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EAN : 9782369560234
176 pages
Editions Intervalles (16/11/2015)
0.5/5   1 notes
Résumé :
Tout commence par une histoire d’amour vouée à l’échec avant même ses prémices. La relation passionnelle que partagent un peintre ukrainien et la narratrice constitue une métaphore de l’Ukraine du XXIe siècle.
L’héroïne d’Explorations sur le terrain du sexe ukrainien nous raconte la chute de l’URSS et du modèle soviétique qui a donné naissance à l’Ukraine indépendante, mais qui a également laissé dans ce pays une fracture et un traumatisme encore béants. À t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Tout commence par une histoire d'amour vouée à l'échec avant même ses prémices. La relation passionnelle que partagent un peintre ukrainien et la narratrice constitue une métaphore de l'Ukraine du XXIe siècle. L'héroïne d' « Explorations sur le terrain du sexe ukrainien » nous raconte la chute de l'URSS et du modèle soviétique qui a donné naissance à l'Ukraine indépendante, mais qui a également laissé dans ce pays une fracture et un traumatisme encore béants. À travers ses tentatives d'émancipation, la narratrice cherche à comprendre la force d'une identité et l'importance de se détacher du passé. Ce travail de deuil ne renvoie pas seulement au fait d'être ukrainien, mais au fait de se retrouver à genoux sous le poids d'une culture allogène. Oksana Zaboujko, dans cette fiction partiellement autobiographique, fait vivre cette langue et cette culture qui flotte dans la « non-existence ». le corps d'une femme devient ainsi la métaphore d'un pays, de sa culture et de ses racines. « Explorations sur le terrain du sexe ukrainien » nous donne de précieuses clés pour comprendre ce que signifie être humain, dans toute sa poésie et sa conscience.

« Explorations sur le terrain du sexe ukrainien » a été publié en 1996 : premier best-seller ukrainien, il a été traduit en onze langues et adapté au théâtre. » (synopsis éditeur).



J'étais pourtant partie enjouée dans la lecture de ce roman ukrainien. Tout d'abord parce que c'est un cadeau que l'on m'a fait et que la personne qui me l'a adressé a mis toute son attention dans la préparation de cet envoi. Ensuite, parce que j'ai découvert il n'y a pas si longtemps que ça les littératures des anciens pays de l'Est et que, jusqu'à présent, leur lecture fut toujours un régal.

Le titre du roman de Oksana Zaboujko doit son nom à une conférence que la narratrice doit donner aux Etats-Unis. La narratrice parle de son rapport aux hommes et par conséquent au sexe (mais ce n'est qu'un thème secondaire dans cet ouvrage). le récit débute sur une réflexion quant à une relation affective désormais terminée. Une relation à double visage, la narratrice repense à son ancien amant, au mal qu'ils se sont faits, au bonheur qu'ils ont partagé, à la routine qui étouffe peu à peu les sentiments. le lecteur se confrontera ponctuellement aux propos cyniques sur les effets corrosifs de l'abstinence sexuelle sur un couple. A plusieurs reprises, j'ai pensé que cette façon d'écrire était très masculine ; l'auteure va droit au but, sans détours, elle est crue… mais la façon de formuler les piques est assez inhabituelle chez une plume masculine.

