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Frédéric Brument (Traducteur)
EAN : 9782207163528
256 pages
Denoël (19/10/2022)
3.75/5   20 notes
Résumé :
George Madruger, professeur américain de littérature, s’installe à contrecœur avec son épouse et sa fille dans une ferme isolée des Cornouailles, coin sauvage d’Angleterre. George est mal à l’aise face à ces rustres peu accueillants et ces derniers méprisent ce yankee trop sûr de lui.
C’est un Noël blanc, mais qui commence mal. Sur la lande, Henry Niles, un fou de la pire espèce, un assassin d’enfants, s’échappe de l’ambulance qui le ramenait en prison. Lorsq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Surprise à la lecture des Chiens de paille, dont Peckinpah a fait un film de vengeance ultra violent dans la lignée de Délivrance, avec une longue séquence de viol qui suscita la controverse et dans certains pays, la censure. Williams a signé un roman très différent, même s'il dépeint la violence d'un groupe d'hommes exercée sur une famille.

George Madruger est un professeur américain de littérature venu s'installer avec sa femme et leur petite fille à Trencher Farm, ferme isolée des Cornouailles. Les relations entre les époux sont chaotiques, la Britannique Louise percevant son mari comme un homme faible à la virilité défaillante. Quant à leur petite fille, elle est malmenée à l'école.
La nuit de Noël approche, la campagne anglaise se couvre de neige. Lorsque la voiture des Madruger percute un homme en rase campagne, le couple le ramène à la ferme en attendant les secours. Or il s'agit de Henry Niles, un tueur d'enfants échappé de l'asile, que les villageois soupçonnent d'avoir enlevé la petite fille de l'un d'entre eux. Bien décidés à se faire justice, ils assiègent la ferme des Madruger, qui refusent de leur livrer Niles.

Gordon Williams dépeint avec la précision du plus sourcilleux des entomologistes, l'introduction d'un corps doublement étranger, un Américain exerçant une profession intellectuelle, dans une réalité spatiale très circonscrite marquée par une identité sociale forte, ancestrale, et patrimoniale. En envisageant un nouvel espace pour une nouvelle vie, Madruger n'a pas réalisé que les autochtones attachés à des traditions séculaires, et rétifs au moindre changement, pouvaient être incommodés par sa seule présence.
A cette dimension « ethnologique », s'ajoute la maitrise avec laquelle le romancier conçoit son intrigue. Il fait des Chiens de paille un remarquable western rural, dans lequel la ferme isolée devient peu à peu une sorte de Fort Alamo enseveli sous la neige, inaccessible aux secours bloqués sur les petites routes de campagne et assailli par une horde réclamant vengeance.

Contrairement à l'adaptation signée par Peckinpah, la violence n'est pas sexualisée, dirigée sur l'épouse, elle s'exerce comme une force extérieure vis à vis de deux hommes, le fou fugitif et celui qui lui donne asile. le lecteur s'interroge sur la nature primitive et l'instinct animal, sur les agneaux transformés en loups, se demandant de quelle manière les assiégés vont pouvoir résister à un triple danger, l'effet de meute, le péril en la demeure avec un prédateur sexuel blessé mais possiblement létal et un couple qui se déchire, en attendant l'hypothétique arrivée de la cavalerie.
Les Chiens de paille est un western rural et noir particulièrement réussi. Je remercie les éditions Denoël pour l'envoi de ce roman reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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George Madruger, professeur de lettres américain, a quitté les Etats-Unis pour venir s'installer avec sa famille dans une ferme perdue dans la campagne anglaise, patrie de sa femme, le temps de terminer l'écriture de son livre. Homme jovial et optimiste, son enthousiasme est très vite rincé par l'accueil hostile que lui réservent les gens du coin, principalement des fermiers et des ouvriers pétris de préjugés, qui n'ont jamais quitté leurs terres et fréquentent avec assiduité le bar, se méfiant de tout ce qui est étranger… Comme si cela ne suffisait pas, son couple bat de l'aile et, si cet homme paisible fait tout pour apaiser les tensions, sa femme, quant à elle, cherche en permanence le conflit.
Ce fragile équilibre va être mis à mal un soir de décembre, lorsque suite à un accident, un criminel, violeur et tueur d'enfants que l'on ramenait à l'asile, trouve refuge chez les Madruger. Parallèlement à cela, une jeune fille est portée disparue dans la tempête de neige qui fait rage, bloquant les routes et empêchant l'arrivée des forces de l'ordre... Cinq habitants du coin, largement éméchés, ont vite fait de tirer des conclusions et décident de se rendre à la ferme pour faire justice eux-mêmes et gare à celui qui se mettra sur leur chemin…

