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sur 14114 notes
Lecture ancienne que j'ai repris en prévision du club de lecture cet après-midi.
Histoire d'un trio d'amis (?) Dorian Gray, modèle du peintre Basil Hallward, et Lord Henry ami de ce dernier.
Dorian Gray, sa fraîcheur, sa jeunesse, sa beauté est l'enjeu d'une concurrence entre Basil et Lord Henry Wotton.
Dorian joue de cette concurrence.
Un récit où alternent des ambiances différentes :
La nature impavide est indifférente aux états d'âme des personnages :
"Le murmure monotone des abeilles cherchant leur chemin dans les longues herbes non fauchées ou voltigeant autour des poudreuses baies dorées d'un chèvrefeuille isolé, faisait plus oppressant encore ce grand calme"
Basil et Lord Henry sont eux englués dans leur carcan social dont ils s'échappent sans pour autant faire disparaitre sa contrainte toujours présente et plus forte :
"Le seul moyen d'échapper à une tentation c'est d'y céder. Essayez de lui résister, et votre âme aspire maladivement aux choses qu'elle s'est défendues ; avec, en plus, le désir pour ce que des lois monstrueuses ont fait illégal et monstrueux."
Basil est une représentation du bien, il a pour objectif de cacher le portrait de Dorian au public. Il pense avoir capturé la candeur et la grandeur de l'âme du jeune homme et s'y reconnait, moqué en cela par son ami Lord Wotton.
Basil ne tient pas à faire rencontrer Dorian et Lord Wotton...Mais les choses se passent différemment.
Dorian est attiré par Lord Henry qui lui fait miroiter tout ce que sa jeunesse et sa beauté peuvent lui permettre d'obtenir.
"Il y avait en vous quelque chose de si particulièrement attirant que je sentis qu'il me fallait vous révéler à vous même, dans la crainte tragique de vous voir vous gâcher...car votre jeunesse a si peu de temps à vivre...si peu !..."
La symbolique du roman est très forte. Dorian choisit de suivre les conseils de Lord Wotton, et garde sa beauté, il jouit de la vie sans en être marqué, c'est le portrait en subit toutes les conséquences.
La fin inéluctable conduit Dorian à vouloir se racheter, mais trop tard il ne peut inverser le cours des choses.
Dans ce roman, Oscar Wilde jette-t-il un regard distancié sur ses propres choix de vie ? Lord Wotton incarne le dandy qu'il a été. Il conduit, par ses conseils convenus, Dorian à sa perte alors que Basil qui se voulait protecteur est froidement assassiné.
Une lecture beaucoup moins enthousiasmante que ma première lecture, même si le roman reste un modèle du genre avec ses envolées lyriques mais aussi ses poncifs. Une lecture à faire.
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Roman fantastique qui m'a rappelé "La peau de chagrin" De Balzac ou encore "L'étrange histoire de Peter Schlemihl" de Adelbert von Chamiso.
J'ai détesté tout naturellement Dorian Gray et son mentor Lord Harry, mais ai apprécié ce roman dans son ensemble. Cependant, il ne sera pas un de mes coups de coeur, car j'y ai trouvé quelques longueurs, notamment lors de descriptions trop fouillées, qui me renvoient à un défaut littéraire que j'avais rencontré chez Emile Zola lors de ma découverte de "La faute de l'Abbé Mouret". Roman classique qui semble bien de son époque et retrace certainement avec fidélité les moeurs de l'aristocratie anglaise du XIXe siècle. A lire.
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Avoir lu le portrait de Dorian Gray juste après La peau de chagrinDe Balzac ne lui en aura donné que plus de valeur, et plus de plaisir pour moi à la lecture.

Deux générations séparent la publication de ces deux immenses romans traitant le même thème de l'homme vendant son âme au diable; c'est évidemment perceptible dans l'oeuvre De Wilde qui, même si la prose est toute aussi 'classique' et ciselée que celle De Balzac, offre une modernité de ton, un cynisme affirmé et une outrance dans la dépravation, bref, un parfum de scandale que son prédécesseur n'aurait pu se permettre.

Mais ce qui m'a le plus séduite est à la fois l'atmosphère du livre, tout en clair obscurs londoniens et déclinaisons de toutes les formes de beauté, mais aussi le traitement qu'Oscar Wilde fait de son sujet en recomposant le mythe de Faust autour d'un questionnement sur le rôle de l'art, la relativité de la morale et de la souffrance de vivre.
Le tout ponctué d'un nombre hallucinant d'aphorismes que l'on voudrait tous noter!

