En ton absence

"J'ai manqué de tout et je n'ai été privée de rien".
Manque d'amour,vide de l'absence,deuil de la mère(suite à un accident de voiture) impossible à réaliser.
Normal lorsqu'on a quatre ans, puisque "tout se joue avant six ans" n'est-ce pas?
Le corps et l'esprit, en cours d'identification, se construisent et voilà Natacha "condamnée peut-être à n'être que" l'ombre de celle qui n'est plus et qu'elle idéalise.
Elevée par son père, Georges Wolinski, le célèbre caricaturiste à l'humour mordant, auteur de bandes dessinées décapantes sur l'amour dans tous ses états, dessinateur de presse au vitriol (pour Charlie-Hebdo, Hara-Kiri, L'Humanité,Le Nouvel observateur..), auteur de Je ne veux pas mourir idiot et pour le théatre de Je ne pense qu'à ça; entourée par sa grande soeur, sa grand mère aimante et ses tantes;écartelée entre un univers bourgeois et un autre plus simple, Natacha Wolinski a reçu de la tendresse mais s'est empêtrée dans les non-dits des adultes pour rester à jamais une petite fille, perdue et éperdue, en souffrance.
La voix, le parfum de celle qui n'est plus s'inventent. L'adultère maternel échappe. le remariage du père se dit du bout des lèvres. le "fardeau" Natacha pourra-t-il se délivrer de ses entraves?
Entre le Paris du deuil et l'Afrique exhubérante, "entre savane et poussière" la journaliste Natacha Wolinski, critique à Beaux Arts Magazine, a retrouvé sa mère, et a su se délier (pudiquement) de ses maux en un livre exutoire et purificateur.
La mère ce pilier, tant chantée(cf:Le château de ma mère de Marcel Pagnol) ou décriée(cf:La voyageuse de nuit de Françoise Chandernagor) en littérature est tout autant présente dans son absence que dans sa relation trop fusionnelle.Le lien d'amour existe-t-il malgré le tout manqué?
Un témoignage autobiographique émouvant!

La fille de Georges Wolinski a écrit ce livre en 2011 – En ton absence – le livre sur l'absence de sa mère.
Natacha n'a que 4 ans quand sa mère décède. Elle n'est encore qu'une enfant que l'on protège par le silence du lourd secret de cette mort. Alors celle-ci navigue dans les eaux troubles de la vie où rien ne l'ancre dans l'amour maternel qu'elle ne reconnait même pas dans cette nouvelle femme qui fera irruption dans sa vie en tant que belle-mère. Elle regarde et cherche ce père, Georges Wolinski, qui « écoute peu », qui « n'enseigne rien, il fait don de ses incertitudes ».
La petite fille grandit, grandit dans cette famille où elle ne trouve pas sa place.
Les questions sont nombreuses, pertinentes mais tellement silencieuses parce qu'on ne peut y répondre. Chacun cherche son chemin par tâtonnement avec l'histoire qu'est la sienne !
Un bel hommage à une mère trop vite disparue.