J'avais déjà pris une claque, il y a quelques années, en regardant l'adaptation cinématographique des “Chiens de paille” avec l'excellent Dustin Hoffman dans le rôle de l'américain bien pensant et je découvre aujourd'hui que cette sombre histoire est tirée d'un roman! Voyant que les éditions Denoël venaient d'en publier une traduction française, je ne pouvais donc pas résister à l'envie de me plonger dans la version romanesque… Comment un homme civilisé, profondément pacifiste et engagé dans la lutte contre la peine de mort, peut-il se transformer en bête sauvage, capable de violence, voire de tuer? A-t-on tous en nous cet instinct primaire capable de s'éveiller lorsque l'on se sent acculé ou en danger et comment se manifeste-t-il? “Les chiens de paille”, avec son cheminement implacable, semble vouloir répondre à cette question…

Si l'intrigue diffère quelque peu entre les deux versions, on retrouve néanmoins cette atmosphère lourde et pesante, pleine d'une tension croissante qui se manifeste par une surenchère de violence. le rythme, plutôt lent au début afin de permettre au décor de se mettre en place, s'accélère, happant ses personnages, tout comme son lecteur, dans un engrenage qui échappe à tout contrôle. Gordon Williams dresse un portrait terrifiant de la nature humaine tant il semble lucide… L'écriture est vive, précise, sans fioritures mais néanmoins très immersive. On a l'impression d'y être, de ressentir le froid glacial du dehors, de sentir la haine et la peur des protagonistes. Une lecture haletante, qui nous prend en otage et nous entraîne dans un tourbillon de folie qui nous laisse sonné et pantelant. Une réussite pour ma part!
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Bonjour à tous;


Comme je vous l'ai dit il y a quelques jours j'ai décidé en parallèle de mon livre papier de me mettre à lire des livres en versions numériques. En effet, parfois c'est plus simple quand on se déplace.


Donc, j'ai terminé "les chiens de paille " de Gordon Williams

.

Il s'agit d'un de mes coups de coeur de ce début d'année.

Tout d'abord le livre est extrêmement bien écrit. J'ai ressenti énormément de choses en le lisant : des sentiments divers et variés que je ne ressens pas habituellement en lisant d'autres thrillers. J'ai tremblé (beaucoup!), j'ai vraiment ressenti de la peur et une pression dans mon ventre. Celle qui vous dit : ferme la porte à clé. On ne sait jamais ce qui peut arriver.

Et pourquoi ? Car ça paraît si réel, et on se dit que ce genre de chose peut nous arriver à tous sans exception. On ne peut pas être stoïque suite à une telle lecture. (l'année dernière il me semble, j'avais lu "mangez le si vous voulez" de Jean Teulé, j'avais ressenti un peu les mêmes choses)

L'auteur maîtrise avec brio la psychologie humaine On voit que son sujet est très bien travaillé et surtout on a ce sentiment d'être en plein dans l'action avec les personnages.

Gordon Williams aborde la folie humaine dans son intégralité.

Pas n'importe laquelle, celle qui entraîne tout un groupe à faire des choses horribles. (pour en revenir aux récits de Jean Teulé, l'auteur aborde régulièrement dans ses récits ce genre de pratiques, d'hystéries collectives, qui suivant les époques se sont réalisées).

Comment un évènement en A peut mener à un point B ? Et comme un tsunami tout détruire sur son passage.

Mais ce n'est pas tout, avec "les chiens de paille", vous aurez une immersion totale au sein d'une famille dès plus banale, avec des gens lambdas. Pas des inspecteurs surentraînés et prêts aux combats, non des gens comme nous, et ça c'est hyper immersif.

Lorsque la folie est aussi amenée par les conditions de vie : la pauvreté, le mépris de tout à chacun, la honte...

Mais comme le dit si bien le diction " il faut se méfier de l'eau qui dort ".

Ce récit est très glaçant. Comment réagirions-nous dans de telles situations et conditions ?

Une famille peut-elle rester unie ?

De plus, il s'agit là de se remettre en question.

Qui a tort et qui à raison dans cette histoire ? Là est le dilemme. 