Le plaisir de lecture fut de courte durée. Je me suis épuisée à force de côtoyer ces phrases à la longueur indécente, si indécente que l'on en arrive à un point où l'on ne sait plus qui est le sujet ni en quoi consiste l'action. Je me suis surprise plusieurs fois à souffler, attendant désespérément la fin d'un paragraphe et son retour à la ligne qui permet de refermer le livre avec la certitude que l'on retrouvera l'endroit exact où l'on a quitté la lecture. Je me suis aussi noyée dans certaines réflexions sur la société, sur la politique, sur l'amitié, sur les peurs intimes de la narratrice… On la sent amère et en colère (en colère après elle, en colère après lui, en colère contre l'humanité entière). Je me suis perdue dans les métaphores, je me suis perdue… et j'ai quitté cette lecture peu après la page 100, incapable de trouver la curiosité et l'envie de poursuivre.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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En me rendant à la foire du livre, je me suis rendue à un stand spécialisé dans la littérature étrangère. L'éditeur en question, m'a proposé ce titre car je cherchais un auteur ukrainien pour mon avancée du tour du monde. Avec un titre racoleur et une couverture jaune, j'aurais dû méfier que je serais tombée malgré moi sur une lecture fastidieuse. Il parait que cela a fait fureur auprès de la population ukrainienne. Est-ce le titre qui a fait polémique ? L'éditeur parle de l'évocation de la rivalité entre la Russie et l'Ukraine avec une histoire d'amour en filigrane. Mais pour moi, il s'agit du contraire. On sent de la frustration de l'auteure que l'Ukraine est comparée à la Russie où cette dernière est toute puissante. Et son histoire d'amour n'apporte pas grand-chose à ce titre. Il n'y a rien de croustillant. Sa relation de couple est mise en parallèle avec ces deux pays. Cependant, j'espère trouver un autre roman ou un autre écrit mettant à l'honneur l'Ukraine. Mais celui-ci, je ne vous le recommande pas.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Toutefois, merci bien, elle a été ramenée et
puisqu’il en a été ainsi, il n’y a pas lieu de pétocher, il y a des choses plus
effrayantes que la mort et je les connais, seulement cette peur, fascinante et
sombre, envoûtante-attirante passion de la perte que je voyais chez lui et
que je percevais de temps en temps chez les autres, je n’en ai pas, et basta,
et c’est bien pour ça qu’il me regardait avec des étincelles non dissimulées
dans le regard, même lorsque tout était bel et bien terminé : « Tu es une
femme courageuse ! » et « le point » m’avait frôlée sans m’effrayer), mais
cette idée qu’il était mort, que ces mystérieux appels téléphoniques venaient
bien de lui, de « l’au-delà », et que donc son amour ne l’avait pas protégé,
que c’est elle, elle-même, une narcissique égoïste, par sa fierté stupide, sa
suffisance de bas étage, sa vaine mesquinerie qui l’avait poussé au
« point », princesse de mes deux : ah bon, puisque c’est comme ça, je m’en
vais, en Amérique, bien évidemment, the land of opportunities, la moitié de
l’Europe, pas celle de chez nous, pas les ploucs, mais de la vraie, de la
Grande-Bretagne à l’Italie, se précipite ici, l’argent, la carrière (« La
musique, les femmes, le champagne... », se faisait-il entendre en écho
ironique), alors qu’en Ukraine, et eh bien quoi, l’Ukraine c’est Chronos, qui
dévore ses enfants avec menottes et petons, alors quoi, attendre pour
manger des pissenlits par la racine ou plutôt recevoir des pépés de la
diaspora, à la tombée de la ménopause, le prix Antonovych2, Dieu
miséricordieux, mais qu’est-ce que j’en aurais à cirer s’il était mort, quoi,
qu’est-ce qui lui est arrivé ? !
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Alors, plus étrange encore était le soir du
même jour, une vision fugace, inattendue, éclatante et humiliante de cette
intuition prémonitoire qui ne t’a jamais abandonnée quoi que tu n’eusses de
cesse de l’étouffer, et comment ! – le soir au beau milieu du festival, dans
les effluves épaisses de sueur et de salive, où lorsque tu es descendue de
l’estrade après avoir lu tes deux poésies, deux superbes poésies, tout droit
dans la foule alcoolisée fondue en un seul grand tourbillon de visages
éclairés l’espace d’un instant, ou plutôt au-dessus de lui, agrippée au son de
ta propre voix qui ne se soumet à rien sauf aux paroles, un orgasme public,
voilà comment ça s’appelle, qui fait vibrer le public, toujours et partout,
même lorsque personne n’en comprend un traître mot, même dans un
milieu étranger, tu l’as goûté pour la première fois lors d’une sauterie
d’écrivains dans un pays asiatique, où l’on t’a demandé par politesse de lire
dans ta langue – “you mean, it is not Russian ?” – et tu t’es mise à lire, de
désespoir et par défi (ils te couraient sur le haricot avec leur Russian, déjà, à
l’époque !) n’écoutant que ton propre texte, te dissimulant derrière lui
comme on entre dans une maison éclairée la nuit, en fermant la porte
derrière soi, et à mi-chemin tu as soudain pris conscience que ta voix
tonnait dans un silence éclatant : la langue, quand bien même
incompréhensible, s’est concentrée autour de toi sous les yeux du public
