Des récits qui reprennent la légende de la cité engloutie d'Ys — plus ou moins fidèlement d'ailleurs — afin d'y greffer un véritable roman, il en existe plusieurs.
Charles Guyot a ainsi écrit un ouvrage (
La Légende de la ville d'Ys) qui étoffe simplement la légende. À l'opposé, Karen et
Poul Anderson (Le Roi d'Ys : Roma Mater) ont tenté d'ancrer le mythe dans une réalité historique, la chute de l'empire romain, et en le débarrassant au possible de toute intervention fantastique. Dans cet ouvrage, on se situe entre les deux tout en s'éloignant de la légende.
L'action se situe aux alentours de l'an 400.
Freddy Woets y inscrit sa ville d'Ys à l'extrémité d'une Armorique romaine, indomptée, en proie à une lutte de succession interne entre les fils du roi. Les raids opérés par les troupes d'Ys sur les intérêts romains ne sont pas du goût des autorités romaines qui lancent donc une expédition punitive en pleine période de délitement de l'empire et d'invasions barbares.
Une atmosphère très étrange se dégage de la description des deux mondes. le premier, celui des romains, est une société en déliquescence certes, mais encore hiérarchisée. Où les préfets tiennent leurs provinces, doivent en assurer la gestion tout en déjouant les complots politique. Un monde réel, terre-à-terre. À côté de ça, nous avons la cité d'Ys drapée de brumes mystiques, dont les habitants côtoient quotidiennement le monde invisible et les manifestations fantastiques. On dirait observer deux univers parallèles, deux conceptions du monde qui vont s'affronter. L'ancien monde des druides, contre le nouvel ordre des préfets.
Cet ancrage à la fois dans la réalité historique et dans le fantastique donne toute sa saveur au récit, sous la plume élégante de l'auteur.
Après, si le titre fait référence à la cité mythique, les traces de la légende sont très minces. Ys est juchée au sommet d'une falaise plutôt que d'être bâtie sous le niveau de la mer. Ce n'est donc pas les flots qui vont la submerger. Mais bien le nouvel ordre du monde.