Me reste maintenant à découvrir le Faust de Goethe..
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J'ai lu le Portrait de Dorian Gray très jeune. J'en gardais le lointain souvenir d'un roman fantastique, avec un étrange tableau qui vieillissait et s'enlaidissait à la place de son modèle tandis que ce dernier gagnait en échange une éternelle jeunesse et beauté. Il y avait aussi une tragique histoire d'amour, des amitiés masculines particulières, une bonne dose de dandysme et surtout de longues discussions et digressions, lues et vécues alors comme des longueurs ennuyeuses…
Tout juste si je savais combien ce roman culte scandalisa l'Angleterre victorienne car les thèmes abordés attentaient à la morale… N'oublions pas qu'Oscar Wilde connut la prison pour avoir vécu son homosexualité au grand jour. Au siècle suivant, des auteurs comme Proust, Gide, Montherlant, Malraux ont contribué à la célébrité de cet écrivain maudit et son génie a enfin été reconnu.
Je le redécouvre aujourd'hui en livre audio lu par Hervé Lavigne : un vrai bonheur !

Ce roman obéit bien sûr aux codes du roman fantastique ; nous retrouvons le voeu d'éternelle jeunesse, les objets magiques ou transitionnels, portrait et livre jaune. le dénouement apporte même une forme de fausse moralité salvatrice…
Oscar Wilde fait aussi défiler une galerie de portraits, particulièrement travaillés et fouillés. le jeune et naïf Dorian Gray, rapidement perverti par l'influence de Lord Henry Wottom, devient à son tour un redoutable corrupteur pour les jeunes gens qui le vénèrent. À ses côtés, Basil Hallward véhicule désintéressement, raffinement, intelligence et finesse ; Sybil Vane apporte une note sentimentale et une connotation shakespearienne avec les personnages qu'elle incarne au théâtre ; enfin, la vengeance ourdie par son frère donne au roman une tonalité aventureuse…
L'ensemble est servi par de longues descriptions des moeurs et des idées d'une certain société londonienne…
Mais c'est tellement plus en réalité !

Les années ont passé. Aujourd'hui, je suis sensible surtout à l'esthétique et à l'ambiance préraphaélite de ce livre. Je saisis mieux la peinture d'une époque décadente, matérialiste, hédoniste.
Le personnage de Dorian Gray incarne physiquement l'ensemble de ses courants et théories. Les préraphaélites sont des peintres avant-gardistes qui fondèrent vers 1848 la Pre-Raphaelite Brotherhood ; ils signaient leurs tableaux : « PRB » ; parmi les plus connus, je citerai Millais, Hunt ou Rossetti. La société ne dura que quelques années mais leur peinture a perduré jusqu'à la guerre de 1914. Ils voulaient réveiller la peinture et imposer un style nouveau, un style pictural à la fois narratif et littéraire, une façon de peindre plus vivante et plus sincère dans un désir de revenir vers les peintres d'avant la découverte de la perspective. Ils privilégiaient les couleurs éclatantes, une forme de raideur, une infinie précision dans les détails… Cette netteté maniaque donne un effet de surréel, un hyper réalisme hypnotique, un rendu photographique sans mise au point. Ils rêvaient d'éduquer le public par la beauté, ont lancé des modes, des types.
Je sais que le poète John Gray, auteur de Silver points, ami proche d'Oscar Wilde, lui a inspiré ce roman ; c'était un beau jeune homme qui s'est identifié au personnage de Dorian, qui adorait les poètes symbolistes français et qui admirait les peintres préraphaélites. Son recueil de poèmes célèbre d'ailleurs une forme de gravure minutieuse et détaillée et de dessins à la pointe d'argent.
Il y a chez Basil Hallward, seul véritable artiste dans ce roman sur l'art, une volonté de fixer l'image de Dorian à la fois sur un support et dans le temps. le lien entre un portrait et son modèle est profond car il est comme le miroir d'une époque révolue ; le roman illustre en profondeur cette connexion. le corps humain est constamment en train de changer mais sur cette toile il est et sera toujours le jeune homme qui a troublé le peintre ; c'est à la fois lui et pas lui qui est représenté.
La question de l'art est un véritable noeud thématique dans ce livre : l'art ne peut-il être que beau ? Peut-il être désintéressé ? Quelle est la part entre réalité et représentation ?

