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EAN : 9782810005987
512 pages
L'artilleur (24/09/2014)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Identifier les racines de l'événement le plus destructeur de l'histoire moderne, et pour y parvenir, prendre les nazis au sérieux, à la recherche de ce qu'ils croyaient vrai et de leurs projets tels qu'ils se les exprimaient à eux-mêmes, telle est la méthode de ce livre. Il apparaît que le projet nazi est né en rassemblant des éléments qui étaient tous présents avant lui, qu'il leur a donné une vigueur d'exécution implacable mais surtout, qu'il ne s'est pas entièrem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il convient tout d'abord de préciser que le Professeur Vullierme n'est paz un historien professionnel. Ce n'est lui faire injure que de le constater. Normalien, possédant une double formation de philosophe et de juriste, il a été titulaire de la chaire de philosophie du droit à La Sorbonne Paris I, c'est sans contexte un grand intellectuel. L'essai qu'il nous a livré il y a un peu moins de dix ans sous le titre "Miroir de l'occident : le Nazisme et la civilisation occidentale " en témoigne par ses qualités d'analyse et son érudition, mises malheureusement au service d'une thèse contestable, et au prix de quelques erreurs de raisonnement.
L'auteur révoque en effet en doute les explications du nazisme généralement admises, fondées sur des spécificités diverses, qu'il s'agisse de la culture allemande et du mouvement volkisch, de la situation politique et économique de l'Allemagne après la Grande Guerre, de la personnalité exceptionnelle et pathologique d'Adolf Hitler, ou d'explications plus générales telles que la banalité du mal théorisée par Hannah Arendt, au profit d'une thèse déjà développée au demeurant sous une forme un peu différente dans divers ouvrages de Zeev Sternhell, que le titre de l'ouvrage résume parfaitement: le nazisme dans ses diverses composantes serait une résultante d'une idéologie que l'on pourrait qualifier d'occidentale, portées évidemment à un Degré extrème.
Cette idéologie serait basée sur un racisme "systémique" pour employer un terme à la mode, une volonté d'exclusion de l'autre, de replie sur soi, aboutissant à ce que l'auteur n'hésite pas à appeler "idéologie de l'extermination"; dans un passage surprenant dans un ouvrage à caractère scientifique,mais révélateur des intentions de l'auteur, il s'adresse directement au lecteur, à la deuxième personne , pour lui dire substance que, s'il est prêt à adhérer à certaines idées, à accepter certaines politiques zr pratiques de la part de son gouvernement, il est un nazi potentiel.
L'ennui, pour qui n'est pas prêt à le suivre, est que certaines de ces idées sont partagées par ceux que l'on qualifie péjorativement de populistes ou nationalistes, qui sont attachés à la défense de la culture occidentale, et se refusent à la vouloir dénaturée et détruite, qui par exemple ne sont pas prêts à accepter une immigration incontrôlée et ses conséquence sur l'identité nationale et européenne,, sans pour autant être prêts à participer à un Einsatzgruppe ou à approuver son action, contrairement à ce que ledit l'auteur.
En d'autres termes, et avec beaucoup de subtilité, il en arrive néanmoins au point Godwin, dans une intention éminemment politique.
Et on est un peu surpris de la voir s'efforcer dans ce but de constituer le nazisme en un corps de pensée cohérent, et à prêter à Hitler des qualités rationnelles et conceptuelles qu'on lui refuse généralement à un tel degré.
Il ne s'agit bien évidemment pas, et à aucun degré, d'une tentative de réhabiliter le nazisme ni de lui donner des lettres de noblesse, mais de l' englobée dans une réprobation commune avec des idées parfaitement honorables, et de culpabiliser ceux qui pourraient les partager.
Par ailleurs l'auteur discerne un certain nombre de phénomènes présents en Allemagne dans les années vingt, dont certains reposent d'ailleurs sur des concepts qui lui sont propres (acivilisme, anempathie) ce qui implique qu'il suffirait de créer et de définir le mot pour créer la chose et donc sur l'idee que le langage est performatif, et affirme ensuite, ce qui est une pure hypothèse d'école que la coexistence de ces mêmes phénomènes dans n'importe quel pays aurait pu provoquer un phénomène comparable au nazisme sans se demander justement si cette coexistence aurait été possible dans n'importe quel pays qui n'aurait pas possédé les spécificités culturelles de l'Allemagne de l'époque. Il est permis d'en douter
de même cette théorie minimisé à l'excès les conséquences de la personnalité pathologique exceptionnelle d'Hitler, condition sans doute non suffisante mais nécessaire à l'apparition du nazisme.
Tout cela traduit une conception mécaniste de l'histoire, reflétant probablement les présupposés philosophiques de l'auteur, ce qui n'est pas de bonne pratique

Pour autant , le livre n'en est pas moins intéressant; il contient malgré tout certaines analyses pertinentes, et se fonde sur un travail de recherche considérable des résultats desquels on peut toujours espérer tirer quelque chose
C'est pourquoi sa lecture peut être profitable, en gardant bien à l'esprit l'endroit où l'auteur entend mener son lecteur et par quels moyens?
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SI LE NAZISME M'ÉTAIT CONTÉ.
Cet excellent livre d'histoire dissèque l'idéologie nazie et analyse ses conditions de survenue : les conclusions sont que, toutes choses égales par ailleurs, il aurait pu survenir dans tout autre pays occidental si les conditions de sa naissance avaient été réunies : suprématie raciale, eugénisme, nationalisme, antisémitisme, propagandiste, militarisme, bureaucratisme, autoritarisme, anti parlementarisme, positivisme juridique, messianisme politique, colonialisme, terrorisme d'État, populisme, jeunisme, historicisme, esclavagisme. Quand tous ces ingrédients sont présents, vous ajoutez les conséquences du traité de Versailles et l'inflation liée à la crise économique de 1929, vous saupoudrez « d'anempathie » (néologisme : n'accorder aucun sentiment à la souffrance d'autrui) et « d'acivilisme » (autre néologisme : pas de protection spéciale pour les populations civiles dans les opérations militaires), et vous obtenez la violence inouïe du nazisme.
