Ce recueil comprend des nouvelles provenant de Endangered Species, publié en langue originale en 1989. Il est sorti dans la collection Présence du Futur, tandis que l'autre partie,
Toutes les couleurs de l'enfer, est parue en Présence du Fantastique.
Il intéressera les fans du Livre du Nouveau soleil, étant donné qu'il contient deux nouvelles se déroulant dans cet univers. La Carte nous fait parcourir des rues malfamées de la gigantesque Nessus, tandis que le Chat a pour cadre le Manoir absolu. Écrites à la même époque que le LdNS, elles s'intègrent bien dans son univers, même si elles sont trop courtes pour lui apporter un complément substantiel.
Silhouettes commence par la même introduction que celle qu'on peut trouver dans Endangered Species.
Gene Wolfe y critique les "autorités" qui se réclament de la Grande Littérature, "qu'ils réduisent aux histoires qu'on leur a appris à admirer".
On commence avec L'Ultime histoire à faire frémir, dont le sujet éminemment pulpesque est revisité par le facétieux Wolfe, qui insère de temps en temps des dialogues entre le héros et l'auteur !
Guerre sous l'arbre décrit ce qui peut se passer lorsqu'à Noël les anciens jouets d'un gamin sont en passe d'être remplacés par les suivants... J'ai adoré la chute.
L'action de la novelette La Maison des ancêtres se déroule dans une sorte d'Atomium géant dont chaque atome serait une salle traitant d'un aspect de la génétique. Les lecteurs de
la Cinquième tête de Cerbère pourront constater que le personnage de Lamarck est une référence de l'auteur.
Arrive alors Quand j'étais Ming l'implacable. A la première lecture je n'avais pas bien compris de quoi il retournait. Il faut dire que le texte est présenté comme une interview où on a que les réponses, mais pas les questions ! A la relecture on comprend que tout ça est inspiré d'une expérience type Milgram ; et après quelques recherches je dirais même quelque chose comme l'Expérience de la Troisième Vague. Certains passages confinent à l'horreur pure et c'est vraiment là qu'on reconnaît le talent de Wolfe, ses meilleurs textes sont ceux qu'on apprécie vraiment en insistant bien.
Dans Ibème, ainsi que Les ZOROS de la guerre, sont abordées les interactions entre robots et humains. On a là en plein dans la thématique du titre original, Endangered Species. L'espèce en danger étant l'humain, of course.
Dans le futur, certaines créatures fabuleuses pourront être créées à l'aide des progrès de la génétique. C'est ce qui a donné lieu aux nouvelles La Femme qui aimait Pholus le centaure, ainsi que La Femme qu'aimait la licorne, qui a failli remporter le prix Hugo 1982 de la meilleure nouvelle. le protagoniste, Anderson, un universitaire, agrémente son récit de citations poétiques, comme par exemple : "L'une après l'autre, dans l'éclat du clair de lune, En hennissant au loin sur l'horizon hanté, Voici les licornes qui dévalent les dunes Pour baigner leurs sabots dans l'écume salée."
L'autre mort vaut également le détour, l'ordinateur central d'un vaisseau spatial essaye de maintenir en vie un membre de l'équipage. Mais dans quel sens faut-il prendre le message "Réanimation en cours" qui s'affiche en vert fluorescent sur l'écran ?
On termine ce recueil avec Silhouette, qui a pour cadre un vaisseau chargé de trouver une planète habitable. L'élément fantastique présent dans la novella montre l'étendue de la palette et le souci permanent pour Wolfe de se démarquer des histoires déjà lues et relues sur le même thème, et aussi qu'il serait vain de cataloguer Wolfe. La Science Fantasy n'a jamais aussi bien porté son nom.