Certes, j'ai pu être souvent exaspérée par le dandysme excessif des personnages de cette histoire. Tout ou presque s'y passe dans un milieu très aristocratique, superficiel, déconnecté des réalités du monde : les apparences et le culte des apparences cachent sans peine les agissements de Dorian Gray. Les quelques incursions dans les bas-fonds londoniens montrent bien le décalage entre les classes sociales. À ce titre, également, les réactions des personnages lors de l'accident de chasse est révélatrice !
De même, les propos de Lord Henry sur les femmes, bien que révélateurs des mentalités de son temps, m'ont souvent fait réagir et sortir de mes gonds…
Dans la préface à The Picture of Dorian Gray, Oscar Wilde dit de ce ton détaché qui lui est propre : « Ail art is useless » (« L'art est essentiellement désintéressé ») … Cette affirmation révèle combien superficiel est son esprit de dandy, mais également peut-être comment il se désengage de ce qu'il écrit dans une posture d'écrivain qui n'a d'autre responsabilité́ que celle de la forme, forme dont la réception engage surtout le lecteur.

Ce roman est à lire et à relire.
Il fait partie de ces titres que tout le monde connaît, mais dont on finit par oublier toutes les composantes. Chaque lecture ou relecture peut ainsi devenir matière à trouver de nouvelles clés, de nouvelles approches.
Ce format audio, assez bien servi par la voix d'Hervé Lavigne développe une belle dimension pour ce livre : les personnages sont à la fois bien différenciés et traités avec juste ce qu'il faut de retenue et de jeu pour que les dialogues soient plaisants à écouter. Une réussite.
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Faire fi de la morale et se lancer dans un portrait osé. A la fin du XIXème, Wilde envisage plusieurs portraits pour être très précis. En commençant par la haute société victorienne qu'il juge sans culture, cynique et hypocrite.
Mais le clou de son spectacle tient dans la coloration fantastique qu'il donne à son récit où un tableau se modifie quand son modèle se corrompt dans les bars malfamés ou dans des crimes- ce qui est presque la même chose pour bons penseurs- tout en gardant sa prime jeunesse.

Les sourcilleux gardiens de la morale de l'époque ont vu des allusions aux "mauvaises" moeurs, vraissemblablement inverties pour les trois personnages: le peintre amoureux et jaloux de son modèle, le tentateur Lord Henry et le magnifique Dorian Gray, jeune éphèbe ingénu qui s'abreuve à la source de son narcissisme en répandant le mal autour de lui.

La version de "Dorian Gray"actuelle est paraît-il toujours censurée. On y a gommé les traits violemment antisémites contre le metteur en scène de théâtre. Et c'est une déception que de découvrir que le grand Oscar Wilde avait donc versé dans ce travers.
Les allusions plus franchement homosexuelles ont aussi été supprimées mais ce n'est pas si grave car on les suggère et cela fait plus romanesque.

Toutefois, s'il fallait trancher, je me serai bien passé des descriptions de pierreries orientales, de broderies, tapis et diverses breloques du chapitre onze. le récit, qui ne manquait pas de souffle, s'alourdit à ce moment là.

Les épigrammes du grand Oscar m'ont comblé. Rien de plus venimeux ni enthousiasmant. le subversif Oscar Wilde a vécu avec ses secrets pendables dans une société qui punissait lourdement ce qu'elle jugeait non conforme.
Il faut lire ce roman car il défend une certaine liberté d'être et de penser.
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Oscar Wilde fait sans conteste partie de mes écrivains préférés. J'ai lu pour la première fois LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY il y a une quinzaine d'années et depuis je prends plaisir à me replonger dans cette oeuvre magnifique de façon régulière. J'ai d'ailleurs été obligée de me racheter un exemplaire récemment car mon volume a fini par rendre l'âme.

J'ai longtemps hésité avant de me décider à écrire un billet sur le roman car tout a déjà été dit sur cette oeuvre singulière. Mais comme l'a si bien écrit Boris Vian avec sa finesse habituelle : «Tout a été dit cent fois / Et beaucoup mieux que par moi / Aussi quand j'écris ces vers / C'est que ça m'amuse /C'est que ça m'amuse / C'est que ça m'amuse et je vous chie au nez.»
Ce cher Boris a su trouver les mots pour me convaincre de me laisser aller à une énième chronique sur LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY !

Je vous rassure, je ne vais pas faire une analyse de texte mais simplement vous dire pourquoi j'aime l'unique roman De Wilde.
Je l'aime parce que le style De Wilde est une pure merveille. Chaque phrase écrite mériterait d'être citée. On sait qu'Oscar Wilde avait un esprit aiguisé et que c'était un amoureux des mots mais, dans LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY on a l'impression qu'il fait un concours d'aphorismes ! Tout le récit est traversé par des pensées et des réflexions philosophiques sur la vie, le société victorienne, la morale... C'est un vrai bonheur pour le lecteur contemporain qui, tour à tour, s'en amuse ou s'en offusque.

