Retourner dans l'ambiance du chef d'oeuvre de
Mario Puzo,
le Parrain, est un véritable délice. Retrouver les personnages, revivre des séquences évoquées dans
le Parrain (ou vues dans le film), bénéficier de révélations et d'explications nombreuses (certaines d'ailleurs frisent avec le sacrilège), découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles têtes… Quel plaisir ! Dommage que celui-ci ne dure pas et s'estompe aussi rapidement que le fumet et la vision d'un bon plat.
La taille du roman devrait assez rapidement décourager les moins motivés. Il fallait l'oser, une suite (et une deuxième est déjà parue) bien plus longue que le roman original… le souci étant que le scénario tourne véritablement en rond. La ligne principale est confuse, la technique du « un pas en avant et deux en arrière » lasse avant d'énerver, une fois le dénouement (enfin) atteint. Certains épisodes sont intéressants mais sans disposer de cette flamme qui nous incite à lire toujours plus.
Le découpage scénaristique n'est pas facile à suivre non plus. Une partie se situe à la fin u Parrain, l'autre à la fin du Parrain II (le film pour le coup), une autre est un très (petit) retour en arrière pour proposer encore une dernière partie qui devrait raccrocher les wagons avec le prochain roman de l'auteur. Comprendre quelque chose est franchement difficile. Il faudra laisser cette gymnastique aux adaptes… qui noteront au passage un nombre plutôt important d'incohérences.
Les personnages historiques sont également sacrifiés à une trame pour le moins vide de sens. Si certaines histoires ne cadrent pas avec le roman original (Clemenza), d'autres sont oubliées alors qu'ils font leur apparition dans le film du Parrain II et pour finir d'autres encore subissent des évolutions qui sont difficilement compatibles avec ce qui suit ou ce qui précède (Michael tout juste devenu Don semble déjà devenu le personnage que l'on retrouve à la toute fin du deuxième film, au prix de revirements franchement difficiles à accepter). Quant aux nouveaux (Geraci), si leurs histoires peuvent être intéressantes elles n'en demeurent pas moins accessoires, des épisodes sans incidence sur la suite de la saga cinématographique.
Pour ne rien arranger, le style et les choix de l'auteur sont franchement discutables. La sexualité exacerbée, la violence omniprésente, les meurtres aussi fréquents que la grossièreté achèvent de discréditer ce roman. Parti d'une bonne idée, après un bon démarrage, la déception est au rendez-vous. Quelques surprises habilement menées (l'avion, le traitement sarcastique de la Présidence Kennedy… pardon Shea) ou évoquées (Cuba) ne parviennent pas à sauver l'ensemble.