Démon ou archange de la Révolution ?
Après un premier séjour mouvementé à Paris,
Saint-Just revient à Blérancourt en Picardie, là où il a grandi. Ces trois années jusqu'à son élection comme député, il va les passer auprès du peuple et pour le peuple. En effet, malgré les lois de 1789, la Déclaration des Droits de l'Homme, l'abolition des privilèges, rien n'a vraiment changé dans les campagnes.
Saint-Just et ses amis vont lutter contre l'aristocratie et la bourgeoisie locale et subir beaucoup d'échecs et d'humiliations de la part de ces derniers qui entendent ne renoncer à aucun de leurs privilèges.
Elu député,
Saint-Just va tout de suite rejoindre
Robespierre dont il est un grand admirateur comme il le lui avait écrit quelques années auparavant et devenir membre du Comité de Salut Public dont il deviendra le tribun le plus brillant et le plus emblématique.
Alors
Saint-Just, démon comme on le présente depuis des années ?
Démon lorsqu'il justifie la Terreur au nom d'une meilleure égalité et liberté ?
Démon sûrement aussi, quand il prélève des impôts énormes sur la bourgeoisie des villes lorsqu'il est en mission aux armées, pour habiller, chausser et nourrir les soldats de l'An II qui vont sauver la patrie ?
Démon sûrement encore, lorsqu'il décrète d'accusation les accapareurs, les profiteurs aux armées qui détournent l'argent destinée aux fournitures ?
Archange peut être ?
Lorsqu'il fait voter le décret qui donne lieu à une division en petits lots des biens de l'église ou des émigrés, pour qu'un plus grand nombre de paysans pauvres puissent accéder à la terre. Décret qui, après sa mort, ne sera jamais appliqué !
Archange aussi, lorsqu'il prend fait et cause pour la sans-culotterie et vote le maximum sur les denrées et le prix du pain.
Saint-Just restera dans l'imaginaire, associé à
Robespierre, comme l'initiateur de la Terreur - ce qui est faux - et donc responsable de milliers de morts. Il était avant tout un idéaliste, grand admirateur de la doctrine et devise "Liberté Egalité Fraternité" et qui s'est battu pour elle dans une période propice à tous les excès. Il rêvait d'une société fraternelle...
Démon encore lorsque l'on sait que tous ses ennemis de Blérancourt qui l'avait tant humilié, lui et ses partisans, lui ont survécu alors qu'il aurait suffi d'un seul mot de sa part ...
Une biographie magnifique, argumentée qui réussit à rester impartiale sur un sujet et un personnage, parfois ambigu, contradictoire et largement clivant.
A lire absolument pour les admirateurs de
Saint-Just .......... ou pas !