« All clear » est la suite immédiate de « Black-out » et la prise de poids de ce second volume annonce la couleur : non, le lecteur n'échappera pas aux longs dialogues, aux descriptions minutieuses, aux atermoiements des protagonistes (qui auraient pu, je le concède, être raccourcis)… mais indéniablement, ce sont tous ces détails, mis bout à bout, qui rendent ce diptyque incontournable.
Polly, Michael et Merope se sont retrouvés mais un constat s'impose : leurs sites de transfert ne s'ouvrent plus et aucune équipe de récupération n'est venue ni ne viendra. L'avenir s'annonce sombre. D'autant que leurs interactions avec les contemporains s'amplifient, donc le risque de voir le continuum temporel dévier considérablement.
Il faudra au lecteur de la patience (ou, comme moi, l'avantage d'être insomniaque) pour dérouler les fils de ce second tome. Et interdiction de lire en diagonal ! Puisque ce sont dans les détails que se cache la clé de l'énigme ! 1941, 1944, 1945 : les années des chapitres brouillent encore plus le propos. Tout comme de nouveaux protagonistes, qui semblent sortir de nulle part…
Sans rien divulgâcher, il faudra attendre les 300 dernières pages pour que le schéma global se dresse enfin et que toutes les questions trouvent leur réponse.
Aux qualités déjà évoquées pour le premier tome, ajoutons ici un traitement fin des « seconds rôles » : Sir Godfrey, Alf et Binnie,
les veilleurs du feu… autant de personnages anonymes, de héros du quotidien et les magnifiques références à
Shakespeare et
Agatha Christie.
Connie Willis ne livre pas uniquement un grand roman d'aventure, dans lequel la SF - bien qu'à la base du propos - tient une part congrue ; elle donne surtout à lire un magnifique roman historique et humain. Nous apprenons à l'école des dates, des faits, des batailles et des traités, oubliant qu'ils sont la conséquence d'interactions, de communication, de coups de bol et de malheurs. Des petits riens, des petits clous…