dans une sphère transparente et irisée, comme fondue en verre rare, à
l’intérieur de laquelle – et ça ils l’apercevaient bien – se tramait un
mystère : quelque chose vivait, pulsait, se redressait, s’ouvrait en abîme,
crachait du feu pour se couvrir de nouveau de brume comme le verre qu’on
approche trop près de la respiration, tu as lu, enveloppée, illuminée et
protégée, et c’est là que tu aurais dû comprendre que ta maison – la langue
parfaitement connue que de quelques centaines d’âmes au monde –, est
toujours avec toi, comme celle d’un escargot, et que tu n’en auras pas
d’autre, de permanente, jamais, ma fille, quels que soient tes efforts. Puis
tous ces suffisants, chauves, bruns crépus, avec ou sans turban, te
secouaient les mains longuement et avec émotion, t’empêchant, entre
autres, d’aller aux toilettes (ton estomac refusait leur nourriture terriblement
épicée et donnait de la voix, espèce de saleté, précisément au moment où il
fallait remercier chaleureusement) – depuis aucun auditoire ne t’aurait fait
peur – même les criminels de droit commun ! – exhibitionnisme ou pas, ton
propre texte te protégeait de la violence et de l’humiliation, tu lisais comme
tu écrivais – pour la voix, guidée par la musique inhérente à la poésie, ce
processus ne supportait bien évidemment pas de témoin, à l’exception du
théâtre, et c’est peut-être cela qui subjugue, et le fanfaron du festival a dû se
calmer quelque part au milieu de ta lecture, enveloppé dans une boule de
verre, il respirait à l’unisson, et lorsque tu refroidissais après les
applaudissements, après avoir quitté l’estrade, en bas, dans la pénombre, au
sein d’un cercle amical bien compact, il faisait très chaud, beaucoup de
fumée, quelqu’un remplissait les verres, quelqu’un riait, les visages
tournoyaient dans un kaléidoscope, tu as tendu la main soit pour une
cigarette de détente soit pour un verre, cet homme s’est retrouvé un instant
près de toi, comme s’il avait buté contre toi, l’air de rien, en passant, les
yeux brillant dans la nuit comme ceux d’un chat, il avait expiré dans les
vapeurs d’alcool : « Alors, là, tu m’en bouches un coin ! » – et de la même
manière, en passant, il avait essayé de te serrer la main, comme pour
attraper une cigarette ou un verre, tu t’en es souvenue (et il y en a eu des
mains serrées dans cette cohue !) uniquement parce que par ce geste
maladroit, comme allant tout droit à l’encontre du tien, comme on passe
sous la brique blanche du sens interdit accompagné du sifflement du
policier, il a réussi à heurter douloureusement ton majeur – et le sifflet a
retenti immédiatement – en une secousse éclair dans le subconscient – avec
une précision étrange pour cet instant confus, comme si quelqu’un d’autre
avait prononcé dans ta tête, calmement et de manière appuyée, une phrase
complète : « Cet homme te fera mal ».
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Eh oui, cela est arrivé aussi, elle en a été quitte avec un baiser
puissant, jusqu’au goût métallique à la bouche, dans l’entrée de l’immeuble,
elle est parvenue à s’évanouir, à s’enfuir, ricanant intérieurement : ils
veulent tous gagner, voilà le hic, ils ne savent pas prendre et donner en
toute sincérité et sans le moindre artifice, comme le gaz carbonique-
chlorophylle-oxygène, et l’autre homme qui à ce moment précis vivote
quelque part dans les forêts de Pennsylvanie grâce à l’aide des frères de
sang de la diaspora, sans un sous en poche ni un mot d’anglais (il avait tout
de même le temps de l’apprendre un tant soit peu, crrrétin !), oh, comme il
s’est braqué, comme il a rejeté la tête en arrière tel un cheval qu’on aurait
rossé, lorsque tu avais essayé, après l’avoir installé dans un café et fait
appel à toute ta persévérance, d’apporter ne serait-ce qu’un peu de clarté
thérapeutique dans votre mal-être physique et moral commun – tout cela est
vrai, mon cœur, et que je ne t’aime plus est vrai aussi : « Alors, tu te prends
pour une winneuse ? », a claqué la lame du flick knife. Je crois que tu es
restée plantée bouche bée : c’était donc du tire à la corde entre nous,
Mykola ? « Tu sais », et de nouveau ce regard de sinistre augure, sans ciller,
comme si quelque chose d’autre regardait à travers ses yeux ourlés de
paupières gonflées, comme à travers un masque, « Si tu étais un mec, je
t’aurais cogné ! » Très gentil de ta part, mon amour, moi aussi, il m’arrive
de regretter tellement que je ne sois pas un homme.) Tu es une femme. Là
est ta limite / Ta lune dort comme un leurre d’argent / Comme l’épice
de la pointe d’un couteau / La dépendance se mêle au sang,
marmonnais-tu durant ces terribles mois d’hiver, autrement plus terribles
que ceux de l’automne : la moitié de janvier, février, mars – aucune
nouvelle et aucun moyen d’apprendre quoi que ce soit – à travers
l’Atlantique, depuis Cambridge – dans une bourgade de province
ukrainienne, dans un atelier chauffé au bois sous les combles d’un
immeuble abandonné, sans adresse ni téléphone, sans cabinet de toilette ni
eau chaude, pourvu seulement d’une lampe pendouillant au bout d’un fil
enroulé sous le plafond, avec un morceau de saucisson et une boîte de café
soluble sur une table basse maculée de peinture.
