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EAN : 9791030409284
224 pages
Allia (01/08/2018)
5/5   2 notes
Résumé :
Le 26 mars 1941, Boris Vildé, figure de la résistance, est arrêté par la Gestapo et incarcéré. Il entame à partir de septembre la rédaction d’un journal de prison. Dans ce document incomparable, on découvre les visites, l’obsession de la nourriture, la solidarité, les rêves… Dans la solitude, il va jusqu’à entamer un dialogue avec lui-même, qui forme comme des pages à part de son journal.
En janvier 1942, c’est le début d’un procès au verdict sans surprise : ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai dévoré le journal de Boris Vildé écrit de juin 1941 à janvier 1942, durant son incarcération avant son jugement et sa condamnation à mort en tant que résistant durant la seconde guerre mondiale. Il est passionnant.

« Journal et lettres de prison » est précédé de « De Saint Pétersbourg au Mont-Valérien » par Dominique Veillon et suivi de « La lumière qui éclaire la mort » par François Bédarida. Je recommande vivement la lecture de ces textes en respectant l'ordre dans lequel ils sont proposés, car ils situent les écrits de Vildé dans leur contexte et leurs apportent un précieux éclairage.

La femme de Boris Vildé, Irène, lui apportait des livres, essentiellement de réflexion philosophique ou religieuse. Cela l'aidait à mener une réflexion sur lui-même, sur son moi intérieur.

Boris Vildé considère le monde et la vie comme un jeu et ne prend rien au sérieux. Il a failli périr dans une tempête, en riait et défiait la mort. Il se plaît toujours à chercher le plus difficile et tire toujours profit de l'adversité. Il trouve que la prison lui fait le plus grand bien, car elle lui sert à voir clair en lui-même, elle lui permet de trouver en lui les ressources d'une vie intérieure intense.

Il ne se fait pas d'illusions, est convaincu que c'est la mort qui l'attend à l'issue de son procès, tout en espérant cependant pouvoir y échapper.
Cependant, le 22 décembre 1941 il écrit : « On s'habitue à tout, même à l'obscurité. Seuls les yeux font un peu mal à force de regarder dans la nuit et de lire dans le crépuscule ; à la longue ils seraient abîmés, mais comme je ne compte point vivre plus de quelques semaines… »

Le 6 janvier 1942, avant-veille de l'ouverture de son procès, Vildé cesse la tenue de son journal, et après avoir hésité à le détruire, car c'est avant tout pour lui-même et sa prospection intérieure qu'il l'a écrit, il en joint les feuillets à une lettre du 16 janvier à sa femme. le 23 février, il lui écrit une dernière lettre, quelques heures seulement avant d'être fusillé.

Boris Vildé est véritablement un être d'exception, un être d'élite, une notoriété scientifique à la prodigieuse culture, raison pour laquelle nombre de personnalités sont intervenues après sa condamnation à mort pour obtenir sa grâce ou la commutation de sa peine, mais en vain, hélas.
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Boris Vildé est l'un des fondateur du célèbre réseau du Musée de l'homme, l'un des premier réseau de résistance à avoir vu le jour dès 1940. Appelé ainsi car fondé au sein du musée ou Boris et les autres travaillait. Presque tous étaient des chercheurs, scientifiques, anthropologue ou ethnologues (dont Germaine Tillon par exemple). Mais malheureusement le réseau, comme tant d'autres a été démantelé, et ses membres traduits en justice par l'occupant...
La plupart d'entre eux, dont Boris, seront exécutés au Mont-Valérien le 23 février 1942.

Boris Vildé a écrit ce journal justement pendant sa captivité à la prison de Fresnes, en attendant son procès. Il y consigne ses sentiments mais aussi toutes ses impressions sur le monde, la vie et surtout la spiritualité; sujet qui le fascine. Il lit sans relâche les livres que son épouse et ses beaux-parents lui envoient par colis, livres de sciences humaines: philosophie, psychologie, domaines qu'il affectionne beaucoup également. Et il y note ses analyses sur ces lectures. Ses réflexions sont si poussées et intenses qu'il est parfois difficile de les suivre pour un profane.
En somme ce journal est un mélange de réflexions intenses en tout genre ou l'on décèle la grande culture et la grande ouverture d'esprit de Boris. Cet ethnologue d'origine russe devenu grand résistant français. Lui le cosmopolite parlant russe, allemand, français, estonien, finnois et j'en passe, mais qui a trouvé en la France une maison et un amour. A tel point que se battre pour elle est pour lui une évidence.
Homme fasciné par les Hommes, touchant, émouvant en lisant ce journal on entre dans son intimité et on s'y sent honoré.

Le journal est suivi par une analyse puis une explication de l'histoire du réseau du Musée de l'Homme, ainsi que du déroulement de leur procès et leur fin tragique. Un complément que j'ai trouvé important et nécéssaire.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Tant qu'on opposera la vie à la mort, on n'avancera pas. Il n'y a pas d'opposition. L'une accomplit l'autre, la prolonge, la complète. Comme il n'y a pas d'opposition entre les deux sexes.

25 juin 1941, p. 25
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De même dans la vie : je me pousse exprès dans des situations graves ou désespérées pour voir comment je m'en tirerai, ou bien comment la vie s'y prendra pour résoudre une situation compliquée. C'est merveilleux d'être arrivé à un point d'où seul un miracle peut vous sauver (surtout qu'on n'est pas toujours sûr que le miracle survienne).
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J’ai des parents, pour qui j’ai une affection profonde, et j’ai des amis. C’est pourquoi je resterai encore longtemps vivant dans leur mémoire. Où veux-tu survivre aux êtres chers et les voir partir l’un après l’autre ? Et chaque fois c’est aussi un peu ta mort à toi.
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Il n’y a pas de raison peut-être, mais j’aime la France. J’aime ce beau pays et j’aime son peuple. Oui, je sais bien combien il est mesquin, égoïste, pourri de politique et victime de son ancienne gloire, mais dans tous ses défauts il reste infiniment humain et ne voulant à aucun prix sacrifier sa grandeur et sa misère d’homme.
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La prison, c'est une école, un apprentissage du sensoriel.

16 octobre 1941, p. 104
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