Est-ce possible de défendre l'indéfendable ? Je ne peux pas vous en dire trop, car je veux que vous découvriez ça par vous-même. Ce récit, vous pousse dans vos retranchements. Vos avis concernant la peine de mort par exemple, cela vous pousse à réfléchir. Il y a des réflexions et pensées qui sont très intelligentes.

C'est une réussite en tout point. Et puis je suis très friande de tout ce qui aborde la psychologie.

J'ai beaucoup entendu parler du film, mais avant de le voir (chose que je ne ferai probablement pas, car au vu du résumé, tout a l'air bien différent ou alors je le verrai en me disant que ça n'a pas de rapport avec le roman) j'ai préféré le lire afin de m'en faire une véritable idée avant tout.


Je vous conseille de découvrir expressément ce roman.

Malheureusement trop méconnu et pas assez abordé.

Et ne vous fiez pas du tout au résumé du film qui n'a rien à voir avec le bouquin pour le coup.

Cependant j'ai beaucoup aimé imaginer Dustin Hoffman dans le rôle de George. C'était cool de pouvoir mettre un visage sur un individu.


Très bonne journée à tous


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J'ignorais complètement que le film de Peckinpah de 1971 était tiré d'un livre. Erreur réparée à la lecture de ce volume gagné lors d'une Masse Critique. Merci à Babelio et aux Editions Denoël pour cela !

Les Chiens de Paille (The Siege of Trencher's Farm en VO, titre autrement plus évocateur) nous raconte l'histoire de George Magruder, prof de littérature américain, venu s'installer dans le fin fond de l'Angleterre pour écrire un livre, mais aussi pour que Louise, sa femme anglaise, retrouve sa terre natale après des années de vie new yorkaise.
Le couple va mal, et ce déménagement ne fait qu'exacerber les tensions entre eux. George, l'intello américain maniéré et méprisant, n'arrive pas à s'intégrer dans le paysage rural anglais peuplé d'ouvriers rustres, grégaires et peu adeptes de la nouveauté.
Un soir de tempête, une enfant disparait. Quand George recueille chez lui le suspect n°1 après l'avoir percuté en voiture, les villageois viennent réclamer vengeance et justice. le siège de Trencher's Farm commence...

Ce huis clos sous la neige est nerveux tout du long de ses 250 pages. La tension ne fait que croitre du début à la fin et les conflits ne cessent de s'envenimer. L'écriture est incisive et sans chichis, elle va directement à l'essentiel. La première moitié s'attarde sur les difficultés du couple et l'(in)adaptation de George à son nouvel environnement. La seconde sera consacrée avec fracas à l'assaut à proprement parler.

Gordon Williams traite plusieurs sujets à travers ce récit : le choc culturel et social entre deux mondes bien différents, la masculinité et la violence. On peut également lui prêter l'intention de pointer du doigt le patriarcat, les méfaits n'étant ici l'apanage que des hommes.
La thématique de la civilisation contre la barbarie est centrale dans ces pages (oui, comme dans certaines nouvelles de Conan le Barbare).
George, souvent vu par sa femme comme faible et lâche, va peu à peu délaisser sa nature réservée pour céder à l'hystérie générale et se transformer en mâle alpha testostéroné. Pour être un homme, un vrai, faut-il fracasser des mâchoires pour protéger sa femme/fille/maison ? Est-ce que même le plus raisonné des intellectuels, dans certaines circonstances, peut succomber à la violence la plus extrême ? Et si oui, sommes-nous tous sujets (ou victimes) de cet instinct primaire ?
Voila les questions intéressantes (mais préoccupantes) que l'on se pose en refermant Les Chiens de Paille.

Deux films ont découlé de cette oeuvre, en 71 et 2011. J'ai préféré ce texte au film de Peckinpah, qui même s'il est efficace et finalement assez proche de ce qu'a écrit Williams, en rajoute une couche inutilement avec une scène de viol borderline. Je n'ai pas vu la seconde adaptation.
Récemment, je pense que As Bestas de Sorogoyen partage quelques points communs avec ce livre.

Pour conclure, ce fut une lecture prenante et marquante par les questions qu'elle soulève et le format "coup de poing" du roman.
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Bonjour à tous,

Voici donc ma critique du livre « Les chiens de paille » gagné dans le cadre de Masse Critique. Bien entendu, cette critique n'engage que moi.