Il est né en Allemagne parce que la conjoncture favorable était présente : ce n'est pas le peuple qu'il faut condamner mais l'idéologie qui en a forgé les structures.
L'auteur considère le cas des USA : tous les arguments antisémites formulés dans Mein Kampf sont réunis dans les opuscules rédigés de 1920 à 1926 par Henri Ford, le patron de l'automobile, dont Hitler s'est probablement largement inspiré. D'ailleurs, le seul portrait présent dans le bureau de Hitler était une photographie de l'industriel américain.
La stérilisation eugénique : refusée par le peuple allemand, elle a été pratiquée en Amérique sur au moins 60 000 citoyens à partir de 1900, visant à terme 14 millions de personnes aux États-Unis. Elle ne prit fin qu'en 1956.
En 1939, Ford Amérique fournit à Hitler des véhicules de transport de troupe, munitions et pièces détachées d'avion.
L'auteur fait un parallèle entre conquête allemande de l'est (le lebensraum) et conquête américaine de l'Ouest : établir une colonie de peuplement sur un vaste territoire duquel les populations indigènes seraient « évacuées ». le fondement idéologique étant le suprematisme raciale. Heureusement, les États-Unis n'ayant pas de parti unique (condition nécessaire ), étaient prémunis contre cette dérive politique.
Le nationalisme : c'est quand on passe des empires à géométrie variable selon les conquêtes (Charlemagne était allemand pour les Allemands, français pour les Français), à une multitude de nations autodéterminées délimitées par des frontières précises, qu'apparaît le sentiment national. Les slovaques de l'empire austro hongrois par exemple n'avaient aucun sentiment national tant qu'ils étaient au sein de l'empire. Et sans nationalisme le nazisme n'aurait pas été concevable.
Les atrocités : l'anempathie est une condition sine qua non d'une extermination. Elle a subit une intensification très puissante en Occident à compter de l'expérience coloniale qui répand une perception déshumanisée : extermination des Hereros en Namibie ( 65.000 morts) par les allemands en 1904, répétition générale de celles des juifs en 1939. Cette anempathie n'est pas naturelle chez l'homme. Nous sommes spontanément sensibles au sort d'une personne dont nous ignorions l'existence dès lors qu'elle est identifiée et nommée et n'est pas présentée comme méchante. Nous sommes touchés par exemple devant l'image télévisée d'un bonze qui s'immole par le feu. Mais dès lors qu'un groupe visé est diabolisé ou déshumanisé, la capacité d'exécuter personnellement des actes répugnants est induite par l'accoutumance, et ce d'autant qu'elle est collective, comme dans le cas de médecins s'endurcissant à la dissection par des plaisanteries de carabins. le messianisme politique : en accord avec Zweig « celui qui apporte aux hommes une nouvelle illusion d'unité et de pureté commence par tirer d'eux les forces les plus sacrées : l'enthousiasme, l'esprit de sacrifice. »
La deuxième partie du livre concerne les thérapies cognitives, avec l'humanisme qui permet seul de lutter contre des idéologies malfaisantes. Par exemple, Gandhi avait combattu l'Antagonisme avec des armes non Antagonistes mais dans un but Antagoniste malgré tout.
La troisième partie reprend l'origine du sionisme et la problématique de la création de l' état d'Israël.
Un très bel ouvrage de référence à garder dans sa bibliothèque.
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Dans Miroir de l'Occident, le nazisme et la civilisation occidentale (Jean-Louis Vullierme ; 2015) la foi, certes, existe dans les idéologies mais elle ne suffit pas à faire d'elles des « religions séculières » parce que le Führer ou le Prolétariat ne sont pas des dieux mais des « principes supérieurs ». Outre le fait que la présence d'une véritable foi atteste bien d'une dimension religieuse au sein des totalitarismes, on rappellera que, justement, la religion se définit par un ensemble de croyances et de pratiques en rapport avec un principe supérieur, qui n'est pas nécessairement un dieu. La volonté des totalitarismes est de créer un homme nouveau et de permettre le salut de l'humanité, se fixant ainsi un objectif sacré pour lequel tout est permis, et notamment de détruire tout ce qui peut s'y opposer : c'est la lutte du Bien contre le Mal, une caractéristique qui n'a jamais été étrangère à la religion. Les idéologies ramènent ainsi l'espérance religieuse sur terre, contrairement aux religions qui la placent dans l'au-delà. Les idéologies fournissent une interprétation globale du monde (lutte des classes, lutte des races...). Elles supposent également, de la part de leurs adeptes, un dévouement total à la cause, un fanatisme, une intolérance et enfin une croyance absolue en la Vérité de la cause.

Enfin, le libéralisme ne saurait être identifié au totalitarisme. le libéralisme, même s'il croit au progrès, ne prône pas la contrainte pour le favoriser mais s'en remet aux initiatives individuelles et, donc, à la liberté. Au contraire, le nazisme et le communisme veulent forcer le réel à entrer dans leur moule idéologique (d'où les camps et les massacres). Surtout, le libéralisme ne propose aucun avenir radieux, aucune espérance — c'est d'ailleurs ce que beaucoup lui reprochent —, à l'inverse des idéologies mortifères qui sont des utopies.
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Jean-Louis Vullierme - « Nazisme, islamisme, et civilisation »
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