Oscar Wilde était un dramaturge de génie et on le sent dans l'écriture des dialogues : les répliques sont savoureuses et fusent de tous côtés. Les dialogues sont très rythmés et contrebalancent le tempo un peu plus lent du récit. le dosage est, à mon goût, parfait. Évidemment, le style est très victorien et je comprends que certains lecteurs bâillent à s'en décrocher les mâchoires mais, pour moi, c'est un vrai délice.

Ensuite, l'histoire du PORTRAIT DE DORIAN GRAY est teintée de fantastique, un genre que j'affectionne. Wilde réussit le pari d'intégrer un élément surnaturel dans un récit classique avec brio. Pas de vampires ou de créatures démoniaques ici mais un voeu impie qui empoisonne la vie d'un jouvenceau naïf, à l'esprit corrompu par un homme heureux de son influence. Wilde n'en fait jamais trop mais titille suffisamment le lecteur pour maintenir l'intérêt.

Enfin j'ai aimé le regard mordant que Wilde porte sur ses contemporains et sur la société victorienne. J'ai aimé l'intelligence dont il fait preuve pour parler des amours homosexuelles sans jamais les nommer. Et plus que tout, j'ai aimé la manière dont il se dévoile à travers le personnage de Lord Henry Wotton.

Cependant, je reconnais qu'un passage m'a toujours ennuyée et je ne le lis plus jamais : celui où Oscar Wilde énumère à l'envie les goûts de son esthète de Dorian en matière de bijoux, de parfums, de tissus ou de portraits de ses ancêtres. C'est long, lourd, pontifiant et franchement soporifique. Mais il ne s'agit là que de quelques pages perdues au milieu d'un roman magnifique qui donne à réfléchir sur le sens que nous donnons à la vie.
Lien : http://le-bric-a-brac-de-pot..
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Une atmosphère victorienne qui met en scène un savant mélange de fantastique et de réflexions philosophiques, un bouquin qui est dans le « top 100 des livres les plus populaires de tous les temps sur Babelio ». 

On peut hésiter devant la littérature du XIXe, car malgré sa magnificence elle dégage parfois des relents de moisi. C'est le cas de ce Dorian Gray où le traitement des femmes m'apparait comme ayant vraiment dépassé la date de péremption…!

Malgré ce défaut caractéristique d'une époque qu'on espère bien révolue, ce texte est un sucré-salé bien réussi : un ton quasi humoristique mélangé à de savantes interrogations. Par exemple : peut-on être beaux et belles si on n'est plus dans sa prime jeunesse? La méchanceté rend-elle laid? Vaut-il mieux être bon que beau? le plaisir est-il un vrai danger pour l'âme?

Pourtant, n'est-ce pas une bonne idée que de profiter de notre courte vie pour voyager dans tous les pays, écouter toutes les musiques, contempler les meilleurs tableaux, toucher les plus beaux tissus et acquérir les plus belles pierres précieuses?

