes. Trop parfaite, trop lisse.
Raymond va alors s'infiltrer dans le monde des humains, prêt à tout pour parvenir à ses fins...

Un journal plein d'humour, totalement incorrect mais pas trop quand même.
J'aime beaucoup l'idée de mettre en lumière un anti-héros. Raymond se donne à fond dans sa mission mais il n'est pas au bout de ses peines et le démon n'est pas forcément celui qu'on croit. Parviendra-t-il à faire plier Anne-Fleur? La petite fille est-elle aussi parfaite qu'elle ne le semble?
C'est une lecture avec beaucoup d'action et de rebondissements.
Raymond risque d'en perdre son latin et ça c'est très bien.
C'est une lecture qui fait sourire et réfléchir aussi l'air de rien.
J'adore l'écriture de Luc Blanvillain et il me tarde déjà de lire la suite...

Lien : http://parfumsdelivres.blogs..
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critiques presse (1)
Ricochet
12 juillet 2021
Un roman frappant, intelligent et drôle qui fait réfléchir l’air de rien sur de nombreux sujets d’actualité.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
(Cousin): Et puis, tu n'en as pas marre d'être une petit fille sage? Tes parents t'étouffent, avec leurs interdictions, leurs précautions, leurs recommandations. Dans un an, tu es au collège! Vis ta vie! Embrasse la liberté!

(Anne-Fleur): Je suis peut-être une petite fille sage, mais j'ai encore assez de jugeote pour faire la différence entre embrasser la liberté et me manger un réverbère à cause d'un cousin très beau, mais pas très gâté en neurones.

Et elle a refermé la fenêtre.

J'ai ajouté quelques précisions sur la fiche d'Anne-Fleur.

Tête = sur les épaules.

Yeux = en face des trous.

Langue = pas dans sa poche.
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Qu'en dis-tu petit lecteur? Un conseil à me donner? Non, bien sur, tu es là, à lire mon histoire, à moitié endormi, la paupière tombante, la lèvre molle, piochant régulièrement dans un paquet de friandises à base de chimie et de graisse d'animaux écrasés. De temps en temps, tu souris. Le plus souvent, tu te dis que j'ai raison, pour les devoirs et tout ça. Anne-Fleur t'énerves un peu, tu aimerais bien qu'elle craque. Moi aussi. Heureusement que tu ne recomptes pas régulièrement les friandises de ton paquet.
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- Je ne comprend pas, ai-je dit. Il n'était pas prévu qu'il y eût quelqu'un d'autre!

Marguerite a posé les deux mains à plat sur son sein gauche.

-Tu entends comment il parle, Raoul? "Qu'il y eût quelqu'un d'autre"! C'est extraordinaire!

-Oui, a confirmé Raoul. C'est un imparfait du subjonctif. Rarissime à notre époque!
Un imparfait du subjonctif...Il fallait falloir que je fasse attention. Quand je suis ému, j'ai tendance à mélanger les siècles.
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C'est la fameuse Bérénice qui me l'a donnée. Il faut que je dise un mot d'elle, d'ailleurs. Elle, ce n'est pas une amie d'Anne-Fleur, oh non, c'est une hyène, une vipère, une mygale.
Une humaine normale, en somme. Une humaine comme je les aime: bavarde, jalouse, hypocrite, gourmande, sotte, de celles qu'on retrouve ensuite dans les émissions de téléréalité ou dans les magazines de mode.
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(Ryan) Je suis un abruti! hoqueta-il, un débile! Un pauvre type!

J'ai tenté de le consoler.

-Oui, mais au moins, tu en es conscient. C'est important.
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