Pour moi,
Rose est avant tout un excellent spectacle de la compagnie "Le mouton carré" ! C'est après l'avoir vu que j'ai eu envie de me replonger dans l'histoire. le texte est porté par un couple qui à lui seul remplit tout l'espace, elle dans le rôle de la petite fille espiègle, lui en homme-orchestre donnant vie au petit monde de
Rose par une multitude de sons et bruitages souvent très drôles ! Il donne aussi sa voix aux personnages (Momo, Hélène, Steve, l'instituteur) qui sont représentés par des vêtements sur cintres que l'actrice anime en glissant la main dans une manche. Les cintres coulissent sur les fils en fonction des entrées et sorties des protagonistes. Un "théâtre d'habits sur fil musical" à voir absolument s'il passe dans votre région !
Je me suis longtemps demandé pourquoi
Rose appelait les adultes "lampadaires"... Et puis je me suis dit que ce que l'on attendait d'eux, c'était d'éclairer, dans le sens de "guider". Or les adultes se montrent bien décevants envers la fillette, pour qui d'ailleurs "envoyer balader les lampadaires, c'est une règle absolue."
Rose ne se fait plus d'illusion : les adultes sont incapables de la comprendre, encore moins de l'aider. Les différents instituteurs qu'elle a connus ne font que se renvoyer le problème accompagné d'un "bonne chance"...
Les pires sont tout de même ses parents : son père ne communique plus avec elle que par écrit afin de l'aider à "fixer les mots" et sa mère lui fait passer des tests de vocabulaire "comme à une débile" ! "Je crois que j'embête vraiment mes parents", se désole la pauvre fillette résignée. Et même si elle affirme :"Je m'en fiche, je n'ai besoin de personne", on ressent bien toute la détresse qu'elle doit éprouver... On comprend dès lors qu'elle s'identifie à "
Chien pourri", son livre préféré, l'histoire d'un chien que tout le monde rejette parce qu'il a des puces...
Pourtant le langage de
Rose n'est pas si incohérent. Il est en fait très imagé, elle construit des néologismes plutôt significatifs comme "dégoménager", association de "déménager" et de "dégager", qui traduit son sentiment de rejet. Dans sa bouche, "bonjour" devient "bon levant" (vous êtes-vous bien levé ce matin ?), "vous cassez la figure aux plus petits" donne "vous écrabouzez les minimums", et être amoureuse se dit "être coeurifiée". Une façon très visuelle de s'exprimer au bout du compte !
Et les autres enfants ne s'y trompent pas : "Tu m'apprendras à parler le
rose ?" demande un petit CP adorateur, "Tu veux être notre steak (chef) ?". Mais pour les adultes, c'est la panique,
Rose "contamine" leurs enfants ! "Ils veulent te mettre dans une école spéciale", confie Hélène. "Tout allait recommencer", panique
Rose. Car la véritable question est bien là : faut-il chercher à intégrer les enfants comme
Rose, ou au contraire les écarter dans des instituts spécialisés ? Une petite fille diagnostiquée comme "intelligente et émotive" par les spécialistes...
Heureusement tout se termine bien, et on achève sa lecture heureux d'avoir passé un moment dans le drôle de monde de
Rose !
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