Toujours à la recherche du bonheur, on pourrait presque ajouter (en paraphrasant Yvon Deschamps) que « Vaut mieux être riche, beau et en santé que pauvre, laid et malade… » (Et pour satisfaire à la morale du bouquin, il faudrait y inclure un peu de bonté…)
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Lorsque mon fils était collégien et que son prof de Français avait laissé à ses élèves le choix d'un livre à lire, j'ai conseillé à Adrien "Le Portrait de Dorian Gray". Bien entendu, il a adoré !
C'est ce genre d'ouvrages, entre autres, que les Enseignants devraient faire lire aux ados, je suis persuadée que ça leur donnerait le goût de lire.
Excellent livre que j'ai lu, et relu, avec plaisir. Mais je ne suis peut-être pas bon juge... étant une inconditionnelle d'Oscar Wilde !
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Manifeste esthétique, l'art dégagé de toute éthique, finalement un récit moral ?
L'art, est-il moral ? L'art, a-t-il besoin de moralité ? Qu'est-ce que c'est la moralité de l'art ? l'usage parfait d'un moyen imparfait ? Mais rien n'est parfait !! Dorian Gray, livre poison, livre immoral, amoral, livre esthétique ou livre piège ? Tout y est.
Les temps changent, les critiques et les opinions sur une création aussi. Leur diversité confirme que cette oeuvre est nouvelle, complexe, viable, et qu'elle résiste au passage du temps.
L'intelligence, l'esprit et le style ne manquent pas dans l'oeuvre De Wilde, ils y abondent même.
Le Portrait de Dorian Gray en est une belle illustration, avec cette défense, assez contradictoire d'ailleurs, de la séparation de l'esthétique et de l'éthique, la première étant considérée comme supérieure à la seconde.
Qu'est-ce que c'est la vérité dans la création ? le style, a l'air de dire Wilde. L'art ne doit se faire le reflet de "l'humeur du temps, de l'esprit de l'époque, des conditions morales et sociales qui l'entourent", nous dit-il encore. Et pourtant chaque style est le reflet d'une époque, avec tout ce qu'il a comme héritage du passé, comme influences, comme audace intemporelle.
Dans le Portrait de Dorian Gray, Lord Henry affirme que "Seuls les gens superficiels ne jugent pas sur les apparences.", pour que Wilde affirme plus tard, dans de Profundis, la période de son emprisonnement, que "le crime, c'est d'être superficiel."
La deuxième esthétique ne s'inscrit pas en faux envers la première, elle la révèle plutôt. le dandy et son masque, une superficialité, osent dire certains. Oui, mais Oscar Wilde est un esprit puissant et cultivé, et les conflits, il les présente d'une façon plus ou moins dissimulé. Il y a toujours comme une interrogation dans chaque affirmation.
Roman fantastique et philosophique, le Portrait de Dorian Gray met sur la scène ce jeune et beau dandy, orgueilleux et superficiel, tellement amoureux de son portrait peint qu'il fait un pacte pour garder éternellement la jeunesse et la beauté. En échange, son vieillissement et sa part d'ombre seront pris par l'image de la toile au fil des années.
Ombre et lumière, illusion et réalité, narcissisme, hédonisme, décadence fin de siècle, éternité de la beauté, mais quelle beauté ? Les thèmes sont nombreux et tous restent ouverts aux analyses, critiques et interprétations que le passage du temps multiplie et nourrit.
Le portrait devient miroir, et le temps rend le reflet couperet, aussi inflexible qu'une condamnation à mort. L'âme est malade, le corps se flétrit, dépérit, esprit et matière, chacun marquant l'autre avec autant de force, autant de désastres, définitifs. Pacte faustien, damnation éternelle.
Recherche inconsciente, non avouée, d'un certain équilibre, aussi fragile soit-il, entre l'âme et le corps, qui pourrait donner une certaine harmonie, passagère mais indispensable à notre vie.
Roman-oxymore où le clair-obscur règne, une certaine ambiguïté aussi dans les affirmations et les discours des personnages, sans oublier la coexistence des extrêmes, esthétiques et morales. D'ailleurs y-a-t-il eu des frontières nettes ?
Le roman est fantastique, aucunement moraliste, Wilde se garde bien de trancher ou de définir clairement le mal ou le bien, qui pourrait le faire ?, ou la place de la vérité, si jamais elle était précise, et depuis plus d'un siècle cette histoire vit librement, ouverte à toutes les interprétations, et critiques, mêmes à certains jugements. Elle les défie tous !
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Je suis contente d'avoir relu ce roman. Une quinzaine d'années après j'ai l'impression de le re-découvrir.
Le récit se découpe en trois parties. La première peut être vue comme une pièce de théâtre, on y découvre les personnages à travers leurs gestes et leurs paroles. de grands dialogues, de longues diatribes, où tout le style de l'auteur donne une belle dimension à l'intrigue et aux personnages. J'ai apprécié ce style, l'éloquence des phrases et le mordant ironique de l'auteur.
La troisième partie mélange cet effet théâtral et le récit d'une intrigue qui de péripéties en péripéties, repousse toujours plus loin Dorian vers le dramatique et le tragique.
La partie centrale assez courte, -heureusement- manque d'intrigues (malheureusement). Elle pourrait se qualifier comme le fait Oscar Wilde du livre que Lord Henri offre à Dorian de "l'étude psychologique d'un jeune Parisien [ici Londonien] qui passait sa vie à essayer de mettre en oeuvre en plein XIXe siècle les passions et les modes..." En 20 pages Wilde passe en accéléré 18 années de Dorian dans les bas-fonds londoniens entre autres.
Ce roman est un récit fantastique qui a du panache. Oscar Wilde a le sens de la dérision, du parler. il joue sur l'éloquence et la critique avec une précision et un don certains.
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