Pour ce premier opus de « Rosko » qui devrait en compter trois,
Zidrou, le célèbre scénariste belge de bandes dessinées, créateur de « L'Élève Ducobu » s'est associé à Alexei Kispredilov qui, lui, est un jeune dessinateur, dont certaines planches ont déjà été publiées dans le magazine
Fluide Glacial.
Ils n'en sont pas à leur premier travail commun, puisqu'ils s'étaient déjà rencontrés lors de l'élaboration du recueil collectif « Joyeuses Nouvelles » publié chez Dupuis.
Ce nouvel album nous présente les personnages principaux dans un contexte où polar rime avec anticipation et idées noires.
Rosko dont le portrait patibulaire monopolise la première de couverture est, comme son effigie ne le laisse pas deviner, a priori, un flic privé qui très prochainement raccrochera son flingue et déposera sa plaque pour cause de retraite amplement méritée.
Avant de se ranger des voitures, il a pour mission d'éliminer Per Svenson, tueur en série planant de son ombre malfaisante sur toute la ville, voire sur le pays.
Or, la Société dans laquelle évoluent nos deux antagonistes est dominée par l'ultra puissance des médias qui ont l'impensable possibilité d'intervenir sur le cours des affaires publiques. Ainsi les producteurs de Pimento T.V vont ordonner à Rosko de suspendre la traque qu'il livre pour piéger le serial killer. En effet, la télé réalité offre la possibilité aux téléspectateurs de décider du mode d'exécution du criminel et ainsi ont le choix de voter pour le type de mort : par combustion ou au moyen de la douche acide.
La société exhibée est entièrement gangrénée par la volonté des médias à proposer du sensationnel au-delà des limites de la morale.
Rosko, par ses remarques d'observateur contraint momentanément (on l'espère pour les prochains albums) à l'inaction permet de dénoncer la perversité du système. Lui est opposé Per Svenson, le personnage hyperactif, avec ses plus de 90 crimes au compteur, incarnant le tueur déglingué, guidé par un délire mystique. Une constellation de personnages secondaires se raccrochent à ces deux entités leur conférant ainsi du corps, de l'envergure et de la profondeur. Nous faisons tour à tour connaissance avec des victimes, des policiers, la maîtresse de Rosko et sa fille …
A chaque scène correspond une ambiance chromatique, les dessins sont soignés, le trait est vif et les dialogues sont plutôt percutants.
Le décor est planté, les personnages sont installés et l'album se termine sur un mystère : « Où s'est volatilisé Per Svenson ? ». Nous n'avons plus qu'à espérer que nos deux auteurs poursuivent sur cette lancée haletante et ne s'essoufflent pas en cours de route.