J'avais eu envie de lire
La guerre des pauvres rien qu'en voyant ce titre, et j'ai eu un mouvement de recul en lisant le résumé : cela se passe en 1524, en Allemagne, où le peuple se soulève. Parmi elleux, un homme, Tomas Müntzer, qui va mener la révolte.
Alors bien sûr, ce livre semblait très intéressant, mais j'ai juste pris peur : peur d'être perdue par rapport à la temporalité du livre, peur que mon manque de connaissances en Histoire me fasse défaut, peur de ne pas comprendre... peur de ne pas être suffisamment cultivée pour
Eric Vuillard. Puis, sachant que ce dernier venait en rencontre dans ma ville, je me suis lancée.
Parce qu'il aurait été dommage de me priver de cette lecture juste parce que je ne me sentais pas assez intelligente et cultivée. Cet ouvrage raconte un soulèvement de personnes pauvres, il est donc aussi fait pour moi, il serait complètement illogique de laisser notre Histoire qu'aux "intellectuel·le·s".
Je l'ai lu la veille de la rencontre, et, chose que je ne fais jamais, je l'ai lu une seconde fois après. Cela m'a permis de mieux comprendre le récit, d'autant plus que j'avais eu de plus amples informations grâce à la conférence.
Eric Vuillard a voulu raconter cette révolte de 1524, qui découlait de la création de l'imprimerie et qui a été menée par Tomas Müntzer, un pasteur qui avait écrit le "Manifeste de Prague" dans lequel il s'adressait aux personnes qui, à force de courber l'échine, ne voyaient plus le ciel et Dieu. En 68 pages, il raconte le parcours de cet homme, en débutant par la pendaison de son père, et comment le soulèvement s'est déroulé.
Avec ce qui se passe dans l'actualité française, il y a comme un écho mais qui, pour moi, résonne au loin... parce que toutes les révoltes sont différentes. D'ailleurs, l'auteur a écrit ce livre avant ce nouveau soulèvement du peuple.
J'ai beaucoup aimé le style d'écriture parce qu'en nous racontant une histoire d'il y a plusieurs siècles, l'auteur parvient à s'inscrire dans le présent. Ces mots m'ont touchée, captée. Ils ont résonné en moi. Je ne résiste pas à l'envie de vous en citer : "C'étaient bien les paysans qui se soulevaient. À moins d'appeler Dieu la faim, la maladie, l'humiliation, la guenille."
Des propos qui, selon moi, sont très justes, tout comme ceux-là : "Le martyre est un piège pour ceux que l'on opprime, seule est souhaitable la victoire." Durant la rencontre, il a d'ailleurs dit quelque chose concernant la romantisation de la défaite : "Les révoltes populaires sont belles qu'à condition de se faire écraser, les héros populaires sont bons qu'à condition de se faire décapiter."
Un bel ouvrage que je conseille à tous et à toutes. Et surtout aux pauvres, à la classe populaire, au peuple.
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