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Mais certainement, toi non, mais elles, as-tu jamais posé la question ?
Moi non plus, je n’imaginais pas que cela puisse arriver, si mal, si
seulement tu savais, très cher ! « Pourquoi tu mords », a-t-il demandé le
regard vitreux, étrange et fixe, après l’amour, l’une de vos premières nuits,
assis à tes pieds la cigarette à la bouche, « c’est quoi ce binz ? » Alors que
toi, étendue sur un oreiller, tu riais doucement et caressais de ton pied – tu
avais des jambes superbes, toutes les mannequins Dior-Saint-Laurent sur
leurs échasses devaient se pendre sur-le-champ à la seule vue de tes jambes, c’est maintenant que tu ne quittes plus ton pantalon depuis deux mois, car tes mollets sont marqués comme une carte aux archipels multicolores, rougeâtres et brunâtres, des taches écaillées et dégarnies – des cicatrices, des coupures, des brûlures – toute l’histoire étalée au grand jour de neuf mois (eh oui, neuf !!!) de mad love – qui a accouché d’une véritable madness –, mais à l’époque tu ne faisais que caresser sa tête de ton pied, emplie de tendresse, idiote baveuse, sa coupe en brosse hérissée piquait doucement la plante du pied et, soudain, il s’est retourné avec agilité et, pressant ta jambe contre le lit : « Alors donc, comme ça, tu aimes mordre ? Et si l’envie me prenait de te brûler, là maintenant ? » Et tu as aperçu près
de ton genou un briquet, et au lieu d’être saisie d’effroi sous le regard
interrogateur et inhumain, croisé pour la première fois, sans qu’il cligne les
yeux – différent, hargneux et dément, le rictus infernal tous crocs dehors
échappant de la lèvre supérieure dont tu te protégeais toujours par le rire, tu étais à peine étonnée, sans vraiment en prendre conscience : il est étrange à quel point sa présence, telle la dynamite, annihilait en toi tous les réflexes de protection jusque-là plutôt bien développés et qui remontaient le ventre vers le haut comme le poisson, tant que la rivière continuait à être secouée, explosion après explosion.
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Tout de même, quelqu’un pourra-t-il m’expliquer un jour pourquoi
diable naître fille (qui plus est en Ukraine !) avec cette foutue dépendance
inscrite dans le corps comme une bombe à retardement, avec cet
asservissement complet, avec ce besoin de se transformer en glaise
malléable écrabouillée contre la terre (en dessous, tu as toujours aimé,
aplatie sur le dos : ce n’est qu’ainsi que tu ne t’appartenais plus, te fondant
par le rythme de tes cellules dans la pulsation éblouissante de l’univers – il
n’y avait rien de tel avec cet homme, à l’instant même où elle semblait
commencer à partir, il la réveillait, sans s’interrompre, d’un abrupt
« Ouaais, il faudrait un régiment ! » –, ce qui avait la faculté de la faire rire,
mais rien de plus : « C’est quoi ces déclarations ? » – elle se montrait vexée,
pas tant par les paroles que par son ton détaché. « Que tu es bête, c’est un
compliment ! Tu devrais essayer avec deux mecs, tu peux pas imaginer
comme tu vas aimer ! » – ce qui est tout à fait possible, ce n’est tout de
même pas pour rien qu’elle aime mordre pendant l’amour, agglutiner ses
lèvres au doigt ou à l’épaule, se perdre dans les abîmes d’un baiser, je
devais être une prostituée sacrée dans une autre vie, mais dans celle-ci,
aujourd’hui, mon petit cœur, cela ne m’est pas égal, et comment, avec qui je
suis.
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