Tout d'abord, je remercie Babelio et les éditions Denoël pour ce livre.

Pour être honnête, ce livre n'était pas dans mes premiers choix et je l'ai inscrit dans mes voeux parce que j'ai fait le lien avec le film dans lequel on trouve D.Hoffman, un acteur que je respecte énormément. Mais le hasard fait bien les choses, en effet j'ai beaucoup aimé ce livre qui va rester longtemps dans ma mémoire.

Tout d'abord, il y a l'aspect visuel du livre très sobre mais très cohérent avec les mots du titre qui représentent une mâchoire de chien en pleine morsure. Cette mâchoire attrape le lecteur afin qu'il ne lâche plus le livre mais elle attrape aussi les personnages et les maintient dans la spirale de la violence.

Ensuite il y a l'histoire et quelle histoire… !! C'est un affrontement de communautés : les cucultivés contre les bouseux, les Anglais contre les Américains, les hommes contre femmes, les bourgeois contre les miséreux, chaque communauté ayant ses propres défauts. D'ailleurs c'est bien écrit de ce point de vue-là car aucun personnage n'est vraiment attachant. On a envie de les secouer, de les repousser, voire même de les gifler. Encore de la violence… donc même le lecteur peut être entrainé dans ce tourbillon de retour à l'état primaire et se sentir en résonance avec les personnages.

Ce livre met aussi en exergue différents aspects de ce qui constitue un être humain et sa psychologie : de l'intelligence, de la compassion, de la malice, de la sauvagerie. A chacun de découvrir ce qui lui permet de passer d'un aspect à l'autre quand c'est nécessaire.

Pour finir cette critique, je vais juste dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre que j'ai lu en quelques heures car quasi impossible à lâcher sur la seconde partie. Mais attention, ce livre n'est pas forcément à mettre entre toutes les mains, que les âmes sensibles prennent leurs précautions.

Bonne lecture à tous
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Comme nombre d'universitaires, il était conscient , sans pouvoir y remédier pour autant, d'un déséquilibre entre l'étendue impressionnante de ses connaissances dans son domaine de spécialité et le reste de ses activités mentales. (...) On pouvait difficilement s'attendre à ce qu'un cerveau contenant déjà une vaste mémoire d'informations sur la littérature anglaise fasse preuve de la même capacité pour d'autres enseignements d'une densité similaire.
Einstein, parait-il, était incapable de nouer les lacets de ses chaussures. Nabokov courait à travers champs, armé d'un filet à papillons. Un fameux critique et théologien laïque avait pour passion de jouer au croquet tout nu. Dans son propre cas, c'étaient les vieux films qui lui tenaient lieu de papillons ou de coquillages. Il appelait cela un "non hobby", n'exigeant comme investissement qu'une bonne mémoire et l'envie de rester assis devant la télévision jusqu'à minuit passé.
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Au début, elle pouffa avec incrédulité en découvrant Patrick Roman, le soi-disant grand poète. Son noeud papillon, son costume froissé... et ses cheveux! Un bref moment, elle eut presque honte, étant britannique elle aussi, de se trouver dans la même pièce que lui. Comment un homme pouvait-il arborer une telle chevelure, grasse et pleine de pellicules? Pas étonnant qu'il passe son temps à se gratter la tête. En plus du fait qu'elle était incapable de se souvenir d'un seul vers qu'il ait écrit, elle n'avait aucune envie de lui parler, strictement aucune. Mais inévitablement, on les présenta. Elle avait déjà bu quelques verres:
- Ce costume, vous l'avez loué? demanda-t-elle, en haussant le sourcil gauche, espérant exprimer un dédain arrogant. Ou est-ce que Dylan Thomas vous l'a légué par testament?
- Ah, c'est vous, l'Anglaise, répondit-il avec un sourire aviné. Ma femme m'a conseillé de faire le show pour la bande d'universitaires dont vous faites partie. Habille-toi cradingue, Paddy, qu'elle m'a dit, ce sera la preuve de ton intégrité. Chez moi, je porte des cols blancs rigides, vous savez. C'est difficile de savoir ce que les parasites culturels comme vous attendez d'un génie comme moi.
- Vous trouverez bien, dit-elle d'un ton toujours dédaigneux. Vous devriez vomir sur le tapis, ça les convaincrait définitivement de votre authenticité.
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Les Chiens de paille, film (1971) - bande-annonce VF.
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